Prisonniers palestiniens
L'agonie des
résistants dans les prisons sionistes
Fadwa Nassar
Jeudi 6 décembre
2012 En grève de la faim
depuis plus de 157 jours (5 mois) et
125 jours (4 mois), les résistants
palestiniens Ayman Sharawneh et
Samer Issawi agonisent. Le directeur
du centre Ahrar, Fouad Khafech,
lui-même détenu administratif à
plusieurs reprises, a confirmé la
détérioration alarmante de l’état de
santé des deux résistants, où les
séquelles de leur longue grève de la
faim sont devenues irrémédiables. Ils réclament, comme
beaucoup d’autres prisonniers,
détenus administratifs, leur
libération immédiate. Ayman
Sharawneh et Samer Issawi, des
villes occupées d’al-Khalil et d’al-Qods,
avaient été libérés lors de
l’échange de prisonniers « Fidélité
des hommes libres » en octobre 2011.
Mais ils furent de nouveau arrêtés
et plaçés en détention
administrative (c’est-à-dire sans
aucune charge autre que « secrète »
décrétée par les services de
renseignements sionistes), dans une
campagne hystérique de l’occupation
consistant à emprisonner de nombreux
prisonniers libérés, par vengeance
d’abord, et ensuite pour mesurer
l’état de disponibilité de l’Etat
égyptien à suivre le dossier en tant
que garant de l’accord d’échange.
Or, en dépit de nombreux appels de
la part des prisonniers et des
ministères chargés des prisonniers
(de Ramallah et de Gaza), il s’avère
que le pouvoir égyptien est
incapable de garantir cet accord et
que les prisonniers et leurs
familles devraient compter sur leurs
propres forces, comme d’habitude, et
sur leur peuple avant tout pour
assurer la liberté des détenus
administratifs, notamment ceux qui
sont en grève de la faim. Aujourd’hui, 7
prisonniers mènent la grève de la
faim réclamant leur libération
immédiate, la dignité pour les
prisonniers et le peuple
palestinien, par la suppression de
la détention administrative,
détention arbitraire et criminelle
pratiquée par l’occupant sioniste et
avant lui, par l’occupant
britannique. Les sept prisonniers
sont : Ayman Sharawneh, Samer Issawi,
Uday Zayd Kilani (Toubas), en grève
de la faim depuis le 23 octobre
dernier. Les deux cadres du Jihad
islamique, Tareq Qaadan et Jaafar
Izziddine (Arrabe, près de Jénine)
arrêtés puis libérés au cours de
cette année, ont de nouveau été
arrêtés au cours de la guerre contre
Gaza. Ils ont décidé de mener la
grève de la faim dès le 25 novembre,
jour de leur arrestation. Jaafar
Izzidine avait mené une lutte de 56
jours avant d’être libéré, au cours
de l’été dernier. Deux autres
prisonniers, Saleh Kumayl (Qabbatya,
44 ans) et Youssef Sha’bane (‘Anine,
32 ans) protestent également contre
leur détention arbitraire en menant
la grève de la faim. Quant à Samer al-Barq,
qui avait mené une grève de la faim
de quatre mois et qui est toujours
en hospitalisation, sa détention
administrative a été renouvelée de
trois mois, malgré la promesse faite
par l’administration pénitentiaire
sioniste qu’il serait libéré. Il
semble que l’Egypte n’ait pas donné
suite à la proposition de le
recevoir. Mais une fois encore,
l’entité de l’occupation prouve
qu’elle est incapable de respecter
un quelconque accord : seule la
pression de la résistance est en
mesure de l’obliger à cesser
l’arrestation des prisonniers
libérés et de la détention
administrative, comme elle est seule
en mesure de lui faire respecter les
droits humains des résistants
prisonniers. Compter sur les
organismes internationaux, sur les
Etats du « printemps arabe » ou sur
les conférences de soutien, qui se
tiennent ici et là, relève de
l’illusion.
L’élan de solidarité
avec les prisonniers et leur combat
a fortement reculé, en Palestine et
ailleurs, estiment les nombreux
centres de soutien aux prisonniers.
Cependant, rares sont ceux qui
réfléchissent ou qui osent
s’exprimer sur les causes, par refus
de remettre en cause l’Autorité
palestinienne et ses divers
appareils. Ceux-ci n’ont cessé,
depuis des mois, de reporter ou de
temporiser toute action, dans
l’attente de la reconnaissance
internationale de « l’Etat de
Palestine », comme si une telle «
victoire diplomatique » allait
remplacer la résistance. L’illusion
ancrée dans les esprits de tous les
fonctionnaires de l’AP sur les
possibilités de remporter des
victoires, quant à la question des
prisonniers, ou de l’arrêt de la
colonisation et de la judaïsation
d’al-Qods et de la Cisjordanie, sont
une lourde entrave à un mouvement de
résistance, qui a prouvé, par les
armes à Gaza, qu’il est en mesure de
prendre l’initiative, de frapper et
de faire reculer l’ennemi. Dans une lettre
adressée par les deux cadres du
Jihad islamique, Jaafar Izzidine et
Tareq Qaadane, à sheikh Khodr
Adnane, qui avait insufflé au mois
de janvier dernier, par sa victoire
contre les geôliers et l’Etat
sioniste, la révolte des prisonniers
pour la dignité, les deux résistants
affirment vouloir poursuivre leur
grève de la faim, pour la dignité du
peuple palestinien et de ses
résistants emprisonnés. « Il s’agit
d’un immense acquis obtenu grâce à
des kilogrammes de notre chair et de
notre sang. C’est sur cet acquis que
nous devons construire notre avenir,
et la bataille doit continuer. Par
notre combat, nous constituons un
nouvel espoir, une lueur, une
espérance et une détermination, et
remporterons une nouvelle victoire,
mais surtout, nous transmettons cet
espoir à nos frères Sharawneh et
Issawi. Nous constituons une réponse
naturelle et insistante, et une
énergie renouvelée face à tous les
désespérés, les impuissants et les
effondrés, leur disant que celui qui
parvient à 157 jours de grève de la
faim ne nous plonge pas dans le
désespoir ni l’effondrement, mais
nous confirme que Sharawneh et
Issawi ne sont que détermination et
foi. Ni la peur, ni la crainte, ni
la lâcheté ne nous empêcheront de
poursuivre notre combat jusqu’à
l’obtention de notre liberté. Notre
espoir en Dieu est immense et notre
certitude qu’Il nous accordera Son
soutien est ferme. Nous avons été
arrêtés pour nous empêcher de goûter
à notre victoire à Gaza, et pour
nous faire croire à des victoires
fictives en réponse aux frappes de
la résistance à Gaza, de son unité
et de l’unité de son peuple, et pour
donner l’illusion au public sioniste
qu’il a remporté des acquis. Toutes
leurs tentatives sont vaines, car
nous savons que c’est le temps des
victoires, et que nous irons de
victoire en victoire. Nous sommes
certains que le peuple palestinien
se lèvera à nouveau pour la défense
de ses fils prisonniers, dans leur
bataille incessante. » Que ce soit au cours
de la guerre contre Gaza, ou dans
les prisons sionistes, le peuple
palestinien et ses résistants ne
craignent pas l’ennemi, ni les
bombardements sauvages, ni les
arrestations arbitraires, ni les
mesures punitives et le désir de
vengeance de l’occupant. Que ce soit
à Gaza, à al-Qods, à al-Araqib dans
al-Naqab ou dans les prisons de
l’occupation, les enfants de la
Palestine forgée dans la résistance
défient l’occupant. Dans leurs yeux,
se lisent les signes de la victoire.
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