Chronique
La guerre à tout
prix
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 29 juillet
2012
DANS LE BRAS DE FER QUI OPPOSAIT D’UNE
PART L’ALLIANCE OCCIDENTALE AVEC À LEUR
TÊTE LES USA ET D’AUTRE PART LE COUPLE
SINO-RUSSE, IL SEMBLE QUE LE RÔLE DU
CONSEIL DE SÉCURITÉ SE SOIT AVÉRÉ
INEFFICACE. CET ORGANE DEMEURE
IMPUISSANT À ÉLABORER UN PROJET DE
RÉSOLUTION SUR LA SYRIE QUI POURRAIT
CONTENTER LES DIFFÉRENTES PARTIES.
Que faire alors ? Dans ce sens,
certaines sources avancent que
Washington a entamé des négociations
avec Israël sur le blocage des stocks
syriens d’armes chimiques en cas
d’effondrement du régime et de chaos
dans ce pays. Tiens, tiens, après les
armes de destruction massive de Saddam,
on évoque déjà des armes chimiques
syriennes! Eh oui ! Washington en bon
sauveur de l’humanité anticipe déjà
l’avenir sombre des Syriens, avec la
chute de Bachar ; car, au cas où ces
armes existeraient et qu’elles se
retrouvent dans les mains des rebelles
c’est non seulement le chaos régional
assuré. Cela s’expliquerait par le fait
que les mercenaires regroupés sous la
bannière de l’OTAN ne possèdent pas de
prétendant réel au poste du président de
la Syrie, ni de force politique
organisée qui pourrait jouer le rôle
d’opposition. Le pays devra donc faire
face au chaos et à des scènes de combat
en continu, estime le spécialiste des
pays du Moyen-Orient Gueorgui Mirski. «
Les Frères musulmans, ou peut-être même
des membres d’Al-Qaïda arriveront alors
au pouvoir en Syrie. Et dans ces
circonstances, si le pays dispose
vraiment d’armes chimiques, l’Amérique
et Israël auraient vraiment des raisons
de s’inquiéter. Qui va s’approprier ces
armes ? Que va-t-il se passer ? C’est
pourquoi les Américains et les
Israéliens essaient de localiser la zone
où Bachar al-Assad a concentré ses armes
chimiques, y déployer des troupes
terrestres pour bloquer l’accès à cet
armement et empêcher que ces armes se
retrouvent dans les mains des
terroristes internationaux». Et là on
arrive au vif du sujet. En d’autres
termes, il faudrait vite localiser ces
«armes» même si elles n’existent pas ;
ce qui de facto ouvrirait la voie à une
présence militaire terrestre
(israélo-américaine) sur le sol syrien.
Plus besoin donc d’une quelconque
résolution puisque la guerre serait déjà
à un stade avancé et le prétexte
«justifierait» une nouvelle invasion à
l’irakienne. Pour la suite, l’Irak en
serait le parfait exemple. Mais en
attendant de réaliser ce projet
diabolique, rétrospective sur une
tentative d’assassinat collectif. A
travers l’assassinat terroriste de trois
personnes influentes du gouvernement
syrien, il ressort, d’après certains
observateurs, que l’attentat ciblait une
réunion du cabinet ministériel à
laquelle le président syrien Bachar al-Assad
était censé être présent lui aussi. Un
attentat à la bombe dans un centre aussi
stratégique du régime baasiste n’aurait
pas pu être perpétré sans un service de
renseignement disposant d’une
technologie très sophistiquée, de
contacts et d’agents dûment formés. De
ce fait, il serait difficile de croire
que cet attentat ait pu se produire sans
que les États-Unis, la Grande-Bretagne
et d’autres pouvoirs impérialistes
européens qui dirigent l’insurrection en
aient eu connaissance ou n’aient
peut-être pas été de connivence active
avec eux. La Syrie actuelle est inondée
d’armes ultraperfectionnées et de
formateurs militaires ainsi que d’agents
secrets – financés à hauteur de
centaines de millions par les
États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar
et la Turquie. Pas besoin d’être devin
pour comprendre la suite.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du
24 juillet 2012
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