Opinion
Les prisons
coloniales ébranlées par les grèves des
prisonniers palestiniens
Fadwa
Nassar
Photo: CPI
Lundi 10 octobre
2011 Depuis deux
semaines, les prisonniers
palestiniens mènent une grève de la
faim illimitée pour protester contre
les conditions d’incarcération dans
les prisons coloniales de l’entité
sioniste. A l’initiative des
prisonniers du FPLP, dont le
secrétaire général Ahmad Saadat est
soumis à l’isolement individuel
depuis près de deux ans, la grève
s’est étendue aux autres prisonniers
isolés avant d’être partagée par
plus de deux mille prisonniers sur
un ensemble de 6500. Le mouvement
national des prisonniers a décidé de
rejoindre massivement la grève de la
faim illimitée le mardi 11 octobre,
alors que jusqu’à présent, des
milliers de prisonniers
participaient à ce mouvement de
colère par une ou deux journées de
grève par semaine. Le mouvement de la
grève des prisonniers palestiniens
risque de s’étendre et de durer,
tout comme il risque d’entraîner le
martyre de certains prisonniers,
dont l’état de santé s’est fortement
détérioré depuis le début de la
grève. Les autorités coloniales ont
réagi violemment en supprimant le
sel, seule denrée pouvant aider les
grévistes à résister à la mort, en
s’emparant de toutes leurs affaires
personnelles, en déplaçant les
grévistes vers d’autres prisons ou
sections, en les isolant encore plus
du monde extérieur, pour étouffer le
mouvement. Dimanche, des
informations ont circulé à propos de
négociations entre la direction
carcérale coloniale et les
grévistes, mais il ne semble pas que
celles-ci aient abouti, puisque
cette direction n’envisage pas
encore la suppression des assauts
sur les cellules, soit-disant pour
compter les prisonniers, ou pour
inspecter les cellules, alors que
les prisonniers insistent beaucoup
sur cette revendication, une de
celles qu’ils ont mise en avant.
Des prisons
coloniales pour briser la volonté du
peuple palestinien Les prisonniers
palestiniens et arabes détenus dans
les prisons coloniales sionistes
réclament, non pas des faveurs comme
veulent le faire croire les
dirigeants de l’entité, mais leurs
droits humains de base : l’arrêt de
la mise en isolement individuel :
certains prisonniers se trouvent
depuis cinq ans en isolement dans
des cellules appelées les
« antichambres de la mort »,
cellules étroites, sombres, humides
et souterraines qui n’ont pour
fonction que d’entraîner les
maladies pulmonaires et autres. Les
prisonniers réclament la fin des
assauts nocturnes contre les
cellules menées par des forces
formées spécialement pour agresser
les prisonniers palestiniens et
arabes, et la fin des assauts (4 par
jour depuis la grève de la faim)
pour soi-disant compter les
prisonniers et inspecter les
cellules. Ils réclament aussi
l’arrêt des humiliations de leurs
familles venues en visite, dans des
conditions extrêmement dures,
puisqu’elles doivent traverser des
dizaines de barrages, subir les
assauts des colons, avant d’être
accueillies par des insultes, des
fouilles déshonorantes et des refus
de visite de dernière minute. Les
prisonniers réclament également
qu’ils n’aient pas les pieds
attachés lors des visites
familiales, tout comme ils réclament
la remise en route des chaînes
télévisées arabes et le
fonctionnement de leurs études en
université (la seule université
autorisée est une université
sioniste), et la permission de
recevoir des livres, ce que les
autorités carcérales ont interdit il
y a quelques semaines. En bref, les
prisonniers palestiniens en grève de
la faim réclament que cessent les
mesures répressives introduites tout
au long des années précédentes,
alors que ce qui se fait appeler
« communauté internationale » se
bouchait les yeux et les oreilles
pour ne rien voir ni entendre. Dans un article
récent, Walid Duqqa, prisonnier
palestinien des territoires occupés
en 1948, depuis plus de 25 ans et
condamné à la perpétuité par un
tribunal militaire mettait en
parallèle les mesures coloniales à
l’intérieur des prisons et à
l’extérieur, expliquant que les
autorités de l’occupation n’avaient
en vue que la soumission
psychologique, morale et matérielle
des Palestiniens. Pour la colonie
sioniste et ses dirigeants, c’est
l’idée même d’un peuple palestinien,
d’une communauté palestinienne,
d’une vie palestinienne stable, qui
doit être supprimée. A l’extérieur,
les barrages, les colons, les
agressions et les assauts, le
démantèlement et la catégorisation
du territoire, les restrictions de
mouvement, les tueries, les
poursuites. A l’intérieur des
prisons, la privation, l’instabilité
par le déplacement continuel des
prisonniers, les agressions par les
forces spéciales, la catégorisation
des prisonniers, par région ou par
formations politiques, les assauts
nocturnes pour briser les rêves de
ces hommes, femmes, enfants et
vieillards, remplis d’espérance et
de liberté. Mais aussi le minutage
de leur temps, qui doit être celui
du colonisateur et non celui qu’ils
essaient de construire entre les
quatre murs, avec leurs camarades ou
individuellement. A l’intérieur, ce
sont les « oiseaux », ces
collaborateurs infiltrés ou achetés
avec des promesses vaines et
futiles, et à l’extérieur, ce sont
les collaborateurs tombés entre
leurs filets. A l’intérieur comme à
l’extérieur des prisons coloniales,
les sionistes tentent de briser la
volonté de lutte et de résistance du
peuple palestinien. Mais ils n’y
parviennent pas. Aujourd’hui, les
prisonniers sont en train de faire
craquer les murs de ces prisons,
rien que par leur refus de
s’alimenter. Le mouvement de
solidarité se développe, car aucune
cause n’est aussi populaire que
celle des prisonniers et de leur
lutte, en Palestine, dans les camps
des réfugiés et dans l’exil. La
cause des prisonniers unifie, comme
l’a récemment déclaré une
personnalité palestinienne, car les
prisonniers sont la conscience, la
résistance, les héros vivants du
peuple palestinien. Demain, ce sont ces prisons
coloniales toutes entières qui
partageront le sort de la prison de Khiam, avec la débandade sioniste du
sud-Liban en mai 2000. Bâties ou
transformées en prison, pour la
plupart, au temps de l’occupation
britannique, ces citadelles ne sont
que des forteresses en carton face à
la détermination de lutte et de
résistance du peuple palestinien. Le
prisonnier Qassamite Ibrahim Hamed,
gréviste de la faim et en isolement,
a d’ailleurs lancé un appel à tous
les prisonniers, disant que l’entité
sioniste est en pleine crise, il
faut en profiter et y aller en
élargissant le mouvement. C’est pourquoi il
est nécessaire d’élargir aussi le
mouvement de la solidarité, à tous
les niveaux, dans le monde. Les
places publiques des capitales
mondiales doivent être assaillies
par les foules, les institutions
internationales doivent être
interpellées, les médias doivent
participer à cette bataille, pour la
dignité du peuple palestinien et de
ses héros vivants.
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