Syrie
Des tireurs,
soutenus par les Etats-Unis, commettent
un massacre au siège d'une chaîne de
télévision syrienne
Bill
Van Auken
Photo : Sana
Vendredi 29 juin 2012
Des tireurs ont
envahi mercredi une chaîne de télévision
pro-gouvernementale massacrant sept
employés, en blessant d’autres et
prenant plusieurs personnes en otages.
L’attaque a eu lieu au lendemain de la
déclaration de Bachar al-Assad que la
Syrie se trouvait dans un « véritable
état de guerre. »
Trois journalistes
et quatre agents de sécurité furent tués
lors d’une attaque menée tôt le matin
contre la chaîne de télévision Al-Ikhabariya,
située dans la banlieue Sud de Damas.
Les assaillants ont tiré à l’arme
automatique et au lance-grenade contre
les agents de sécurité avant de saccager
les bureaux satellites et les studios
pour recourir ensuite à de puissants
engins explosifs qui réduisirent les
bâtiments en cendres et en ruines.
Un mur extérieur de
l’un des bâtiments fut éclaboussé de
sang, là où les employés de la chaîne de
télévision furent trouvés, forcés de
s’agenouiller pour ensuite être exécutés
de sang froid.
L’attaque contre
Al-Ikhbariya a eu lieu au lendemain de
l’adoption par l’Union européenne de
nouvelles sanctions à l’encontre des
médias syriens gérés par l’Etat, et
faisant suite à une décision de la Ligue
arabe au début du mois d’obliger deux
entreprises satellites panarabes de
censurer les chaînes syriennes.
Le massacre fait
partie d’une intensification des
attaques par la soi-disant Armée
syrienne libre (ASL) et autres milices
insurgées. Ces groupes sont soutenus par
les puissances occidentales et
celles-ci, en collaboration avec la
Turquie et les régimes monarchiques
droitiers d’Arabie saoudite et des Etats
du Golfe, leur fournissent un arsenal de
plus en plus sophistiqué ainsi que des «
formateurs militaires », des «
conseillers » et des combattants
étrangers venus d’autres parties du
Moyen-Orient.
L’attaque de
mercredi fait suite à l’information
mardi d’une attaque contre un important
complexe de la Garde républicaine à
Damas ainsi que d’embuscades visant des
troupes gouvernementales ailleurs dans
le pays.
A l’escalade de la
violence à l’intérieur du pays s’est
ajoutée la multiplication des menaces
venues de l’extérieur, notamment de la
part de la Turquie qui fait monter la
tension suite à la destruction, la
semaine dernière, d’un avion de chasse
turc au-dessus du territoire syrien. La
presse turque a rapporté mercredi que la
Turquie avait déployé 15 chars de
combat, des blindés et de l’artillerie
le long de sa frontière avec la Syrie.
Le gouvernement turc a promis de traiter
comme hostile toute force syrienne
s’approchant de la frontière longue de
555 miles (900 kilomètres) qui sépare
les deux pays et de riposter
militairement.
Jean-Marie
Guéhenno, l’adjoint de l’envoyé spécial
des Nations unies Kofi Annan a dit
mercredi au Conseil des droits de
l’homme de l’ONU (UNHRC) que la violence
à l’intérieur de la Syrie avait «
atteint ou même dépassé » les niveaux
existant avant l’accord de cessez-le-feu
du 12 avril négocié par ce dernier au
nom de l’ONU et de la Ligue Arabe. Il a
ajouté que le plan de six points d’Annan
« n’est pas appliqué. »
L’UNHRC a reçu une
mise à jour de la commission d’enquête
internationale sur les événements en
Syrie qui a mis en garde que le conflit
était rapidement en train de devenir une
guerre civile sectaire.
« Là où
précédemment des victimes étaient
ciblées sur la base de leur sentiment
pro ou contre le gouvernement, la CoI
[Commission d’enquête internationale] a
enregistré un nombre croissant
d’incidents où les victimes semblent
avoir été ciblées en raison de leur
affiliation religieuse, » précise le
rapport.
Une grande partie
de ce document est consacrée au massacre
de Houla, au Nord-Ouest de la ville
Homs, le mois dernier. Washington et les
autres puissances occidentales ainsi que
les médias de masse à l’Ouest se sont
saisis de ce meurtre d’une centaine de
civils pour exiger l’éviction immédiate
du régime d’Assad qu’ils rendent
responsable de la tuerie.
Des rapports
ultérieurs sont apparus, écrits
notamment pour un influent quotidien
allemand, le Frankfurter Allgemeine
Zeitung, qui a relaté les
témoignages de témoins oculaires, dont
des adversaires du régime Assad, comme
quoi les véritables auteurs du massacre
étaient des éléments de l’Armée syrienne
libre et les victimes des membres de la
minorité religieuse chiite ainsi que des
partisans présumés du gouvernement.
Le rapport soumis à
l’ONU reconnaît que l’enquête ne pouvait
pas assurer avec certitude qui avait
commis les meurtres. Il a avancé trois
possibilités : « Premièrement, que les
auteurs étaient des milices Shabbiha ou
d’autres milices issues des villages
avoisinants, agissant éventuellement de
concert ou avec l’assentiment des forces
de sécurité du gouvernement ;
deuxièmement, que les auteurs étaient
des forces anti-gouvernementales
cherchant à intensifier le conflit tout
en punissant ceux qui ne soutiennent pas
– ou qui sont activement contre – la
rébellion ; ou troisièmement, des
groupes étrangers ayant une affiliation
inconnue. »
La commission
d’enquête, dit le rapport, « ne pouvait
exclure aucune de ces possibilités, »
bien que des responsables de l’ONU aient
suggéré que les milices
progouvernementales étaient les suspects
les plus probables.
Le rapport en soi a
toutefois donné des preuves du contraire
y compris des informations selon
lesquelles les victimes comprenaient un
membre en retraite et un membre actif
des forces de sécurité syrienne, et
qu’un des enfants tués portait un
bracelet montrant le drapeau syrien. Il
a aussi fait état du témoignage selon
lequel les tueurs avaient « le crâne
rasé et de longues barbes », laissant
penser à des forces islamistes sunnites
pouvant aussi être des combattants
étrangers mobilisés contre le régime.
La Russie qui
jusque-là s’est opposée à la demande,
mise en avant en premier par les
Etats-Unis, de changement de régime en
Syrie, a critiqué le rapport de l’ONU
pour n’avoir pas reflété l’ampleur des
violences déclenchées par les « rebelles
» soutenus par l’Occident.
Le rapport « ne
reflète pas l’ampleur de la violence
commise par les militants, » a dit
Vassily Nebenzya, le directeur du
département pour la coopération
humanitaire et les droits humains au
ministère russe des Affaires étrangères.
Ces forces, a-t-il dit, « tuent ou
prennent en otage des civils, des
activistes politiques, de l’Etat, des
municipalités, publics et religieux
connus, ainsi que des pèlerins. »
Il a ajouté: « Les
institutions d’Etat et les installations
d’infrastructure sont attaquées
quasiment tous les jours. Une guerre
larvée bat son plein. Des militants
commettent des actes sanglants de
terrorisme dans les villes syriennes. »
Cette violence, a dit Nebenzya « est
alimentée par de l’argent et des armes
venus de l’étranger. »
(Article original
paru le 28 juin 2012)
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Publié le 29 juin 2012 avec l'aimable
autorisation du WSWS
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