Opinion
Encercler et
délégitimer l'Etat sioniste
Fadwa
Nassar
Samedi 9 juillet 2011
Plus de soixante après sa création par
une décision de l’ONU qui n’en avait pas
le droit, l’Etat sioniste d’Israël n’est
pas en mesure d’affirmer la légitimité
de son existence. Les Etats
impérialistes et coloniaux avaient
assuré sa formation, en 1947, par un
vote non seulement illégal mais
corrompu, puisque certaines voix ont été
obtenues moyennant argent. Illégal,
parce qu’aucune puissance dans le monde
n’a le droit d’arracher une terre à un
peuple pour la remettre à une population
issue de la communauté juive européenne,
sous prétexte qu’elle a été massacrée.
Il est vrai cependant que pour ces Etats
coloniaux, la création de l’Etat
sioniste sur la terre de la Palestine
poursuivait un but stratégique,
consistant à assurer leur domination sur
la nation arabe, dont la Palestine a
toujours représenté le cœur, et à
démanteler cette nation avant que ses
peuples n’y jouissent de leur unité et
complémentarité.
La colonie sioniste fut donc créée d’une
part par une volonté impérialiste et
d’autre part, par le mouvement sioniste,
colonial et raciste défendu par des
juifs européens. Les Etats occidentaux,
mais aussi l’Union soviétique et ses
satellites à l’époque, avaient trouvé
dans la présence de cette colonie, en
plein cœur du monde arabe, l’occasion
rêvée pour maintenir la nation arabe
dans la dépendance à tous les niveaux.
Les Arabes, de leur côté, suite à leurs
défaites successives contre cette
colonie et leur acculturation générale
due à la présence étrangère sur leur
sol, avaient développé un complexe
d’infériorité et un sentiment
d’impuissance, face à ces Etats modernes
colonisateurs et face à cette colonie de
peuplement appelée Israël, qu’ils s’y
sont soumis, non seulement
militairement, mais économiquement et
idéologiquement. Seule la volonté de
résistance du peuple palestinien, à
laquelle se sont ajoutées des forces
arabes éparses dans de nombreux pays,
ont permis à la culture de la résistance
de tenir tête, d’empêcher l’effondrement
total et de refuser une légitimité à la
plus grande opération de mystification
du XXème siècle.
La résistance du peuple palestinien à
son expulsion et à l’occupation de son
pays a maintenu la flamme toujours vive,
malgré les crimes sionistes. Cet Etat
raciste n’a réussi à se maintenir qu’en
commettant crimes et massacres, preuve
de la résistance d’un peuple, admiré et
devenu le phare de la liberté pour les
peuples arabes, qui ont toujours refusé
la présence de l’Etat sioniste en leur
sein.
Ce sont la conférence de Madrid en 1992
et les accords d’Oslo en 1993 qui ont
couronné les efforts sionistes et
impérialistes en vue de légitimer la
présence coloniale. Les Etats arabes
s’effondrent entièrement et affichent
une docilité abjecte envers « leurs
maîtres » occidentaux. Mais même en
cette période sombre, la résistance
s’est poursuivie, indiquant la seule
voie capable de retrouver la dignité et
la liberté : au Liban, la résistance du
Hezbollah, née en 1982, et en Palestine,
la résistance du mouvement islamique
Hamas, né en 1987 et du mouvement du
Jihad islamique, né en 1982, combattent
pour la nation, soutenues par la
république islamique d’Iran. Les
opérations militaires audacieuses, au
Liban et en Palestine, secouent la
stabilité de l’ennemi sioniste et
indiquent que l’effondrement arabe n’est
que celui des régimes, mais pas celui de
la volonté des peuples.
La libération du sud Liban en mai 2000
et le déclenchement, quelques mois plus
tard, de l’Intifada al-Aqsa annoncent
une nouvelle période : l’Etat sioniste
est désormais sur la pente inverse. Pour
les peuples arabo-musulmans, cet Etat
doit disparaître et il est possible de
l’anéantir. Pour les peuples du monde,
cet Etat a perdu toute crédibilité et
ses innombrables crimes et massacres
suscitent, même à l’intérieur de la
société coloniale, une remise en cause
de sa soi-disant légitimité, sinon des
questions à ce propos. La découverte de
la véritable histoire sur la naissance
de cette colonie, par les peuples
occidentaux, bouleverse des pans entiers
de leurs sociétés qui avaient cru en
l’avenir « radieux du socialisme
israélien » et qui avaient participé à
cette entreprise coloniale entre les
années 50 et 70. C’est la
délégitimisation progressive de l’Etat
sioniste qui est en cours, et qui se
poursuit jusqu’à l’heure actuelle.
Ce mouvement de délégitimisation de
l’Etat colonial et raciste d’Israël,
s’est étendu dans toute la planète. Les
conférences internationales, Durban 1 et
Durban 2, les forums internationaux,
certaines commissions de l’ONU même, y
contribuent. Les peuples affirment de
plus en plus leur solidarité avec la
résistance et s’organisent en vue de
barrer la route, dans leurs propres
pays, aux marchandises et représentants
de cet Etat, notamment les criminels de
guerre. La multiplication des moyens
d’information permet de contourner les
médias soumis aux lobbys sionistes et de
diffuser informations et analyses
antisionistes.
Après les guerres de 2006 contre la
résistance au Liban et de 2008-2009
contre la résistance à Gaza, qui ont
entraîné la mort de milliers de civils
et la destruction des infrastructures,
le mouvement de délégitimisation s’étend
et décide même de passer à
l’encerclement. L’Etat sioniste, qui
encercle la bande de Gaza et étouffe al-Qods
et la Cisjordanie par ses colonies, est
à présent encerclé : ses militaires et
officiels sont recherchés par des cours
européennes, et les dirigeants de
l’armée de l’occupation ont récemment
interdit aux médias de publier les
photos de leurs officiers supérieurs. La
région d’al-Naqab n’est plus une affaire
interne « israélienne » mais est devenue
une question palestinienne, envers
laquelle les solidarités internationales
s’affirment.
A présent, « Israël » est encerclé par
des mouvements populaires, et comme
l’avaient annoncé les dirigeants de la
république islamique d’Iran, le
président Ahmadinejad en dernier, l’Etat
sioniste doit compter ses jours, car il
est en passe de perdre une légitimité
populaire internationale mensongère,
basée sur un mythe, avant qu’il ne perde
sa légitimité officielle, basée sur un
rapport de forces militaires. Face aux
faits et à l’histoire, le mythe
s’évapore et les peuples se réveillent.
Et sur le terrain, le rapport de forces
militaires se modifie, lorsque les
peuples arabo-musulmans constatent que
l’Etat sioniste, colonial et raciste, a
été vaincu par des résistances, dont la
détermination et la foi dans la justice
de la cause sont ses principales armes.
Cela est donc possible. C’est même la
seule voie vers la liberté et la
dignité.
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