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Opinion
Il y a dix ans...
Fadwa Nassar
Lundi 4 octobre 2010
Il y a dix ans, en septembre éclatait l’Intifada al-Aqsa,
immédiatement suivie par la révolte des Palestiniens de 48, en
octobre. Quelques mois auparavant, le Liban célébrait la
libération de la majeure partie de ses terres occupées,
infligeant une défaite, la première du genre, à l’Etat sioniste.
Une nouvelle étape de l’histoire dans la région était en route.
Il ne fait aucun doute que la victoire de la résistance
islamique au Liban a favorisé l’intifada Al-Aqsa, bien que les
facteurs de son déclenchement soient essentiellement internes :
accentuation de la colonisation dans les territoires occupés
malgré ou suite plutôt des accords d’Oslo, arrêt brutal des
négociations entre l’Autorité palestinienne (présidée par feu
Yasser Arafat) et l’Etat sioniste (Ehud Barak) sous l’égide
américaine (Bill Clinton), les Etats-Unis n’ayant pu obtenir des
concessions supplémentaires de la part des Palestiniens, malgré
toutes les pressions exercées, et l’incursion provocatrice de
Sharon dans la mosquée al-Aqsa. Auparavant, pour accorder une «
chance à la paix », la direction de l’Autorité avait exigé et
contraint toutes les organisations de la résistance à cesser
leurs opérations armées contre l’Etat sioniste. Au niveau arabe
et régional, ce fut l’absence de la Palestine dans la conscience
arabe, les régimes ayant pris bien soin de propager l’idée que
la Palestine aurait été libérée par les accords d’Oslo. Bref, à
l’exclusion d’une minorité éparse dans le monde arabe, la
Palestine fut arrachée de la conscience arabe.
Malgré cet environnement où s’exerçait l’hégémonie américaine et
occidentale, accentuée par la deuxième guerre du Golfe contre
l’Irak, la résistance fut victorieuse au Liban et le
peuple palestinien s’est soulevé contre l’occupation.
Aujourd’hui, dix ans après, qu’en est-il ? Si les régimes arabes
se sont réveillés à la Palestine, c’est pour la tuer une seconde
fois, à l’exception de quelques pays, dont la Syrie. Il a fallu
dix ans d’intifada et une révolte incessante des Palestiniens de
48 pour que la Palestine retrouve auprès des peuples, son
intégrité territoriale, redevenant la Palestine « du fleuve à la
mer ». L’hégémonie américano-sioniste a été mise en difficulté
par les résistances, au Liban, en 2006 et à Gaza en 2008. Dans
la région, les forces occidentales impliquées dans la guerre en
Afghanistan et en Irak s’essoufflent, tout en commettant
massacres et tueries envers les peuples de la région.
Cependant, la colonisation de la Palestine se poursuit et
s’accentue, la bande de Gaza est meurtrie par un blocus criminel
imposé par les sionistes, auxquels le régime égyptien et les
puissances occidentales participent activement. Bien que
l’entité sioniste en Palestine soit de plus en plus isolée dans
le monde, du fait de la résistance héroïque des peuples,
notamment au Liban et en Palestine, elle bénéficie du soutien
grandissant des Etats-Unis, de l’Union européenne et du conseil
d’Insécurité de l’ONU qui voient dans sa puissance la garantie
de la domination occidentale sur le monde.
Dix ans après, c’est au Liban et en Palestine, surtout, que la
tension s’exacerbe, mettant face à face deux projets : celui de
la soumission des peuples et des pays à l’ordre
américano-sioniste contre celui de la résistance à la suprématie
américano-sioniste et occidentale, promettant et espérant
pouvoir débarrasser la région de l’humiliation, du racisme, de
l’arrogance et des guerres sanguinaires portées par les colons
de Tel Aviv et les impérialistes dans le monde.
En Palestine, l’équipe de Mahmoud Abbas soutenue par quelques
personnalités voulant préserver leurs intérêts et prérogatives,
a engagé des négociations directes avec l’ennemi sioniste,
s’écrasant sous les pressions américaine, européenne et des
régimes arabes, notamment l’Egypte. La farce du gel de la
colonisation n’est qu’un prétexte derrière lequel l’équipe de
Mahmoud Abbas se cache pour se donner une légitimité interne.
Tournant le dos à l’alternative de la résistance armée et
populaire, cette équipe et ses suppôts ont plongé le pays dans
une division qui semble insurmontable, tant qu’ils restent au
pouvoir. Au Liban, les forces politiques pro-américaines
exploitent encore l’assassinat du premier ministre Rafiq Hariri
en 2005 pour installer le Liban sous mandat international,
c’est-à-dire américain, se servant d’outils comme le TSL.
Que ce soit dans l’un ou l’autre pays, ou même dans la région,
c’est la résistance armée, le Hezbollah et les organisations
palestiniennes de la résistance, Hamas et Jihad islamique en
tête, qui est visée en premier lieu, parce que les sionistes et
leurs alliés occidentaux ne peuvent concevoir une région où
Israël a perdu sa puissance de dissuasion. C’est également
l’esprit de la résistance qu’insuffle la victoire récente de
cette résistance armée, dans la conscience des peuples arabes et
islamiques qui est visée, d’autant plus que des régimes arabes
et islamiques ont tranché ou sont en train de le faire: la
république islamique
d’Iran a réussi, trente ans après la révolution, à asseoir un
pouvoir anti-sioniste et anti-impérialiste, souverain et
indépendant, qui reste, à plus d’un égard, un modèle pour les
peuples islamiques et les peuples opprimés du monde. Et depuis
quelques années, la Turquie change progressivement de cap, se
tournant vers les pays de la région, changement accéléré en
réaction à l’arrogance sioniste. Parmi les pays arabes, la Syrie
reste le phare : sa fermeté face aux pressions occidentales
voulant l’amener à abandonner la résistance au Liban et en
Palestine ou ses liens étroits avec l’Iran l’ont placée au cœur
même de toute équation régionale, au grand regret des forces
pro-occidentales au Liban et ailleurs.
En Palestine, loin du regard des forces sécuritaires de
l’Autorité de Ramallah, le peuple est en révolte dans la ville
d’al-Qods : la tente de protestation que les députés et ministre
menacés de déportation ont installée devant le siège de la
Croix-Rouge approche de son 100ème jour et consolide la fermeté
dans la conscience des Maqdisis. A Silwan, Sheikh Jarrah,
Issawiya, la vieille ville et dans le camp de She’fat, les
jeunes se sont lancés à la poursuite des colons et défient les
forces de l’occupation. Ils maintiennent allumé, en cette phase
indécise et imprécise, le flambeau de la résistance.
Dix ans après, si la tension monte et s’exacerbe, c’est
précisément parce que les peuples ont décidé de réagir et de
résister et parce qu’une résistance armée, au service des
peuples, est toujours là, plus concrète et plus puissante que
jamais. Et les peuples savent que l’avenir leur appartient,
s’ils poursuivent dans cette voie.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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