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RACHIDA
DATI, LE SCEAU DE LA RÉUSSITE
La «Condoleezza Rice» de Sarkozy
Areski Louni
Photo L'ExpressionDZ
21
mai 2007 Révélation
politique de la campagne, puisqu’elle fut porte-parole du
candidat Sarkozy, cette «beurette», juriste de formation, est
appréciée et surtout respectée même par ses adversaires
politiques. Ils s’appellent Saïfi, Begag,
Dermouche...et Rachida Dati. Ils ont eu la chance d’occuper des
hautes fonctions de responsabilité, dans un pays où le mérite
prime tout, même si certains réflexes xénophobes continuent de
sévir.
La nomination de Rachida Dati au département de la justice, ne
peut être conçue que comme une réhabilitation de l’élite
immigrée.
D’autant plus que ce n’est pas une sinécure que de prendre en
charge un secteur aussi sensible que celui de la justice.
Cependant, la carrière jalonnée de réussites de Rachida Dati la
prédestine à assumer les responsabilités les plus difficiles.
La dernière «promue» a même contribué à porter un
candidat d’origine immigrée -comme elle- à la magistrature
suprême française.
On l’appellerait même la «Condoleezza Rice» de
Sarkozy. Au moins pour deux raisons. Primo, Rachida Dati incarne
une nouvelle génération de politiciens. Secundo, elle est issue
de l’immigration.
Née le 27 novembre 1965 à Saint-Rémy, elle est la fille d’un
maçon marocain et d’une mère d’origine algérienne. Deuxième
d’une fratrie de douze enfants, elle passe son enfance dans une
cité de Chalon-sur-Saône.
Sa scolarité se déroule dans une école catholique. Maîtrisant
à perfection la langue de Voltaire, elle peut tenir tête à
n’importe quel homme politique. En fait, c’est une femme qui a
une volonté à toute épreuve.
Que de «miracles»
C’est ce qui lui a, d’ailleurs, permis de gravir les échelons
en un temps très court. «Je préfère faire les miracles que
de les attendre», disait-elle dans l’une de ses déclarations,
lors de la campagne électorale comptant pour la présidentielle
française. Ce bout de femme qui a fait une percée fulgurante
dans le paysage politique français est sortie du néant.
Révélation politique de la campagne, puisqu’elle fut
porte-parole du candidat Sarkozy, cette «beurette»,
juriste de formation, est appréciée et surtout respectée même
par ses adversaires politiques. l’oeil noir et vif, elle a un
culot d’enfer.
Elle est allée jusqu’à gagner le pari de décrocher le poste
de ministre de la Justice, garde des Sceaux. Un poste qu’un
autre sarkozyste, de longue date, en l’occurrence l’avocat
Patrick Devedjian, convoitait depuis toujours.
Courageuse, tenace et surtout persévérante dans l’effort,
qu’elle doit sa carrière, elle ne lâche pas prise.
Elle commença, justement sa carrière professionnelle chez Elf
Aquitaine.
Un poste que lui dégota, en 1989, l’ancien ministre français
de la Justice, Albin Chalendon, qu’elle avait rencontré à
l’ambassade d’Algérie à Paris, lors d’une réception.
Pourtant, elle n’imaginera pas un seul instant qu’elle allait
occuper, 18 ans plus tard, le bureau place Vendôme de son «recruteur».
A quatorze ans, elle fait du porte-à-porte pour vendre des
produits cosmétiques et travaille dans une grande surface. Elle
sera, ensuite, à l’âge de seize ans, aide-soignante jusqu’à
l’âge de dix-huit ans. Après une rencontre avec Jean-Luc
Lagardère, elle entre à la direction de l’audit de Matra
Communication, puis passe un an à Londres, au sein de la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement, toujours
dans l’audit. Rachida Dati sera cooptée par les réseaux
patronaux, qui cherchent à faire grandir des talents chez les
Français d’origine immigrée.
Jacques Attali, Henri Lachman, Henri Proglio, ou encore Jean-Luc
Lagardère, ont été impressionnés et n’ont pas manqué
d’encourager Dati à aller plus loin.
En 1994, elle est contrôleur de gestion et secrétaire générale
du bureau d’études sur le développement urbain à la Lyonnaise
des eaux, et conseillère technique à la direction juridique du
ministère de l’Education nationale. Elle entre à l’Ecole
nationale de la magistrature sans passer le concours d’entrée,
mais admise sur titre, elle étudie de 1997 à 1999.
Elle devient auditeur de justice au tribunal de grande instance de
Bobigny puis en poste comme juge-commissaire aux procédures
collectives au tribunal de grande instance de Péronne et enfin,
comme substitut du procureur au tribunal d’Evry. En 2002, elle
devient conseillère de Nicolas Sarkozy, pour qui elle travaille
sur le projet de loi sur la «prévention de la délinquance».
En décembre 2006, elle s’inscrit à l’UMP. Elle sera nommée,
le 14 janvier 2007, porte-parole de Nicolas Sarkozy, désigné le
même jour candidat du parti UMP pour l’élection présidentielle
française de 2007.
A l’épreuve de la réalité
Une ascension fulgurante, qui dénote la capacité de cette jeune
femme de s’adapter et surtout de convaincre. «Je suis le
symbole de la France», lance- t-elle à son arrivée place
Vendôme.
Après l’échec de Tokia Saïfi et Azzouz Begag, Rachida Dati
va-t-elle relever le défi? Surtout qu’elle va s’atteler à
nombre de réformes, dont celle de la carte judiciaire, face à
une profession qui ne porte pas Nicolas Sarkozy dans son coeur.
Un poste de responsabilité auquel bien peu d’Arabes ont accès.
Le fâcheux épisode des banlieues, qui ne manquera pas de déteindre
sur le mandat de Nicolas Sarkozy, va sans doute être l’un des
aspects que Rachida Dati aura à prendre en ligne de compte dans
les activités de son département. D’ailleurs, sitôt nommée,
la nouvelle ministre de la Justice a effectué une visite-surprise
au centre des jeunes détenus de la prison de Fleury-Mérogis.
Le garde des Sceaux a effectué une visite surprise afin d’y
rencontrer et de se rendre compte de l’activité des agents de
l’administration pénitentiaire et des conditions de détention
des mineurs.
Décidée à faire oublier le laxisme de ces dernières années
(voilà qui va faire plaisir à ses prédécesseurs), Rachida Dati
a déclaré: «Nous serons intraitables sur la délinquance des
mineurs».
A l’abri des considérations de race, de sexe et de religion,
Rachida se moque des clichés. C’est ce qui lui a, d’ailleurs,
valu respect et considération auprès des Français. A la dernière
information, elle fait partie des trois ministres du gouvernement
Fillon, préférés des Français.
En effet, selon un sondage réalisé par Opinion Way pour Le
Journal du dimanche, elle occupe la troisième place après
Jean-Louis Borloo et Bernard Kouchner. Un sondage, qui plus est, a
été réalisé auprès d’un échantillon national représentatif
de 981 personnes âgées de 18 ans et plus.
De nombreux candidats d’origine algérienne se lancent dans la
bataille des législatives françaises. on retiendra, notamment
Azzouz Begag, ex-ministre délégué à la Promotion de la
diversité et de l’Egalité des chances, Mouloud Aounit, président
du Mouvement pour l’amitié entre les peuples et contre le
racisme (Mrap), l’ancien champion olympique de judo 1996, Djamel
Bouras, l’homme d’affaires, Rachid Nekkaz, le socialiste,
Malek Boutih...et Slimane Azzoug, président du club 92 des hommes
d’affaires d’origine algérienne.
Un rush à la candidature, qui renseigne sur la volonté de la
diaspora immigrée d’investir toutes les parcelles du pouvoir en
Hexagone. Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
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