Comment je vois le Monde
L'Islam des cœurs :
Ces penseurs occidentaux fascinés par
l'Islam
Chems
Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Dimanche 28 octobre
2012
«Si la grandeur du
dessein, la petitesse des moyens,
l'immensité du résultat sont les trois
mesures du génie de l'homme, qui osera
comparer humainement un grand homme de
l'histoire moderne à Mahomet?»
Lamartine (Vie de Mahomet)
En ce moment de fête de l'Aid Al Adha et
de commémoration du sacrifice d'Abraham,
les musulmans du monde entier communient
et font de cette espérance celle du
pardon. Les médias occidentaux, selon un
agenda bien étudié, continuent à
présenter l'Islam comme le continent de
la peur du terrorisme. Quand on montre
par exemple le pèlerinage de La Mecque,
ce n'est pas, par empathie c'est
malheureusement pour inciter à la peur
implicitement ces millions de fidèles
musulmans comme des terroristes
potentiels, le couteau entre les dents,
qui ne connaissent rien à la dignité
humaine et aux droits de l'homme marque
déposée d'un Occident qui série,
catalogue et dicte la norme. Pourtant,
ces musulmans étymologiquement -soumis à
Dieu- qui tiennent à leur Dieu, contre
vents et marées dans leur immense
majorité, ne demandent qu'à vivre leur
spiritualité et n'ont nullement
l'intention de faire du prosélytisme. Il
n'est point besoin de convoquer des
conciles pour partir à la conquête des
coeurs. La religion musulmane bien
comprise est un problème de foi,
personnel.
La mal-vie
des musulmans en Occident
L'année 2012 a été particulièrement
éprouvante pour les musulmans agressés à
la fois sur le plan physique, -tous les
conflits meurtriers actuels sont des
conflits où des hommes meurent
musulmans-et sur le plan spirituel, il
n'est que de rappeler les faits les plus
abjects ceux du film anti-Islam aux
Etats Unis, les caricatures de Charlie
Hebdo au nom de la liberté d'expression,
et dernièrement le film réalisé par un
cardinal appelant implicitement à barrer
la route à l'Islam, sinon l'Europe sera
musulmane dans quelques décennies. Dans
ces conditions de conditionnement
permanent et de matraquage
d'informations fausses, tendancieuses,
il n'est pas étonnant que les citoyens
occidentaux rejettent l'Islam d'autant
que des intellectuels paléo-musulmans
installés confortablement en ces lieux
font assaut de diabolisation pour être
bien en cours.
A titre d'exemple, en France, les
musulmans sont de plus en plus mal aimés
et Le Figaro a bien choisi son moment
pour le faire savoir à nouveau à
l'opinion publique. A la veille de l'Aïd
el Kébir (Aïd al- -Adha) vendredi 26
octobre, un sondage Ifop pour le
quotidien paru mercredi 24 octobre,
révèle que l'islam est très mal perçu
par une majorité de Français. 43% des
sondés considèrent la présence d'une
communauté musulmane dans le pays comme
une «menace pour l'identité du pays».
Seuls 17% voient cette présence comme un
enrichissement culturel tandis que 40% y
sont indifférents Comparée à une étude
de 2010, l'étude actuelle témoigne d'une
dégradation de la perception que les
Français ont des musulmans. Pour les
personnes interrogées, c'est aussi
l'islam qui pose problème. Ainsi, les
traits d'image associés à cette religion
sont les mots «rejet des valeurs
occidentales» (63%), «fanatisme» (57%)
et «soumission» (46%). Seuls 14%
associent l'islam à la «tolérance».
De même un rapport du Pew Research
Center, publié en septembre 2012,
intitulé Global Restrictions on
Religions, fait état du recul de la
liberté religieuse dans le monde.
Pratiquer sa religion est de plus en
plus ardu: de plus en plus d'obstacles
se dressent devant les croyants. De
prime abord, ce rapport est consternant,
il attriste et témoigne d'un bond en
arrière en ce XXIe siècle par rapport
aux siècles précédents
«S'agit-il, écrit Alain Gresh, d'une
religion à part, fondamentalement
différente des autres croyances? La
doctrine religieuse, voire le Coran,
permettent-ils de comprendre ce qui se
passe dans le monde dit musulman?
Existe-t-il d'ailleurs une entité
cohérente «monde musulman» (ou
«islamique»)? Ou «une société
musulmane», «une science musulmane»,
«une histoire musulmane»? Que cette
religion reçoive un traitement à part en
France et en Europe, cela ne fait aucun
doute. Imagine-t-on un éditorialiste
français écrivant «je suis un peu
judéophobe»? Et pourtant Claude Imbert a
écrit, sans en être discrédité, «je suis
un peu islamophobe».(1) «J'en suis
persuadé, il existe en France, et plus
largement en Europe, une islamophobie.
Mais elle couvre évidemment des
phénomènes différents (...) Combien de
fois n'a-t-on pas entendu dire que le
prophète Mohammed ayant été chef
militaire, cela expliquerait le
caractère guerrier de l'islam (ce qui
serait fondamentalement différent du
christianisme). (...) C'est tout
l'intérêt du livre de Sami Zubaida,
professeur émérite de sciences
politiques et de sociologie à
l'université Birkbeck de Londres, Beyond
Islam. A New Understanding of the Middle
East (I. B. Tauris, Londres, 2011)”.(1)
“Dès le départ, l'auteur annonce sa
volonté «de ´´désacraliser´´ la région
(le Proche-Orient), en mettant en
question le rôle prédominant attribué à
la religion dans beaucoup d'écrits qui
appliquent le qualificatif d'islamique
(ou musulman) à leur culture et à leur
société». Existe-t-il vraiment,
s'interroge-t-il, un art islamique, une
musique islamique, une science
islamique, une politique islamique?
(...)Zubeida rappelle que les trois
religions monothéistes ont des corps de
doctrine similaires sur la sexualité, le
blasphème, les pratiques morales, etc.
L'affirmation que les vérités
religieuses ont la prééminence sur les
vérités scientifiques se retrouve aussi
bien dans l'islam que dans le
christianisme. (...) On peut résumer le
propos de Zubeida en reprenant le grand
penseur Edward Said sur l'islam: «Quand
on parle de l'islam, on élimine plus ou
moins automatiquement l'espace et le
temps.» (1)
Les
penseurs et intellectuels fascinés par
l'Islam
Dans l'impossibilité de citer toutes les
femmes et les hommes qui ont choisi de
vivre musulmans, nous allons citer
quelques personnalités, étrangères à
l'Islam, qui ont cependant par certaines
de leurs oeuvres ou de leurs paroles
contribué à mettre en lumière la
grandeur de l'Islam et/ou la noblesse de
caractère de son prophète Mohamed (Qsssl).
Napoléon
Bonaparte
Napoléon Bonaparte est surtout connu
pour être empereur des Français.
Cependant, Napoléon lors d'une de ces
campagnes, en mars 1798, alors qu'il
n'est encore que général, qu'il est
envoyé en Egypte. Un de ses généraux est
resté en Egypte, s'est converti à
l'Islam et a fait souche. C'est au
contact de cette population musulmane
que Napoléon fut mis en relation avec
les préceptes de l'Islam, dont il
proclamera d'ailleurs la grandeur durant
toute sa vie, à travers ses
correspondances personnelles: ´´L'Islam,
écrit-il, attaque spécialement les
idolâtres; il n'y a point d'autre dieu
que Dieu, et Mahomet est son prophète;
voilà le fondement de la religion
musulmane; c'était le point le plus
essentiel: consacrer la grande vérité
annoncée par Moïse et confirmée par
Jésus. (...) Il n'y a pas d'autre dieu
que Dieu et Mahomet est son prophète.
(...) Je suis, moi, musulman unitaire et
(que) je glorifie le Prophète. (...)
J'espère que le moment ne tardera pas où
je pourrai réunir tous les hommes sages
et instruits du pays, et établir un
régime uniforme, fondé sur les principes
de l'Alcoran qui sont les seuls vrais et
qui peuvent seuls faire le bonheur des
hommes ».(2)
Victor
Hugo: (1802-1885)
Victor Hugo est un écrivain français
considéré comme l'un des plus éminents
de la langue française. Il est connu que
les opinions religieuses de Victor Hugo
changèrent sensiblement au cours de sa
vie. Dans sa jeunesse, il s'identifiait
en tant que catholique pratiquant, et
éprouvait du respect pour l'Eglise et
son autorité, puis il se détacha
progressivement de la pratique
religieuse, pour s'intéresser au
spiritisme... De son intérêt pour
l'Islam, on connaît de lui le fameux
poème intitulé «L'an neuf de l'Hégire»,
composé en 1858, et qui rend hommage au
prophète Mohamed (Qsssl): Il n'est pas
sans intérêt de relire le poème que
Hugo, dans le cadre de La légende des
Siècles, publie sur la mort du prophète
de l'islam en 1858 et qui s'intitule
«L'an 9 de l'hégire». Il y donne de
Mahomet, comme il le nomme, une image
bien différente de celle que l'on peut
lire aujourd'hui dans le monde européen.
Nous lisons :
«Comme s'il pressentait que son heure
était proche.
Grave, il ne faisait plus à personne un
reproche,
Il marchait en rendant aux passants leur
salut; (...)
Il semblait avoir vu l'éden, l'âge
d'amour, Les temps antérieurs, l'ère
immémoriale.
Il avait le front haut, la joue
impériale, Le sourcil chauve, l'oeil
profond et diligent,
Le cou pareil au col d'une amphore
d'argent,
L'air d'un Noé qui sait le secret du
déluge.
Si des hommes venaient le consulter, ce
juge Laissait l'un affirmer, l'autre
rire et nier, Ecoutait en silence et
parlait le dernier. Sa bouche était
toujours en train d'une prière;
Il mangeait peu, serrant sur son ventre
une pierre;
Il s'occupait de lui-même à traire ses
brebis; Il s'asseyait à terre et cousait
ses habits.
Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les
jours de jeûne,
Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne
fût plus jeune. A soixante-trois ans une
fièvre le prit.
Il relut le Coran de sa main même écrit,
Puis il remit au fils de Séid la
bannière, En lui disant: «Je touche à
mon aube dernière. Il n'est pas d'autre
Dieu que Dieu. Combats pour lui.» (3)
« Lui, reprit: «Sur ma mort, les Anges
délibèrent;
L'heure arrive. Ecoutez.
Si j'ai de l'un de vous Mal parlé, qu'il
se lève, ô peuple, et devant tous Qu'il
m'insulte et m'outrage avant que je
m'échappe, Si j'ai frappé quelqu'un, que
celui-là me frappe.»
Et, tranquille, il tendit aux passants
son bâton. (...)
J'ai de tous les péchés subi l'approche
étrange,
Chaque faute engendre un ver de terre.
Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas
à pas, Lutté contre quelqu'un que je ne
voyais pas; Mais les hommes surtout ont
fait saigner ma vie,(...) Quand même, se
ruant sur moi, mes ennemis Auraient,
pour m'attaquer dans cette voie étroite,
Le soleil à leur gauche et la lune à
leur droite, Ils ne me feraient point
reculer!´´ (...)
Le lendemain matin, voyant l'aube
arriver; «Aboubékre, dit-il, je ne puis
me lever, Tu vas prendre le Livre et
faire la prière.» Et sa femme Aïscha se
tenait en arrière;
Et l'Ange de la mort vers le soir à la
porte Apparut, demandant qu'on lui
permît d'entrer. «Qu'il entre.»
On vit alors son regard s'éclairer
De la même clarté qu'au jour de sa
naissance;
Et l'Ange lui dit: «Dieu désire ta
présence. - Bien», dit-il.
Un frisson sur les tempes courut, Un
souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet
mourut».(3)
Goethe:
"Le chant de Mahomet"
«Si tel est le Coran ne sommes-nous tous
pas musulmans?» Cette phrase résume à
elle seule l'immense respect de Goethe
pour l'Islam. Il écrit notamment: «Voyez
le ruisseau des montagnes brillant de
joie, comme un regard des étoiles!
Au-dessus des nuages, de bons génies ont
nourri son enfance parmi les roches
buissonneuses. Jeune, ardent, il
s'élance de la nue sur les parois de
marbre, et il pousse encore vers le ciel
des cris d'allégresse. Le long de ses
sentiers sublimes; il pourchasse les
cailloux bigarrés, et, comme un guide
empressé, il entraîne à sa suite les
sources fraternelles. Là-bas, dans la
vallée, les fleurs naissent sous ses pas
et la prairie s'anime de son haleine.
Mais rien ne l'arrête, ni la vallée
ombreuse; ni les fleurs qui s'enlacent
autour de ses genoux, et le caressent de
leurs regards amoureux: il précipite
vers la plaine sa course tortueuse. Les
fontaines unissent: leurs flots aux
siens. Fier de ses ondes argentées, il
entre dans la plaine; et la plaine, fier
de lui, et les rivières des campagnes et
les ruisseaux des monts le saluent avec
allégresse et s'écrient: «Mon frère, mon
frère, prends tes frères avec toi, et
les emmène vers ton vieux père,
l'éternel océan, qui, les bras ouverts
nous appelle. Hélas! ils s'ouvrent en
vain pour recueillir ses enfants qui
soupirent, car, dans l'aride désert, le
sable altéré nous dévore; là-haut, le
soleil absorbe notre sang; une colline
nous arrête en nappe immobile. O frère,
prends tes frères de la plaine, prends
tes frères des montagnes et les emmène
vers ton père!» Venez tous!... Et il
s'enfle plus magnifique; toute une
nation porte le prince au faîte des
grandeurs. Et dans le cours de son
triomphe, il nomme les contrées; les
cités naissent sous ses pas;
irrésistible, il marche avec fracas; il
laisse derrière lui les tours aux
sommets étincelants, les palais de
marbre, créations de sa fécondité.
Ainsi, mugissant de joie; il porte ses
frères; ses enfants, ses trésors, dans
le sein du père; qui les attend.(4)
Alphonse
de Lamartine : Une vie de Mahomet"
Lamartine écrit une «Vie de Mahomet» en
1854, dont on peut dire que c'est la
première biographie objective écrite par
un Occidental. Nous lisons: «Jamais un
homme ne se proposa, volontairement ou
involontairement, un but plus sublime,
puisque ce but était surhumain: Saper
les superstitions interposées entre la
créature et le Créateur, rendre Dieu à
l'homme et l'homme à Dieu, restaurer
l'idée rationnelle et sainte de la
divinité dans ce chaos de dieux
matériels et défigurés de l'idolatrie...
Jamais homme n'accomplit en moins de
temps une si immense et durable
révolution dans le monde, puisque moins
de deux siècles après sa prédication,
l'islamisme, prêché et armé, régnait sur
les trois Arabies, conquérait à l'Unité
de Dieu la Perse, le Khorassan, la
Transoxiane, l'Inde occidentale, la
Syrie, l'Égypte, l'Éthiopie, tout le
continent connu de l'Afrique
septentrionale, plusieurs iles de la
Méditerranée, l'Espagne et une partie de
la Gaule». (5)
«Si la grandeur du dessein, la petitesse
des moyens, l'immensité du résultat sont
les trois mesures du génie de l'homme,
qui osera comparer humainement un grand
homme de l'histoire moderne à Mahomet?
Les plus fameux n'ont remué que des
armes, des lois, des empires; ils n'ont
fondé, quand ils ont fondé quelque
chose, que des puissances matérielles,
écroulées souvent avant eux. Celui-là a
remué des armées, des législations, des
empires, des peuples, des dynasties, des
millions d'hommes sur un tiers du globe
habité; mais il a remué, de plus, des
idées, des croyances, des âmes. Il a
fondé sur un Livre, dont chaque lettre
est devenue une loi, une nationalité
spirituelle qui englobe des peuples de
toutes les langues et de toutes les
races, et il a imprimé, pour caractère
indélébile de cette nationalité
musulmane, la haine des faux dieux et la
passion du Dieu un et immatériel...
Philosophe, orateur, apôtre,
législateur, guerrier, conquérant
d'idées, restaurateur de dogmes,
fondateur de vingt empires terrestres et
d'un empire spirituel, voilà Mahomet. À
toutes les échelles où l'on mesure la
grandeur humaine, quel homme fut plus
grand?»(5)
George
Bernard Shaw dramaturge irlandais
Le célèbre dramaturge et critique
irlandais, George Bernard Shaw
(1856-1950), prix Nobel de littérature
1925 ne fut pas en reste il écrit: «Je
voulais mieux connaître la vie de celui
qui, aujourd'hui détient
indiscutablement les coeurs de millions
d'êtres humains; je suis, désormais,
plus que jamais convaincu que ce n'était
pas l'épée qui créait une place pour
l'Islam dans le coeur de ceux qui
cherchaient une direction à leur vie.
C'était cette grande humilité, cet
altruisme du Prophète, l'égard
scrupuleux envers ses engagements, sa
dévotion intense à ses amis et adeptes,
son intrépidité, son courage, sa
confiance absolue en Dieu et en sa
propre mission. Ces faits, et non
l'épée, lui amenèrent tant de succès et
lui permirent de surmonter les
problèmes.» (5)
Julius
Evola: écrivain et poète italien
1898-1974
Julius Evola est surtout connu pour être
une grande figure de l'ésotérisme
occidental vers lequel il s'orienta au
milieu de sa vie après la lecture de l'oeuvre
de Réné Guénon (Abd al wahid Yahya en
islam). Dans son célèbre ouvrage «
Révolte contre le monde moderne » qui
rappel la ´´crise du monde moderne´´ de
R.Guénon, Julius Evola détaille sa
vision de l'islam dont le symbolisme
traditionnel d'après lui indique
clairement un rattachement direct de
l'islam à la Tradition primordiale
elle-même. D'où l'indépendance totale de
l'islam vis-à-vis du judaïsme ou du
christianisme, religions à l'égard
duquel il reste très critique et dont il
rejette plusieurs des dogmes comme le
péché originel, le concept de
rédemption, la médiation sacerdotale,
etc...: «Si l'Islam se considère comme
la ´´religion d'Abraham´´ et a même
voulu faire de celui-ci le fondateur de
la Kaaba, où réapparaît la ´´pierre´´,
le symbole du ´´Centre´´, il n'en
demeure pas moins qu'il affirme son
indépendance vis-à-vis de l'hébraïsme
comme du christianisme, que le centre de
la Kaaba contenant le symbole en
question a des origines préislamiques
lointaines, difficiles à déterminer, et
qu'enfin le point de référence de la
tradition ésotérique islamique est la
mystérieuse figure du Khidr, considérée
comme supérieure et antérieure aux
prophètes bibliques ». (5)(6)
« L'Islam rejette le thème
caractéristique de l'hébraïsme, qui
deviendra, dans le christianisme, le
dogme et la base du mystère christique:
il maintient, sensiblement affaibli, le
thème de la chute d'Adam, sans en
déduire, toutefois, la notion de ´´péché
originel´´. Il voit en celui-ci une
´´illusion diabolique´´ - talbis Iblîs.
D'une certaine façon, même, ce thème est
inversé, la chute de Satan - Iblîs ou
Shaitân - étant attribuée, dans le Coran
(XVIII, 48), au refus de celui-ci de se
prosterner, avec les Anges, devant Adam.
Ainsi se trouvent repoussées à la fois
l'idée centrale du christianisme, celle
d'un rédempteur ou sauveur, et l'idée
d'une médiation exercée par une caste
sacerdotale.» (5) (6)
Le Mahatma
Gandhi: guide spirituel de l'Inde
Hindou élevé dans le plus grand respect
de l'islam, Gandhi fut à la fois homme
politique pacifiste et philosophe. A
propos de l'islam et de son prophète (Qsssl)
il eut le témoignage suivant: «Je
voulais mieux connaitre la vie de celui
qui aujourd'hui détient indiscutablement
les coeurs de millions d'êtres humains.
Je suis désormais plus que jamais
convaincu que ce n'était pas l'épée qui
créait une place pour l'Islam dans le
coeur de ceux qui cherchaient une
direction à leur vie. C'était cette
grande humilité, cet altruisme du
prophète, l'égard scrupuleux envers ses
engagements, sa dévotion intense à ses
amis et adeptes, son intrépidité, son
courage, sa confiance absolue en Dieu et
en sa propre mission. Ces faits, et non
l'épée, lui amenèrent tant de succès, et
lui permirent de surmonter les
problèmes.»(7)
Eva de
Vitray Meyerovitch
Nous ne pouvons pas terminer ce
plaidoyer pour l'Islam des coeurs sans
citer Eva de Vitray Meyerovitch.
Intellectuelle brillante, écrivain,
traductrice, chercheur, responsable du
département sciences humaines du CNRS
après la Seconde Guerre mondiale, Éva de
Vitray-Meyerovitch est entrée en islam
vers 1950. Une quarantaine d'ouvrages
témoignent de sa recherche ardente,
parmi lesquels un trésor enfin révélé
aux francophones: le Mathnawi, de Rûmî.
Sa parfaite connaissance de la pensée de
Muhammad Iqbal lui a permis de trouver
sa voie dans un islam ouvert, de paix et
d'amour, dont elle est devenue l'une des
meilleures ambassadrices. Ce sont des
influences qui comptent, elle fait le
choix d'entrer en islam en 1950. Elle
explique pourquoi: «L'islam oblige à
reconnaître toutes les communautés
spirituelles, tous les prophètes
antérieurs. L'islam est le dénominateur
commun à toutes les religions. On ne se
convertit pas à l'islam. On embrasse une
religion qui contient toutes les
autres.»(8)
« (....) Ce serait formidable si vous
aviez été une disciple de Rûmî assise à
ses pieds... Lorsque j'ai fait mes
premiers pas vers l'Islam, après la
lecture du livre d'Iqbal, vous pensez
bien que cela n'a pas été facile.
J'avais été élevée dans la religion
catholique par une grand-mère d'origine
anglicane. J'avais un mari juif. J'avais
le sentiment de faire quelque chose de
fou et j'étais parfois d'autant plus
désemparée que je n'avais personne pour
me guider. Il m'arrivait de demander
dans ma prière: ´´Dites-moi ce que je
dois faire! Envoyez-moi un signe´´... Ce
signe, je l'ai reçu sous la forme d'un
songe. J'ai rêvé que j'étais enterrée
et, par une sorte de dédoublement, je
voyais ma tombe, une tombe comme je n'en
avais jamais vue et sur laquelle mon
prénom, Eva, était écrit en caractères
arabes ou persans, ce qui donnait Hawa.
Cela me paraissait bizarre, et, tout en
dormant, je me disais: «Mais enfin, je
ne suis pas morte». Pour mieux m'en
persuader, je remuais mes doigts de
pied. Au réveil, je me souviens m'être
dit: «Eh bien! ma petite, tu as réclamé
un signe et le voici: tu seras enterrée
comme une musulmane.» Depuis 2008, son
corps repose à Konya, près de la tombe
de Rûmî, avec son nom musulman, Hawa,
gravé sur la pierre.(8)
D'autres témoignages, sont ceux de
Arthur Rimbaud, Pierre Loti, Maurice
Béjart (1927-2008), chorégraphe
français. Etienne Dinet, alias Hadchi
Nasreddin (1861-1929), peintre français.
Titus Burckhardt (1908-1984), écrivain
suisse issu de l'école traditionaliste.
Isabelle Eberhardt (1877-1904),
écrivaine suisse d'origine russe. Roger
Garaudy (1913- 2012), écrivain
philosophe français. René Guénon alias
Abdul-Wahid Yahya (1869-1951), écrivain
philosophe français. Maurice Bucaille
médecin gastroentérologue, membre de la
fondation française d'égyptologie et
auteur de quelques ouvrages sur l'islam
dont le plus célèbre est « La Bible, le
Coran et la science »
Enfin nous citerons Louis Massignon. Ce
dernier est notamment connu entre autres
pour être l'auteur d'une thèse
monumentale sur la vie d'Al Hallaj,
l'une des grandes figures du soufisme du
Xe siècle, mort crucifié à Bagdad en
922. La phrase suivante est ainsi tirée
d'un de ses travaux, et témoigne de sa
haute estime pour les musulmans:«L'Islam
est la seule communauté monothéiste qui,
depuis treize siècles a édicté le
pèlerinage comme un devoir, réalisant
visiblement et symboliquement le
rassemblement de tout les croyants dans
le Dieu unique d'Abraham autour du point
central qui polarise cinq fois par jour
les prières. Un seul pèlerin est
l'ambassadeur, le témoin intercesseur de
tout un groupe de croyants... Le
pèlerinage est le seul moyen collectif
de sanctification, d'ascèse et
d'intercession à la portée des plus
humbles»(9)
En ce jour de fête, nous faisons le voeu
pour la paix dans le monde, le vrai
ennemi de l'homme c'est l'ignorance. Le
XXIe siècle qui aurait pu être le siècle
de la tolérance de la délivrance de
l'homme est en train de sombrer dans le
chaos identitaire. L'autre vrai ennemi
de l'homme c'est sa boulimie d'avoir,
tout est bon pour augmenter sa richesse
au détriment des autres, de ceux qui
n'ont rien et qui se réfugient dans le
secours de la religion. L'Islam est à
des degrès divers, le dernier rempart
contre ce néo-libéralisme ravageur,
cette mondialisation-laminoir. Il est
vrai qu'il est mal expliqué, mal
représenté par ceux qui se disent
musulmans notamment dans le monde arabe.
Heureusement que l'Islam est aussi
représenté par plus de 1 milliard de
musulmans non-arabes.
Dans un monde de plus en plus anomique
formaté par le gain, il est hors de
doute que les religions notamment
monothéistes ont un rôle à jouer pour
ramener un peu de sérénité et participer
ce faisant, à remettre l'homme au centre
de la problématique de la finalité de
son existence. De ce point de vue
l'islam bien compris, apaisé, apportera
sans nul doute sa part d'empathie à
cette humanité en souffrance qui veut
sonder l'espace alors que tout se trouve
au fond de son coeur. Aïd Moubarek et
paix sur Terre aux gens de bonne
volonté.
1.Alain Gresh: Pour en finir avec
l'adjectif «musulman» (ou «islamique»)
de Monde diplomatique 3 août 2012,
2.Extraits de ´´Correspondance de
Napoléon Ier Tome V pièce n° 4287 du
17/07/1799: profession de foi, voir
aussi pièce n° 3148; et de l'ouvrage de
Christian Cherfils: ´´Bonaparte et
l'Islam´´ - Pedone Ed. - p. 81 - 127,
Paris – 1914
3. Victor Hugo: L'an 9 de l'hégire
http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164
4.Goethe: Mahomet Traduction Jacques
Porchat, 1861.
5.http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164
6. Julius Evola: Révolte contre le monde
moderne - P340-341
7.Mahatma Gandhi: Extrait du journal
´´Young India´´, cité dans ´´The
light´´, Lahore, 16/09/1924
8.Eva de Vitray-Meyerovitch, «Islam,
l'autre visage»,! Extraits. Le Seuil, p.
55-56 et p. 77. 1995
9.Louis Massignon: Dieu Vivant, XIV,
liminaire, p7-14, 1949
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
Publié le 29 octobre
2012 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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