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L'EXPRESSIONDZ.COM
OBAMA ET LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
La quadrature du cercle
Chems Eddine
Chitour
Lundi 23 mai 2011
«Ce n’est pas le peuple du hamburger, né il y
a 200 ans, qui va fixer l’avenir du peuple de l’Eternité!!!»
Dr
Ben-Ari, député à la Knesset, à l’issue du discours d’Obama
Voilà en quels termes est tenue, l’Amérique
comparée à l’Israël biblique suite au discours d’Obama du 19
mai. Pour la deuxième fois, l’oracle s’est adressé urbi et orbi,
notamment aux Arabes. Y a-t-il une avancée dans la perception du
Monde arabe à l’endroit du Monde arabe? Pour Ghassen Charbel du
quotidien Al-Hayat, le président américain a placé la démocratie
dans le Monde arabe au centre de son discours très attendu. Mais
il ne propose toujours pas de stratégie concrète pour résoudre
le conflit israélo-palestinien. «Il y a deux ans, écrit-il,
Barack Obama avait parlé aux Arabes et aux musulmans à partir du
Caire [5 juin 2009]. Il disait sa volonté d’encourager la
démocratie au Moyen-Orient. On le considérait alors comme un
doux rêveur. Car la région avait derrière elle une longue
histoire de refus de la démocratie et de résistance aux vents du
changement. A l’époque, le président égyptien s’appelait Hosni
Moubarak. (...)Jamais il n’aurait cru que son destin allait être
tout autre. Le président tunisien s’appelait Zine El-Abidine Ben
Ali. Personne ne pensait alors qu’il serait possible de
descendre dans la rue pour lancer ce cri ravageur «Dégage!».
(...)» Par ailleurs, il a promis du soutien économique aux
démocraties naissantes en Tunisie et en Egypte, a insisté sur sa
vision d’une Libye sans El Gueddafi, a rappelé au président
yéménite Saleh la nécessité d’une transition au pouvoir et a
haussé le ton vis-à-vis de Bachar El-Assad (...) Le 19 mai,
Obama a tout d’abord parlé de l’importance du Moyen-Orient et de
l’Afrique du Nord pour les Etats-Unis en termes d’économie, de
sécurité, d’histoire et de foi. Concrètement, cela veut dire
pétrole et sécurité des voies commerciales.(...)»(1)
Ghassan Charbel tente de convaincre qu’Obama a été surpris par
la jeunesse arabe, il n’en est rien, ce n’est pas un doux rêveur
car tout a été «programmé» directement ou indirectement pour que
le changement ait lieu, catalysé il est vrai, par un ras-le-bol
endogène comme l’immolation de Bouazizi.
Ce qu’a dit le président à propos de la Palestine
Nous allons rapporter les principaux passages du discours:
«(...) Depuis des décennies, le conflit entre les Israéliens et
les Arabes jette une ombre sur la région. Il fait vivre les
Israéliens dans la crainte que leurs enfants ne soient
pulvérisés par un explosif placé dans un car ou par une roquette
tirée sur leur logement, et dans la douleur de savoir qu’on
apprend à d’autres enfants de la région à les haïr. Il fait
subir aux Palestiniens l’humiliation de l’occupation et de ne
jamais vivre dans un État à eux».(2)
Le président commence par décrire l’angoisse des Israéliens. Pas
un mot des morts et des provocations israéliennes. Petit rappel:
Le dernier carnage à Ghaza; 1400 morts dont 400 enfants, 14
morts israéliens, sans faire dans la concurrence victimaire, on
aurait attendu du président, un juste équilibre. Pas un mot de
reproche quant à la continuation de la colonisation
«(...) Les activités israéliennes d’implantation se poursuivent.
Les Palestiniens se sont retirés des pourparlers. (...) Pour les
Palestiniens, les efforts visant à délégitimer Israël
échoueront. Les actions symboliques destinées à isoler Israël
aux Nations unies en septembre ne vont pas leur créer un État
indépendant. Les chefs palestiniens ne parviendront pas à la
paix et à la prospérité si le Hamas insiste pour suivre le
chemin de la terreur et le rejet. Et les Palestiniens
n’obtiendront jamais leur indépendance en refusant à Israël le
droit à l’existence».(2)
Obama nous informe qu’il est du côté du plus fort et qu’il
s’opposera aux Palestiniens pour tout ce qui viendrait à
délégitimer Israël à qui il reconnaît et à lui seul, la
proximité des valeurs. Lesquelles? «Quant à Israël, notre amitié
est profondément enracinée dans une histoire et dans des valeurs
partagées. Notre engagement envers la sécurité d’Israël est
inébranlable. Nous nous opposerons à toutes les tentatives en
vue d’en faire la cible de critiques au sein des instances
internationales. Toutefois, en raison même de notre amitié, il
importe que nous lui disions la vérité: le statu quo est
insoutenable et Israël doit agir avec audace afin de favoriser
une paix durable. La technologie compliquera la tâche qu’a
Israël de se défendre. (..) Le rêve d’un État juif,
démocratique, est irréalisable dans le contexte d’une occupation
permanente. (...) Ce que l’Amérique et la communauté
internationale peuvent faire, c’est de déclarer franchement ce
que tout le monde sait: toute paix durable met en jeu deux
États, pour deux peuples, Israël en tant qu’État juif et patrie
du peuple juif, et l’État de Palestine en tant que patrie du
peuple palestinien, chaque État jouissant de
l’autodétermination, de la reconnaissance mutuelle et de la
paix. (...) Nous pensons que les frontières d’Israël et de la
Palestine doivent se baser sur les lignes de démarcation de 1967
dans le cadre d’échanges mutuellement agréés, de façon à ce que
des frontières sûres et reconnues soient établies pour les deux
États.(...)(2)
Prenant son courage à deux mains et après plusieurs
circonvolutions de langage, Obama offre à Israël officiellement
la reconnaissance d’un Etat Juif tout en lui recommandant des
méfaits de la technologie dans la main sous-entendue des
Palestiniens. Cette reconnaissance est lourde de sens, cela veut
dire que les Arabes israéliens n’ont pas vocation à rester dans
un Etat juif, à moins de se convertir au judaïsme!!, c’est donc
une autorisation tacite pour une future purification religieuse,
voire ethnique. Au passage, il parle des frontières de 1967avec
des échanges de terre, ceci n’est pas un scoop car ceci a
constitué le menu de toutes les négociations; au contraire, le
président Obama a vidé de sons sens la résolution 242 en parlant
d’échange des territoires. Il est possible qu’Israël a un plan
pour se retirer de tous les territoires inutiles à sa sécurité
et elle gardera les belles terres de Cisjordanie..
«Quant à la sécurité, tout État a droit à l’autodéfense et
Israël doit pouvoir se défendre, tout seul, contre toute menace.
Les dispositions doivent également être assez rigoureuses pour
prévenir toute réapparition du terrorisme, pour empêcher
l’infiltration d’armes et assurer une sécurité efficace aux
frontières. Le retrait complet, par étapes, des forces
militaires israéliennes doit être coordonné avec la prise de
responsabilité par la Palestine de la sécurité dans un État
souverain, non militarisé. La durée de cette période de
transition doit être convenue, et l’efficacité des arrangements
sécuritaires doit être démontrée».(2)
Le président Obama nous apprend que la sixième armée au monde -
qui fabrique ses avions, ses drones, ses canons, ses satellites
ses bombes atomiques- doit pouvoir et a le droit de se défendre
contre des guerriers qui en sont, encore aux arbalètes. Outre
ses moyens propres, la communauté internationale veillera sur
elle. Mieux, l’Etat voisin palestinien doit être démilitarisé,
cela veut dire que l’Etat palestinien démilitarisé ne pourrait
pas avoir ´´d’industrie d’armement, ni conclure des alliances
militaires, ni accueillir des troupes étrangères´´ autres que
celles de l’Otan.
Pour rappel, dans son discours prononcé le 14 juin 2009 à
Tel-Aviv, Benyamin Netanyahu a accepté la perspective d’un Etat
palestinien en l’assortissant cependant de nombreuses réserves,
dont sa démilitarisation. (...) Dans les accords intérimaires
conclus à partir de 1993, les Palestiniens n’avaient été
autorisés à déployer que des forces de police (l’article le plus
complet est le n°XIV des accords dits Oslo II, en septembre
1995) dont l’équipement était détaillé avec précision. L’accord
de 1995 précisait que cette police et l’armée israélienne
seraient les seules sur place: (...) Selon Alex Fishman,
chroniqueur militaire du quotidien israélien Yédioth Aharonoth,
cette disposition disparaîtrait en cas de création d’un Etat
palestinien puisqu’une force internationale serait alors
déployée sur place: ´´six bataillons, 5000
soldats´´,´´parfaitement équipés et armés, sans aucune
restriction, et placés sous commandement américain´´. Selon le
journaliste, Israël proposerait que l’un des six bataillons soit
composé par ses propres soldats. Toujours selon Alex Fishman,
les troupes dédiées à assurer ´´la stabilité de l’Etat et la
sécurité d’Israël´´ (pour protéger les Palestiniens contre
eux-mêmes, si l’on suit bien ce raisonnement) seraient celles de
l’Otan. La police palestinienne resterait dans son format actuel
avec pour mission ´´le maintien de la stabilité intérieure, la
préservation de l’ordre public et la lutte contre le
terrorisme´´. Outre un armement léger, elle pourrait disposer
´´d’hélicoptères non armés, mais pas de chars d’assaut´´. Tous
ces points seraient globalement jugés acceptables par les
négociateurs de l’Autorité palestinienne».(3)
«Je suis conscient que ces mesures, à elles seules, ne vont pas
résoudre le conflit, car il restera deux problèmes déchirants et
névralgiques: l’avenir de Jérusalem, et le sort des réfugiés
palestiniens. Mais en avançant dès maintenant sur les fronts des
territoires et de la sécurité, on disposera d’une fondation pour
résoudre ces deux problèmes d’une manière qui sera juste et
équitable, et qui respectera les droits et les aspirations tant
des Israéliens que des Palestiniens».(2)
La démilitarisation n’est donc pas un scoop, l’Autorité
palestinienne avait déjà accepté cette injonction d’Israël. Nous
le voyons, Obama n’apporte rien de nouveau si ce n’est qu’il
consacre définitivement Israël comme Etat des Juifs, voisin d’un
bantoustan démilitarisé, laissant dans le flou, le problème des
réfugiés et le statut de Jérusalem; pis encore, les efforts de
Mahmoud Abbas sont réduits à néant car Obama a indiqué que les
Etats-Unis s’opposeraient à une déclaration unilatérale d’un
Etat palestinien à l’ONU et que seule la négociation entre les
parties mènera à une solution.
Les réactions
Elles sont nombreuses: l’Union européenne (UE) et le Quartette
applaudissent. L’Iran a critiqué le discours du président
américain. «Le désespoir, les contradictions et les tromperies
sont perceptibles» dans le discours de Barack Obama et «son
soutien à un Etat juif montre clairement la nature raciste de la
politique des Etats-Unis».
Les députés de la droite israélienne se sont montrés indignés,
jeudi soir, après le discours de Barack Obama. Le ministre de
l’Environnement Gilad Erdan (Likoud), a indiqué sur la Chaîne 2
que, selon l’approche d’Obama, les Palestiniens vont recevoir ce
qu’ils demandent sur les frontières avant le début des
négociations. «S’ils ont tout dès le début, ils n’ont aucune
raison de faire des concessions», a déclaré Erdan. (...) La chef
de l’opposition Tzipi Livni, elle, pense que le plan d’Obama est
dans l’intérêt d’Israël, alors que l’impasse diplomatique
qu’elle estime du fait de Netanyahou ne l’est pas.(4)
Israël a rejeté jeudi l’appel du président américain, Barack
Obama, à la création d’un Etat palestinien démilitarisé
s’étendant sur les Territoires palestiniens occupés par Israël
depuis juin 1967. Le Premier ministre israélien, Benjamin
Netanyahu, a exclu aussitôt tout «retrait aux lignes de 1967».
Il a exprimé l’espoir qu’Obama «réaffirmerait des engagements»
américains de 2004 qu’Israël «n’aurait pas à se retirer aux
lignes indéfendables de juin 1967». Concomitamment avec le
discours d’Obama et réitérant sa politique du fait accompli, un
feu vert a été donné jeudi à la construction de 1520 nouveaux
logements dans deux quartiers de colonisation juive à
Jérusalem-Est occupée et annexée.
«Il ne s’agit pas, écrit René Backmann dans une analyse lucide,
à proprement parler d’un progrès spectaculaire: la plupart des
plans de paix proposés à ce jour tiennent la «ligne d’armistice
de 1949» ou la «ligne de démarcation de 1967», avec des
rectifications de tracé dues aux échanges de territoires
acceptés par les deux parties, pour la frontière entre les deux
Etats. Washington ne fait donc, sur la question des frontières,
que mettre à jour explicitement ses positions. (...) Le discours
du Caire, sur ce point, avait été considéré comme un progrès et
une prise de position encourageante par les responsables
palestiniens. Barack Obama y dénonçait en effet le caractère
«illégitime» de la colonisation. Il avait même répété sa
condamnation en constatant que le gouvernement israélien, à
plusieurs reprises, avait fait coïncider l’annonce du
développement ou de la création de nouvelles colonies avec la
présence en Israël de représentants de son administration. Un
quasi-incident diplomatique avait d’ailleurs eu lieu en mars
2010, lorsque l’administration israélienne avait annoncé la
construction de 1600 logements dans une colonie de la périphérie
de Jerusalem au moment même où le vice-président Joe Biden était
sur le point de rencontrer le président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas. Alors que le nombre de colons en
Cisjordanie et à Jerusalem-Est dépasse aujourd’hui 500.000,
cette page semble bel et bien tournée: l’annonce, par le
gouvernement israélien, quelques heures avant le discours
d’Obama, de la construction de 620 nouveaux logements dans la
colonie de Pisgat Zeev, au nord de Jérusalem n’a soulevé, hier,
aucun émoi particulier à Washington».(5)
Se disant l’ami des Palestiniens Ofer Bronchtein, président du
Forum international pour la paix, a une solution, il propose la
même chose avec «une solution équitable et négociée sur la
question des réfugiés, un Etat palestinien démilitarisé et afin
de garantir la sécurité d’Israël pourquoi ne pas envisager
l’entrée de celui-ci dans l’Otan, accepter la proposition
française d’une force internationale à la frontière
jordano-palestinienne et une reconnaissance d’Israël par tous
ses voisins. (...)» (6)
Ceci est nouveau. Israël ne sera jamais inquiété car la Charte
de l’Atlantique Nord stipule que quand un membre est attaqué,
les autres Etats sont tenus de le défendre. Par ailleurs, la
perspective d’une reconnaissance d’un Etat palestinien, en
septembre, par l’Assemblée générale des Nations unies, est
envisagée avec appréhension à Jérusalem et à Washington. On
agite le spectre d’une troisième Intifada si l’Etat de Palestine
est reconnu en septembre à l’ONU. Pourtant on sait qu’un Etat
palestinien «viable» n’est depuis longtemps plus possible.
Devant un Monde arabe tétanisé et qui joue le «sauve-qui- peut»,
les enfants palestiniens continueront à souffrir le martyre du
fait de l’intransigeance incompréhensible d’Israël et d’un
Occident qui ne peut rien lui refuser et qui, ce faisant, leur
dénie le droit de vivre et de grandir sur moins de 20% de la
Palestine originelle.
1.Ghassan Charbel. Obama aime le printemps arabe Al Hayat
20.05.2011
2.Discours du Président Obama. Maison- Blanche: 19 mai 2011
3.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2009/06/23/demilitarisee-la-palestine-sera-tout-de-meme-bien-gardee/23
juin 2009
4.Gil Hoffman et Rebecca Anna Stoil
http://www.israel7.com/2011/05/discours-d%E2%80%99obama-fausse-analyse-naivete-et-solutions-illusoires/
5.http://renebackmann.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/05/20/obama-pour-un-etat-palestinien-en-deux-etapes.html
6.Interview de Ofer Bronchtein, Céline Lussato - Le Nouvel
Observateur. Le 18 mai 2011.
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
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Publié le 23 mai 2011 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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