Opinion
Ces fous fiscaux
qui nous gouvernent...
Christian Vanneste
Lundi 12 août 2013
Il ne se passe pas de jour sans
qu’une nouvelle taxe soit annoncée ni
qu’un impôt ou un prélèvement ne soit
augmenté. Moscovici vient encore, entre
deux hoquets sur la croissance,
d’évoquer d’une manière plus sûre
l’augmentation de 0,3% des prélèvements
en 2014. Des rumeurs persistantes font
état d’un accroissement de la CSG, la
solution de facilité, ce qui n’étonne
personne. La France est un pays
socialiste avec ou sans les socialistes.
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle le
soit davantage quand ils sont aux
affaires. Chez eux, c’est de l’ordre du
réflexe : lorsque les recettes publiques
vacillent, la réponse consiste toujours
à augmenter les prélèvements plutôt qu’à
diminuer les dépenses. Le rapport de la
Cour des Comptes, après avoir souligné
que » la situation française demeurait
plus défavorable que la moyenne
européenne », pointait le fait que le
projet de rééquilibrage reposait sur 25%
d’effort sur les dépenses et 75%
d’augmentation des prélèvements
obligatoires. Comme le rendement de
ceux-ci dépend de la croissance, les
résultats risquent de ne pas être au
rendez-vous. Effectivement, la
croissance, comme c’est bizarre, se fait
attendre, avec au mieux 0,1% en 2013.
Donc, recettes, déficits et dette
n’atteindront pas les objectifs. Mais,
comme le médecin de Molière dont la
saignée n’a eu pour effet que
d’affaiblir le malade, le socialiste se
dit qu’elle n’a pas été suffisante et
qu’il faut en pratiquer une autre.
François Hollande, lors d’une conférence
de presse en Mai, avait indiqué qu’on ne
pourrait pas augmenter l’imposition des
ménages en 2014. Dès Juin,le
gouvernement a pourtant annoncé la
baisse du plafond du quotient familial
qui impactera 12% des ménages l’année
prochaine. Au PS, l’impôt n’est pas une
politique, c’est une addiction. De la
fiscalisation des heures supplémentaires
jusqu’aux droits de succession, du
plafonnement des niches fiscales à la
création d’une nouvelle tranche à 45%,
la frénésie fiscale socialiste s’est
déployée, n’hésitant même pas à
augmenter la TVA intermédiaire, non
sociale et sans intérêt pour notre
balance commerciale, et se heurtant
parfois à certains obstacles
constitutionnels ou à la résistances de
volatiles divers qui n’acceptaient pas
de se laisser plumer. Le drame, c’est
que la courbe de Laffer que Mitterrand
avait découverte trop tard n’est pas
négociable : l’impôt tue toujours
l’impôt, le taux dévore toujours
l’assiette. En augmentant les
prélèvements, on décourage les efforts
ou on les fait sortir, soit à
l’étranger, soit dans l’économie
souterraine.
Contrairement aux discours
lénifiants, la France ne fait pas mieux
que les autres. Les Allemands disaient
« heureux comme Dieu en France ». La
France a de nombreux atouts qui
dépendent de la géographie et de
l’histoire, non de la politique récente.
Elle a, aussi, et c’est moins glorieux,
ses amortisseurs sociaux, son secteur
public démesuré, qui gênent certes son
décollage, mais cachent aussi sa
situation réelle. Le principal handicap
de notre pays, c’est qu’il est
structurellement socialiste. Lorsqu’un
Etat aligne 56% de dépenses publiques,
51,8% de recettes publiques et 46,3% de
prélèvements obligatoires par rapport à
son PIB, il est clair que le poids des
administrations est plus lourd que celui
des acteurs économiques privés. Non
seulement la France est structurellement
socialiste, mais elle l’est de plus en
plus. Certains idéalistes un peu naïfs
dans mon genre avaient cru que Sarkozy
changerait les choses. Les actes ont
démenti les discours : entre 2007 et
2011, le taux de PO est passé de 43,6% à
44,5% grâce à 52 mesures dont 23 taxes
nouvelles. L’Allemagne est à 45% de
recettes publiques, le Royaume-Uni à
41,2 et seuls deux pays scandinaves ont
des taux supérieurs au nôtre. La Suède
qui est allée au-delà des 70% fait
aujourd’hui mieux que nous. Mais le
diable est dans les détails : non
seulement notre pays est socialiste,
mais son socialisme est incohérent. On
pourrait imaginer qu’un Etat socialiste
soit un Etat puissant qui maîtrise son
économie et l’oriente vers le plein
emploi. Or, c’est l’inverse. L’Etat
central a maigri. Son poids dans les
prélèvements a chuté de 19,3 % du PIB en
1970 à 13,2 en 2011. La conséquence est
qu’il n’assume plus ses missions
régaliennes de défense, de sécurité et
de justice, comme on le voit à propos de
la prétendue surpopulation carcérale.
Pendant ce temps les Collectivités
Territoriales et la Sécurité Sociale,
sur lesquelles l’Etat n’exerce pas une
maîtrise mais seulement une incitation
passaient de 2,1 à 5,9 % du PIB pour la
première et de 12,7 à 23,9 % pour la
seconde. Le financement de la protection
sociale en grande partie par des
cotisations assises sur le travail et
non par l’impôt augmente le coût du
travail et constitue le principal
facteur du chômage. Le Danemark avec sa
TVA à 25% bénéficie d’une protection
sociale comparable à la nôtre, mais qui,
financée par l’impôt sur la
consommation, et donc aussi sur les
produits importés ne pénalise pas
l’emploi. Les plans sociaux qui se
succèdent et font tomber des familles
dans la précarité sont le résultat de
cette incohérence.
Les hésitations et les contradictions
de Moscovici, condamné à se démentir
piteusement pour n’avoir pas accordé ses
violons avec le grand Air euphorisant du
Président, ne révèlent que trop
l’absence de clairvoyance et davantage
encore le manque de courage de nos
dirigeants, ceux d’aujourd’hui, comme
ceux d’hier, hélas ! La France vit sous
morphine publique et pas un n’ose la
réveiller. Ils se contentent d’augmenter
la dose.
Publié le 19 août
2013
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