Afrique
Prix Nobel de
littérature 1999 :
Gunter Grass dit ses vérités à Israël
Chems
Eddine Chitour
Pr Chems
Eddine Chitour
Jeudi 12 avril 2012
«Comment
voulez-vous négocier avec les Israéliens
les territoires qu'ils ont spoliés?
C'est comme si vous décidiez du partage
d'une pizza pendant qu'Israël mange la
pizza»
Un négociateur palestinien
Une faute impardonnable! Günter Grass Le
prix Nobel de littérature 1999 publie
un poème le 4 avril où il dénonce la
volonté d'Israël de frapper l'Iran d'une
façon préventive en raison de ses
activités nucléaires. Pour le journal Le
Monde que nous avions connu autrement
plus «honnête» dans l'appréciation
objective des évènements du Monde, c'est
un énorme scandale. Le scandale étant
étymologiquement « l’obstacle, le
caillou ». De quel obstacle parle le
Monde ? Celui d’une dérive de la morale
? de l’éthique ? Nous sommes d’accord
sur la définition sauf que ce qui fait
scandale c’est le sort des Palestiniens
et l’autisme de l’Occident qui n’arrvie
même pas à faire entendre raison à
Israël sur des problèmes de droits
humains. Pour preuve ? la dernière
requête de l’ONU concernant une enquête
sur la colonisation. Que voulez vous
qu’il arriva ? Ce fut Ban Ki Moon qui
s’agite frénétiquement sur l’affaire
syrienne et qui, étrangement est aphone
s’agissant du droit des Palestiniens.
Le journal Libération nous rapporte « le
scandale de Gunter Grass »: «Il s'est
attiré de violentes accusations
d'antisémitisme avec ce poème en prose
intitulé «Ce qui doit être dit», paru
dans le grand quotidien de Munich
Süddeutsche Zeitung. Il y dénonce un
«prétendu droit à attaquer le premier»,
faisant allusion à l'éventualité de
frappes préventives israéliennes contre
Téhéran, soupçonné de développer du
nucléaire militaire malgré ses
dénégations. Le Nobel de littérature
1999 affirme que ce projet pourrait
mener à «l'éradication du peuple
iranien». Grass, qui jouit d'une grande
autorité en Allemagne, évoque «cet autre
pays, qui dispose depuis des années d'un
arsenal nucléaire croissant - même s'il
est maintenu secret», qui bénéficie de
livraisons de sous-marins nucléaires qui
pourraient rendre les Allemands, «déjà
suffisamment accablés», complices d'un
«crime prévisible». (1)
«L'Allemagne et Israël ont conclu en
2005 un contrat de vente de sous-marins
conventionnels de type Dolphin, dont un
sixième exemplaire doit être livré
prochainement. Ces sous-marins peuvent
être équipés d'armes nucléaires. Grass
dénonce un «silence généralisé» sur
cette question, qu'il qualifie de
«mensonge pesant» parce que «le verdict
d'antisémitisme tombera automatiquement»
sur qui le rompra. «Pourquoi ne dis-je
que maintenant (...) que la puissance
atomique d'Israël menace la paix
mondiale déjà fragile? «, s'interroge
Grass».
Ce fut un tollé général. Le représentant
israélien a regretté que l'Etat hébreu
soit «le seul pays au monde remis en
cause publiquement dans son droit
d'exister», et a assuré que les
Israéliens «voulaient vivre en paix avec
leurs voisins de la région». (1)
Pour Broder, Grass est «l'archétype de
l'érudit antisémite», de l'Allemand qui,
est «poursuivi par la honte et le
remords». «Jamais dans l'histoire de la
République fédérale, un intellectuel
renommé ne s'en est pris avec autant de
clichés à Israël», a renchéri
l'hebdomadaire Der Spiegel dans son
édition en ligne. (...) En 2006, Günter
Grass, connu pour ses positions de
gauche, avait admis avoir fait partie
des Waffen SS dans sa jeunesse, lui qui
renvoyait souvent l'Allemagne à son
passé nazi et dont un des livres le plus
connus, Le Tambour, est résolument
contre la guerre. (1)
«Jamais dans l'histoire de la République
fédérale, un intellectuel renommé ne
s'en est pris avec autant de clichés à
Israël», a renchéri l'hebdomadaire Der
Spiegel dans son édition en ligne.
Le président de l'association
israélienne des écrivains de langue
hébraïque a appelé mardi ses confrères à
travers le monde à dénoncer les prises
de position «immorales» du prix Nobel de
littérature allemand Günter Grass, qui a
critiqué la politique d'Israël
concernant l'Iran.
«Nous sommes heurtés par les prises de
position honteuses et immorales de
Günter Grass qui visent à délégitimer
Israël et le peuple juif, et appelons
les écrivains à travers le monde à les
dénoncer», a affirmé à l'AFP Herzl Hakak.
On le voit on tire à vue sur tout ce qui
peut remettre en question, le bien fondé
de l’action d’Israël qui –au nom d’une
faute originelle de cet Occident- doit
toujours avoir raison Souvenons-nous,
pour notre part de l'ostracisme de tous
ceux qui ne sont pas aux petits soins
avec l'Etat d'Israêl. A titre d'exemple,
la grande journaliste américaine Helen
Thomas, qui avait «couvert» tous les
présidents depuis Kennedy, bénéficiait
d'un statut particulier à la
Maison-Blanche, un siège lui étant même
réservé au premier rang de la salle de
briefing. A l'occasion de la Journée de
célébration de l'héritage juif à la
Maison Blanche, Thomas, interrogée sur
la situation en Israël, avait déclaré:
Ils (les Juifs d'Israël) devraient
foutre le camp de Palestine. N'oubliez
pas que ces gens (les Palestiniens) sont
occupés et que c'est leur terre. Ce
n'est pas l'Allemagne ou la Pologne.
(...) Ils devraient retourner chez eux.
En Pologne, en Allemagne.. Aux
États-Unis et partout ailleurs.» Ce fut
là aussi le scandale, tout le monde lui
est tombé dessus. Elle fut remerciée et
devint progressivement invisible dans
les médias.
Cet Iran
diabolisé mérite-t-il d'être attaqué?
Nous nous souvenons
comment les propos d'Ahmadindjad furent
déformée à dessein; «Israël lui fait-on
dire, doit être rayé de la carte».
Personne n'a vérifié la traduction
exacte de son discours en persan.
L'occasion était trop bonne de désigner
à la vindicte publique occidentale celui
qui menace «un petit pays qui ne demande
qu'à vivre en paix». Les termes exacts
qu'aucun média occidental n'a voulu
reprendre pour la vérité sont: «Comme
l'a dit l'imam Khomeiny, le régime
israélien doit disparaître des pages du
temps». Nous le voyons, il ne s'agit
nullement d'un «holocauste» mais du
régime installé en Israël. Les juifs
pour leur part vivent en paix, ont même
un député au Parlement iranien et ne
songent pour leur grande majorité
nullement à émigrer en Israël malgré
toutes les sollicitations pour une «Alya».
La vérité est que le petit David dispose
de 300 têtes nucléaires contre un
Goliath avec des arbalètes.
Pour justement, dire quelque mots des
religions en Iran, écoutons le
professeur Pierre Piccinin nous parler
des chrétiens iraniens: «Dans un article
intitulé «SOS Chrétiens» et publié dans
Le Point et La Libre Belgique, le
philosophe français Bernard-Henri Lévy
incrimine l'Iran, pays où «les derniers
catholiques, malgré les dénégations du
régime, (...) sont, en pratique,
interdits de culte». Il y apparaît
clairement, d'une part, que le souci de
Monsieur Lévy est, en évoquant les
récentes attaques qui ont visé les
Chrétiens au Moyen-Orient, de
discréditer l'Islam et, d'autre part,
que ses «informations» concernant l'Iran
sont en tous points erronées, puisque
les communautés chrétiennes, dans ce
pays, jouissent en réalité d'une
complète liberté de culte, comme nous
avons pu le constater lors de notre
présence en Iran, en juillet dernier.
Ceux qui colportent des «informations»
contraires ou bien ne connaissent pas la
réalité du terrain et ne savent pas de
quoi ils parlent, ou bien,
volontairement, désinforment l'opinion
en propageant des mensonges de manière
éhontée. Dans les deux cas, ils
participent à la diabolisation de
l'Iran, leitmotiv du moment, par une
manipulation qui confine à la
propagande, dans le contexte
international que l'on sait. (...) Tout
récemment encore, une cinquantaine de
Chrétiens syriaques catholiques étaient
massacrés dans leur cathédrale, à
Bagdad.» (2)
«En revanche, parmi ces Etats musulmans,
l'Iran fait figure d'exception. Bien que
République islamique, l'Iran n'a en
effet aucune politique d'hostilité à
l'égard des Chrétiens et abrite
d'ailleurs de vastes communautés
chrétiennes: un peu plus de deux cent
cinquante mille Chrétiens,
majoritairement catholiques arméniens, y
vivent en sécurité et pratiquent
ouvertement leur religion, à condition
de ne pas faire de prosélytisme. C'est
ce que nous avons pu constater, il y a
quelques mois, à travers les nombreux
contacts que nous avons pris en
parcourant l'Iran durant plusieurs
semaines.(...) A Ispahan, troisième
ville d'Iran en importance, la
communauté catholique arménienne ne
possède pas moins de douze églises, avec
pignon sur rue, dont la plus ancienne,
la cathédrale Saint-Sauveur, date du
XVIe siècle. Elle est en outre flanquée
d'un grand musée dédié à la communauté
arménienne et où la mémoire religieuse
occupe une place non négligeable. (...)
L'Iran chiite respecte ainsi à la lettre
les injonctions du Coran, qui oblige
tout Musulman à protéger les «gens du
Livre», Chrétiens et Juifs, ces
derniers, au nombre de vingt-cinq mille
environ, bénéficiant en Iran des mêmes
droits que les Chrétiens. Bref, au
Moyen-Orient, en matière de liberté de
culte et de protection des minorités
religieuses, le pays des Ayatollahs,
pourtant régulièrement diabolisé,
pourrait donner bien des leçons aux
grands alliés de l'Occident.»(2)
Günter Grass est un iconoclaste né en
1927 à Dantzig, il avait 12 ans au
déclenchement de la guerre et fut
embrigadé dans les jeunesses en 1937,
dans la Jungvolk, subdivision de la
Jeunesse hitlérienne, il s'engage dans
le service armé, est affecté à une
batterie antiaérienne comme auxiliaire
de la Luftwaffe, puis au Service du
travail du Reich, avant son
incorporation comme «fantassin porté»
dans la Waffen SS, en 1942. Le mot a une
charge qui n'est pas seulement
symbolique, et Grass ne cherche pas à
éluder sa responsabilité: « Même si j'ai
dû, dit –il me sortir de la tête l'idée
d'une complicité active, il subsiste
jusqu'à aujourd'hui ce résidu qui n'est
toujours pas liquidé et que l'on appelle
trop couramment «coresponsabilité».Grass
a fait ce qu'ont fait des milliers
d'autres garçons de son âge dans une
époque tourmentée. Pour Israël, Gunter
Grass est un nazi qui a débuté sa
carrière à l’âge de 10 ans dans la
Jungvolk!!!!
Est-ce que Gunter Grass a raison quand
il dit que la politique d’Israël
déstablise le Monde ? Oui si l’on croit
un sondage il y a quelques années, +de
60% des citoyens européens avaient en
effet identifié Israël comme la plus
grave menace pour la paix dans le monde.
Günther Grass pointe tout
particulièrement le silence de
l'Allemagne, «culpabilisée par son passé
nazi», qui refuserait de voir le danger
constitué par l'arsenal nucléaire
israélien. Un arsenal «maintenu secret»
- alors que l'Allemagne participe à son
équipement et qui «menace la paix
mondiale déjà si fragile», insiste
l'écrivain. «Il réclame aussi la
création d'une agence» internationale
pour contrôler les armes atomiques
israéliennes, tout comme l'Aiea le fait
pour les activités nucléaires
iraniennes.
Que
pensent les intellectuels israéliens du
poème de Günter Grass?
Nous avons d'abord, la réaction des
«intellectuels organiques» au sens
d'Antonio Gramsci pour qui Günter Grass
doit être cloué au pilori qui vont
jusqu'à faire injonction au Comité Nobel
de lui retirer le prix Nobel. En effet,
le président de l'association
israélienne des écrivains de langue
hébraïque, Herzl Hakak, a déclaré qu'il
entendait demander au Comité Nobel de
s'exprimer sur l'affaire. «Il ne s'agit
pas de politique, mais de morale, car
Grass est complice d'une opération de
blanchiment des déclarations
génocidaires des dirigeants iraniens.»
(3)
La réaction ne s'est pas fait attendre:
«En ce qui concerne le débat provoqué
par le poème de Günter Grass +Was gesagt
werden muss+ (Ce qui doit être dit,
ndlr), je voudrais souligner que M.
Grass a reçu le prix Nobel en 1999 pour
son mérite littéraire et son mérite
littéraire uniquement, ce qui est le cas
de tous les lauréats», explique
M.Englund. Lundi, a annoncé mardi son
Secrétaire permanent Peter Englund. «Il
n'y a pas, et il n'y aura pas, de
discussions à l'Académie suédoise pour
lui retirer son prix», écrit M.Englund
sur son blog
(akademiblogg.wordpress.com/).
«A l'autre bout du curseur, des
intellectuels courageux à l'image de
Gédéon Levy qui écrit dans le journal de
gauche H'aaretz: «Le dur poème de Gunter
Grass, dont certaines parties sont
exaspérantes, a bien sûr immédiatement
déclenché une vague de calomnies contre
lui et surtout contre son auteur. Le
Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a
mentionné le passé nazi de Grass, et
l'ambassade israélienne en Allemagne est
allé jusqu'à déclarer, ridiculement, que
le poème signifie «l'antisémitisme dans
la meilleure tradition européenne des
diffamations sanglantes avant la Pâque».
«Sa position contre l'énergie nucléaire
israélienne est également légitime. Il
peut également s'opposer à la fourniture
des sous-marins à Israël, mais Grass a
exagéré, inutilement et de façon qui a
terni sa propre position. C'est
peut-être son âge avancé et son ambition
d'attirer un dernier tour de
l'attention, et peut-être les mots
sortirent tout à coup comme une cascade,
après des décennies pendant lesquelles
il était presque impossible de critiquer
Israël en Allemagne. Ce poème a été
publié quelques semaines seulement après
l'autre Allemand de premier plan, le
président du Parti social-démocrate,
Sigmar Gabriel, qui a écrit qu'il y a un
régime d'apartheid, à Hébron. Il a
également suscité des réponses de
colère. Il est donc préférable d'écouter
les déclarations et, surtout, enfin, de
lever l'interdiction de critiquer Israël
en Allemagne.»(4)
«Israël a beaucoup d'amis en Allemagne,
plus que dans la plupart des pays
européens. Certains d'entre eux nous
soutiennent aveuglément, certains amis
ont un sentiment de culpabilité justifié
et certaines critiques d'Israël sont
vraies. Mais une situation dans laquelle
tout Allemand qui ose critiquer Israël
est instantanément accusé
d'antisémitisme est intolérable. (...)
Pendant des années, tout journaliste qui
a rejoint Axel Springer l'immense empire
allemand des médias devait signer un
engagement à ne jamais rien écrire qui
jette le discrédit sur le droit d'Israël
à exister. Günter Grass n'est pas le
seul. Une autre figure majeure, le grand
auteur José de Sousa Saramago a dans ses
dernières années, après une visite dans
les territoires occupés, comparé ce qui
se passait là-bas à Auschwitz. Comme
Grass, Saramago est allé trop loin, mais
ses remarques sur les Israéliens
auraient dû être entendues: «Vivre à
l'ombre de l'Holocauste et attendre le
pardon pour tout ce qu'ils vont faire au
nom de leur souffrance semble grossier.
Ils n'ont rien appris de la souffrance
de leurs parents et leurs
grands-parents. «... Ils ne sont pas
antisémites, ils expriment l'opinion de
beaucoup de gens. Au lieu de les accuser
nous devrions réfléchir à ce que nous
avons fait qui les a amenés à
l'exprimer.» (4)
On le voit, il y a de l’espoir par cette
prise de conscience des intellectuels
israéliens qui sont l’honneur d’Israël .
Il reste cependant du chemin avant que
la paix ne règne, mais dans toute cette
affaire, il faut bien qu'un jour les
juifs du monde entier comprennent que
tous les arsenaux du monde ne pourront
pas donner la paix à Israël Que rayer de
la carte l'identité palestinienne
s'apparente à une Shoah. Que le problème
est un problème de justice. Les
Palestiniens si mal représentés
actuellement parlent de Nekba (la grande
catastrophe». Le vrai débat éludé par
les médias occidentaux bien tenus en
main est en définitive, la restitution
de leur dignité aux Palestiniens. Cette
dignité qui passe entre autre, par la
restitution des 18 % de ce qui leur
reste de leur Palestine originelle
1. http://www.liberation.fr/monde/0101
2400456-gunter-grass-defend-l-iran-face-a-israel-tolle-en-allemagne
2. Pierre Piccinin Professeur Website:
http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com
3.
http://www.lepoint.fr/culture/l-academie-suedoise-exclut-de-retirer-le-nobel-a-gunter-grass-10-04-2012-1450090_3.php
4.
http://www.haaretz.com/opinion/israelis-can-be-angry-with-gunter-grass-but-they-must-listen-to-him-1.423194
Gideon Levy Les Israéliens peuvent être
en colère avec Günter Grass, mais ils
doivent l'écouter.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 12 avril
2012 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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