Si l’Etat militaire n’avait pas volé la victoire au FIS, il
n’y aurait pas eu de guerre civile et de terrorisme qui ont
provoqué la mort des centaines de milliers et autant de
blessés de citoyens innocents. Il n’y aurait pas eu tant
d’exilés algériens, notamment parmi les jeunes qui n’ont
connu que la violence, la corruption, le chômage et
l’humiliation de ceux qui abusent de leurs pouvoirs, au
point de traverser la Méditerranée dans des barques de
fortune à leur risque et péril. Il n’y aurait pas eu non
plus l’exil de milliers d’universitaires vers les pays
occidentaux, lesquels pays profitent de leurs compétences au
détriment de l’Algérie et de son peuple.
Que demande le RCD, qui est un parti politique légal,
rappelons-le ? Il réclame « la libération des détenus
arrêtés lors des dernières manifestations, la levée de
l’état d’urgence, la restauration des libertés individuelles
et collectives garanties par la Constitution ». Oui, sa
demande est légitime. Quel que soit la position qu’on peut
avoir vis-à-vis du RCD, on ne peut que cautionner sa demande
concernant la liberté de manifester et la démocratie. Il est
navrant de voir des partis se cacher derrière leurs
divergences politiques avec le RCD, ou prétextant l’état de
siège pour faire la planque en se dérobant de leurs
responsabilités. Il est inadmissible que les citoyens
algériens, dont le peuple a sacrifié un million et demi de
ses enfants, soient traités comme des sous-hommes en leur
interdisant tout. Cela nous rappelle le code de l’indigénat
du temps de la colonisation française ! Espérons qu’il n’y
aura pas un bain de sang comme en mai 1945.
Considéré par les USA et l’UE comme l’un des collaborateurs
le plus fidèles du tiers monde envers l’Occident en matière
de lutte contre le terrorisme, le régime algérien musèle
l’opposition et lui interdit purement et simplement de
manifester contre sa politique décadente sur tous les points
de vue. Que les partis de la dite opposition et le peuple se
mobilisent pour exiger la levée de l’état d’urgence et
l’abolition de toute interdiction en Algérie, en réclamant
la liberté d’expression et de manifester. Les hors la loi ne
sont pas les manifestants, mais bien ceux qui leurs
interdisent de manifester.
Que les partis de la dite opposition, mais aussi les
citoyens tout court, se mobilisent pour exiger la levée de
l’état d’urgence et d’avoir tous les droits légitimes de
citoyens libres. Les hors la loi ne sont pas les
manifestants, mais ceux qui leurs interdisent de manifester.
Il est inadmissible que l’Etat interdise au peuple de
s’exprimer pour dénoncer les injustices auxquelles il est
exposé au quotidien, au moment où la situation économique
est plus que catastrophique, et la corruption bat son plein.
Il est révoltant que, au moment où le peuple tunisien est en
train de transformer le visage de son pays après plus de
cinquante ans de dictature, des partis politiques algériens
cautionnent un régime militaire qui humilie son peuple.
Que le peuple se lève contre l’injustice et la corruption
qui fait fuir notre jeunesse et nos universitaires pour
enfoncer davantage le pays dans le chaos. Les tunisiens ont
prouvé que leur mobilisation et leur détermination ont fait
fuir le tyran qui s’est approprié la Tunisie, pourquoi le
peuple algérien ne pourrait pas le faire ? Qu’il descende
dans les rues pour réclamer la démission des généraux qui
pillent les richesses du pays et les biens de l’Etat. Que
Bouteflika prenne une position claire s’il n’est pas
complice des généraux qui seraient « les vrais décideurs de
la politique de l’Etat », comme certains le prétendent. Ou
bien il se rallie à son peuple, et dans ce cas il doit le
prouver en levant l’état d’urgence, en libérant les
prisonniers politiques et en permettant au peuple de
manifester contres les injustices et la corruption des clans
des généraux ; ou bien il exprime sa solidarité avec les
généraux, et dans ce cas il doit plier bagage avec eux.
Nous avons appris que les Algériens ont manifesté dans
dix-sept wilayas, malgré l’interdiction de manifester,
malgré la menace du ministère de l’Intérieur et la
mobilisation de ses médias pour dissuader les citoyens de
sortir de chez eux. D’après les informations données par
Aljazeera, il y aurait quarante neuf blessés.
Que le peuple du pays qui a sacrifié un million et demi de
ses enfants pour se libérer, se montre digne de ses martyrs.
Le peuple tunisien s’est libéré de ses tyrans, c’est au tour
des Algériens de le faire à leur tour ; il doit prouver au
monde que la révolution de 1954 n’a pas été vaine, et que
ses martyrs ne sont pas morts pour rien ; car l’indépendance
de l’Algérie a été volée au peuple par une bande de
corrompus qui n’ont pas cessé de piller les richesses du
pays depuis les années 1980 jusqu’à ce jour.
Par Chérif BOUDELAL - samedi 22 janvier 2011
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