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Opinion
Le 15 mai prochain,
nous retournons en Palestine
Fadwa Nassar
Vendredi 6 mai 2011
Le 15 mai 1948, c’est la date choisie par le peuple palestinien
pour commémorer la Nakba, entreprise de nettoyage ethnique menée
par les sionistes, en Palestine. Le 15 mai 1948, l’entité
coloniale sioniste proclame la formation de son Etat sur le
territoire de la Palestine, après que ses bandes armées se
soient livrées aux massacres et à l’expulsion de centaines de
milliers de Palestiniens, de leurs villages, villes et bourgs :
850.000 Palestiniens furent expulsés de leurs terres et leurs
propriétés. C’est de leur terre, la Palestine, que les
Palestiniens ont été expulsés, et c’est vers leur terre qu’ils
ont été empêchés, depuis 63 ans, de retourner, par ce qui se
fait appeler communauté internationale.
15 mai 1948 – 15 mai 2011 : les Palestiniens ont décidé de
mettre fin à leur exil qui dure depuis 63 ans, et d’appliquer
par eux-mêmes la résolution de l’ONU qui réclame leur retour à
leurs terres et leur terre. C’est
ainsi que nous serons environ un million sur les frontières de
notre patrie, pour réclamer notre retour.
Tous les ans, depuis près de dix ans, les Palestiniens de 48
organisent la marche du retour, vers les villages détruits par
les sionistes, et dont les habitants sont des Palestiniens
« absents – présents », d’après les colons sionistes, ce qui
veut dire en termes clairs, qu’ils sont présents dans leur pays,
mais absents de leurs terres, qui ont été volés et interdits de
retourner à leurs villages. Ils sont environ 250.000
Palestiniens, « présents-absents », des réfugiés de l’intérieur,
qui participent à ces marches, réclamant leur retour à leurs
propriétés. Cette année, malgré l’interdiction par les sionistes
de commémorer la Nakba, les Palestiniens de 48 se dirigeront
vers le village de Damoun, village entièrement détruit mais dont
le site témoigne de la présence palestinienne.
Mais cette année, ce ne sont pas seulement les Palestiniens de
48 qui marcheront pour réclamer le retour. Ce sont les réfugiés
palestiniens vivant dans les pays limitrophes qui ont décidé de
faire cette marche, la « marche du million de Palestiniens »
vers la Palestine. Plusieurs
comités se sont déjà mis en place pour organiser la marche. Les
derniers préparatifs sont en cours.
Au Liban, une conférence de presse a officeiellement annoncé la
marche, par un communiqué : « nous voulons par cette marche
affirmer que le droit du retour est un droit fixe et non
négociable, que le droit à la résistance, sous toutes ses
formes, pour libérer la Palestine, du fleuve à la mer, est un
choix stratégique. Nous voulons insister sur l’unité nationale
palestinienne et revenir à la volonté populaire sur la base de
la résistance et de la libération. Nous soutenons la liberté des
peuples arabes comme garantie pour la poursuite de la résistance
et libérer la Palestine. Nous voulons affirmer que la Palestine
est une terre arabe, et que tout arabe a le droit d’y retourner
et qu’il a le devoir de la libérer. »
Une lettre a même été envoyée à M. Ban Ki Moon, secrétaire
général des Nations-Unies, l’organisme censé appliquer ses
propres résolutions et qui a négligé, tout au long de 63 ans,
celle qui permet aux Palestiniens de retourner dans leur pays,
pour satisfaire les Etats-Unis et les autres puissances
impérialistes, mais surtout pour ne pas irriter les sionistes.
Dans la lettre envoyée à M. Ban Ki Moon, les organisateurs "Le
rassemblement pour le droit au retour" (bande de Gaza)
expliquent pourquoi les réfugiés doivent retourner dans leur
pays, conformément aux résolutions de l’ONU, et demandent la
protection de l’organisation internationale :
« Malgré plus d’un
demi-siècle de guerres, d’agressions, d’injustice, d’exil, de
blocus, nous sommes attachés à notre droit au retour à notre
terre dont nous avons été expulsés ». La lettre rappelle que
dans toutes les causes de libération nationale dans l’histoire,
le peuple occupé, le plus faible militairement, a remporté la
victoire par son attachement à son droit et sa résistance
inébranlable, malgré la force militaire imposante de son
adversaire. « Au jour de la commémoration, nous affirmons, nous
les Palestiniens, notre droit au retour à la Palestine
historique, à nos villages et nos villes dont nous avons été
expulsés en 1948…. Le retour n’est pas une procédure qui a
besoin de la « générosité » des voleurs et tueurs du peuple
palestinien. La terre est nôtre, elle est celle de nos parents
et aïeux, les titres de propriété sont en notre possession, et
les clefs des maisons sont encore dans nos poches, et nous les
transmettons de génération en génération ».
La lettre rejette les prétentions sionistes voulant faire de la
question des réfugiés une question économique ou sociale,
affirmant qu’elle est essentiellement politique. Il ne s’agit
pas de gérer la vie quotidienne des réfugiés, mais d’appliquer
leur droit au retour : « C’est pourquoi nous avons décidé, nous
les réfugiés palestiniens, à l’occasion de la 63ème
commémoration de la Nakba, de marcher vers la Palestine, vers
les barbelés qui nous séparent de notre terre et de nos maisons
familiales, dans une marche pacifique. Nous vous réclamons la
protection de notre marche pacifique et d’assumer vos
responsabilités juridiques et morales envers les milliers de
Palestiniens qui réclament leur droit, reconnu par les lois et
les traités internationaux. »
La marche du million vers la Palestine réclame un soutien
international. Les organisateurs ont lancé un appel aux peuples
épris de justice de marquer leur solidarité avec les marcheurs,
en se rassemblant dans les capitales et réclamer que justice
soit faite.
Bien que la marche ait été décidée et organisée bien avant la
réconciliation entre le Fateh et le Hamas, mercredi dernier,
elle sera l’occasion d’affirmer sur le terrain, l’unité de la
lutte palestinienne pour la libération de la patrie occupée.
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