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Opinion

Le nouveau Pape François :
Une rupture salutaire avec la monarchie papale ?
Chems Eddine Chitour


© VINCENZO PINTO / AFP

Samedi 16 mars 2013

«Je nourris un pauvre et l'on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir et l'on me traite de communiste»
Dom Helder Camara

«Habemus Papam», «Nous avons un pape», le 13 mars, la communauté du milliard de chrétiens a un nouveau pasteur en la personne du cardinal Jorge Bergoglio. Ce fut un moment de stupeur dans la foule qui attendait religieusement sur la place Saint-Pierre et aussi des millions de téléspectateurs qui ont vu en direct ce pape et écouté ses premiers mots. Il faut dire que c'est la première fois depuis 741 que l'église élit un pape qui ne soit pas européen. Il faut en effet remonter à saint Grégoire III, né en Syrie en 690 et pape entre 731 et 741, pour trouver un pape non-Européen. On le voit la Syrie exsangue et qu’on veut à tout prix « irakiser » selon Bush ou « lybianiser » selon le tandem diabolique Cameron- Sarkozy, voire le suivant Cameron- Hollande a participé à l’aventure humaine en donnant un de ses fils pour guider les Chrétiens. Avant Grégoire III, un certain nombre de papes avaient été issus de l'Afrique et du Moyen-Orient, comme le premier de tous, Pierre, né à Bethsaïde en Galilée et devenu pape en l'an 33.

Ce fut un cri de liesse de la foule et rapidement les médias ont adoubé ce nouveau pape. Elu à la fois comme un homme d'Etat, mais aussi comme un homme d'Eglise, nous avons vu en direct, pendant près d'un mois ce que peuvent être les dérives d'une religion censée suivre le sacerdoce du Christ qui laissa cette fameuse parabole: «Il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.»

L'Eglise, est devenue aujourd'hui, un condensé d'une dérive monarchique alliant le temporel au spirituel creusant de plus en plus le fossé qui l'éloigne des croyants. Mutatis mutandis, c'est la même dérive que nous constatons dans les deux autres religions monothéistes: le judaïsme et l'islam politiques.

Pour illustrer le clinquant et le m'as-tu-vu, l'écrivaine Joumana Haddad écrit: «Cher pape, Je suis sûre que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je vous parle de façon aussi simple puisque Jésus, votre modèle, dont vous êtes censé répandre les opinions et les paroles, était un homme d'une grande humilité. Je ne suis pas dupe de vos lunettes de soleil Gucci, de vos robes dorées, de vos tiares étincelantes et de votre style de vie luxueux: après tout, vous avez fait voeu de pauvreté (...) Savez-vous que le Vatican dépense 14 millions de dollars [10,83 millions d'euros] par an pour entretenir le palais dans lequel vous vivez alors que 16.000 enfants meurent de faim chaque jour dans le monde? Savez-vous que la banque du Vatican est le principal actionnaire de Pietro Beretta, le plus grand fabricant d'armes du monde (...) Croyez-le ou non, le Vatican a récemment chargé Sylvana Casoli, la parfumeuse des célébrités - elle a créé des fragrances pour Madonna et Sting, entre autres -, de créer une eau de Cologne pour vous! Avez-vous déjà vu le slogan: «Vendons le Vatican, nourrissons le monde»? Je peux vous dire qu'il a pas mal de succès.» (1)

Qui est ce pape du bout du monde?


L'archevêque de Buenos Aires est connu comme une personnalité simple, quelque peu austère, mais surtout proche du peuple. En 2009, il déclare que la pauvreté est «une violation des droits de l'homme», rapporte La Croix. Le quotidien La Croix raconte qu'il a délaissé la somptueuse résidence des archevêques à Buenos Aires pour un petit appartement situé près de la cathédrale. Il se lève à 4h30 du matin, termine sa journée à 21 heures, n'a pas de voiture et se déplace en transports en commun. Selon ses proches, l'homme est resté «très humble» et «garde un profil bas». Le quotidien britannique The Guardian le présente comme un modéré, de tendance réformiste. Parmi ces prises de position, il a critiqué, en septembre 2012, les prêtres refusant de baptiser les enfants nés hors mariage, les qualifiant d'«hypocrites». «Sur le plan social, il est probablement très ouvert, mais conservateur sur les questions de moeurs», explique le vaticaniste Bruno Bartoloni. (...)» (2)

«C'est un homme irréprochable» lit-on dans le journal l'Orient le Jour. Un mode de vie qui s'inscrit parfaitement dans la lignée de François d'Assise (1182-1226), La référence à St François d'Assise, «c'est un grand symbole d'humilité. C'est l'Eglise modeste, c'est l'Eglise nue. C'est intéressant à un moment où on reproche à l'Eglise un certain faste, une certaine arrogance», juge, de son côté, Philippe Clanché, chargé des questions religieuses à Témoignage chrétien, hebdomadaire catholique français marqué à gauche. (3)

La face controversée de Jorge Bergoglio

Il est simple, il aime les pauvres... Cependant, rapidement, des bémols se font entendre, notamment pour son rôle controversé pendant les années de plomb sous la dictature du général Videla dans les années 1970-1980; Jorge Bergoglio, supérieur provincial des jésuites de Buenos Aires pendant la dictature militaire (1976-1983), a été accusé en 2005 d'avoir dénoncé deux de ses confrères qui ont été enlevés et torturés. L'Eglise d'Argentine sous la dictature, est en effet accusée de passivité, voire de complicité.

Lors du procès de l'Esma [le plus grand centre de torture de la dictature], Jorge Bergoglio [alors président de la conférence épiscopale de Buenos Aires] a déclaré par écrit, concernant l'enlèvement d'Orlando Yorio et de Francisco Jalics, que ses archives ne renfermaient aucun document sur les enlèvements et disparitions. Si Eugenio Pacelli (Pie XII) a reçu des fonds des services de renseignement américains pour soutenir la Démocratie chrétienne et faire obstacle à la victoire des communistes pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, et si Karol Wojtya (Jean-Paul II) a été le premier à lutter pour la chute du mur de Berlin, le pape argentin pourra en faire autant à l'échelle latino-américaine ».(4)

Pourtant les signes extérieurs de son sacerdoce , le rapprochent aussi davantage de Don Helder Camara qui mangeait dans des gargotes populaires plutôt que de Ratzinger qui prend l'hélicoptère pour franchir les 26 km séparant le Vatican de sa résidence à Castel Gondolfo.

Les "vrais suivants" de François d'Assise


L'empathie avec les pauvres et les faibles devrait être la vertu cardinale de l'Eglise. «Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille» disait le Christ qui témoignait d'une grande sollicitude pour les pauvres et les affligés. François d'Assise (Giovanni di Pietro Bernardone) (entre 1181 et 1182 - 3 octobre 1226), est un catholique italien, fondateur de l'Ordre des Frères mineurs (o.f.m): ordre franciscain caractérisé par la prière, la joie, la pauvreté, l'évangélisation et le respect de la création. Après une jeunesse tumultueuse, il fit, dit-on, la dolce vita avant de s'assagir rappelant étrangement le parcours de saint Augustin. Il décide alors d'«épouser Dame Pauvreté», se consacrant à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône. Il est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX

Une autre facette de François d'Assise est sa dimension écologiste avant l'heure. La proposition de prendre François d'Assise comme modèle a été faite par Lynn White, professeur (Stanford, Princeton, UCLA). Lynn White, s'en prend à la tradition judéo-chrétienne, pensant que cette tradition a incité à l'exploitation du monde naturel, et cela pour les raisons suivantes: La Bible affirme la domination de l'homme sur la nature (Gn 1, 28: emplissez la terre, soumettez-la, dominez sur les poissons, les oiseaux,... tous les animaux). Elle fait une différence entre l'homme (formé à l'image de Dieu) et le reste de la création qui n'a ni âme, ni raison et se trouve donc dans un statut inférieur. (...) Il faut abandonner, écrit Lynn White, les attitudes supérieures, méprisantes qui nous font user de cette terre pour nos plus petits caprices. Il en vient alors à suggérer d'adopter François d'Assise comme modèle pour promouvoir une démocratie' de la création dans laquelle toutes les créatures seraient respectées et l'autorité de l'homme sur la création serait délimitée.(5)

A la suite de François d'Assise, il est plus facile d'accepter justement le sacerdoce de Dom Helder Camara, un religieux des pauvres né le 7 février 1909 à Fortaleza au Brésil et mort le 27 août 1999 à Recife. C'est un évêque catholique brésilien, archevêque d'Olinda et Recife de 1964 à 1985. Défenseur des droits de l'homme au Brésil et une des figures de la théologie de la libération en Amérique latine, il s'engage aux côtés des plus pauvres. À peine nommé évêque de Recife, Helder Câmara décide de quitter les lambris de son palais épiscopal pour s'installer dans une modeste maison au coeur des bidonvilles de sa ville (...) Son engagement lui valut bien des critiques de la bourgeoisie brésilienne».(6)

Tant Wojtyla que Ratzinger, qui partageaient le luxe de la curie romaine, ont par ailleurs, condamné la théologie de la libération, née en Amérique du Sud, dont Don Helder Camara était la figure de proue. Cette théologie prônait l'engagement non violent du clergé en faveur des pauvres et de la justice sociale, ce qui déplaisait aux gouvernements capitalistes dont le riche Vatican préférait s'accommoder. Jean XXIII fut aussi un pape des pauvres. Un autre religieux, qui méritait le titre de «Vicaire du Christ» aurait été l'abbé Pierre et sans doute d'autres inconnus, sans oublier l'exemple des religieuses comme mère Thérésa
«Pour Agoravox, le bon Pape Jean XXIII s'était montré le digne héritier de la parole du Christ par ses nombreuses visites aux pauvres et aux malades et par ses encouragements aux prêtres ouvriers que ses successeurs ont lâchement abandonnés pour s'intéresser aux riches congrégations formant des soldats du Christ dans un rigorisme confinant à l'étroitesse d'esprit et dont le promoteur, porté aux nues par Jean-Paul II, a dû être écarté par Benoît XVI quand il fut au centre d'un des pires scandales de l'Église.»(7)

François d'Assise et la rencontre avec le sultan El Kamil

L'institution d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'Islam sunnite, espère entretenir de meilleures relations avec le Vatican sous le nouveau pape, que sous Benoît XVI. «Nous espérons de meilleures relations avec le Vatican après l'élection du nouveau pape, pour le bien de l'humanité toute entière», a déclaré, à l'AFP, Mahmoud Azab, conseiller du grand imam d'Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, pour le dialogue interreligieux.

Dans Témoignage chrétien, hebdomadaire français, Philippe Clanché, journaliste chargé des questions religieuses, revenait sur le choix du nom de François, par le nouveau pape, rappelant que François d'assise est, notamment, le symbole du dialogue avec l'Islam. Il a été le premier personnage occidental à aller rencontrer le sultan. A l'époque où l'Occident chrétien était en guerre avec l'Islam.

L'histoire de cette rencontre entre François d'Assise et le sultan El Kamil est rapportée par Saint Bonaventure qui a écrit sur la vie de François et approuvé en 1266 par l'Ordre des Frères mineurs (ofm). «Nous sommes en 1219. S'exposant avec courage aux dangers de tous les instants, François voulait se rendre chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l'une à l'autre.. (...) S'étant adjoint pour compagnon frère illuminé, homme d'intelligence et de courage, il s'était mis en route traversant la mer et se retrouvant dans le pays du sultan. Quelques pas plus loin, ils tombaient dans les avant-postes des sarrazins, et ceux-ci, plus rapides, se précipitèrent sur eux. (...) ils les amenèrent, en présence du sultan.»(8)

«Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir; avec sa belle assurance, François répondit qu'il avait été envoyé d'au-delà des mers non pas par un homme, mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l'Évangile qui est la vérité. (...) Témoin en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l'écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui. Il offrit à François de nombreux et riches cadeaux que l'homme de Dieu méprisa comme de la boue: ce n'était pas des richesses du monde qu'il était avide, mais du salut des âmes. «Il semble, souligne Albert Jacquard (Le Souci des Pauvres, éd. Flammarion, 1996) que le sultan n'oublia pas le sourire de François, sa douceur dans l'expression d'une foi sans limite. Peut-être ce souvenir fut-il décisif lorsqu'il décida, dix années plus tard, alors qu'aucune force ne l'y contraignait, de rendre Jérusalem aux chrétiens. Ce que les armées venues d'Europe n'avaient pu obtenir, l'intelligence et la tolérance de Malik al-Kamil permettraient à l'Islam de l'offrir. Sans doute le regard clair de François avait-il poursuivi son lent travail dans la conscience de cet homme ouvert à la pensée des autres.» (8)

Les dossiers difficiles qui attendent le pape François

«La réforme de la Curie romaine, lit-on sur le site «la dépêche.fr» sera, sans nul doute, la priorité du nouveau pape. Derrière les murs du Vatican opérait ainsi un réseau de corruption, de népotisme et de favoritisme. (...) Au-delà de la corruption de la Curie, le nouveau pape devra définitivement régler les affaires de pédophilie qui ont entaché l'Église ces dernières années. Les affaires de pédophilie posent en tout cas la question du célibat des prêtres et de leur mariage. La sécularisation de la société, notamment en Occident, conduit à une baisse du nombre de catholiques pratiquants et à une baisse du nombre de prêtres. Parmi les autres questions de société qui touchent à la vie interne de l'Église, François aura à aborder l'accès des femmes au sacerdoce. Enfin, François va devoir adopter la bonne attitude sur les avancées techniques et scientifiques, qui menacent par essence les dogmes de l'Église.»(9)

«Dans un monde réduit à l'expression du village global, l'Église catholique ne peut pas ne pas dialoguer avec les autres religions au premier rang desquelles l'islam. Ce dialogue interreligieux a été entamé par Jean-Paul II. Benoît XVI, le théologien, a poursuivi plus
maladroitement le dialogue interreligieux. Dernier grand défi pour le pape François, celui de la place des catholiques dans la chrétienté. L'adaptation des liturgies catholiques aux réalités locales pose de plus en plus problème. Des milliers de catholiques se tournent vers le pentecôtisme,(...) ces mouvements pèsent presque un quart de la chrétienté.(9)

Si le nouveau pape veut contribuer réellement à la paix du monde, d'autres chantiers l'attendent, il ne sera pas question de prosélytisme comme annoncé car cela promet des tensions interrligieuses. Le dialogue avec les autres spiritualités interrompu sous l’ère Benoit XVI est attendue. Enin, il aura à se pencher sur le calvaire du peuple palestinien sans terre, et celui de la Syrie démantelée. Il lui faudra et aussi beaucoup d’énergie pour combattre le money-théisme seule vraie religion qui lamine les peuples. Nous avons un préjugé favorable envers le pape François, on rapporte qu’au deuxième jour de son élection, il est passé avec son chauffeur à son hôtel pour régler sa note d’hôtel –en tant que cardinal- et prendre ses bagages. C’est assurément un bon signe avec le clinquant choquant de l’Eglise sous les deux derniers pontificats

1. Joumana Haddad dans http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/160472-les-chretiens-d-orient-veulent-rester-arabes.html

2.http://french.feeder.ww7.be/spip.php?site=597&debut_syndic=950

3.www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/805239/Pourquoi_Francois.html

4.Horacio Verbitsky Jorge Bergoglio n'est pas le pape des pauvres Página 12.14.03.2013

5.http://cdurable.info/Francois-d-Assise-Patron-des-ecologistes,1741.html

6.Dom Heder Camara: Encyclopédie Wikipédia

7.http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/enfin-un-pape-chretien-132342

8.http://www.franciscain.org/pages/rencontre_avec_le_sultan.html

9.http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/14/1582181-francois-ier-les-5-dossiers-difficiles-qui-l attendent.html#xtor=EPR-1


Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Publié le 16 mars 2013 avec l'aimable autorisation de l'auteur

 

 

   

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Source : Le blog de l'auteur
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