Opinion
La guerre
israélienne contre al-Qods et sa
population
Fadwa
Nassar
Vendredi 13 juillet
2012 La ville d’al-Qods,
ville sainte par excellence et
capitale palestinienne, subit une
des guerres les plus cruelles de son
histoire : l’occupant sioniste
détruit son histoire et ses
vestiges, ses cimetières, ses
mosquées et ses églises, ses palais
et ses maisons anciennes, en
silence, loin des médias
généralement attirés par l’odeur du
sang. Il mène, en silence également,
une guerre contre sa population, en
détruisant ses maisons, d’abord,
mais aussi en arrêtant ses enfants
et jeunes et en les torturant, en
expulsant ses représentants et ses
députés, en appauvrissant ses
commerçants et artisans, en
propageant les drogues pour abrutir
ses jeunes. L’occupant sioniste a
déclaré une guerre implacable contre
la ville d’al-Qods et sa population,
en judaïsant la ville, poursuivant
la guerre commencée en 1948-49, qui
fut le théâtre d’un nettoyage
ethnico-religieux approuvé par
toutes les puissances du monde. Les rapports en
provenance de la ville d’al-Qods,
ignorés par la plupart des médias
dans le monde, qu’ils soient arabes
ou occidentaux, soulignent la
gravité de la situation vécue par la
ville et sa population qui subissent
cette guerre et à laquelle elles
font face avec détermination, seules
et abandonnées de tous. Un rapport
récent de l’OLP a étudié les
destructions par l’occupant des
maisons palestiniennes dans la ville
d’al-Qods. Depuis 1967, 3300 maisons
ont été détruites dans la partie
orientale de la ville, occupée en
1967, dont de nombreux sites
historiques et religieux, y compris
les 499 maisons des Maqdisis
détruits depuis 2006. Le rapport indique
que la destruction des maisons vise
la présence palestinienne dans la
ville d’al-Qods, que l’occupant a
décidé de judaïser, comme il l’a
fait pour les villes de Safad ou de
Tabaraya, dans al-Jalil,
c’est-à-dire expulser sa population
pour installer des colons juifs à sa
place et détruire les vestiges
musulmans et chrétiens pour
construire des bâtiments, devant
soi-disant revivifier une histoire
qui n’a jamais existé, sauf dans les
livres et dans les esprits tordus
des sionistes. C’est la guerre menée
par la barbarie sioniste contre la
civilisation arabo-musulmane dans la
ville d’al-Qods, et plus globalement
en Palestine, à laquelle on assiste
aujourd’hui, sans que bronchent les
musulmans, les Arabes et tous ceux
qui prétendent œuvrer pour la
justice dans le monde. Un rapport de l’ONU
signale que les destructions des
maisons en 2011 ont augmenté de 80%
par rapport à 2010 (dans toute la
Cisjordanie, partie orientale d’al-Qods
y compris). Le centre d’études ARIJ
(al-Qods) a compté plus de 650
maisons palestiniennes détruites
dans la partie orientale d’al-Qods,
entre 2000 et 2009 et 4300 maisons
sont menacées de destruction par la
municipalité de l’occupant, sous
prétexte qu’il s’agit de maisons
construites sans permis. Car, dans
la logique de l’occupant, c’est
lui-même qui devrait délivrer les
permis de construire, non seulement
dans la ville d’al-Qods, mais
également dans la majeure partie de
la Cisjordanie occupée, placée sous
le régime des accords d’Oslo. Du
moment qu’il ne les délivre pas, les
Palestiniens ne devraient ni
construire, ni habiter, ni vivre
dans leur pays. C’est la logique
coloniale du nettoyage
ethnico-religieux qui domine partout
en Palestine occupée, que ce soit
dans al-Jalil, al-Naqab, al-Aghwar
(vallée du Jourdain), ou al-Khalil
et al-Qods. Au même moment,
l’occupant sioniste a augmenté la
construction d’unités de logement
dans les colonies et en construit de
nouvelles, malgré les résolutions
onusiennes et internationales, mais
l’entité sioniste n’en a cure, elle
reste protégée par les puissances
internationales. 200.000 colons
vivent les 12 méga-colonies dans et
autour d’al-Qods, et dans près de 90
points de colonisation éparpillés
dans les quartiers palestiniens et
notamment dans les quartiers de la
vieille ville « intra-muros ». Les
colons sèment la mort et la
violence, avec la complicité des
forces de la municipalité, dans les
quartiers palestiniens, où ils se
sont implantés par la force des
armes. Ils tuent, écrasent et
terrorisent les jeunes et enfants
palestiniens comme ils humilient les
familles, rien que parce que ces
Maqdisis, ancrés dans leur pays et
leur ville, refusent de partir et de
leur abandonner leurs maisons et
leurs terres. Une récente étude
statistique de « l’Institution al-Aqsa
» démontre que l’occupant a décidé
d’assurer une présence
quasi-permanente dans la mosquée al-Aqsa,
qu’elle soit le fait de colons, de
soldats de son armée ou de ses
services sécuritaires et de
renseignements. Depuis quelques
mois, l’occupant sioniste profane la
mosquée, presque tous les jours. Les
colons y pénètrent pour accomplir
des rites religieux alors que les
forces sécuritaires y circulent en
tenue militaire. L’étude de
l’Institution al-Aqsa souligne que
c’est souvent dans la période
matinale que les colons et soldats
investissent la mosquée, en moyenne
450 colons et 300 membres
sécuritaires, par mois. Il s’agit
pour l’occupant d’habituer les
Palestiniens à leur présence
provocatrice, avant de procéder à la
« division » de la mosquée al-Aqsa,
comme c’est le cas pour la mosquée
al-Ibrahimi, dans la ville
d’al-Khalil, où les musulmans n’y
ont accès qu’en passant par des
portes métalliques et électroniques,
où ils devraient être fouillés et
humiliés, et où ils n’ont plus le
droit de lancer l’appel à la prière,
et où ils ne peuvent plus y aller
qu’aux périodes fixées par
l’occupant. C’est la signification
de la judaïsation des lieux saints
musulmans et c’est ce qui se prépare
pour la mosquée al-Aqsa. Au moment où
l’occupant accélère le rythme de ses
profanations de la mosquée al-Aqsa,
il resserre l’étau contre les
Palestiniens et les fidèles qui ont
décidé, depuis plusieurs années, de
se mobiliser et d’assurer une
présence permanente dans la mosquée.
L’Institution al-Aqsa et d’autres
institutions maqdisies avaient
lancé, il y a plusieurs années, des
cycles d’études à l’intérieur de la
mosquée et des journées de rencontre
pour les jeunes et les enfants, avec
des programmes d’activité liées à la
mosquée et à la ville d’al-Qods en
général. Cette présence
palestinienne permanente à
l’intérieur de la mosquée, jugée
gênante par l’occupant, est devenue
depuis quelques mois l’objet
d’exactions en tous genres :
arrestations des élèves et étudiants
qui s’y rendent et consfiscation de
leurs cartes d’identité, poursuites
d’autres considérés comme «
dangereux », amendes pour d’autres
s’ils prononcent « Il n’y a de dieu
que Allah » ou « Allah est le Plus
Grand », lorsque des colons
envahissent la mosquée. Israël a lancé une
guerre quotidienne contre les
Palestiniens d’al-Qods et contre
leur présence dans leur ville et
leurs lieux saints. Les Palestiniens
résistent et accomplissent dignement
leur devoir, celui de vivre dans
leur ville et leur pays, malgré
cette guerre, et de fréquenter sans
craindre l’ennemi, leurs mosquées et
leurs églises. Ils auraient espéré
que les Arabes et les musulmans dans
le monde agissent ou, à la rigueur,
ne les ignorent pas et ne se
détournent pas de leur résistance.
Que ce soit le député maqdisi de la
liste du Hamas déporté vers
Ramallah, Ahmad Attoun, ou sheikh
Ikrima Sabri, ou sheikh Raed Salah,
ou l’archimandrite Hanna Atallah, ou
le directeur général de
l’Institution Internationale al-Quds,
Yassin Hammoud, tous ont récemment
lancé des cris d’alarme à la
communauté arabo-musulmane dans le
monde, pour attirer l’attention sur
la guerre sourde menée par les
sionistes contre la ville sainte et
sa population. Leurs cris
parviendront-ils à couvrir les
bruits de la fitna ?
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