Chronique
Vinaigrette
iranienne
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Samedi 29 septembre
2012
Comme
attendu, le discours de Mahmoud
Ahmadinejad à l’ONU s’annonçait porteur
de surprises. Toutefois, dans un langage
politiquement correct, le leader iranien
a habilement filé sa rhétorique au
moment où ses détracteurs s’attendaient
à des propos incendiaires.
Le leader iranien a
mis l’accent sur des vérités
irréfutables. A commencer par la course
aux armements et le recours aux armes
nucléaires et aux moyens de destruction
massive qui font partie des menaces
proférées par les grandes puissances:
«Les essais d'armes ultrasophistiquées
de nouvelle génération et les promesses
de s'en servir en temps voulu sont un
nouveau langage de menaces adressé aux
pays pour leur faire accepter une
nouvelle ère d'hégémonie», a-t-il
souligné. A propos d’Israël, Ahmadinejad
a considéré que les menaces de recourir
à la force proférées par l’entité
sioniste constituent un «exemple de
cette triste réalité». Dans ce contexte,
cette «ar-rogance hégémonique» se
traduit selon Ahmadinejad par «la menace
persistante par les sionistes barbares
et incultes de recourir à l’action
militaire contre l’Iran».Par ailleurs,
le président iranien semble avoir trouvé
la recette de la vinaigrette qui a pris
à contre-courant ceux qui s’attendaient
à une diatribe enragée. Joignant l’art à
la manière, il les a cloués au pilori de
l’histoire en soulignant une dizaine de
vérités que la médiacratie occidentale a
passé sous silence. Parmi les points
soulignés par le président iranien : la
correction des règlements de l’Assemblée
générale de l’ONU, la participation de
tous les pays membres de l’Assemblée
générale dans le Conseil de Sécurité, la
restitution de toutes terres occupées à
leurs propriétaires, le respect des
conventions internationales par tous les
Etats, le respect des droits légitimes
des gouvernements et des peuples, etc.
Cette rhétorique a encore déplu à ceux
qui cherchaient le moindre prétexte pour
prendre l’air. En effet, la délégation
américaine apparemment allergique au
parfum iranien, a quitté la salle de
l'Assemblée générale de l'ONU prétextant
qu’«Ahmadinejad a de nouveau profité de
sa visite à l'ONU pour propager ses
théories paranoïaques et exprimer des
insultes contre Israël. C'est pourquoi
les États-Unis ont décidé de boycotter
son discours», souligne l`AFP en
référence à un communiqué des diplomates
américains. Côté médias, la presse
occidentale, ayant «raté» l’essentiel, a
répété en chœur le refrain diplomatique
américain en soulignant que le président
iranien avait à plusieurs reprises dit
des phrases à contenu anti-israélien et
accusait les pays occidentaux de la
planification d'un complot visant à
renverser le gouvernement de son pays.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 29 septembre 2012
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