Opinion
Science et culture
en Iran :
Un défi pour l'Occident
Chems
Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Mardi 26 février
2013
«Vous [les
Américains] voulez négocier alors que
vous pointez une arme sur l'Iran. La
nation iranienne ne sera pas intimidée
par ce genre d'acte»
Ayatollah
Ali Khameneï
L'Iran est encore une fois dans le
collimateur des pays occidentaux
(Etats-Unis et les 5+1). S'exprimant
dans le cadre d'un entretien à paraître
lundi 4 février dans Le Figaro, le vice-
président américain, Joe Biden, a
prévenu l'Iran que «la fenêtre
diplomatique se referm(ait)» dans les
négociations sur «son programme
nucléaire controversé». «La balle est
dans le camp des Iraniens. En ce qui
nous concerne, nous avons fait et
continuons à faire de réels efforts en
vue d'atteindre une résolution
diplomatique des préoccupations de la
communauté internationale sur le
programme nucléaire iranien. Mais la
fenêtre diplomatique se referme» «Le
président Obama a été clair: il
empêchera l'Iran d'acquérir l'arme
nucléaire. Et nous ferons ce qu'il faut
pour s'assurer que cela n'arrive pas.»
Il faut savoir que concernant le
programme nucléaire, depuis 1977, il y a
eu près de deux mille inspections de
l´Agence internationale de l´énergie
atomique (Aiea) et aucun rapport n´a pu
établir que l´Iran cherchait à mettre au
point la bombe. Pourtant, tous les
médias en parlent comme si c´était
acquis. Le 11 avril 2006, le président
iranien Mahmoud Ahmadinejad annonce que
l´Iran a enrichi avec succès de
l´uranium. «J´annonce officiellement que
l´Iran a rejoint le groupe de ces pays
qui ont la technologie nucléaire.»
L´uranium a été enrichi à 3,5% en
utilisant plusieurs milliers de
centrifugeuses. Le guide suprême
iranien, l'ayatollah Ali Khamenei a
rejeté, jeudi 7 février, l'offre des
Etats-Unis d'entamer des discussions
bilatérales sur son programme nucléaire
controversé alors que Washington impose
des sanctions économiques à l'Iran,
selon son site internet officiel. Les
Etats-Unis ont confirmé mercredi avoir
mis en oeuvre de nouvelles sanctions
contre l'Iran, quelques jours après une
"offre sérieuse" du vice-président
américain Joe Biden à Téhéran concernant
des négociations directes sur le
nucléaire dans le cadre du groupe 5 + 1
(Etats-Unis, France, Grande-Bretagne,
Russie, Chine et Allemagne). Après
plusieurs mois d'interruption, le 5 + 1
et l'Iran se sont mis d'accord pour
reprendre les discussions le 26 février
au Kazakhstan. (1)
Les deux
poids, deux mesures
On sait que les pays occidentaux ne
veulent pas entendre parler de sanctions
contre Israël qui n'a pas singé le TNP,
qui a un arsenal impressionnant et qui
réponde de façon méprisante aux
inspections de l'AIEA. On se souvient de
la fameuse phrase d'El Baradei directeur
général de l'AIEA en visite
d'inspection: " je n'ai pas vu de
pistolet fumant" ...
L’acharnement contre l'Iran est
inexplicable. Voilà un pays qui a signé
le traité TNP et qui s'y conforme.
malgré les centaines d'inspection ,
l'AIEA continue sur ordres à le
harceler. L'Iran n'acceptera pas
d'abandonner ses «droits» et «n'ira pas
au-delà de ses obligations»
internationales lors de ses prochaines
discussions avec les grandes puissances
sur son programme nucléaire controversé,
a réaffirmé hier le négociateur iranien
Saïd Jalili. Ce rappel de la position
très ferme de l'Iran intervient alors
que M.Jalili doit retrouver le 26
février à Almaty (Kazakhstan) les
représentants des grandes puissances
pour tenter de relancer les négociations
sur le dossier nucléaire iranien. Les
discussions entre l'Iran et le groupe
des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine,
France, Grande-Bretagne et Allemagne)
sont au point mort depuis une précédente
rencontre en juin 2012 à Moscou, (...)
Le programme nucléaire iranien a été
condamné par six résolutions du Conseil
de sécurité de l'ONU dont quatre
assorties de sanctions, renforcées
depuis 2010 par un embargo économique et
pétrolier des Occidentaux. «L'Iran a
rempli toutes ses obligations dans le
cadre du TNP (Ndlr: dont il est
signataire) et doit bénéficier de tous
ses droits (...) Le peuple iranien
n'accepte pas d'être traité différemment
du reste du monde», a insisté M.Jalili
cité par l'agence Isna. (2)
L'Iran un
pays réellement émergent
Dans le cadre d'une stratégie
énergétique bien pensée, au-delà des
énergies fossiles, de l'énergie
hydraulique bien développée et sans
oublier le solaire et l'éolien, l'Iran
disposant de gisements d'uranium se
lance dans la construction de centrales
nucléaires. La construction de nouvelles
centrales nucléaires fait partie d'un
plan visant à générer une puissance
totale de 20.000 mégawatts
d'électricité. Les autorités ont
l'intention de le mettre en oeuvre au
cours des 15 prochaines années. Pour
cela, elle a besoin de concentrer
l'uranium. Les centrifugeuses permettent
d'accélérer le processus
d'enrichissement de l'uranium de 3 à 5
fois. Les experts iraniens croient qu'à
ces fins, le pays, dont la consommation
d'énergie croît rapidement, aura besoin
de 20 centrales nucléaires. En raison de
la croissance démographique et
l'augmentation du processus de
l'industrialisation, la consommation
d'énergie en Iran augmente en moyenne de
8% par an. En 2011, l'Iran avait lancé
la première centrale nucléaire
commerciale au Moyen-Orient dans la
ville de Bouchehr, construite avec la
participation des experts russes.(3)
Un rapport de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), paru jeudi 21
février, confirme que l'Iran a commencé
à installer des centrifugeuses plus
modernes sur son site de Natanz au début
de février. "Le 6 février 2013, l'agence
a observé que l'Iran a commencé
l'installation de centrifugeuses IR-2m"à
Natanz, selon ce rapport. C'est la
première fois que des centrifugeuses
plus avancées que les IR-1 ont été
installées" . Israël qui n'a pas signé
le TNP et qui dispose d'un arsenal de
bombes atomiques dicte la marche à
suivre aux Occidentaux concernant la
démolition de l'Iran Elle souligne que
l'Iran "était plus proche que jamais" de
la bombe atomique. Les services du
Premier ministre, Benyamin Nétanyahu,
ont qualifié de "grave" le rapport de
l'Aiea, soulignant que l'Iran était
´´aujourd'hui plus proche que jamais
d'obtenir du matériel enrichi pour une
bombe atomique´´. Le rapport ´´prouve
que l'Iran continue à avancer rapidement
vers la ligne rouge que le Premier
ministre avait dessinée lors de son
discours aux Nations unies´´
Du point de vue contribution au
patrimoine de l´humanité, on doit aux
Perses la diffusion de l´alphabet et
l´écriture, la Route de la soie, les
contes des Mille et Une Nuits,
l´irrigation par canaux, le jeu
d´échecs, les premières climatisations,
les premières dissections humaines avec
Ibn Sina (Avicenne), la découverte de
l´alcool méthylique, la découverte du
zéro du côté de Ninive, une très grande
partie de l´algèbre et la géométrie, les
logarithmes avec Al Khawarizmi, mais
aussi le système des armées modernes
(inventé par Darius I et copié cinq
cents ans plus tard par les Romains).
«Le taux d'alphabétisation était de
moins de 50 pour cent (avant la
Révolution islamique) tandis que grâce à
la révolution, il est maintenant de plus
de 86 pour cent,» a-t-il ajouté. Il a
souligné qu'en 1979, le nombre
d'étudiants s'élevait à 176.000 tandis
qu'il atteignait les 2.165.000 en 2004,
les 3 572.000 en 2008. En 1979,
seulement 398 articles avaient été
publiés dans les journaux
professionnels, alors qu'ils sont passés
à plus de 20 000 en 2008 (3855 de
2004)», a affirmé le président iranien.
(4)
Avec un Produit national brut de 570
milliards de dollars en 2005, il
constitue la deuxième économie de la
région. Son Produit intérieur brut par
habitant s´élève à 8 400 dollars. L´Iran
est le 4e producteur de pétrole au
monde. Il dispose aussi de la deuxième
plus grande réserve en gaz naturel,
après la Russie, et en est le 6e
producteur.De nos jours, l´Iran est une
puissance technologique, de loin plus
performante que les autres pays
musulmans. L´avion de combat,
entièrement conçu et fabriqué par les
ingénieurs iraniens, a effectué, ce
dimanche, avec succès, son premier
vol-test, en présence du ministre de la
Défense et des hauts responsables
militaires, à Ispahan. Cet avion de
combat baptisé «Azarakhsh» (la foudre)
est le deuxième. Le premier du nom est
baptisé «Saegheh» (l´éclair). (5)
Dans le même temps, la mise en orbite
d'un satellite civil iranien pourrait
entraîner les puissances spatiales dans
la militarisation de l'espace en raison
des tensions dans les relations
politiques irano-américaines, selon
l'expert. Le lancement réussi d'une
fusée-porteuse a aussi suscité la
préoccupation de nos partenaires
américains a noté le responsable.
L'Iran a annoncé samedi 23 février 2012
avoir abattu un drone de surveillance
étranger lors d'un exercice militaire,
rapporte l'agence officielle de presse
Irna. Irna ne précise pas à quel pays
appartenait ce drone. Par le passé,
l'Iran a affirmé à plusieurs reprises
avoir intercepté des drones américains.
L'événement qui s'est produit le
dimanche 4 décembre 2011 présente,
pourtant, des implications immédiates et
une portée géopolitique d'une colossale
importance. Les ingénieurs iraniens ont
apprivoisé, domestiqué, The Beast. (La
bête)
Georges Stanechy pour sa part, nous
parle du dernier rapport du FMI dont le
moins qu'on puisse dire est qu'il fait
un constat de bonne gouvernance en Iran.
On mesure sans peine ce lourd aveu d'un
pays qui n'a jamais cessé d'être
diabolisé. «Obligés d'admettre que le
pays connaît une croissance soutenue.
Pas seulement grâce aux cours
internationaux du pétrole et du gaz,
mais aussi sous l'action conjointe d'une
forte croissance du secteur agricole.
Auquel s'ajoute l'effet moteur d'une
rapide extension du crédit en faveur
d'un important secteur industriel, bien
diversifié, tout particulièrement des
petites et moyennes. Afin d'améliorer
leur productivité, leur compétitivité et
faciliter la création de nouvelles
initiatives».(6)
«Au-delà de ces performances, poursuit
Georges Stanechy, ce qui est à retenir
de la lecture du rapport du FMI c'est le
«constat» de la remarquable réussite, à
l'étonnement des experts eux-mêmes,
portant sur la profonde rénovation en
cours du système économique de l'Iran.
En décembre 2010, les subventions des
prix de l'énergie et des produits
agricoles ont été supprimées. (....) Les
produits pétroliers, électricité, et
blé, en particulier, ont subi une forte
augmentation. Pendant une période
transitoire, le montant économisé est
redistribué aux ménages sous forme d'une
allocation en espèces librement
utilisable aux entreprises pour activer
leur restructuration et leur
modernisation en termes d'économies
d'énergie et aux administrations
publiques pour financer leur
modernisation.»(6)
Les
relations irano-américaines
Dans un article objectif sur les
malentendus américano-iraniens: Franklin
Lamb écrit «L'observateur étasunien que
je suis, a participé à d'innombrables
conférences internationales et a voyagé
dans plus de 70 pays. Mais il n'a jamais
rencontré une société aussi complexe,
évolutive, énergique, industrieuse et
riche en idéalistes chaleureux qui ont
le sens de l'humour et qui aident ceux
qui sont dans le besoin que la société
de la République Islamique d'Iran.
Se trouver en Iran, en ces temps
difficiles, est une expérience
bouleversante car on prend conscience
que les Iraniens et les Etasuniens ont
tant de besoins et d'intérêts communs -
oui, même en ce qui concerne les
croyances religieuses - que les deux
peuples devraient immédiatement
restaurer leurs relations et revenir à
l'époque où 60.000 étudiants iraniens
faisaient leurs études aux Etats-Unis et
où des milliers d'Etasuniens vivaient et
travaillaient en Iran - dans la plus
parfaite harmonie et pour le plus grand
profit de tous. (...) Il n'y a
probablement aucun pays qui soit si
incompris des Etats-Unis que l'Iran. Et
c'est dû presque entièrement à la
politique de diabolisation qui mène à
tout déformer, y compris les parties des
discours du président Ahmadinejad qui
portent sur Israël et les Etats-Unis.
(...)» (7)
Mme Rubin, qui est une ancienne bénévole
de l'Aipac, a fustigé la nomination au
secrétariat de la Défense de Chuck Hagel,
l'ancien sénateur, de concert avec 52
organisations sionistes des Etats-Unis,
le mois passé, parce qu'il s'est
prononcé en faveur d'une relation de
respect et de bienveillance mutuels avec
l'Iran. Les propos de Hagel sur les
sanctions imposées à l'Iran et à la
Syrie sous l'égide étasunienne et sur la
nécessité de reconstruire la confiance
et de normaliser les relations par le
dialogue, sont impardonnables à leurs
yeux. Voilà ce que Hagel a dit à propos
des relations entre l'Iran et les
Etats-Unis: ´´Nous ne devrions pas
mettre des conditions aux pourparlers ni
rejeter toutes les alternatives pour
n'en retenir qu'une seule que nous
'dicterons' à l'Iran´´. (...) Avec les
Etasuniens, les Iraniens parlent le plus
souvent de la nécessité d'améliorer les
relations entre les deux pays ou alors
ils leur demandent comment se passe leur
séjour en Iran et s'ils ont besoin
d'aide ou d'information sur le pays. Les
Iraniens sont naturellement aussi
ouverts que les Etasuniens et à la
différence de beaucoup d'autres pays, il
n'y a aucun sujet tabou.» (7)
«Il y a toutes les raisons du monde pour
que Washington tende la main à l'Iran,
pas seulement en paroles mais en actes.
Le peuple iranien et de nombreux
Etasuniens le désirent ardemment et ce
serait bénéfique pour les deux sociétés.
Les contacts, les visites et les
discussions ouvertes contribueraient à
détendre les relations entre l'Iran et
les Etats-Unis. Et on peut espérer que
les deux peuples finiront par faire
pression sur leurs gouvernements pour
qu'ils oublient le passé et se tournent
vers l'avenir en recréant des liens
d'amitié.» (7)
Ceci va dans le sens de la prise en
compte de l'incontournabilité de l'Iran
comme l'expose Thierry Meyssan dans un
article publié le 26 janvier dernier en
Russie, le nouveau Le Plan de partage du
Proche-Orient sur lequel travaillent la
Maison-Blanche et le Kremlin. «La
nouvelle donne obligerait les États-Unis
à reconnaître enfin le rôle régional de
l'Iran.
Cependant, Washington souhaiterait
obtenir des garanties que Téhéran se
retire d'Amérique latine où il a tissé
de nombreux liens, notamment avec le
Venezuela. On ignore la réaction
iranienne à cet aspect du dispositif,
mais Mahmoud Ahmadinejad s'est d'ores et
déjà empressé de faire savoir à Barack
Obama qu'il ferait tout ce qui est en
son possible pour l'aider à prendre ses
distances avec Tel-Aviv.» (8)
Comment l'Iran s'est imposée sur la
scène internationale? L'explication est
à chercher dans l'endurance de ce pays,
qui a compris qu'il n'y a pas à se
lamenter. Il faut se battre avec les
armes de la science, sa propre richesse
technologique fruit d'une éducation et
d'une recherche de qualité moins la
démagogie. Inspirer le respect est une
question de sueur, de veille, de travail
acharné. L´Occident ne veut pas d´un
Iran développé et toutes les manoeuvres
visent à freiner le développement de ce
pays, pays émergent par excellence et
qui dispose de tous les atouts: une
civilisation plusieurs fois millénaire,
des réserves énergétiques les deuxièmes
plus importantes en pétrole et gaz. En
Iran tout n'est pas rose, loin s'en
faut, les mêmes maux de corruption, de
népotisme, gangrènent la société.
Le fait est là, c'est un pays qui avance
et qui mise sur son intelligence.
Puissent les pays musulmans le suivre
dans cette marche forcée vers le savoir
au lieu de s'installer dans la fatalité
pour le plus grand malheur de leurs
peuples.
1. Le Guide suprême iranien rejette
l'offre de dialogue Le Monde.fr
07.02.2013
2.
http://www.lexpressiondz.com/internationale/169569-l-iran-reitere-ses-droits-sur-le-nucleaire.html
3. http://french.ruvr.ru/2013_02_23/LIran-a-choisi-16-sites-pour-la-construction-des-centrales-nucleaires/
4. Farsnews - Le 1er vol de l´avion de
combat, «la foudre», «made in Iran».05
août 2007
5. Daniel Laurent. Et si l'Iran nous
donnait des leçons en matière
d'enseignement supérieur? Education/
Recherche, jeudi 28 août 2008.
6. Georges Stanechy IMF Country Report
No. 11/241 - Islamic Republic of Iran:
2011 Article IV Staff Report; August
2011
http://www.legrandsoir.info/iran-rapport-fmi-aout-2011.html
7. Franklin LAMB
http://www.legrandsoir.info/les-iraniens-et-l-amitie.html
8.
http://www.alterinfo.net/Obama-et-Poutine-vont-ils-se-partager-le-Proche-Orient_a87127.htm
Professeur Chems eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 27 février 2013 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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