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Opinion
La conférence internationale de soutien
aux prisonniers de la Palestine dans les prisons sionistes
Fadwa Nassar
Photo: CPI
Lundi 25 octobre 2010
Samedi 23 octobre s’est tenue à Gaza la conférence
internationale de soutien aux prisonniers de la Palestine dans
les prisons de l’occupation sioniste en présence de nombreuses
délégations et de personnalités palestiniennes, arabes et
mondiales. Le comité national supérieur pour le soutien aux
prisonniers, fondé sous le patronage du gouvernement de Isma’il
Haniyyé, à Gaza, a été l’organisateur de cette conférence.
C’est en fonction de la date de la conférence, le 23 octobre,
que le convoi Viva Palestina 5 avait organisé son arrivée à
Gaza, puisque de nombreux conférenciers y ont participé,
notamment un ancien ministre mauritanien. Des personnalités
internationales, comme l’ancien premier ministre malaisien,
Mahatir Mohamad, étaient présentes, pendant que d’autres,
officielles ou juridiques, avaient envoyé leurs contributions
devant être lues à la conférence, ou bien étaient intervenues
par vidéo-conférence, comme Louisa Morgantini, ancienne député
au parlement européen.
La question des prisonniers de la Palestine détenus dans les
prisons sionistes est une des questions les plus importantes à
laquelle auraient dû prêté attention toutes les instances
internationales, soucieuses de protéger les droits des peuples à
la liberté et à la souveraineté. Mais ces instances, et
notamment celles de l’ONU, ainsi que les différentes commissions
et instances de l’Union européenne, les sommets islamiques et
arabes, les parlementaires dans le monde, ont tous délibérément
ignoré ou négligé de prêter attention à cette question, par
lâcheté d’abord, craignant de fâcher l’ennemi sioniste, et
souvent par crainte d’ouvrir ce dossier à la douleur infinie,
vécue par les prisonniers et leurs familles, qu’elles soient en
Palestine ou dans les pays arabes voisins. D’abord et
essentiellement politique, la question des prisonniers de la
Palestine a une dimension humanitaire indéniable à cause de la
souffrance qu’elle introduit dans le vécu quotidien des
prisonniers et de leurs familles, de leurs amis et de leurs
voisins. C’est pourquoi il s’agit d’une question unanimement
adoptée, du moins en paroles, par les responsables politiques
palestiniens, mais quand il s’agit de négociations avec les
sionistes, la question des prisonniers est rarement abordée,
sinon par des supplétifs dans les médias.
La capture du soldat sioniste par la résistance à Gaza, il y a
plus de quatre ans déjà, a suscité la colère chez les Sarkozy,
Kouchner (le soldat sioniste est également français) et tous
ceux qui ont adopté le sionisme pour mode de pensée et d’action.
Mais peu de voix officielles dans le monde ont été indignées et
se sont soulevées face aux scènes éprouvantes et moralement
insupportables de soldats sionistes arrêtant les enfants, âgés
entre 7 et 13 ans, dans la ville occupée d’al-Qods. Aucune voix
officielle, et nous n’avons certainement pas entendu Ban Ki Moon
le faire, n’a dénoncé la torture à l’électricité de jeunes
Palestiniens âgés de 16 et 17 ans, dans les centres
d’arrestation situés dans les colonies en Cisjordanie, ou bien
l’arrestation et la prolongation de la détention de l’enfant
Sayel Abou Qwayder, à al-Khalil, arrêté devant son école,
brutalisé par les soldats et détenu depuis presque un mois.
Aucune voix officielle, américaine ou européenne, n’a mentionné
les noms de Na’il Barghouty ou de son cousin Fakhry Barghouty,
détenus sans interruption depuis plus de 30 ans, dans les
prisons sionistes, alors qu’elles sont promptes à intervenir
pour dénoncer les arrestations dans de nombreux pays, surtout
musulmans et hostiles à la politique américaine.
Et ils s’imaginent pouvoir nous donner des leçons de démocratie
et de liberté !
Au cours de ces quatre dernières années, le nom du soldat
sioniste capturé par la résistance palestinienne, ceux de ses
parents et de ses amis, sont sur toutes les lèvres des
ambassades et cercles occidentaux. Les médias internationaux ne
cessent de nous montrer l’agitation et les déplacements de ses
amis et de sa famille. Mais qui s’est soucié de se pencher, rien
qu’un instant, sur la vie de ces dizaines de milliers de
familles qui attendent le retour de leur père ou mère, de leur
frère ou sœur, de leur fils ou fille ? Avant qu’elles
n’apprennent que cet être cher, tant attendu, est mort sous la
torture ou à cause de la négligence médicale ? Avant qu’elles
n’apprennent qu’elles ne pourront pas le visiter parce que les
geôliers ont décidé de le punir ou de les punir, elles, les
familles, parce qu’elles ont enfanté, éduqué et soutenu ces
héros d’aujourd’hui ? Ces familles protestent pourtant toutes
les semaines dans les locaux de la croix-rouge internationale et
d’autres organisations internationales. La patience de ces
familles est inépuisable et c’est surtout leur persévérance et
leur courage qui ont maintenu la question des prisonniers
vivante dans la société palestinienne.
Le nombre des prisonniers de la Palestine se situe aujourd’hui
entre 7500 et 8000 prisonniers et prisonnières. Il est
extrêmement difficile de donner un chiffre exact au jour le
jour, étant donné d’une part le nombre des arrestations
quotidiennes, en Cisjordanie y compris al-Qods mais également
dans les territoires occupés en 48, et d’autre part, la
libération au compte-goutte de prisonniers ayant achevé leur «
peine ». Il y a trois ans, le chiffre dépassait les 10.000
prisonniers mais les autorités de l’occupation avaient libéré,
avant 2008, des centaines de prisonniers palestiniens faisant
passer cela pour des « gestes de bonne volonté », afin d’amener
l’Autorité palestinienne de Ramallah à négocier, ou pour
encourager cette Autorité à endurcir le ton envers la résistance
palestinienne. Car jusqu’à présent, les autorités de
l’occupation refusent de considérer les prisonniers palestiniens
et arabes, les prisonniers de la Palestine, comme des
prisonniers de guerre devant être traités selon le droit
international et les traités internationaux. C’est donc sous le
prétexte de « bonne volonté » que l’arrogance des dirigeants
sionistes envisage de libérer les prisonniers palestiniens,
qu’ils considèrent, ce faisant, comme des otages.
Mais la capture par la résistance palestinienne du soldat
israélien qui participait à la guerre contre Gaza, en 2006, a
changé la situation, puisque la résistance réclame son échange
contre des centaines de prisonniers, ceux précisément que les
sionistes refusent d’envisager la libération : les anciens (plus
de 25 ans de prison), les combattants condamnés aux plus lourdes
peines (comme Abdallah Barghouty, de Jordanie, condamné à 67
perpétuités, la plus lourde peine jamais prononcée par les
sionistes), les dirigeants des organisations palestiniennes
(Ahmad Saadate, Marwan Barghouty, Hassan Youssef et Bassam
Saadi, entre autres), les députés enlevés après les élections
législatives en 2006 (ils sont actuellement au nombre de dix),
les 37 prisonnières et notamment celles qui sont condamnées à
plusieurs perpétuités comme Ahlam Tamimi, Qahira Saadi, Amné
Mouna et Du’a Jayyusi ainsi que les prisonniers gravement
malades. Alors que les négociations par l’intermédiaire de
l’Allemagne étaient proches d’aboutir en 2008, le volte-face du
gouvernement sioniste et son durcissement ont fait échoué
l’échange. Depuis, le dossier remonte à la surface de temps à
autre, et il semble que le médiateur allemand ait été de nouveau
sur place et qu’il ait rencontré sheikh Hassan Youssef, en
prison, en vue de reprendre les négociations. Quoiqu’il en soit,
le dossier de l’échange mené par le mouvement Hamas qui détient
le soldat israélien est devenu un enjeu particulièrement
important pour les Palestiniens.
Plusieurs pays ont voulu intervenir dans le dossier pour obliger
le Hamas, et non l’Etat sioniste, à reculer. D’abord la France
qui prend à cœur le sort du soldat franco-israélien et qui
souhaite, non pas un échange qui prenne en compte les
revendications palestiniennes, mais la satisfaction des parents
du soldat et de l’opinion sioniste. L’Egypte a tenté
d’intervenir pour montrer sa bonne volonté envers les sionistes
et envers la résistance à Gaza, à la fois. Mais il faut dire que
c’est l’attitude de l’Autorité palestinienne de Ramallah qui
peut surprendre quelque peu, si l’on ne comprend pas jusqu’où
sont allés certains responsables de cette Autorité pour
satisfaire les Etats-Unis et les sionistes. Au lieu d’accuser
les sionistes, certains responsables de l’Autorité font porter
la responsabilité de l’échec de l’échange aux résistants du
Hamas, en leur demandant d’alléger leurs revendications.
Il est vrai que ce que le Hamas revendique, dans cet échange,
brise net les normes des dirigeants sionistes. Renouant avec le
célèbre échange qui a eu lieu en 1985 entre le FPLP-commandement
général et l’occupant sioniste, la résistance palestinienne
n’opère aucune distinction entre d’une part, les prisonniers de
Cisjordanie et de Gaza, et d’autre part, les prisonniers d’al-Qods
et des territoires occupés en 48, mais inclut également les
prisonniers arabes, jordaniens et syriens du Golan notamment.
Elle revendique la libération de ceux qu’Israël considère comme
ayant les mains « tâchées du sang des juifs », soit les
combattants de la résistance arrêtés pour avoir mené des
opérations armées ayant entraîné la mort de colons « Israéliens
». Elle réclame également la libération de tous les dirigeants
des organisations palestiniennes, ceux que les sionistes
refusent de libérer à cause précisément de leur rôle ancien et
présent, dans le soulèvement palestinien. Des bruits avaient
circulé à un moment donné, disant que les dirigeants sionistes
avaient stoppé les négociations parce que le Hamas avait inclus
les prisonniers de 48 dans l’échange, car Israël les considère,
comme d’ailleurs les prisonniers de la ville occupée d’al-Qods,
comme des prisonniers « israéliens », ne pouvant être inclus
dans tout échange. Ce sont les normes sionistes que Hamas
cherche à briser, soutenu d’ailleurs en cela par la plupart des
prisonniers et leurs familles. En quatre ans, aucune pression
n’a été exercée par ces familles, courageuses et endurantes, sur
la résistance, malgré leur douleur extrême, pour hâter les
négociations et accepter d’aller à la baisse. Car la question
des prisonniers n’est pas une question humanitaire, mais une
question de dignité, individuelle et collective. Il s’agit avant
tout de les faire reconnaître en tant que combattants pour la
liberté d’un peuple et d’une nation, en tant que héros ayant
décidé de sacrifier leur vie pour sauver et libérer la
Palestine. C’est ainsi que doit être abordée la question des
prisonniers de la Palestine, car c’est ainsi qu’eux-mêmes et
leurs familles la voient.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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Le dossier des prisonniers palestiniens
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