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L'EXPRESSIONDZ.COM
IL Y A
40 ANS, LA GUERRE DES SIX-JOURS
L’humiliation
des arabes
Pr Chems Eddine CHITOUR
7 juin 2007 «La
thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes
en juin 1967, et qu´Israël combattait pour son existence
physique, n´était qu´un bluff.»
Général israélien Matityahou Peled La
Guerre des Six-Jours (en hébreu: Milkhemet Sheshet HaYamim,) que
l´on peut traduire par "l´épopée des six jours" en
arabe (Melhamet Sitet Ayam) est une guerre déclenchée par Israël
qui annihila les armées des pays arabes qui, dès les premières
heures, n´avaient plus d´aviation. Qualifiée de guerre des
"Six-Jours" pour bien montrer la supériorité écrasante
d´Israël face à tous les pays arabes réunis, c´est la troisième
entre Israël et ses voisins. Cette agression israélienne entraîne,
en outre, une profonde modification des frontières: avec l´occupation
de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Ghaza, du Golan et du
Sinaï, l´État juif quadruple la superficie de son territoire.
Pendant longtemps, Israël a renvoyé sur l´Egypte, la
responsabilité du déclenchement du conflit, appuyé par les médias
occidentaux -et notamment français- qui prennent alors fait et
cause pour Israël face aux Arabes, comme pour David face à
Goliath. Aujourd´hui, cette thèse n´est plus guère défendue.
Des responsables israéliens de l´époque ont d´ailleurs,
entre-temps, rectifié les versions de propagande données alors.
Ainsi, le général Itzhak Rabin, qui était chef d´état-major
de l´armée de l´époque: "Je ne pense pas que Nasser
voulait la guerre. Les deux divisions qu´il envoya dans le Sinaï,
le 14 mai, n´auraient pas suffi pour lancer une offensive contre
Israël. Il le savait et nous le savions." De plus, comme
Menahem Begin l´admit en 1982, Nasser n´a pas choisi d´attaquer
Israël, Israël a choisi d´attaquer Nasser.
Supériorité aérienne
Dès le 5 juin au matin, une attaque fulgurante: une fois l´aviation
arabe anéantie (en une matinée), les troupes israéliennes s´emparent,
en six jours, du Sinaï égyptien, de la Cisjordanie jordanienne
et -au prix d´un refus, deux jours durant, du cessez-le-feu décrété
par l´ONU et accepté par les belligérants arabes- du plateau
syrien du Golan. Le lundi 5 juin 1967 à 7h45, survolant la Méditerranée
à très basse altitude pour éviter les radars, l´aviation israélienne
attaqua l´Égypte. En 500 sorties, Israël détruisit 309 des 340
avions militaires égyptiens. Les pertes israéliennes furent de
19 appareils, pour des causes techniques principalement. La supériorité
aérienne totale de l´aviation israélienne permit la victoire écrasante
d´Israël. La résolution 242 du Conseil de sécurité affirme la
nécessité d´un retrait d´Israël des territoires arabes qu´il
occupe, en échange de la cessation de l´état de belligérance,
la reconnaissance de tous les États de la région, la libre
navigation sur le canal de Suez et dans le golfe d´Aqaba ainsi
que la création de zones démilitarisées.(1).
À partir du début de l´année 1969, de nouveaux combats eurent
lieu entre l´Égypte et Israël le long du Canal de Suez. Cette
guerre d´usure constitua une transition avant la Guerre du
Kippour en 1973. Malgré toutes les résolutions votées, Israël
ne voulut jamais se retirer des territoires. L´Occident tétanisé
par sa dette envers le peuple juif ne fit rien. Pour Abba Eban
"Les frontières d´Israël sont celles de l´holocauste".
Voilà qui résume la politique israélienne: constamment
culpabiliser le monde occidental, lui demander éternellement réparation,
avoir les mains libres pour sa politique du rouleau compresseur
pour établir le grand Israël avec l´appui des extrémistes
religieux qui siègent au gouvernement sans effaroucher le monde
occidental qui n´accepte pas qu´un mouvement religieux musulman
puisse gouverner. Il n´est que de voir comment le peuple
palestinien a été sanctionné d´avoir mal voté en votant d´une
façon transparente pour le Hamas. Parmi les horreurs dont se
serait rendu coupable Israël, le film L´esprit de Shaked diffusé
par la télévision d´Etat israélienne a fait choc. Il montre
des massacres de soldats égyptiens et, de ce fait, ouvre un
dossier chargé des crimes de guerre commis par Israël. C´est
dire que l´on pourrait considérer que la liquidation des 250
soldats est un fait assez simple, en comparaison de ce dont ont témoigné
Egyptiens et Palestiniens, voire les historiens israéliens eux-mêmes.
En effet, le nombre de prisonniers tués serait dans les environs
de 10.000. Dans son livre L´unité Shaked, le professeur Uri
Milistein dénombre et donne des détails sur des crimes de
guerre, voire présente une photo de Ben Eliezer avec comme légende:
Liquidations après la guerre.(2)
Parmi les témoignages de cette guerre éclair citons: "J´ai
vu un homme creuser un trou pendant environ 15 minutes. Puis, des
militaires israéliens lui demandaient de jeter la pelle. Ensuite,
un d´entre eux a pointé une mitraillette Uzi sur lui, tirant
deux charges chacune avec trois ou quatre balles". L´historien
israélien Gabby Born, dans Yediot Aharonot: "On était
suffisamment proches pour pouvoir voir la mosquée de la ville à
l´oeil nu. Le matin du 8 juin 1967, dans le Sinaï, dans la ville
d´Arich, des troupes israéliennes ont systématiquement exécuté
1000 et plus de prisonniers de guerre égyptiens (...) Les Israéliens
demandaient à ces prisonniers de creuser leur propre tombe avant,
ensuite, de les achever". James Ennes, ancien militaire américain
de l´USS Liberty, le bateau d´espionnage américain bombardé en
1967. Fouad Riyad, ancien juge au Tribunal sur l´ex-Yougoslavie,
appelle à la formation d´une commission d´enquête pour vérifier
si Israël a commis un massacre contre des soldats égyptiens: Ces
crimes sont tout à fait identiques à ceux commis en Bosnie.(3).
"C´est au nom d´une prétendue -et illusoire- sécurité,
écrit André Rousseau, que les gouvernements israéliens
successifs ont refusé d´appliquer les résolutions de l´ONU
leur intimant l´ordre de revenir aux frontières de 1967 -dite la
"ligne verte"-, et en particulier de rendre à la Syrie
les hauteurs du Golan. En réalité, la politique des "faits
accomplis", guidée par la volonté connue de conquête
territoriale d´Israël (le rêve du "Grand Israël
biblique" de certains dirigeants israéliens), a surtout pour
objectif de mettre la main sur 90% des ressources en eau de la région,
ce qui devrait être effectif quand le Mur sera terminé. Cette
politique, planifiée pour chasser les Palestiniens de Cisjordanie
par le tarissement de l´accès à leurs propres ressources en
eau, est escomptée passer à travers les gouttes d´une réprobation
internationale...Qu´on en juge sur le terrain: le tracé du Mur
suit une logique délibérée: maximum de terres, minimum de
populations, en vue de l´annexion et de l´expansion future des
colonies. Le tracé de ce dernier suit soigneusement les
principales colonies, mais est aussi calé sur la mainmise des
meilleures terres et sur la récupération optimale des accès à
l´eau. Séparer les puits des terres conduit d´abord à assécher
ces dernières, à la perte des investissements et des récoltes,
puis à l´abandon et donc à la récupération par Israël au
titre de la "loi" sur les "terrains non cultivés".
"Il est inacceptable qu´Israël puisse accaparer la presque
totalité des ressources hydrauliques de la région au profit
exclusif de ses ressortissants -minoritaires en nombre. Le fait
incontournable que ces ressources soient insuffisantes pour
permettre une utilisation de l´eau semblable à celle des pays
tempérés, devrait au contraire inciter à la recherche de modus
vivendi des peuples de la région. Or, Israël refuse, à ce jour,
toute (re)négociation sur ce sujet, tant avec l´Autorité
Palestinienne qu´avec ses voisins, comme le prouve sa politique
au Sud-Liban et au Golan".(4)
Le magazine britannique The Economist titre cette semaine sur la
"victoire gâchée d´Israël". C´est tout à fait
exact...Le premier résultat de 1967 fut de permettre aux Israéliens
de commencer le peuplement des Territoires occupés. C´était là,
poursuivre le rêve de ce Grand Israël que les travaillistes
avaient toujours souhaité. Les différents gouvernements israéliens
savaient, affirme The Independent, que ces installations de
familles juives en Cisjordanie et à Ghaza étaient illégales au
regard des lois internationales, et notamment de la partie IV de
la Convention de Genève relative à la protection des personnes
civiles en temps de guerre.(5)
Il est évident que les guerres ne sont jamais propres et qu´aucune
armée ne peut se prévaloir de respecter les lois de la guerre.
On a coutume de dire que l´histoire est écrite par les
vainqueurs. S´agissant de l´armée israélienne, elle ne peut
pas se prévaloir d´être morale comme le martèle tous les
adeptes de l´Etat d´Israël. Ecoutons ce que disent des généraux
israéliens dans le film de Claude Lanzmann: "Notre armée
est pure (...), elle ne tue pas d´enfants. Nous avons une
conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu
de victimes [palestiniennes]." Ainsi parlent, sans être
contredits, des généraux israéliens dans Tsahal, le film réalisé
par Claude Lanzmann neuf ans après Shoah...(Novembre 1994.) Voilà
donc un autre mythe qui s´écroule construit sur des bases
fausses.
Dans cette guerre qui dure où l´occupant israélien oppose le
statut de victime des juifs à la douleur palestinienne, écrit
Pierre Stamboul, il faut refuser la victimologie et en revenir aux
droits fondamentaux, à l´égalité de traitement de tous les êtres
humains, indépendamment de leur histoire et de leurs origines.
Quarante ans après, les Palestiniens sont plus misérables que
jamais, les Arabes plus atomisés que jamais et le Moyen-Orient
tend à disparaître sous son ancienne architecture sous les coups
de boutoir insidieux, lancinants, mais efficaces des dirigeants
israéliens qui ont réussi à introduire durablement la fitna au
sein des Arabes; au point que c´est le sauve-qui-peut. L´Egypte
l´a compris le premier. La guerre de Ramadan de 1973 où s´était
illustré un certain général Chazli, qui n´hésitait pas à
crapahuter avec ses soldats et qui a pu de ce fait démolir la
ligne Bar-Lev, fut en fait, un leurre. La politique des petits pas
de Henri Kissinger, sioniste devant l´Eternel, acheva de tuer
dans l´oeuf toute velléité d´un équilibre au Moyen-Orient.
Les négociations du kilomètre 101 furent en fait une reddition
en rase campagne de Sadate qui fut concrétisée par le discours
de Sadate, à la Knesset -le Parlement israélien- il le paya de
sa vie. L´avènement de Moubarak enfonça définitivement la
cause légitime de la Palestine. Quant à Arafat, on sait que,
tour à tour, il fut attaqué par les Légions bédouines de
Hussein de Jordanie en 1970, ce fut ensuite la sortie du Liban en
1982 et l´exil des Palestiniens en Tunisie, en Algérie et
ailleurs. Plus près de nous, Sharon n´hésita pas à emprisonner
Arafat dans la Mouqata en pointant ses canons sur son bureau
devant l´indifférence générale des donneurs de leçons en
Occident...C´est cette incompréhension au sein des milieux les
plus haut placés de l´impérialisme mondial qu´un récent éditorial
du Financial Times exprima en décrivant l´attaque par hélicoptère
contre le quartier général d´Arafat comme "démente".(6).
Depuis Oslo en 1993 jusqu´à Camp David, aucun gouvernement israélien
n´a pu ou n´a voulu arriver à une vraie solution démocratique
de la question palestinienne. Sept ans de négociations ont été,
chaque fois, frustrés par l´opposition de la droite en Israël.
Netanyahou a passé les trois années suivantes à essayer de
saboter tout accord définitif avec l´OLP. Barak ne put concrétiser
les accords. Sharon, le grand vainqueur, fit de Arafat un deuxième
Ben Laden, et ne voulut jamais négocier avec lui, aidé en cela
par l´avènement de Bush qui, depuis sept ans, a fait que la
machine est grippée malgré une "feuille de route"
inacceptable pour les Palestiniens. L´État israélien a montré
qu´il ne diffère en aucun aspect fondamental de l´ancien régime
d´apartheid en Afrique du Sud. De Gaulle avait-il tort de traiter
le peuple juif de peuple sûr de lui et dominateur? Le choix est
clair, Israël est en danger de paix. Les dirigeants israéliens
ne veulent pas de la paix avec les Palestiniens. Ils s´accrochent
à une vision biblique du grand Israël. Pourtant, Isaac Rabin,
qui fut un adversaire acharné des Arabes, comprit qu´il fallait
faire la paix. La phrase qu´on lui attribue: "La Bible n´est
pas un cadastre" résume sa façon de traiter le problème
israélien, il le paya de sa vie. La mort d´Arafat en novembre
2004 amena un Mahmoud Abbas beaucoup plus conciliant, sans résultat.
Les Palestiniens ayant mal voté en février 2006 -punis pour
avoir choisi le Hamas- continuent d´être punis.
Israël doit choisir, soit de vivre en paix avec des Palestiniens
qui acceptent les 22% de leur territoire restant, viable et qui ne
saurait être une peau de léopard ou un banthoustan avec
naturellement Jérusalem-Est comme capitale, soit elle va encore
une fois, vers l´inconnu comme elle le fait depuis près de 60
ans. Le soutien des Wasp américain et du messianique George Bush
ne saurait être éternel. Les Américains qui ont un magister
moral, s´apercevront qu´on ne peut pas impunément fouler aux
pieds la dignité d´un peuple qui lutte pour sa survie. Si l´Occident
se veut être le seul producteur de sens, il aura à réétalonner
le sens des mots. De plus, si l´injustice ne fait pas la une des
médias, elle fait depuis près de soixante ans, le quotidien du
peuple palestinien.
Théorie des dominos
Les Palestiniens qui luttent pour leur territoire ne sont pas des
terroristes mais des patriotes. Ce qui se passe actuellement au
Liban est une réaction de désespoir des Palestiniens devant un
avenir sans issue. C´est aussi une diabolisation indirecte de
tous les pays qui ne veulent pas de l´accouchement de l´ordre
nouveau, le GMO ou les accords Sykes Picot du XXIe siècle. La
politique ambiguë de l´Occident et d´Israël tend à flatter le
communautarisme rappelant en ce sens la politique de la France et
de l´Angleterre au milieu du XIXe siècle, dans un empire ottoman
vermoulu à qui on a imposé une sorte de protectorat pour les chrétiens
avec même un gouverneur chrétien.
Naturellement, il y eut des réactions d´hostilité des Syriens
devant ce favoritisme et on pense à l´Emir Abdelkader qui sauva
d´une mort certaine plus de 10.000 chrétiens qu´il a nourris
soignés et hébergés pendant toute la durée des émeutes à
Damas. A force de manipuler les forces du mal, il vient un moment
où elles sont incontrôlables. Le Liban, qui a toujours vu la
coexistence pacifique de toutes les religions, est en train d´imploser
sous nos yeux. La théorie des dominos chère à Kissinger est en
train de faire ses dégâts. La Syrie est à non point douter, le
prochain domino comme énoncé indirectement par la mise en place
du tribunal international pour juger les assassins de Rafik
Hariri, qui, on l´aura compris, fera le procès en sorcellerie de
la Syrie à moins que ce pays ne subisse une Sadatisation ou une Kédéfisation
sans gloire, l´avenir nous le dira. 1.Les 100
Portes du Proche-Orient http://www.palestinet.org/histoire/6jours.htm
2.Samar Al-Gamal, Al Ahram Weekly (no 653) mai 2007
3.Fouad Riyad: Entretien conduit par Chaïmaa Abdel-Hamid, Al
Ahram Weekly (16 mars 2007)
4.André Rousseau: Colonisation et apartheid. L´eau, enjeu
central de l´occupation de la Palestine. Réseau Voltaire 10 mai
2007.
5.Philippe Thureau-Dangin: Pire qu´un gâchis. Courrier
international 31 mai 2007
6.Chris Marsden et David North. Les mesures de guerre en Israël
et l´héritage du sionisme16 octobre 2000 htpp//www.wsws.org/2000 Publié
le 8 juin 2007 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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