Opinion
Silence de
l'Occident : La colonisation de la
Palestine continue
Chems
Eddine Chitour
Pr Chems
Eddine Chitour
Jeudi 26 avril 2012
«Qui donne ne
doit jamais s'en souvenir. Qui reçoit ne
doit jamais oublier.»
Proverbe hébreu
L’Occident , dit-on, est rivé sur les
droits de l'homme qui sont bafoués en
Syrie, sur les massacres dont se serait
rendu coupable Omar el Bechir contre le
Soudan-Sud. De plus, on pousse l'Iran
dans ses derniers retranchements.
Pendant ce temps, paisiblement,
Netanyahu annonce la régularisation de
colonies sur le territoire de
Cisjordanie réduisant inexorablement la
Palestine à un certain nombre de
quartiers dans un ensemble totalement
juif. «On nous dit que les condamnations
internationales pleuvent après l'annonce
par Israël de la construction de 1100
logements dans la colonie juive de Gilo
à Jérusalem-Est occupé et annexé. Pour
les Palestiniens, c'est une provocation
de plus, quelques jours après la demande
palestinienne pour la reconnaissance
d'un Etat à l'ONU. ´´En annonçant ces
nouvelles colonies, Israël dit ´´non´´ à
la reprise des négociations, à la
solution à deux Etats, a déclaré Saeb
Erekat, le chef des négociations
palestinien, donc les Américains, les
Européens, les Russes et l'ONU sont
confrontés à 1100 ´´non´´ de la part de
Netanyahu: son gouvernement a choisi les
colonies et pas la paix.´´ Paris
condamne ces nouvelles constructions,
Londres appelle Israël à revenir sur sa
décision. Les Etats-Unis se sont
déclarés «profondément déçus»: le
Premier ministre israélien a laissé
entendre qu'il n'avait pas l'intention
de décréter un nouveau gel de la
colonisation pour convaincre les
Palestiniens de revenir aux
négociations, Mahmoud Abbas a réaffirmé
dimanche qu'il ne négocierait pas avec
Israël sans un gel ´´complet´´ de la
colonisation. (1)
C'était déjà en septembre 2011... Même
scénario cette semaine: le gouvernement
israélien a annoncé mardi la
légalisation de trois colonies en
Cisjordanie. Les implantations de
Bruchin et Rechelim, dans le nord des
Territoires occupés, et celle de Sansana,
dans l'extrême Sud, construites dans les
années 1990, voient leur statut passer
de «colonies sauvages» à celui de
«colonies légales», au moins pour la loi
israélienne, puisque le droit
international considère toutes les
colonies comme illégales. L'organisation
de gauche israélienne «La Paix
maintenant», qui milite contre la
colonisation des Territoires
palestiniens, a souligné que c'était la
première fois depuis 1990 qu'un
gouvernement israélien légalisait de
nouvelles colonies.» «Le gouvernement
israélien actuel montre quelle est sa
politique, qui est de construire des
colonies plutôt que d'avancer vers la
paix», a déclaré Hagit Ofran, une
porte-parole du mouvement. Les autorités
israéliennes ont expliqué qu'il ne
s'agissait que d'une «régularisation»,
et non d'une création de nouvelles
colonies ou d'une extension de colonies
existantes. Pour elles, la décision ne
change pas la situation sur le terrain.
Les gouvernements israéliens successifs
se sont régulièrement engagés depuis les
années 1990 à ne pas construire de
nouvelles colonies, et, depuis la
signature en 2003 de la «feuille de
route», plan de retour vers la paix,
établi sous l'égide américaine, à
démanteler les «colonies sauvages»
établies par les colons sans
autorisation préalable des autorités.
Un
camouflet aux Palestiniens
Pendant qu'Israël continue sur sa lancée
faisant fi de tous les conseils et des
dizaines de résolutions du Conseil de
sécurité (compte non tenu des vetos
américains) Abbas, dans une fuite en
avant pathétique, écrit à son bourreau
et le supplie de négocier sur les
lingnes de 1967. On lit la double
réponse: «Le Premier ministre israélien
Benyamin Netanyahou a reçu mardi 17
avril une lettre du président
palestinien Mahmoud Abbas le mettant en
demeure de revenir aux bases du
processus de paix, lors d'une rencontre
à Jérusalem avec deux émissaires
palestiniens. Le Premier ministre
palestinien, Salam Fayyad, qui devait
diriger la délégation palestinienne
selon des responsables israéliens et
palestiniens, n'a pas pris part à la
rencontre. «Israël et l'Autorité
palestinienne sont déterminés à parvenir
à la paix», a assuré le bref communiqué
de M.Netanyahou, en ajoutant que ce
dernier transmettrait sa réponse au
président Abbas «dans les deux
semaines». Le président palestinien
appelle Israël à reprendre les
négociations de paix sur la base des
lignes d'avant juin 1967, avec des
«échanges de territoires mineurs et
mutuellement agréés» et du gel total de
la colonisation, y compris à
Jérusalem-Est. Il demande en outre, pour
reprendre les pourparlers, qu'Israël
«libère tous les prisonniers
palestiniens», en particulier ceux
incarcérés avant les accords d'Oslo
(1993). La première réponse est donnée
par Ehoud Barak. Le ministre de la
Défense israélien, Ehoud Barak, a
réitéré mardi la position de son
gouvernement pour «des négociations sans
conditions préalables», rejetant a
priori les exigences palestiniennes. (2)
Pourtant, l'un des émissaires a qualifié
de «sérieuse» la rencontre, qui a duré
une heure dans la résidence du Premier
ministre israélien à Jérusalem. «M.Nétanyahou
va étudier la lettre sérieusement et
donner sa réponse dans les deux
semaines», a-t-il confirmé. La deuxième
réponse est indirecte, c'est justement
l'implantation sauvage de 3 colonies. On
sait que Netanyahou, longtemps partisan
déclaré de la colonisation, est
particulièrement attentif à ne pas
mécontenter le puissant lobby des
colons. Sa coalition gouvernementale est
largement constituée de partisans de la
colonisation, qui forment aussi un bloc
important au sein de son propre parti,
le Likoud. Netanyahou a déjà fait
l'expérience de l'influence électorale
des colons lors de sa défaite de 1999.
Depuis son retour au pouvoir, il louvoie
entre les pressions internationales, en
particulier américaines, opposées à la
colonisation, et celles qui s'exercent
en faveur des colons à l'intérieur de
son gouvernement. (3)
L'annonce de cette légalisation a été
prise comme un camouflet par l'Autorité
palestinienne. «Cette décision est la
réponse à la lettre de Mahmoud Abbas à
Netanyahou», a déclaré le porte-parole
du président de l'Autorité
palestinienne, Abou Roudeina. Mahmoud
Abbas a envoyé la semaine dernière une
lettre au Premier ministre israélien,
lui demandant une nouvelle fois de geler
la colonisation et de s'engager à
négocier sur les bases des frontières de
1967. Aux yeux de la communauté
internationale, toutes les colonies sont
illégales, qu'elles aient ou non été
autorisées par le gouvernement
israélien. Plus de 340.000 colons
israéliens habitent en Cisjordanie et
plus de 200 000 dans des quartiers de
colonisation à Jérusalem-Est. On se
souvient comment le vice-président Joe
Biden a été humilié en pleine visite
officielle, il venait à Tel-Aviv
demander aux Israéliens d'arrêter la
colonisation, pendant son séjour le
cabinet israélien annonce la
construction de 1600 logements. Mieux
encore, Israël a refusé d'accueillir une
délégation d'experts venus enquêter sur
les conséquences de la colonisation dans
les territoires occupés. Ban Ki-moon si
prompt à dégainer s'agissant des pays
faibles est étrangement muet. Pas de
plainte, pas de saisine du Conseil de
sécurité on ne saura jamais ce qui se
passe. Ban Ki-moon nous avait déjà
habitués à ce deux poids, deux mesures
avec l'enterrement du rapport Goldstone
mais aussi en poussant au vote de la
résolution 1973 qui a abouti au lynchage
de Kadhafi. Des milliers de morts en
Libye et pas d'enquête!!
Le
problème des prisonniers palestiniens
A toutes les avanies subies par la
population palestinienne il faut y
ajouter le problème des prisonniers
palestiniens qui ne sont pas considérés
comme des prisonniers de guerre mais
comme des détenus de droit commun. Les
Nations unies ont tenu une réunion
internationale à Genève, portant sur la
question des prisonniers politiques
palestiniens dans les prisons et centres
de détention israéliens. Le Pr John
Dugard a fait une présentation du statut
des palestiniens engagés dans la
résistance contre l'oppression
israélienne. L'ancien Envoyé spécial de
la situation des droits de l'homme dans
les territoires occupés, le Pr Dugard, a
tracé un parallèle entre le traitement
des opposants et les militants
politiques de l'Afrique du Sud, et mis
en évidence les similarités entre les
deux régimes.(4)
« Israël ne reconnaît pas les
Palestiniens engagés dans les activités
résistantes contre la répression
israélienne, comme combattants,
opposants ou bien prisonniers
«politiques». Afin d'éviter de donner
une quelconque légitimité à leur cause,
ils sont traités en tant que
«terroristes», criminels ordinaires ou
bien comme détenus sécuritaires. Le
régime sud-africain traita Nelson
Mandela ainsi que les autres prisonniers
politiques de son genre, de façon
similaire. En outre, Israël refuse à ses
prisonniers politiques ayant la
qualification de combattants, le statut
de prisonniers de guerre. Il ne
reconnaît même pas qu'il y a un conflit
entre l'Etat d'Israël et le peuple
palestinien qui exerce son droit à
l'autodétermination et à l'indépendance.
(4)
« Israël s'identifie à l'apartheid
sud-africain en refusant de signer le
Premier Protocole des Conventions de
Genève. Les clauses du protocole, et les
avantages des Conventions de Genève pour
l'OLP en tant que mouvement de
libération nationale, ne sont donc pas
contraignants pour Israël. (...) Ainsi,
contrairement à leurs obligations en
vertu du droit international
conventionnel, les tribunaux israéliens
ont rejeté l'argument que les
combattants de la résistance
palestinienne sont engagés dans une
guerre d'autodétermination et peuvent
donc prétendre au statut de prisonnier
de guerre. En outre, les tribunaux
israéliens ont, ces dernières années,
utilisé l'excuse que les combattants de
la résistance palestinienne ne
parviennent pas à se conformer aux lois
des conflits armés et n'ont donc pas
droit au statut de prisonnier de guerre.
(...) La plupart des combattants
palestiniens sont jugés par des
tribunaux militaires, malgré la
préférence du droit international
humanitaire pour l'impartialité des
tribunaux civils. Ces tribunaux sont
dirigés par des juges militaires sans
indépendance, et siégeant à des hauteurs
inaccessibles, parfois à huis clos,
appliquant une loi militaire
inaccessible, ayant peu d'égard pour les
règles d'une procédure régulière. En
général, les militants palestiniens
n'ont même pas la possibilité de
confronter la puissance occupante, face
à une audience publique et devant des
juges impartiaux appliquant la loi
régulière.(4)
On apprend aussi que pour protester
contre le sort inhumain qui leur est
fait, les prisonniers palestiniens ont
entamé une grève de la faim qui est
naturellement ignorée par les médias
occidentaux et pour cause. On lit sur le
site de Solidarité avec la Palestine»:
«Ce 17 avril, 3500 prisonniers ont
refusé les plats servis par
l'administration pénitentiaire
israélienne. 1200 d'entre eux sont
entrés dans une grève de la faim
illimitée. En ce «Jour des prisonniers»
pour la résistance palestinienne, les
prisonniers politiques palestiniens
demandent la fin de la politique des
«rétentions administratives», qui permet
à l'occupant de condamner des
Palestiniens devant des tribunaux
militaires à plusieurs années derrière
les barreaux sans aucun motif
d'accusation, ainsi que l'arrêt des
pratiques d'isolement carcéral et
l'autorisation des visites de familles
originaires de la bande de Ghaza. Selon
la responsable de l'Association de
défense des prisonniers palestiniens
Addameer, Sahar Francis, il s'agit de
«la plus grande grève de la faim jamais
enregistrée dans les prisons
israéliennes». (...) Parmi les forces
politiques israéliennes, seul le Parti
communiste d'Israël a affiché son
soutien public à la lutte des
prisonniers palestiniens. Il faut
rappeler que 4699 Palestiniens se
trouvent actuellement dans les prisons
de l'occupant israélien, dont 319 en
rétention administrative.(5)
Quel est
le sort de la Palestine?
Faut-il dissoudre l'Autorité
palestinienne? Yossi Belin en est
convaincu. Alain Gresh qui rapporte ses
propos le présente: «Il a été l'un des
artisans de la négociation de ce qui
devait s'appeler les Accords d'Oslo.
Yossi Beilin fut aussi le signataire,
avec Yasser Abdel Rabbo, des Accords de
Genève d'octobre 2003, qui proposaient
une solution au conflit. La lettre qu'il
vient d'envoyer à Mahmoud Abbas est
d'autant plus significative. Il appelle
le président palestinien à «end this
farce» (Foreign Policy, 4 avril 2012) -
mettre un terme à cette farce des
négociations. «J'avoue que je n'aurais
jamais cru que le moment viendrait où il
faudrait que je vous écrive ces mots. Je
le fais parce que le président américain
Barack Obama vous a convaincu de ne pas
annoncer maintenant le démantèlement des
institutions de l'Autorité palestinienne
et de ´´rendre les clés´´ à Israël.
Parce qu'il n'y a jamais eu de
négociations sérieuses avec le
gouvernement du Premier ministre
Benjamin Netanyahou au cours des trois
dernières années, C'est une erreur
d'accepter la demande d'Obama, et vous
pouvez y remédier.» «Vous et moi
comprenons que la situation actuelle est
une bombe à retardement. (...) Et de nos
deux points de vue, l'échec de la
solution à deux Etats risque de
déboucher sur le retour d'une terrible
violence. (...) » (6)
« Déclarer la fin du processus d'Oslo -
justifiée par le fait que le chemin vers
un accord permanent est bloqué - est la
plus raisonnable des options non
violentes pour remettre le sujet à
l'ordre du jour et relancer les efforts
en vue d'un règlement définitif.
Dissoudre l'Autorité palestinienne et
donner le contrôle des affaires
quotidiennes à Israël serait une
initiative que personne ne pourrait
ignorer. «Après tous ces efforts,
cependant, vous avez encore besoin de
supplier le gouvernement israélien de
débloquer l'argent des revenus de la
douane; il vous faut encore mendier
auprès des républicains au Congrès des
Etats-Unis le transfert des fonds à
l'Autorité palestinienne» (...)
«N'hésitez pas un instant! N'acceptez
pas la demande du président Obama, qui
veut simplement qu'on le laisse
tranquille avant la présidentielle. Ne
laissez pas le Premier ministre
Netanyahou se cacher derrière la feuille
de vigne de l'Autorité palestinienne:
imposez-lui, une fois de plus, la
responsabilité du sort de 4 millions de
Palestiniens. Restez à la tête de
l'Organisation de libération de la
Palestine, qui vous donnera le pouvoir
de diriger les négociations politiques,
si et quand elles reprennent. Le
processus de paix ouvert à Oslo est mort
et enterré. Il serait temps que les
responsables européens le reconnaissent
et arrêtent de réclamer la reprise de
négociations «sans conditions» entre les
deux parties. (6)
On le voit, le monde occidental- occupé
par ses propres échéances notamment
électorales laisse la bride sur le cou à
Israël qui poursuit son chemin, la
disparition inexorable du peuple
palestinien en tant que nation. Il
restera des lambeaux de confettis de
territoires dans de futurs bantoustans
un peu comme les réserves indiennes. Un
siècle de combat se solde par la
disparition d'une utopie d'une Palestine
de tous ses habitants sans distinction
de religion.
1.http://fr.euronews.com/2011/09/27/le-monde-s-indigne-face-a-de-nouvelles-constructions-dans-les-colonies-juives/
2. Nétanyahou reçoit une lettre de
doléances palestinienne Le Monde avec
AFP, 18 04 2012
3.http://www.lefigaro.fr/international/2012/04/24/01003-20120424ARTFIG00643-israel-legalise-des-colonies-sauvages-en-cisjordanie.php
4. Electronic Intifada Traduit de
l'anglais par Aladin pour
Investig'Action
Cri du Peuple 1871: http://www.mleray.
info/article-la-question-des-prisonniers-politiques-palestiniens-dans-les-prisons-et-centres-de-detentions-israel-103381028.html
5.
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
6. Alain Gresh - Le Monde Diplomatique.
Yossi Beilin: En finir avec «la farce»
des négociations de paix Le Monde.fr
16/04/2012
Professeur
Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 27 avril
2012 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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