Ce vendredi, sous le patronage du haut comité
de suivi des masses arabes en Palestine 48 (partie de la
Palestine occupée en 1948 appelée Israël), les forces nationales
politiques et le comité populaire local ont organisé un
rassemblement dans le village de Qalanswa, dans la région du
Triangle, au centre du pays. Ce rassemblement s’inscrit dans la
campagne lancée il y a quelques semaines par le comité populaire
de défense des libertés, issu du Haut comité de suivi des masses
arabes, campagne de mobilisation pour « le défi et le
maintien ». Les deux premiers rassemblements ont eu lieu au
Naqab (Lqiyé) le 5 février dernier et en Galilée (Sakhnine) une
semaine plus tard, soit trois rassemblements jusque là, l’un au
sud, l’autre au nord et le troisième dans le centre.
Ces trois rassemblements seront suivis,
unitairement, par trois autres rassemblements nationaux, l’un à
Nazareth, le second à Yafa et le troisième à Umm al-Fahem, dans
le but d’accroître la mobilisation et de faire entendre la voix
des Palestiniens de 48.
La campagne « du défi et du maintien » menée
par les Palestiniens de 48, entièrement ignorée par les médias
internationaux et même arabes, est une réponse à la politique
sioniste de déracinement, de destruction des maisons, de la
confiscation des terres et des poursuites politiques en
Palestine 48 et dans al-Quds, qui s’est accentuée après la
guerre meurtrière contre la bande de Gaza.
En effet, depuis ce moment qui a assisté à
des arrestations en grand nombre de Palestiniens de l’intérieur,
notamment des jeunes, et à une répression accrue de toute
expression autonome, les autorités sionistes mènent une course
contre la montre pour voler le maximum des terres encore non
confisquées, pour démolir le maximum de maisons dans toutes les
régions ayant gardé leur caractère arabe, et la construction de
colonies sur tout lieu pouvant empêcher les zones palestiniennes
d’être une continuité démographique.
Les autorités sionistes se sont lancées dans
un vaste processus d’épuration ethnique des régions arabes de la
Palestine occupée en 48, et notamment en Galilée et dans le
Naqab, avec la bénédiction implicite et tacide de la communauté
internationale, qui considère cet état de fait comme justifié
dans le cadre de la reconnaissance de la judaïté de l’Etat
sioniste d’Israël.
Epuration ethnico-religieuse : les menaces se
précisent
Le 10 février dernier, les autorités
israéliennes avaient dépêché d’importantes forces de police et
de « patrouilles vertes » pour raser les terres cultivées d’al-Araqib,
dépendant du village Rahat, dans le Naqab. Les policiers ont
également tiré sur la population qui a résisté, blessant deux
personnes. La population de Rahat craint que les terres rasées
ne soient confisquées au profit de la zone métropolitaine de
Beer al-Saba (Beersheva) que les pouvoirs sionistes sont en
train d’élargir pour englober toutes les terres du Naqab, dans
le but d’y installer des colonies individuelles et collectives.
Poursuivant ses provocations par ses lois
racistes et discriminatoires, le chef du gouvernement sioniste a
proposé une loi accordant des lopins de terre gratuits aux
soldats israéliens qui rejoignent les forces de combat, terres
situées en Galilée et dans le Naqab. Cette loi va dans le sens
de la judaïsation de la Palestine occupée en 48 au détriment du
peuple palestinien. Simultanément, la Knesset a voté une loi
interdisant au « département des terres d’Israël » (organisme
sioniste qui a mis la main sur les terres palestiniennes depuis
48) de rendre aux Palestiniens les terres confisquées, même si
depuis, elles n’ont pas été utilisées par l’Etat. Ce qui
signifie que les terres confisquées depuis 48 et surtout dans
les années 50, pour raison d’Etat, comme ils disaient, et qui
sont restées sans utilisation, ne peuvent être rendues à leurs
propriétaires.
Au mois de janvier dernier, la population du
village de Ara, dans le Triangle, a protesté contre le plan
d’installer une colonie sur ses terres confisquées, colonie
devant être réservée aux colons extrémistes, selon le plan
israélien. En effet, le gouvernement sioniste a l’intention
d’installer trois colonies d’extrémistes, comme ceux qui
sévissent à Akka, dans le nord, pour les placer face aux
Palestiniens de 48, une dans le Triangle, à Ara, une dans le sud
du pays, dans le Naqab et une à Ayn Mahel, dans le nord.
Toujours au mois de janvier, la population de
Lid, soutenue par les Palestiniens venus de Galilée ou du
centre, ont protesté, dans une manifestation massive contre les
démolitions de maisons palestiniennes dans la ville et la
poursuite de l’épuration ethnico-religieuse.
Non seulement la population palestinienne est
menacée, dans la continuité de la Nakba, mais même les lieux
historiques palestiniens, des lieux qui portent la mémoire d’un
peuple qui vit sur cette terre depuis des millénaires, sans
discontinuité, risque d’être effacée. En effet, le pouvoir
colonialiste sioniste a décidé un plan quinquennal de judaïsation
des lieux historiques palestiniens dans le but de rapprocher les
communautés juives dans le monde du « patrimoine historique et
sioniste en Israël » (voir arabs48.com du 15/2/2010). De plus,
ce dimanche 21 février, pour satisfaire les colons de Shaas, le
gouvernement a décidé d’ajouter deux sites en Cisjordanie, dans
ces « lieux juifs », la mosquée al-ibrahimi d’al-Khalil et ce
qu’ils appelent « le tombeau de Rachel », près de Bethlehem. Ce
plan financé de 500 millions de dollars a été évoqué par
Netanyahou au congrès Herzelia « pour la défense » tenu
récemment.
Répression coloniale
Les autorités sionistes ont accru leur
répression sur les Palestiniens de 48 et notamment sur les
membres de leur direction politique. Sheikh Raed Salah a été
condamné à dix mois de prison pour avoir protesté contre les
travaux de destruction de l’entrée de la porte al-Bouraq, à la
mosquée al-Aqsa. Jamal Zahalka, député à la Knesset, a reçu des
menaces pour avoir affirmé que les dirigeants qui ont ordonné et
mené la guerre meurtrière contre Gaza, en 2009, sont des
criminels de guerre. Le journaliste Zuhayr Andraos,
correspondant d’al-Quds al-Arabi et autres quotidiens et revues,
a été convoqué par les services de renseignement, et par la
police « pour incitation à la haine et appel à la violence »
contre la colonisation et l’occupation.
Deux autres députés arabes, Sa’id Naffa’ et
Mohammad Baraké, sont menacés de paraître devant la « justice »
et de perdre leurs immunités parlementaires pour des
déclarations faites ou pour avoir rencontrer de Palestiniens ou
autres Arabes. C’est l’interdiction de la liaison entre Arabes
que les sionistes veulent interdire, préférant que ces liens
entre Arabes aillent dans le sens de la normalisation avec
l’occupant, et sous leur patronage.
Pour les Palestiniens de 48, et leur
direction politique, il ne fait aucun doute que toute poursuite
qui les vise n’est qu’une poursuite politique concoctée par les
services de la Shabak (services de renseignements intérieurs).
Depuis que ce service a considéré les Palestiniens de
l’intérieur comme une menace stratégique, c’est la répression
coloniale qui sévit contre leur expression et leur mouvement.
C’est pourquoi Les Palestiniens de 48 s’opposent à toutes ces
mesures et prennent la décision de défier les autorités
sionistes.
Contre la destruction de leurs maisons,
contre leur expulsion et les confiscations de leur terre et de
leurs terres, contre les lois racistes et discriminatoires et la
répression policière et du Shabak, qui les vise et vise le
démantèlement de leur direction politique, contre l’épuration
ethnico-religieuse en cours, les Palestiniens de 48 se
mobilisent. Trois rassemblements dans trois lieux, du sud au
nord du pays, qui seront suivis de trois autres, dans les
semaines qui viennent, pour parcourir le pays et se rassembler
face aux sionistes.
L’unité populaire des Palestiniens de 48,
comme le montrent ces rassemblements, où sont présentes toutes
les forces politiques palestiniennes de l’intérieur, est un
exemple pour le reste du peuple palestinien. C’est dans la lutte
contre l’Etat sioniste que les Palestiniens peuvent s’unir,
malgré les divisions idéologiques et politiques qui les
traversent.