Politique
Immigration et
politique étrangère de la France:
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Chems
Eddine Chitour
Pr Chems
Eddine Chitour
Lundi 21 mai 2012
«La France est
le seul pays du monde où, si vous
ajoutez dix citoyens à dix autres, vous
ne faites pas une addition, mais vingt
divisions»
Pierre Daninos «Les Carnets du major
Thompson».
A des degrés divers, la campagne des
élections françaises a suscité beaucoup
d'intérêt en Afrique et notamment en
Algérie. C'est bien simple, le débat
Hollande-Sarkozy a été suivi par
beaucoup de téléspectateurs algériens.
C'est donc tout naturellement qu'ils ont
attendu la composition du gouvernement.
Nous avons, a des degrés divers aussi,
accueilli la nomination de personnalités
issues de l'émigration algérienne.
Cependant deux ministères ont fait
l'objet d'une attention particulière, il
s'agit du ministère de l'Intérieur et du
ministère des Affaires étrangères. Nous
allons rapporté en honnêtes courtiers
les appréciations des uns et des autres
Le
ministère de l'Intérieur et des Cultes
Ce ministère régalien est confié à
Manuel Carlos Valls, né à Barcelone en
1962 en Espagne, naturalisé en 1982. Il
a fait des études d'histoire. Député
maire d'Ivry, il fait toute sa carrière
au Parti socialiste. Classé généralement
à l'«aile droite» du Parti socialiste,
il s'inscrit dans la culture et la
démarche de la social-démocratie
allemande et scandinave. Lui-même s'est,
par le passé, défini comme «blairiste»
ou «clintonien», voire «s'inscrivant
dans la lignée de Pierre-Mendès France,
Michel Rocard et Lionel Jospin»
(primaires socialistes de 2011). Il
prône un discours politique
«économiquement réaliste» et dénué de
«démagogie». S'estimant «réformiste
plutôt que révolutionnaire», il souhaite
«concilier la gauche avec la pensée
libérale» Dans «Pour en finir avec le
vieux socialisme... et être enfin de
gauche», il se déclare favorable aux
«quotas» d'immigration (Manuel Valls
Encyclopédie Wikipedia)
Alain Gresh nous propose un condensé de
son parcours et nous décrit M.Walls
comme quelqu'un de déterminé: «Le
problème est que Manuel Valls est sa
propre caricature, même s'il
s'abstiendra, du moins faut-il
l'espérer, d'affirmer comme son
prédécesseur qu'il y a trop de musulmans
en France. C'est tout de même lui qui,
se promenant sur un marché de sa bonne
ville d'Evry, le 7 juin 2009,
interpellait ses collaborateurs: «Belle
image de la ville d'Evry... Tu me mets
quelques Blancs, quelques White,
quelques Blancos!» (...) Nicolas Sarkozy
avait tenté de le débaucher en 2007.
(...) Mais Valls a su faire le bon
choix: rester au PS tout en combattant
tous les principes de la gauche et,
finalement, accéder à un poste où il
pèsera lourd dans les choix
gouvernementaux des prochains mois sur
la sécurité, l'immigration, l'Islam.
Concédons-lui donc le fait qu'il est un
habile politicien, mais mettons entre
parenthèses l'idée qu'il serait de
gauche». (1)
S'agissant de ses positions iconoclastes
au sein du PS, la lettre de Martine
Aubry est édifiante «(...) (...)Si les
propos que tu exprimes, reflètent
profondément ta pensée, alors tu dois en
tirer pleinement les conséquences et
quitter le Parti socialiste.(...) La
discipline n'est pas la police des
idées, mais la condition de la cohésion
et de la réussite d'une équipe. C'est un
moment de vérité. Je te demande de me
faire part de ton choix dans les jours
qui viennent, et d'en assumer toutes les
conséquences pour l'avenir.»(1) «C'est
sur le terrain de la sécurité, poursuit
Alain Gresh, que Valls a voulu se faire
un nom, en montrant que la gauche
pouvait être aussi répressive, voire
plus que la droite. Il a multiplié les
articles et les livres sur le sujet,
dont Sécurité, la gauche peut tout
changer (Editions du Moment, Paris,
2011). Cet ouvrage rend un hommage
appuyé et répété aux forces de l'ordre,
sans jamais évoquer les violences
policières, les jeunes assassinés dans
les quartiers, les procès de policiers
qui débouchent toujours sur des
non-lieux. (...)(1)
Pour Valls, la violence dans nos villes
«augmente de manière constante»depuis
plus de trente ans. Il reprend les
arguments de son ami Alain Bauer,
l'homme qui a imposé à la gauche comme à
la droite le thème de l'insécurité.
(...) Valls n'est pas seulement un
défenseur de la sécurité, mais aussi un
contempteur du communautarisme et un
pseudo-partisan de la laïcité. On ne
compte plus les exemples de ces attaques
contre un soi-disant communautarisme,
c'est-à-dire contre les musulmans, de sa
volonté d'interdire à un Franprix de ne
vendre que des produits halal -
aurait-il interdit des magasins qui ne
vendraient que des produits casher? - à
l'affaire de la crèche Baby Loup et au
licenciement d'une employée qui portait
le foulard. (...)Aucune idée de droite
n'est vraiment étrangère à M.Valls..»(1)
Paradoxalement, dans une tribune publiée
par l'hebdomadaire Marianne, à l'époque
le député-maire socialiste d'Evry,
Manuel Valls estimait qu'il faut «faire
évoluer la loi de 1905 afin de permettre
la construction des lieux de culte à
travers un financement transparent, et
par conséquent public». Une telle
évolution permettrait d'empêcher «les
financements et les moyens de contrôle
de l'étranger». Selon le député PS, la
laïcité ne doit pas être une contrainte
mais une «valeur partagée». Il ne faut
pas, poursuit-il, qu'elle soit «vécue
par les musulmans comme un prétexte pour
empêcher la pratique de la deuxième
religion du pays». Manuel Valls, conclut
Alain Gresh, est aussi signataire d'un
appel indigne appelant à poursuivre les
militants qui prônent le boycott des
produits israéliens. Parmi eux, Stéphane
Hessel ou Alima Boumediene. Que fera le
ministre de l'Intérieur, alors que
plusieurs de ces militants ont été
relaxés par la justice, mais que
certains restent poursuivis? Voici
comment le pourfendeur du
communautarisme parle: «Par ma femme, je
suis lié de manière éternelle à la
communauté juive et à Israël». Imaginons
un responsable français ayant épousé une
femme d'origine algérienne ou marocaine
et disant «Par ma femme, je suis lié de
manière éternelle à la communauté
musulmane et à l'Algérie (ou au Maroc)»
(1)
Pourtant en mai 2006, le jumelage du
camp de réfugiés de Khan Younes à Ghaza
avec la ville d'Evry est renouvelé par
Manuel Valls, et une coopération est
signée en même temps.
En 2007, Manuel Valls était encore
vice-président du groupe d'amitié
France-Palestine à l'Assemblée
nationale. En juin 2007, Valls publie en
plus un communiqué de presse soutenant
la population de Ghaza. Il y condamne
«l'immobilisme et l'attentisme lâche
d'une communauté internationale» et
dénonce les conditions dramatiques dans
lesquelles vivent les habitants. (2)
Il vient que Walls ne pourra pas ne pas
suivre une politique de contrôle de
l'immigration, et comme il l’annonce
lors de la passation avec Claude Guéant
:: « Il n’y aura Ni angélisme, ni
chiffre». La finalité sera la même ,
endiguer l’immigration illégale et
proposer d’une façon plus humaine des
reconductions à la frontière .
La
politique étrangère
Que va être la nouvelle politique de la
France? Il est vrai que la politique
étrangères de de Gaulle a été
graduellement abandonnée notamment sous
l’ère Sarkozy, où elle a reçu un coup
d’accélérateur avec le retour au bercail
de l’Otan, de la France, qui a perdu ce
faisant sa liberté d’action, si ce n’est
en étant que vassal de l’empire. Pour
Issa el Ayoubi, la France a perdu en
termes de prestige: «Durant le
quinquennat de Nicolas Sarkozy, la
France a perdu en Afrique et au
Moyen-Orient le prestige dont elle
jouissait. C'est pourquoi tous ceux qui
aiment ce pays s'interrogent: le
changement promis par François Hollande
s'appliquera-t-il à la politique
étrangère? Dans un éditorial que nous
reproduisons, le quotidien syrien Al-Watan
affirme que oui. Le leader socialiste
juge aussi durement les États de la
région que son prédécesseur mais, fidèle
à ses principes, il devrait rompre
l'Alliance obscène du «pays des Droits
de l'homme» avec les dictatures
religieuses du Golfe. Les Français se
sont rebellés contre la manière dont
Nicolas Sarkozy gouverne, bien éloignée
de la démocratie. (...) Beaucoup
s'insurgent contre son néocolonialisme,
tel qu'ils l'ont vu en Syrie, en Libye
et en Côte d'Ivoire. Ils déplorent des
ingérences qui, quelles que soient leurs
justifications humanitaires, sont un
retour au colonialisme d'antan, qui plus
est, au service de l'Empire états-unien.
Cette politique n'a apporté à la France
que davantage de soumission et de crises
sociales. En outre, elle place la France
en confrontation avec des forces
émergentes dans le monde au lieu de
coopérer avec elles. Même s'ils n'ont
pas critiqué les ingérences françaises,
tous les autres candidats ont reproché à
Nicolas Sarkozy son alliance
contre-nature avec les courants
religieux extrémistes animés par
l'Arabie Saoudite et le Qatar. Ils se
sont tous inquiétés de la montée de cet
intégrisme de l'Atlantique au Golfe
arabo-persique». (3)
«Le candidat favori, le socialiste
François Hollande, a maintenu un flou
artistique sur sa politique à l'égard de
la Syrie, mais l'école idéologique et
stratégique dont il est issu lui
interdit de poursuivre la politique du
tandem Sarkozy-Juppé, de vassalisation
dans le Nouvel Ordre mondial. Hollande
conçoit la Russie et la Chine comme des
partenaires nécessaires et non pas comme
des adversaires. (...) il considère que
des interventions militaires
intempestives, loin d'améliorer les
choses, ne font souvent que les empirer.
(...) Hollande estime qu'il n'est pas
possible d'instaurer de démocraties dans
le Monde arabe tant que les régimes
saoudien et qatari y exercent une
influence. Selon lui, il convient en
priorité de réformer la structure
politique des monarchies du Golfe.(..)
Il n'y a aucun doute que la politique
française dans cette région va changer.
(...) Néanmoins, ce changement de cap ne
sera pas suffisant pour que la France
retrouve son influence dans le Monde
arabe tant les dégâts de l'ère Sarkozy
sont considérables.» (3)
«Avec l'Afrique nous devons avoir un
partenariat d'égal à égal», a affirmé le
nouveau chef de la diplomatie française,
Laurent Fabius, en prenant ses
fonctions. La France veut trouver un
nouvel équilibre dans ses relations avec
l'Afrique, dans un «partenariat d'égal à
égal» et plus à l'écoute des sociétés
civiles, en accord avec l'engagement du
président François Hollande de rompre
définitivement avec la «Françafrique».
«Avec l'Afrique nous devons avoir un
partenariat d'égal à égal», a affirmé
jeudi le nouveau chef de la diplomatie
française. Donc nous traiterons avec nos
partenaires africains d'une façon tout à
fait ouverte, démocratique», a assuré M.
Fabius,. (....) Le «ministre délégué au
Développement», le jeune député européen
du parti Europe Ecologie-Les Verts,
Pascal Canfin, a déclaré jeudi à l'AFP:
«Nous voulons mettre en oeuvre une
politique davantage tournée vers la
société civile des pays du Sud.» «Nous
allons faire en sorte que la politique
française d'aide au développement
poursuive bien une politique de
développement soutenable». L'aide
française au développement ne
représentait en 2011 que 0,46% de la
richesse nationale du pays, soit bien
loin de l'objectif de 0,7% en 2015. (4)
S'agissant du Maghreb, les premières
positions que prendra François Hollande
sur des sujets tels que l'Union pour la
Méditerranée (UpM) seront attendues avec
intérêt feint par les capitales du
Maghreb. En effet, un an après le
«printemps arabe» et les transformations
qu'il a enclenchées, la question de la
nature du partenariat entre la France et
le Maghreb mérite d'être posée. (...)
Les législatives qui s'annoncent doivent
être l'occasion d'affirmer avec force
les principes de tolérance et de respect
de l'autre auxquels François Hollande a
dit adhérer tout au long de sa campagne.
C'est là un message attendu de la part
des Maghrébins dans leur ensemble, qui
ont tous un cousin, un frère ou une
tante qui vit et travaille en France, et
qui nourrissent des craintes quant à la
pérennité de leur séjour. Au-delà des
symboles - qui ont certes leur
importance - François Hollande sera
aussi attendu sur les grands sujets de
politique étrangère qui lient la France
au Maghreb. Pour l'Algérie, c'est la
question lancinante de la réconciliation
mémorielle qui sera au coeur de l'agenda
bilatéral. (...) En tant que premier
secrétaire du PS, il a eu, à plusieurs
reprises, l'occasion de se rendre au
Maghreb et d'en rencontrer les
principaux acteurs politiques et
économiques, voire les chefs d'Etat. (5)
Le problème syrien sera aussi un dossier
sur lequel la position de la France sera
attendue. Même si Laurent Fabius a
condamné sans appel Bachar El Assad,
assassin de son peuple, les choses
semblent évoluer surtout avec
l'apparition du terrorisme d'Al Qaîda en
Syrie. «Nous pensons tous qu'une
solution pacifique et une transition
politique sont préférables en Syrie,
nous sommes tous profondément inquiets
de la violence qui s'y déroule, des vies
perdues», a déclaré M.Obama, qui ouvrait
les travaux de la seconde journée du
sommet du G8 à Camp David le 19 mai
2012. Pour autant, les acrobaties
«diplomatiques» de Juppé ne pouvaient
durer. Plusieurs mois d'une guerre,
encore plus destructrice contre Bachar
al Assad n'a pas débouché malgré les
pressions occidentales sur un scénario à
la libyenne. De plus, les probables
débordements du conflit, et
l'élargissement dans cette zone si
sensible amènent à évaluer la stabilité
des pétromonarchies, qui jugulent encore
les printemps chez elles, le problème
palestinien toujours d'actualité.
S'agissant du problème palestinien,
souvenons-nous de l'appel des ténors du
Parti socialiste: «Nous romprons avec
l'indulgence excessive du gouvernement
français envers le pouvoir israélien à
qui nous dirons qu'il devra quitter
rapidement les territoires colonisés.»
le «gratin» diplomatique du parti
(essentiellement les anciens ministres
Hubert Védrine, Catherine Trautmann,
Alain Richard et Elisabeth Guigou ou
encore Henri Weber, Pouria Amirshahi et
Laurent Baumel), le texte définitif a
été rédigé par Laurent Fabius et
Jean-Christophe Cambadélis, amendé et
voté par quelque 60.000 militants du
parti. L'appel de septembre 2011 pour
que le gouvernement de Sarkozy
reconnaisse un Etat palestinien à l'ONU
a été signé par les ministres suivants:
Jean-Marc Ayrault, Laurent Fabius,
Aurélie Filipetti, Geneviève Fioraso,
Marylise Lebranchu, Arnaud Montebourg,
Pierre Moscovici, Michel Sapin,
Christiane Taubira, Marisol Touraine. Et
le Président François Hollande.(6)
S'agissant enfin, de la Turquie, le
quotidien Hürriyet a publié hier 5 mai
des extraits d'un courrier signé
François Hollande, envoyé à la
représentation des Turcs de France.
«Soyez certains que moi et les
socialistes nous sommes fort attachés
aux liens franco-turcs». «C'est triste
de voir que nos deux pays se soient
éloignés. L'Europe, qui a accepté
d'entamer les négociations d'adhésion à
part entière de la Turquie, reste fidèle
à ses principes «réunir les différents
peuples, cultures et croyances. Si la
Turquie veut faire partie de l'Europe,
cela prouve en effet qu'elle veut se
moderniser.»
Wait and See , c’est ce que les
concernées à des degrés divers , sont
amenés à adopter avec l'espoir d'un réel
changement qui respecte les peuples.
1. Alain Gresh
http://blog.mondediplo.net/
2012-05-16-Vous-avez-aime-Claude-Gueant-Vous-adorerez-Manuel
2.
www.europalestine.com/spip.php?aricle2667
3. Issa el
Ayoubihttp://www.voltairenet.org/
La-politique-etrangere-de-la
4.
http://www.lexpressiondz.com/internationale/153874-paris-%C2%ABveut-r%C3%A9%C3%A9quilibrer-ses-relations-avec-l'afrique%C2%BB.html
5.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/553646-politique-etrangere-ce-qu-attend-le-maghreb-de-francois-hollande.html
6.www.assemblee-nationale.fr/13/
propositions./pions.3779.asp
Professeur
Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 21 mai
2012 avec l'aimable autorisation de
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