Palestine
L'autorité
palestinienne exécute l'agenda sioniste
dans le camp de Jénine
Fadwa Nassar
Dimanche 6 octobre 2013
Le martyre du jeune Islam Toubassi,
froidement exécuté par les soldats de
l’occupation, après un raid meurtrier
sur le camp de Jénine, il y a deux
semaines, n’est pas resté sans effet
pour les forces sécuritaires de
l’Autorité palestinienne. Mais au lieu
de s’en prendre à l’occupation, les
forces sécuritaires de l’Autorité s’en
sont pris aux habitants du camp et à ses
jeunes, pour les punir d’avoir résisté à
l’ordre sioniste. Il est vrai que les
forces de l’occupation craignent le camp
de Jénine, son histoire, sa résistance,
ses martyrs, ses familles et ses
enfants.
Si les camps de réfugiés sont le terreau
de la résistance en Cisjordanie, al-Quds
y compris, le camp de Jénine reste, aux
yeux des sionistes, malgré toutes les
tentatives de pacification menées
pendant plus de dix ans, le camp des
résistants, le camp d’où est issue
Hanadi Jaradat, la martyre de Haïfa, le
camp qui a préféré le martyre et la
destruction à la soumission, et qui a
ouvert la voie aux victoires militaires
contre l’occupant, en mettant en avant
l’unité des organisations de la
résistance, la symbiose entre la
population et les résistants et surtout
la détermination à poursuivre la lutte
jusqu’à la « dernière cartouche ». La
bataille du camp de Jénine en avril 2002
fut une école, et ses résistants,
martyrs ou prisonniers, sont des héros.
Plus de dix ans après, les sionistes ont
réalisé que le camp de Jénine est
toujours le « nid de guêpes » qu’ils
craignaient. Ces derniers temps, ils
l’ont souvent affirmé dans leur presse.
Les sionistes craignent une nouvelle
« intifada » et mettent en garde contre
les jeunes réfugiés des camps, et
notamment du camp de Jénine. Mais
aujourd’hui, l’Autorité Palestinienne
veille. Ses forces sécuritaires formées
par les généraux américains sont aux
ordres de l’occupant. Elles sont prêtes
à sévir non seulement pour empêcher
toute résistance, mais pour punir les
résistants et les soumettre à l’ordre de
l’occupant.
C’est ainsi que l’on peut comprendre la
nuit de terreur perpétrée par les forces
sécuritaires, la brigade 101, avec ses
600 membres qui ont violemment assailli
le camp, et fait le sale boulot de
l’occupant sioniste, en investissant les
maisons des dirigeants du mouvement du
Jihad islamique, en détruisant et
renversant les meubles, en cassant les
portes, en confisquant les ordinateurs
et autres objets personnels. 40 blindés
de cette brigade fraîchement entraînée
par les généraux américains en Jordanie,
ont encerclé le camp le samedi, avant
l’aube. Les maisons des familles des
martyrs, des prisonniers et des
prisonniers libérés furent investies,
après que la lumière ait été coupée et
que le camp ait été déclaré « zone
militaire fermée ». 70 Palestiniens
furent arrêtés, parmi eux plusieurs
cadres du mouvement du Jihad islamique
et des membres de la famille Saadi,
proches du sheikh Bassam Saadi, qui a
réussi, une fois encore, à les éviter.
Recherché par les forces de
l’occupation, sheikh Bassam Saadi est à
présent recherché par les forces
sécuritaires de l’AP. Il est accusé de
« troubler l’ordre public », en somme,
l’ordre des sionistes. Le représentant
de l’Autorité Palestinienne a prétendu,
suite à ce raid nocturne avoir réussi à
arrêter plusieurs personnes recherchées
(par l’occupant sioniste).
Les forces sécuritaires de l’AP
prétendent vouloir assurer l’ordre
public, mais au lieu de protéger
Palestiniens contre les raids de
l’occupation, de ses soldats et de ses
colons, qui sèment la désolation là où
ils passent, qui incendient les champs
et les mosquées, qui démolissent les
maisons, qui tirent sur les Palestiniens
et les tuent ou les blessent, au lieu de
diriger leurs actes contre les
« voyous » qui végètent à l’ombre de
l’Autorité Palestinienne minée par la
corruption, et qui sont souvent à la
solde de l’occupant, c’est contre les
résistants que les forces sécuritaires
de l’Autorité palestinienne sévissent,
pour satisfaire les désirs de
l’occupant.
Les forces de l’occupation craignent la
colère des Palestiniens, en Cisjordanie,
y compris al-Quds, comme dans les
territoires occupés en 48 où couve le
feu de la révolte contre le plan
d’épuration ethnico-religieuse dans le
Naqab, appelé Plan Prawer. Que l’Etat
colonial possède les armes les plus
sophistiquées et qu’il menace des Etats
ne change rien au fait qu’il craint
avant tout la colère des jeunes, et
notamment des jeunes réfugiés dans les
camps, ceux qui se sont abreuvés de
l’histoire de la résistance et des faits
d’armes des résistants, et qui ne
craignent ni les chars, ni les avions,
ni les généraux de la colonie.
L’Autorité palestinienne est en pleine
détresse. Ses forces sécuritaires
prétendent vouloir instaurer l’ordre
public, mais le fait d’avoir violé les
maisons des martyrs et des résistants
détenus par l’occupation et d’avoir
arrêté des personnalités politiques
appartenant aux formations résistantes
dément ses propres allégations et prouve
qu’elles agissent aux ordres de
l’occupant colonisateur.
Les formations de la résistance ont
fermement dénoncé ce raid. Le mouvement
du Hamas a même annoncé que ces mêmes
services sécuritaires ont récemment
arrêté plus de 120 cadres et militants
politiques du mouvement, en Cisjordanie.
Le mouvement du Jihad islamique a
déclaré, quant à lui, que les forces
sécuritaires de l’Autorité sont en train
d’exécuter l’agenda des forces de
l’occupation, ajoutant que l’incursion
perpétrée contre la maison du dirigeant
Bassam Saadi est non seulement une
violation des droits palestiniens mais
un signe de déshonneur et d’infamie pour
cette Autorité, qui accourt pour
satisfaire l’occupant sioniste en
empêchant les résistants de riposter aux
crimes de l’occupation. Quant au
dirigeant Bassam Saadi, il a déclaré que
« ceux qui troublent l’ordre public
palestinien sont connus, et ceux qui
sont poursuivis par l’occupation et
leurs maisons saccagées sont également
connus, et qu’il est vain de faire
l’amalgame entre les deux catégories».
Au moment où le mouvement du Jihad
islamique rend hommage à la martyre
Hanadi Jaradat qui a mené une opération
martyre à Haïfa en octobre 2004, tuant
22 sionistes, et à toutes les martyres
tombées pour que la voie de la
résistance à l’occupation imprègne la
conscience palestinienne, les forces
sécuritaires de l’Autorité palestinienne
tentent, une fois de plus, de satisfaire
l’ennemi américano-sioniste et
d’exécuter son agenda.
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