Syrie
Le massacre de
Houla a été perpétré par l'armée
syrienne libre, selon le Frankfurter
Allgemeine Zeitung
Chris
Marsden
Photo: al
Manar
Jeudi 14 juin 2012
Le massacre de
Houla du 25 mai dernier a été perpétré
par les forces d’opposition en accord
avec l’Armée syrienne libre (ASL), selon
le journal allemand Frankfurter
Allgemeine Zeitung.
Le compte rendu
réfute la version officielle des
Etats-Unis et des autres principales
puissances et qui a été reprise
aveuglément par les médias. Le massacre
avait été attribué à des forces
pro-gouvernementales et utilisé pour
intensifier l’offensive de propagande en
faveur d’une intervention militaire
contre le régime de Bachar al-Assad.
Sans fournir la moindre preuve tangible,
les Etats-Unis et leurs alliés ont
affirmé que soit l’armée syrienne, soit
les milices pro-gouvernementales Shabiha
avaient perpétré le massacre de plus
d’une centaine de personnes.
Le Frankfurter
Allgemeine Zeitung du 7 juin a
publié un article écrit à Damas par
Rainer Hermann, qui a fondé son article
sur des enquêtes menées par des
opposants qui s’étaient rendus dans la
région et qui avaient recueilli des
récits de témoins oculaires. Ils
confirment en grande partie les comptes
rendus donné par le gouvernement Assad
des événements survenus à Houla.
« Ce qu'ils ont
découvert contredit les affirmations des
rebelles qui avaient imputé les faits
aux milices Shabiha proches du régime, »
écrit Hermann en ajoutant, « Comme des
opposants rejetant l'utilisation de la
violence ont été assassinés ou du moins
ont été menacés dernièrement, ils n'ont
pas voulu que leurs noms soient cités. »
Le massacre a eu
lieu après la prière du vendredi et a
débuté par une attaque des « rebelles »
sunnites contre trois points de contrôle
de l’armée syrienne autour de Houla. «
Les points de contrôle sont censés
protéger les villages alaouites aux
alentours de Houla qui est
majoritairement sunnite, » a rapporté le
journaliste allemand.
Des renforts ont
été envoyés par l’armée syrienne et les
combats ont duré 90 minutes, durant
lesquels des « dizaines de soldats et de
rebelles ont été tués. »
C'est durant ces
échanges que les trois villages de Houla
ont été coupés du monde extérieur. Le
Frankfurter Allgemeine Zeitung a
écrit : « Selon des témoins oculaires,
le massacre a eu lieu à ce moment-là.
Parmi les morts se trouvaient presque
exclusivement des familles des minorités
alaouites et chiites de Houla, dont la
population est à 90 pour cent sunnite.
Plusieurs dizaines de membres d’une
famille qui s’étaient convertis, au
cours des années passées, de l’Islam
sunnite à l’Islam chiite ont été
massacrés. Figuraient également parmi
les morts, des membres de la famille
alaouite Shomaliya et de la famille d’un
député sunnite du parlement qui était
considéré comme un collaborateur. »
Le compte rendu
continue: « Juste après le massacre, les
auteurs auraient filmé leurs victimes,
les décrivant comme des victimes
sunnites et auraient diffusé les
enregistrements vidéo sur internet. »
Ce compte rendu est
une réfutation dévastatrice de la
campagne de propagande menée par
Washington, Londres et Paris, avec
l’aide du Conseil national syrien, de
l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH) et d’une presse
occidentale docile.
Le jour des
attaques, le secrétaire général des
Nations unies, Ban Ki-moon, avait
condamné, sans preuve à l’appui, « le
degré inacceptable de violence et de
sévices du gouvernement syrien, » dont
le recours aux armes lourdes contre des
populations civiles.
Le régime a
remarqué que le massacre avait été fixé
pour coïncider avec la visite de
l’envoyé des Nations unies Kofi Annan à
Damas. Il a relevé que les tueries de
masse avaient été perpétrées pour miner
le cessez-le-feu qu’Annan avait négocié.
Peu de temps après, l’ASL qui est à
présent accusée d’avoir commis le
massacre, a dit ne plus vouloir
respecter le plan de paix d’Annan. De
nouvelles demandes en faveur d’une
intervention militaire se sont faites
plus pressantes.
L’article du
Frankfurter Allgemeine Zeitung est
renforcé par un rapport paru dans
l’édition du 29 mars de Spiegel
Online qui soulignait la pratique
généralisée des exécutions sommaires
perpétrées par l’ASL. Spiegel
avait interviewé un membre d’une «
brigade d’enterrement » de l’opposition
qui avait « exécuté quatre hommes en
leur tranchant la gorge. »
Parmi ses victimes
l’on comptait un soldat chiite de
l’armée syrienne qui, ayant « été battu
pour faire des aveux ou ayant été
terrifié à mort, avait commencé à
bafouiller des prières. »
La brigade
d’enterrement tue et « laisse le soin de
torturer à d’autres ; c’est à cela que
sert la soi-disant brigade
d’interrogatoire, » écrit le Spiegel.
Cet article fait
remarquer qu’alors que 150 prisonniers
reconnus de l’armée syrienne ont été
exécutés « les bourreaux de Homs se sont
davantage occupé des traitres dans leur
propres rangs. »
« Si nous attrapons
un Sunnite en train d’espionner, ou si
un citoyen trahit la révolution, nous
l’exécutons, » a expliqué un opposant. «
Selon Abu Rami, la brigade d’enterrement
de Hussein a tué entre 200 et 250
traitres depuis le début du soulèvement.
»
Des articles
présentant également un intérêt immédiat
figurent sur le site du Monastère Saint
Jacques le Mutilé à Qara en Syrie. Le 1er
avril, mère Agnès-Mariam de la Croix
avait rapporté un incident survenu dans
le quartier de Khalidiya à Homs dans
lequel l’ASL avait rassemblé des otages
chrétiens et alaouites dans un immeuble
avant de le faire exploser à la
dynamite. L’ASL avait rejeté ensuite la
responsabilité sur l’armée syrienne.
Elle a également
relaté que la famille Al Amoura du
village d’Al Durdak, dans la région de
Homs, a été exterminée par des
terroristes Wahhabi. Quarante et une
personnes de cette famille ont été
égorgées le même jour. »
Agnès-Mariam a
déclaré que sur le million d’habitants
de la ville de Homs, les deux tiers de
la population avaient fui les lieux,
dont plus de 90 pour cent des chrétiens,
en raison de l’activité « des
francs-tireurs et des actes d’agression
criminelle » contre les « minorités
alaouites, chrétiennes, chiites et
beaucoup d’autres Musulman ‘modérés’ qui
n’ont pas souhaité participer aux
activités dissidentes. »
Elle a écrit que
lors de nombreuses attaques sectaires «
…des gens étaient mutilés, avaient la
gorge tranchée, étaient éventrés,
dépecés, jetés dans des coins de rues ou
dans des poubelles. On n’a pas hésité à
tirer sur des enfants à bout portant
pour créer la détresse et le désespoir,
comme ce fut le cas du petit Sari, le
neveu de notre tailleur de pierre. De
tels actes atroces ont ensuite été
exploités médiatiquement pour en imputer
la responsabilité aux forces
gouvernementales. »
Même sans la
possession de rapports aussi
corroborants, le silence des médias du
monde concernant l’article du
Frankfurter Allgemeine Zeitung est
surprenant. Le Frankfurter Allgemeine
Zeitung est une publication
respectée, voire conservatrice, avec un
tirage à plusieurs centaines de milliers
d’exemplaires et un lectorat quotidien
dans 148 pays. Et pourtant, aucun grand
journal n’a repris cet article parce
qu’ils sont tous complices de la
dissémination d’une propagande
flagrante. On ne trouve littéralement
rien dans les médias dominants
occidentaux qui puisse être pris pour
argent comptant.
Mais la question la
plus importante suscitée par l’article
du Frankfurter Allgemeine Zeitung
est de savoir quel rôle les Etats-Unis
ont joué dans le massacre lui-même.
Visiblement, compte tenu de leurs
contacts étroits avec l’Armée syrienne
libre, et le soutien politique,
financier et militaire accordé à l’ASL
par les alliés régionaux de Washington –
l’Arabie saoudite, le Qatar et la
Turquie – le gouvernement Obama aura été
conscient que le massacre était l’oeuvre
d’insurgés opposés au régime et non de
l’armée syrienne, alors même que la
secrétaire d’Etat américaine, Hillary
Clinton, et d’autres appelaient à des
actions supplémentaires pour évincer
Assad.
Il est tout à fait
possible que Houla ait été un massacre «
made in » Etats-Unis.
La politique
américaine en Syrie a visé dès le début
à attiser une insurrection sectaire
basée sur les Sunnites dans le but de
déstabiliser et d’évincer le régime
alaouite d’Assad. Ceci est, à son tour,
lié à des préparatifs américains en vue
d’une attaque militaire contre l’Iran
qui serait d’autant plus isolée au
Moyen-Orient après la chute d’Assad, son
principal allié dans la région.
En se fondant sur
l'expérience de la Bosnie et du Kosovo,
ceci a été perpétré non seulement en
ayant parfaitement conscience qu'il en
résulterait une lutte fratricide
sanglante, mais aussi dans l’intention
de provoquer une guerre civile et de
fournir le prétexte à une intervention
militaire présentée comme une
intervention humanitaire.
Lundi, la
porte-parole du département d’Etat,
Victoria Nuland, a exprimé son «
inquiétude » suite à des informations
selon lesquelles le régime « pourrait
organiser un autre massacre » dans la
province de Lattaquié. « Les gens
devront rendre des comptes, » a-t-elle
prévenu.
La secrétaire
d’Etat américaine, Hillary Clinton, a
intensifié la crise mardi en accusant la
Russie d’envoyer des hélicoptères
d’attaque au régime d'Assad et en
accusant Moscou de mentir au sujet de
ses livraisons d’armes.
Le chef des
opérations de maintien de la paix de
l’ONU est devenu entre-temps, le premier
responsable à décrire le conflit syrien
comme étant une guerre civile, et le
ministre britannique des Affaires
étrangères, William Hague, à faire
référence aux massacres de Houla et de
al-Qubair, en accusant le gouvernement
syrien de commettre des « crimes
grotesques. »
(Paru en anglais le
13 juin 2012)
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Publié le 14 juin 2012 avec l'aimable
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