Opinion
« Une minorité qui
a une mentalité de majorité »
Fadwa Nassar
Campement de secours d'une famille
palestinienne dans le Naqab
Dimanche 19 juin
2011
C’est dans ces termes que l’écrivain
sioniste Dan Shiftan, considéré comme
étant un homme d’influence dans les
cercles du pouvoir dans l’Etat de
l’occupation, a décrit les Palestiniens
de 48 dans son dernier ouvrage qui leur
est consacré.
L’auteur sioniste ne cache pas son
exaspération vis-à-vis de cette
« minorité » qui se comporte encore, 63
ans après l’expulsion d’une grande
partie de son peuple, comme une
population dont les droits sont certains
et assurés. Elle se comporte et a une
mentalité d’un peuple majoritaire ayant
droit sur la terre et le pays qui lui
ont été volés.
A
l’inverse, la « majorité » de colons
possède, 63 ans après son occupation,
une mentalité de « minorité », d’après
l’auteur. Une minorité qui craint de
vivre dans le monde arabo-musulman qui
l’entoure et qui se comporte comme une
population à l’avenir incertain.
C’est le bilan constaté par l’auteur
sioniste qui souligne, par ailleurs, le
danger représenté par les Palestiniens
de 48 dans l’Etat sioniste. Car,
affirme-t-il, même si un « règlement »
survenait entre les Palestiniens (ceux
de Cisjordanie et de Gaza) et le monde
arabe, il restera toujours cette
population qui mène une lutte sans merci
contre la judéité de l’Etat sioniste. Et
cela pose problème !!!
Malgré tous les efforts sionistes pour
détruire la société palestinienne restée
en 1948 dans ce qui sera nommé Etat
d’Israël, celle-ci s’est relevée de la
Nakba qui l’a frappée et qui l’a
transformée en « minorité » dans son
propre pays, occupé par des étrangers.
Elle
a formé ses propres instruments de
lutte, partis politiques, associations
civiles, comités de défense dans les
quartiers et villes palestiniennes
menacées par la judaïsation et le
nettoyage ethnique et s’est lancée dans
une bataille inégale contre les
institutions sionistes, et en premier
lieu, ses bras sécuritaires et
coloniaux, avec pour seules armes, la
détermination de la population à refuser
l’ « israélisation », son courage et sa
foi dans son droit.
L’entité sioniste veut en finir avec le
Naqab
Région située au sud de la Palestine, la
région du Naqab est devenue la hantise
des sionistes qui cherchent absolument à
mettre la main dessus, bien qu’ils se
soient accaparés déjà de 99% des terres
possédées par les Palestiniens avant la
Nakba. Mais les Palestiniens du Naqab
représentent encore 31% de la population
actuelle, et la superficie demeurée
arabe n’est plus que de 1%. Même ces
pourcentages sont considérés comme étant
de trop, par les sionistes, que ce soit
pour la population ou pour la terre. Sur
les terres occupées et confisquées,
l’entité sioniste veut installer les
colonies de peuplement et les bases
militaires, surtout au moment où
l’Egypte n’est plus ce pays « allié »
tant espéré et que l’avenir semble de
plus en plus incertain pour la survie
même de l’entité sioniste.
Un nouveau plan est proposé pour le
Naqab, juste avant la visite du
président sioniste Pérès, consistant à
expulser 30.000 Palestiniens de cette
région pour les enfermer dans les
« réserves » déjà existantes, qui
seraient étendues et agrandies. Ces
Palestiniens, qui vivent actuellement
dans les villages non-reconnus par
l’Etat sioniste, sont actuellement
menacés d’expulsion de leurs villages
qui seraient détruits au bénéfice des
colonies qui seraient construites ou qui
sont déjà construites, comme c’est le
cas du village non reconnu de ‘Atir-Umm
al-Hiran.
L’étude menée par l’association Adalah,
qui défend les droits de la « minorité
arabe » dans l’Etat sioniste, du village
de ‘Atir-Umm al-Hiran, est révélateur à
lui tout seul de l’étendue de la
fourberie du colon sioniste.
Le village ‘Atir-Umm al-Hiran : des
sédentaires devenus vagabonds
Le village est actuellement habité par
la tribu Abou Qay’an, qui compte environ
1000 personnes. Ils sont menacés
d’expulsion vers la « réserve » de Houra,
une des sept « réserves » consacrées aux
Palestiniens du Naqab. Avant 1948, la
population du village habitait dans
Khirbet Zabala, qui se trouve dans la
vallée de Zabala, qui fait actuellement
partie de la colonie Kibboutz Shofal. En
1948, la population de Kherbet Zabala
est expulsée en direction de Liqya.
Malgré son expulsion, la population
maintient sa revendication de retourner
à sa terre, mais les autorités sionistes
refusent.
En 1957, et après les pressions exercées
par le gouverneur militaire sur la
tribu, comme le rappelle un document
officiel, pressions qui prennent la
forme d’arrestations de plusieurs jeunes
pour des motifs divers, une partie de la
tribu accepte de se déplacer en
direction du village de ‘Atir. Les
membres de la tribu obtiennent une terre
pour installer leur village et des
terres agricoles en fermage. Ils
construisent les maisons et travaillent
la terre.
Mais dès 1963, le fonds national juif
commence à rogner la terre par petits
bouts, pour la boiser et empêcher les
villageois de l’utiliser. Dans les
années 80, le « département des terres
d’Israël », organisme officiel de la
colonisation, supprime le fermage aux
Palestiniens au moment où
l’administration coloniale refuse de
reconnaître le village, qui reste,
depuis 1957, non relié aux services
d’infrastructure de l’Etat colonial.
En 2000, l’Etat sioniste commence à
détruire les maisons et à expulser sa
population, pour remettre la terre à la
colonie Hiran, qui devrait être
installée dans ce lieu. Les autorités
coloniales approuvent le plan
d’installation de la colonie, et sur la
carte du plan, aucune mention n’est
faite de l’existence du village peuplé
de ‘Atir-Umm al-Hiran. La population
palestinienne proteste et réclame la
reconnaissance du village. Une
commission est nommée pour régler le
conflit. Cette commission déclare que la
moitié du village devrait être reconnue.
Et comme cette déclaration a constitué
un obstacle à la colonisation, elle est
rejetée par les autorités concernées qui
proposent à la population leur
« relogement » dans la « réserve » de
Houra.
Sur la carte du plan de la construction
de la colonie sioniste de Hiran, les
maisons du village de ‘Atir-Umm al-Hiran
sont indiquées par : « maisons à
détruire ». Il est prévu de construire
2400 unités de logement contenant 10.000
colons dans la colonie Hiran, avant
2030.
C’est ainsi qu’agissent les colons
sionistes, qui se sont accaparés de la
Palestine.
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