Résistance.fr
Mais quels
principes guident Hollande en politique
étrangère ?
D.R.
Mardi 28 août 2012
François Hollande vient d’appeler «
l’opposition syrienne à créer un
gouvernement provisoire, inclusif et
représentatif ». Et il se dit prêt à en
reconnaître la légitimité.
Ces quelques mots soulèvent de
nombreuses questions. D’abord, au nom de
quoi un chef de gouvernement peut-il
décider qu’un autre gouvernement est
illégitime ? C’est contraire à toutes
les règles internationales : ce sont les
pays qui sont reconnus et non les
gouvernements. Par exemple, lorsque le
général de Gaulle reconnaît la
République populaire de Chine en 1964,
était-il devenu subitement
marxiste-léniniste ? Eh bien, pas du
tout ! Simplement, il y a vu une
évidence : cette chine-là existait
vraiment, et Taïwan n’était qu’un
appendice US.
Imaginez un monde où l’on reconnaît non
pas les pays, mais les gouvernements de
ces pays. Á chaque changement de
gouvernement, il faudrait redéfinir les
relations diplomatiques ? L’instabilité
deviendrait la règle.
La Syrie existe bel et bien. Elle a un
gouvernement légitime, parce que
constitué légalement selon les
dispositions syriennes. Les choix sont
du ressort exclusif des Syriens. S’ils
veulent changer de gouvernement, c’est
leur affaire, et s’ils ne veulent pas,
ce n’est toujours pas notre problème.
Cela s’appelle la « non-ingérence »,
principe de base des relations
internationales. La France l’exige pour
elle-même, elle doit s’y tenir pour les
autres.
Mais plus encore, sur quels critères
François Hollande va-t-il juger ce
gouvernement « inclusif », c'est-à-dire
ne laissant personne de côté ? Il va
vérifier que les hommes de main des
Turcs, du Qatar, de l’Arabie Saoudite,
les services spéciaux français, anglais,
étasuniens, et tutti quanti, ont bien la
place qu’ils méritent ? Et pire encore,
par quel miracle va-t-il s’assurer de la
« représentativité » de cette chose
qu’il attend ? En suçant son pouce ? Ce
qui semble la méthode la plus
scientifique, vu le contexte !
Mais selon ces pseudo-principes, on se
demande pourquoi il faudrait se limiter
à la Syrie ? Le gouvernement de Bahreïn
lui convient, comme celui du Qatar ? Et
le prince Saoud, qui fait décapiter au
sabre des condamnés selon une moyenne de
deux par semaine, ça lui va ? Et rien à
dire sur la Jordanie ? J’allais oublier,
et Israël, tout baigne ? La colonisation
de territoires occupés c’est super, pas
vrai ! L’asphyxie de Gaza, ça c’est de
la gouvernance, mon pote !
Ce trépignement n’est que ridicule. Mais
imaginons la suite. Voilà que la mer
s’écarte, et un « gouvernement
provisoire » tout droit sorti des poches
étasuniennes vient se présenter devant
l’invocateur. Comment fait-il pour le
conduire à Damas ? Il fait la guerre ?
Un ancien chef d’état-major de l’armée
de l’air, le général Fleury, fait
benoîtement remarquer que
ça va être dur. Parce que l’armée
syrienne compterait deux fois plus
d’avions de combat (environ 500 selon
cette source) que l’armée française,
restrictions budgétaires obligent. Ce
même général explique que, même si ces
avions ne sont pas tous « modernes »,
ils sont servis par des pilotes
entraînés, expérimentés et préparés à
une confrontation avec Israël. De plus,
puisque ce serait une agression en terre
étrangère, il faut compter avec la
défense anti-aérienne syrienne. François
Hollande devrait se souvenir que les
Turcs ont testé la défense anti-aérienne
syrienne pour lui : leur avion a tenu
environ deux minutes au-dessus des eaux
territoriales avant d’être abattu :
c'est-à-dire qu’il n’a même pas pu
survoler le territoire syrien ! Il
devrait aussi se tenir au courant de
l’actualité : les Russes et les Chinois
ont déjà dit qu’ils ne toléreraient
aucune intervention militaire en Syrie.
Et l’agence russe
RIA Novosti fait presque un papier
par semaine sur le système de défense
anti-aérienne
S-400, qui est décrit comme
performant. Il pense peut-être que la
DCA syrienne se limite à des pétoires de
bédouins ?
François Hollande, par cette déclaration
stupide, ridiculise notre pays, et se
range sottement dans le mauvais camp,
celui qui est méchant et cupide, celui
qui est sans avenir !
Le
dossier Syrie
Le dossier politique internationale
Les dernières mises à jour
|