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L'EXPRESSIONDZ.COM
A PROPOS DE SAKINEH ET DE THERESA
L'imposture scandaleuse de BHL
Chems Eddine Chitour
Lundi 27 septembre 2010
«Demain, grâce à vous, la justice française
ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y
aura plus pour notre honte commune, des exécutions furtives, à
l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain,
c’est l’abolition.»
Robert Badinter (Discours à l’Assemblée française 1981)
Belles paroles en vérité contre la peine de
mort si elles étaient appliquées à tous les humains! «L’affaire
Sakineh» a défrayé la chronique pendant cet été et a tenu en
haleine les biens-pensants occidentaux qui, comme un seul homme,
avec une indignation rarement aussi sélective, se sont
autoproclamés les défenseurs de la cause de Sakineh coupable en
Iran à la fois du meurtre de son mari et de relations illégales.
Le hérault «sans peur et sans reproche, défenseur de la veuve et
de ses deux orphelins, est Bernard-Henry Lévy (BHL) a trompé
tout le monde, en tout cas celles et ceux qui lui ont fait
confiance en signant la pétition contre la sentence de la
justice iranienne. La peine de mort par lapidation.
Concomitamment, une autre affaire pratiquement similaire en tout
point avec la même ancienneté est la condamnation à mort de
Theresa Lewis déficiente mentale aux Etats-Unis. Aucun média
européen n’en a parlé, aucun Bernard-Henry Lévy n’en a parlé,
pas l’ombre d’une Elisabeth Badinter [si prompte à diaboliser
l’Islam], d’un Alain Finkielkraut voire d’un Alexander Adler.
Pire, à l’échelle officielle européenne ou même américaine,
c’est le silence total concernant Theresa. Rien à voir avec la
réaction d’Hillary Clinton qui dit «réagir en tant que femme»
dans l’affaire de Sakineh. Aucune réaction de la part du
gouvernement français, aussi bien du président que du ministre
des Affaires étrangères qui, dans le cas Sakineh, proposait d’en
débattre au Conseil de l’Union européenne.
Est-ce à dire que la cause de Sakineh est plus noble que celle
de Teresa? Pourtant, dans les deux cas, le verdict est le même?
Pourquoi avoir laissé Theresa être exécutée? Imaginez Theresa et
ses derniers instants. «Pour la première fois, écrit Constance
Jame, depuis 1912, la Virginie a exécuté une femme. Teresa
Lewis, qui a commandité en 2002 l’assassinat de son mari et de
son beau-fils, a été tuée par injection létale. Le décès a été
prononcé à 21h13 locales à la prison de Greensville. Les
derniers mots de Lewis avaient été de demander pardon Des
journalistes ayant assisté à l’injection mortelle ont indiqué
que Lewis semblait «nerveuse» et «effrayée» en entrant dans la
salle où s’est déroulée l’exécution. Si l’affaire a fait grand
bruit aux Etats-Unis, c’est surtout, parce que Teresa Lewis
souffrait de graves difficultés d’apprentissage qui faisaient
d’elle une quasidéficiente mentale et jettent le doute sur sa
responsabilité au moment des faits.» (1)
La technique BHL
A l’évidence, ce qui intéresse BHL, véritable Panurge et ses
«moutons», c’est comment porter tort à l’Iran, préparer
l’opinion, diaboliser l’Islam, en un mot, faire le lit d’une
légitimation d’une intervention en Iran pour le plus grand bien
d’Israël. Nous allons tenter de comprendre la mécanique
diabolique des intellectuels sionistes. Thierry Meyssan décrit
le «complot» ourdi par BHL. Ecoutons-le: «Récemment, l’essayiste
Bernard-Henri Levy a alerté l’opinion publique sur le cas de
Sakineh Mohammadi-Ashtiani.Il a lancé une pétition sur Internet
pour faire pression sur les autorités iraniennes et leur
demander de renoncer à cette barbarie. L’essayiste concentre ses
attaques sur le mode d’exécution. Il écrit: «Pourquoi la
lapidation?? N’y a-t-il pas, en Iran, d’autres manières de
donner la mort?? Parce que c’est la plus abominable de toutes.
Parce que cet attentat contre le visage, ce pilonnage de pierres
sur un visage innocent et nu, ce raffinement de cruauté qui va
jusqu’à codifier la taille des cailloux pour s’assurer que la
victime souffre longtemps, sont un concentré rare d’inhumanité
et de barbarie.» Le président Sarkozy a confirmé les
informations de M.Lévy lors de la conférence annuelle des
ambassadeurs de France A l’issue de son discours, il a déclaré
que la condamnée était désormais «sous la responsabilité de la
France». Rapidement, de nombreuses associations et personnalités
se sont jointes à ce mouvement et plus de 140 000 signatures ont
été réunies. Le Premier ministre François Fillon est venu sur le
plateau du principal journal de la télévision publique pour
manifester son émotion et sa solidarité avec Sakineh, «notre
soeur à tous». Tandis que l’ex-secrétaire d’Etat aux Droits de
l’homme, Rama Yade, affirmait que la France faisait désormais de
ce cas une «affaire personnelle»».
«Ayant à son tour signé cette pétition, le leader du Parti
antisioniste, Dieudonné M’bala M’bala, a été reçu par Ali Zadeh,
vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du
ministère de la Justice. L’entretien aura été un modèle du
genre. M.Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de
profession, ne se moquait pas de lui en lui rapportant ses
craintes. Tandis que M.M’bala M’bala se faisait répéter
plusieurs fois les réponses à ses questions tant il avait du mal
à croire avoir été manipulé à ce point. Succédant à la dictature
du Shah Reza Pahlevi, la République islamique s’est avant toute
chose préoccupée de mettre fin à l’arbitraire et d’instaurer un
état de droit le plus rigoureux possible. (..) Le système
judiciaire offre donc des garanties bien supérieures à celles
des juridictions françaises, et les erreurs y sont beaucoup
moins fréquentes. Cependant, les condamnations ont conservé une
dureté particulière. Le pays applique notamment la peine de
mort. Plutôt que de diminuer le quantum des peines, la
République islamique a choisi d’en limiter l’application. Le
pardon des victimes, ou de leurs familles, suffit à annuler
l’exécution des peines. Du fait de cette disposition et de son
usage massif, il n’existe pas de grâce présidentielle. La peine
capitale est souvent prononcée, mais très rarement appliquée. Le
système judiciaire pose un délai d’environ cinq ans entre le
prononcé du jugement et son exécution dans l’espoir que la
famille de la victime accordera son pardon et que le condamné
sera ainsi gracié et immédiatement libéré. Dans le cas Sakineh,
toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et
confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses. Cette dame n’a pas
été jugée pour adultère, mais pour meurtre. (...) La lapidation,
qui était en vigueur sous le régime du Shah, et encore quelques
années après son renversement, a été abolie par la Révolution
islamique. Indigné par les assertions de Bernard-Henry Lévy et
Nicolas Sarkozy, le vice-président du Conseil iranien de la
magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait
au défi ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi
iranien contemporain qui prévoit la lapidation.(...) En
définitive, rien, absolument rien de la version Lévy-Sarkozy de
l’histoire de Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, n’est vrai.
Peut-être Bernard-Henry Lévy a-t-il relayé de bonne foi des
imputations fausses qui servaient sa croisade anti-iranienne. Le
président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la
négligence. Le service diplomatique français, le plus
prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les
rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à
l’opinion publique française»(2)
On comprend sans peine que le président Ahmadinejad, outré par
ces comportements ait dénoncé le «silence des médias» sur le cas
de Teresa Lewis, comparant sa situation à celle de l’Iranienne
Sakineh. «Selon une enquête, 3 millions sept cent mille pages
ont été publiées sur Internet à propos de Sakineh Ashtiani dont
le dossier est toujours en cours d’examen, et il y a une vaste
campagne de presse contre l’Iran. Mais personne ne proteste
contre l’exécution de Mme Lewis», a souligné M.Ahmadinejad;
s’agissant de la peine de mort, il faut savoir que même les
Etats abolitionnistes n’ont jamais renoncé à la peine de sûreté
extrême. Pour le droit commun, ce sont tout simplement des
exécutions extrajudiciaires en prison (taux de suicide élevé,
homicides et mauvais traitements entre détenus, ma ladies mal
soignées...). Enfin, selon des chiffres d’Amnesty International,
1 224 personnes se sont vues ôter tout aussi la vie, aux
Etats-Unis, depuis 1977.
Sakineh, une nouvelle Jila Izadi?
L’affaire Sakineh qui est une «manipulation à grande échelle»
par BHL qui sait bien où il va, rappelle l’affaire Jila Izadi,
une jeune iranienne de 13 ans condamnée à mort par lapidation.
Une campagne médiatique lancée en grande pompe et qui avait fait
grand bruit à l’époque suite à la pétition rédigée par Mme
Badinter, et Fadela Amara publiée par le journal ELLE (édition
du 25 octobre 2004): «Jila Izadi, une enfant de 13 ans, vient
d’être condamnée à la peine de mort par lapidation. Son crime:
elle aurait eu des relations avec son frère âgé de 15 ans. Cette
ignominie se passe à Marivan, une ville du Kurdistan iranien.
(...) Nous savons aujourd’hui que seule une très forte
mobilisation, internationale peut réussir parfois à stopper une
exécution capitale. C’est pourquoi nous supplions les défenseurs
des droits des enfants, les militants de l’abolition de la peine
de mort et tous les démocrates horrifiés par ces crimes d’écrire
cette seule phrase, par lettre ou courriel signé de son nom:«Non
à la lapidation de Jila Izadi, une enfant de 13 ans.» De la
rapidité et de l’ampleur de nos protestations dépend sa survie.»
Parmi les signataires de cette pétition, figuraient les noms de
BHL (l’auteur de la nouvelle pétition version 2010), Ségolène
Royal, Frédéric Mitterand, Alain Finkielkraut; les mêmes qui
sont aujourd’hui mentionnés dans la pétition 2010 pour sauver «Sakineh».
Or, quelques semaines plus tard, le Quai d’Orsay nous apprenait
qu’il n’y avait pas de fillette de 13 ans condamnée à la
lapidation en Iran. Dans ses points de presse relayés sur le
site officiel...diplomatie.gouv.fr, le porte-parole du ministère
français des Affaires étrangères démentait les informations sur
la condamnation à la lapidation de Jila Izadi, petite iranienne
de 13 ans. «Nous avons immédiatement vérifié à travers notre
ambassade et en liaison avec la Présidence de l’Union
européenne, qui a demandé des informations aux autorités
iraniennes à ce sujet. Il est apparu que l’information était
inexacte. Cette condamnation à la lapidation, n’a jamais été
prononcée».Tous ceux qui ont relayé cette information avaient
donc menti...(3)
Suite à ces déclarations, au communiqué de l’ambassade de France
en Iran, l’affaire disparaît subitement du paysage
médiatique...Plus rien! Qu’est-t-elle devenue? A- t-elle été
lapidée? Il faudra attendre un petit communiqué publié en
janvier 2005 sur Internet (plus sur ELLE par contre) pour savoir
que Jila Izadi a été sauvée de la barbarie de l’Islam. Aucun
média n’a fait circuler le démenti du Quay d’Orsay et de
l’ambassadeur d’Iran en France...Aujourd’hui, Sakineh
risque-t-elle véritablement la lapidation comme l’affirme BHL
dans sa pétition «signée en grande pompe par ses fidèles´´».(4)
On savait, début juillet, par les autorités iraniennes que
Sakineh ne sera pas lapidée, BHL était parfaitement au courant.
Cela ne l’a pas empêché de continuer à mentir avec même l’aide
d’Avaaz International qui s’est mobilisé pour cette «noble
cause». Le témoignage suivant,véritable cri du coeur,résume avec
des mots simples, le marchandage macabre de BHL. Ecoutons-le: «Aidez-moi,
je cherche à contacter de toute urgence Bernard-Henri Levy.
L’heure est grave, la vie d’une femme en dépend. Non pas Sakineh
une autre femme...Je viens d’apprendre avec douleur, que dis-je,
consternation qu’une femme Teresa Lewis allait être exécutée
aujourd’hui aux États-Unis dans l’État de Virginie. Je suis
persuadée que notre BHL et sa cohorte d’intellectuels
bien-pensants, élites de notre nation n’ont pas été informés de
ce drame qui va mettre à mort une femme dont la déficience
mentale est avérée. (...) Alors, moi je veux comprendre tout
comme M.Mahmoud Ahmadinejad, pourquoi existe-t-il une différence
de traitement médiatique. (...) La mort serait-elle plus douce
chez nos amis américains, plus juste et méritée? La barbarie ne
saurait-elle concerner que l’Iran ou tout pays islamique? Je
veux que l’on m’explique pourquoi une vie n’est pas égale à une
autre vie? Pourquoi Sakineh déchaîne tant de passion, tant de
déferlement médiatique, tant de révolte auprès du gouvernement
iranien et que l’on fait silence radio pour Teresa Lewis?
Pourrait-on imaginer que BHL ne monte au créneau uniquement
quand il s’agit de taper sur l’Iran, grand ennemi d’Israël?
Pourrait-on imaginer que la vie d’êtres humains ne soit qu’un
outil pour gérer sa carrière? A toi Teresa, toute criminelle que
tu puisses être, (tout comme Sakineh qui a été accusée de
complicité de meurtre), je te dédie ce billet. Ta déficience
mentale n’a pas été jugée par BHL digne d’intérêt. Ta vie pour
BHL ne vaut rien, l’imposture de ce pseudo-philosophe dévoilée
(se rappeler ses nombreux mensonges, entre autres ses soi-disant
rencontres avec Massoud). Tu n’es pas Sakineh, tu n’es pas Roman
Polanski ni le soldat Shalit. BHL choisit ses causes et nous
donne même des leçons.»(5)
Pourquoi BHL ne s’est pas investi avec le mêle zèle de
bénédictin pour se montrer dans les médias de ses potes, pour
faire signer une pétition à ses frères de combat? Peut-être que
parce qu’il ne faut pas faire de peine aux Etats-Unis? Car,
contrairement à Sakineh qui est un bon prétexte pour salir sur
l’Islam et les Palestiniens, critiquer l’Amérique cela
reviendrait à critiquer le plus solide ami d’Israël. Où sont les
professionnels...de l’indignation sélective? Le sort de Teresa
Lewis ne cadre pas dans la «stratégie sioniste». L’affaire
Sakineh nous rappelle aussi les techniques de manipulation de
l’information occidentale; deux exemples célèbres: l’affaire des
bébés éventrés par les soldats de Saddam dans les maternités du
Koweït. Une soi-disant infirmière du Koweït avait servi de
témoin aux USA.
Il s’est avéré par la suite qu’il s’agissait d’un mensonge
destiné à justifier la première guerre du Golfe; et que la
prétendue infirmière n’avait jamais mis les pieds dans une
maternité; elle était tout simplement la fille de l’ambassadeur
du Koweït aux USA.
Le deuxième exemple est celui de la soldate noire soit disant
«délivrée» par les GIs selon un scénario à «la chute du Faucon
noir». En fait, elle était blessée par des tirs amis et
recueillie par un chirurgien irakien qui a sauvé la vie de cette
soldate en remuant ciel et terre pour lui trouver du sang «O»
mettant à contribution un parent à lui qui avait le même groupe.
On pourrait aussi citer un prétexte pour envahir l’Afghanistan,
en 2001: un CD diffusé par les GI’S: «Afghane enlève ta burqa».
Comment combattre en définitive, l’infamie de ces idéologues du
mal qui gangrène le dialogue islamo-chrétien? C’est tout le défi
des hommes de bonne volonté.
1.Constance Jame:Etats-Unis: une déficiente mentale a été
exécutée. Le Figaro 24/09/2010.
2.Thierry Meyssan: Le scandale Sakineh Alterinfo-Jeudi 16
septembre 2010
3.https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/actual/ael2/pointpresse.asp?liste=20041109.html
4.http://islamenfrance.fr/site/2010/08/27/la-manipulation-politico-mediatique-du-cas-sakiney
5.Teresa Lewis n’est pas Sakineh
http://www.come4news.com/index.php? option=com_content&tas k=view&id=38271&Itemid=999
Pr Chems Eddine Chitour, Ecole nationale
polytechnique.
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Publié le 27 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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