Opinion
Les Palestiniens
de 48 se mobilisent pour la terre et le
logement
Fadwa
Nassar
Photo: CPI
Mardi 16 août 2011
Les Palestiniens de 48
(qui vivent dans leur pays occupé en 48,
devenu entité israélienne) ont décidé,
il y a plus de dix jours, de mener leurs
propres protestations contre le
gouvernement sioniste, refusant de
participer aux tentes de protestation,
installées par les sionistes. Le haut
comité de suivi des masses arabes, réuni
à Nasra, dans al-Jalil, avec la
participation d’une dizaine de comités
populaires de quartiers et de villages,
ainsi que des comités d’étudiants, a
pris la décision de mener une vaste
campagne de protestation, mettant en
avant les revendications
palestiniennes : « de la terre et du
logement ». Il a mis en garde, dans son
communiqué, « contre toute lecture
erronée des protestations en cours dans
le pays » et soulignant la différence
entre les protestations de la rue
« israélienne » et les revendications
palestiniennes, avant de conclure :
« nous ne mettrons pas les pieds dans
les tentes « israéliennes » ».
C’est sous le mot
d’ordre « terre et logement » que les
Palestiniens de 48 se sont mobilisés
dans plusieurs villages d’al-Jalil,
d’al-Naqab et dans les villes côtières.
A Sakhnine, bourg d’al-Jalil, qui est un
des principaux théâtres de lutte contre
la politique sioniste, d’intenses
activités politiques se déroulent sous
la tente de protestation que le comité
local a installée : débats et
conférences alternent concernant la vie
politique palestinienne et les
changements en cours dans le monde
arabe. A Majdel-Kroum, autre localité
d’al-Jalil, une centaine de Palestiniens
ont levé des pancartes lors d’une
manifestation, réclamant la récupération
des terres communales que
l’Etat sioniste a volées de leur
village.
Plus au sud, dans le
Naqab, le comité populaire de Ksayfé a
installé une tente de protestation,
appelant la population du Naqab à
participer au mouvement général et à
revendiquer « la terre et le logement »,
et la fin des démolitions de maisons et
des villages non reconnus.
Dans la ville côtière de
Yafa, où ils Palestiniens se battent
contre la judaïsation des vieux
quartiers, les Palestiniens ont organisé
une manifestation dans le centre ville,
réclamant, non seulement des logements,
mais le retour des réfugiés des vieux
quartiers à leurs propres maisons. Ils
ont dénoncé la politique urbaine menée
par les autorités sionistes, qui veulent
transformer le vieux quartier d’al-‘Ajami
en un quartier résidentiel pour les
juifs riches dans le monde, avec la
construction des hôtels de luxe.
Dans les villages du
Karmel, au nord de Haïfa, les comités
locaux ont décidé de mettre en avant les
confiscations de terres communales que
les autorités de l’occupation ont
commencé à appliquer, pour construire
des chemins de fer et des oléoducs de
gaz naturel, ainsi que des parcs
naturels.
Il va sans dire qu’après
avoir confisqué des dizaines de milliers
de dunums des terres palestiniennes,
terres d’Etat ou terres privées, au
cours des précédentes décennies, les
Palestiniens ne possèdent à présent que
3% des terres, en tant que propriétés
privées, dans la partie de leur pays
occupée en 1948. Malgré cela, l’Etat
sioniste colonial poursuit leur
dépossession: il s’attaque de plus en
plus aux terres publiques des villages
et des bourgs, en en confisquant
terrains après terrains, pour soi-disant
y installer des projets d’utilité
publique, ou bien en rattachant les
bourgs et villages palestiniens aux
conseils locaux et régionaux sionistes,
qui s’emparent alors des terrains pour
construire des projets réservés
uniquement aux colons juifs.
Et comme le font
remarquer des chercheurs palestiniens,
l’Etat sioniste construit les projets
d’utilité publique sur les terres
palestiniennes uniquement. Dans al-Muthallath,
il a soigneusement évité de s’attaquer
aux colonies sionistes qui y sont
installées, pour construire une ligne de
chemin de fer ou installer des lignes
électriques à haute tension. C’est sur
les terres palestiniennes confisquées ou
même devenues impraticables (à cause des
lignes à haute tension) qu’il poursuit
ses actes de sabotage et de destruction
de la vie palestinienne. La ville de
Kfar Kassem, qui fut le théâtre d’un
massacre en octobre 1956, et la ville de
Taybé, entourée de trois colonies
sionistes, font les frais de cette
politique sioniste, visant à démanteler
la cohésion sociale et démographique
palestinienne de la vallée de ‘Ara dans
al-Muthallath.
Concernant les
démolitions des maisons, les
Palestiniens de 48 en sont les victimes
depuis l’existence de cet Etat colonial.
Pour eux, il ne s’agit pas de cherté du
logement, bien que la question les
touche également, mais il s’agit surtout
d’empêcher la démolition de leurs
maisons, et parfois, de leurs villages
en entier, quand il s’agit de villages
non-reconnus par l’Etat colonial
sioniste. Que ce soit dans al-Jalil, al-Naqab
ou al-Muthallath, ou bien dans les
villes côtières comme Akka, Haïfa, Yafa,
Lid ou Ramleh, les Palestiniens sont
empêchés de construire leurs maisons,
même sur leurs propres terres. Ils sont
également empêchés de rénover ou même de
réparer des parties de leurs maisons.
Dans les villes côtières, comme Haïfa ou
Akka, les autorités sionistes empêchent
la rénovation des anciens quartiers,
avec leurs maisons, quand ce ne sont pas
elles qui les mènent, au profit des
colons juifs. C’est ainsi qu’une partie
du vieux quartier de Akka a subi une
transformation radicale, après que sa
population en ait été expulsée.
Un rapport du
gouvernement sioniste datant de 2005
montre que le nombre d’infractions à la
loi de la construction parmi les colons
juifs est beaucoup plus élevé que celui
commis par les Palestiniens. Mais l’Etat
n’a que très peu démoli des maisons
construites par les colons, alors
qu’elles sont souvent construites sur
des terres agricoles. Mais par contre,
les bulldozers du ministère de
l’intérieur sioniste sont vite à l’œuvre
dans les villages et bourgs
palestiniens. Les services des
ministères concernés font sans cesse des
soi-disant enquêtes dans les régions
palestiniennes, et dressent des listes
de maisons à démolir : plus de 5000
maisons palestiniennes sont menacées de
démolition, jusqu’à présent. Ici, il ne
s’agit pas simplement de faire
« appliquer la loi », mais de rendre la
vie des Palestiniens, insupportable, et
les amener à quitter leur pays.
Ce bref aperçu de
l’endurance des Palestiniens de 48
explique pourquoi ils ne participent pas
aux tentes de protestation dressées par
le public sioniste. Leur combat est tout
à fait différent, d’autant plus que le
public sioniste a récemment exprimé
l’exacerbation de son racisme envers les
Palestiniens. On en revient toujours à
la problématique société coloniale -
société colonisée. Qu’ont-elles de
commun ? Les colons juifs venus de pays
de l’Est européen, d’Afrique ou des pays
arabes, sont certes les moins nantis au
sein de la société coloniale. Mais ils
vivent dans des colonies construites sur
des villages palestiniens que leur Etat
a détruits. Ces colons juifs participent
aux efforts de guerre contre le peuple
palestinien et les peuples arabes de la
région. Ils alimentent la machine de
guerre sioniste, ils transforment leur
déception envers l’Etat colonial en
haine contre les victimes réelles de
l’entreprise meurtrière qu’est le
sionisme.
Notre combat n’est
certainement pas le même !
« Nous ne mettrons pas
les pieds dans les tentes
« israéliennes » » !
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