Opinion
Le dépit amoureux
d'une certaine société servile
Boudjemâa M.
Mercredi 7 mars
2012
La récente escale de la secrétaire
d'Etat américaine en Algérie a suscité
une formidable montée d'adrénaline,
puis, laissé un goût amer chez certains
animateurs de ce qu'on appelle encore «
la société civile ». Et pour cause : Ces
derniers, après l'espoir de pouvoir
enfin voir de plus près l'ancienne first
lady US, depuis l'annonce de son escale
à Alger, ont fini par déchanter en ne
voyant pas venir la fameuse invite
estampillée ambassade US in Algiers.
Celle-ci a minutieusement trié ses
convives, préférant, et c'est son droit,
d'opter pour un panel très select
répondant à ses propres créneaux, et
renvoyer à leurs désillusions, bon
nombre d’abonnés de ses réceptions et «
rencontres conviviales ». Il n'y a pas
longtemps, l'ambassadeur US déclarait,
sans détour, à un quotidien national que
son pays agit en fonction de ses
intérêts. On ne peut plus clair. Et on
ne peut le blâmer pour sa franchise.
De son côté, notre société civile, la
gifle reçue, sa complainte de veuve
éplorée, largement relayée et commentée
sur la toile, dégage un immense dépit.
Elle ne comprend pas pourquoi, après
tant de services rendus et de servitudes
assumées, elle se retrouve ainsi
abandonnée.
Si l'intérêt de l'administration US à
rencontrer la société civile des pays
convoités n'est plus un secret pour
personne, il est à se demander quel peut
être celui de cette société civile, si
ce n'est faire de la délation, et
réaliser, dans les profondeurs de son
inconscient, une partie de son fantasme
d'aliénée ? Il suffit de regarder un peu
de plus près le travail de cette société
civile pour se rendre compte que
celle-ci, ne vise nullement à construire
un rapport de force au sein de la
société mais se contente tout simplement
d'adresser des doléances à l'adresse de
ces chancelleries occidentales,
détentrices du label « droits de l'homme
et développement ».
En fait, ce qui froisse tant nos
valeureux représentants de la société
civile, qui n'existe, d'ailleurs que par
la grâce des subventions des organismes
satellitaires de la CIA, est la crainte
de voir la source tarir. Serait-ce là un
signe ? La simple idée d'y penser leur
donne des frissons !
C'est le cas d'un chantre de la défense
des droits de l'homme, déjà convoqué par
le passé par Condolezza Rice pour
discuter du GMO, qui a refusé
catégoriquement de signer la pétition
lancée par une organisation des droits
de l'Homme pour la fermeture de la
prison de Guantanamo pour « ne pas
indisposer (son) ami Ford ». Et,
surtout, pour ne pas perdre la
substantielle subvention annuelle dont
son organisation bénéficie de la part du
NED.
Après avoir squatté toutes les
organisations, ces rentiers de la
société civile, qui ont intégré
l'univers très select de la Jet-Set des
ONG occidentales, qui connaissent et
affectionnent, beaucoup plus les
antichambres des chancelleries, les
bureaux des services consulaires, les
zones d'embarquement des aéroports et
les différentes capitales occidentales
qu'un dixième de cette société, qui vit
à Boukadour ou à Ain Karcha, et qu'ils
prétendent représenter, ne peuvent se
résigner à vivre une telle méprise. Les
temps sont de plus en plus durs !
Publié sur
Djazair News
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