Opinion
Déroute de l'ASL
et d'El Nosra à Al Qseir,
confusion des conspirateurs en Syrie
Djerrad
Amar
Photo:
Sana
Mercredi 12 juin 2013
Il est bon de
faire quelques points d’ordre après
ce qui s’était déroulé à Al Qseir
suite au fiasco des groupes armés
chargés, par les occidentalo-arabo-sionistes,
de déstabiliser la Syrie.
Des politiciens
et stratèges soutiennent, sur ce qui
se passe en Syrie, ce genre
d’analyse et de raisonnement:
- Que la
guerre, par procuration, à la Syrie
entrait dans le cadre du projet de
domination du Moyen-Orient et des
pays arabo-musulmans de l’axe de la
résistance à la politique impérialo-sioniste
qui consistait à réduire leurs
armées pour ensuite recomposer ces
États en entités géographiques sans
puissance et maniables à merci. Ils
semblent parvenir en Irak, en Libye,
en Tunisie, en Égypte et au Yémen,
mais en revanche, ils paraissent
échouer en Syrie considérée nœud
gordien difficile à trancher.
- Que l'armée syrienne n'avait
aucunement considéré Al Qseir aussi
« stratégique » que ne le déclarent
les agresseurs de la Syrie. Selon
eux, Al Qseir était « stratégique »
dans ‘leur’ vision et dans ‘leurs’
plans d’agression, car les
conspirateurs avaient misé et
concentré leurs efforts sur cette
ville pour sa proximité avec Homs,
les frontières libanaises et
jordaniennes ; conditions
géographiques favorables en vue
d’envahir Damas. Sa chute a bien
changé la nature de l’équation en la
rendant complexe pour les
agresseurs.
- Que l'armée
syrienne était parfaitement informée
des plans, objectifs et mouvements
de l'ennemi dans Al Qseir et ses
environs.
- Qu'il y avait des priorités et que
la reprise de cette ville - objet
d'observations continues et
minutieuses des services de
renseignements de l'armée syrienne –
exigeait des tactiques, de la
patience et de la pertinence pour
réussir les objectifs militaires et
politiques, fondamentaux.
- Qu’il fallait laisser faire croire
à une importante victoire des
groupes armés et n’intervenir que
lorsque l'environnement politique
serait favorable afin de faire
admettre une défaite, franche et
indiscutable, sur l’ennemi tout en
réduisant le moral de ses troupes
d’une part, mais aussi de briser les
projets des commanditaires en
anéantissant leur volonté et leurs
atouts de pression politique d’autre
part.
- Qu’après cette offensive ‘éclair’
sur les groupes armés engagés dans
cette ville, leur défaite était
tellement décisive et humiliante que
même les Occidentaux impliqués l'ont
reconnu telle ; alors qu’au même
moment les groupes armés et leurs
dirigeants, composés de wahabo-takfiriste
tétanisés par la déroute, ne
trouvaient plus quoi dire ou faire
que de proférer des mensonges et
balancer des propos contradictoires;
qu’il s’agissait d’une ‘fausse’
reprise, que l'armée n'avait tué que
des civils, qu’ils avaient affronté
le Hezbollah en lieu et place de
l'armée syrienne «défaite» selon
eux, qu’ils avaient procédé à un
retrait ’tactique’ et ce tout en
appelant aux renforts.
- Que si ces groupes combattaient,
comme ils l’attestent, le Hezbollah
cela voudrait donc dire,
conséquemment, qu’une poignée
d’éléments du Hezbollah avaient pu
défaire tous les groupes armés d’Al
Qseir pourtant bien équipés par
l’occident. Que leurs
‘maîtres-penseurs’ et commanditaires
pourraient alors douter de leurs
capacités à conquérir toute la Syrie
face à toute l’armée syrienne
expérimentée et bien armée qui n’a
engagé, à ce stade, qu’une infime
partie de ses forces.
- Que
la déclaration de Nasrallah sur
"l'implication" du Hezbollah était
plus une tactique pour accabler et
dérouter l’ennemi, car dans leur
calcul l'on avait fait l’hypothèse
que cette formation ne s'y
compromettrait pas.
- Que le Hezbollah n'avait pas donné
plus de précisions sur cette la
nature de cette « implication »
sûrement pour susciter les doutes et
distraire d’autant qu’aucune preuve
sur l’engagement des éléments du
Hezbollah sur le territoire syrien
n'avait été, à ce jour, prouvé (les
5 ou 6 personnes présentées aux
médias, comme du Hezbollah fait
prisonniers, sont des citoyens
libanais vivants à Damas, des
sunnites, qui avaient été kidnappés
quelques jours plus tôt).
- Que
l'armée syrienne n'avait aucunement
besoin d'une aide, en l’occurrence
celle du Hezbollah, et que la seule
« aide » était de bloquer la
frontière pour empêcher et
éventuellement éliminer, toute fuite
vers le Liban. Ce qui a été fatal
puisque les groupes armés étaient
pris en étau sans possibilité de se
dégager ou d’être appuyé. Il ne leur
restait que la mort ou la reddition.
Les centaines d’éléments qui avaient
‘réussi’ à rejoindre quelques
villages proches n’étaient, en fait,
qu’une tactique de l’armée syrienne
ayant pour but de diviser les
groupes pour mieux les anéantir avec
le moins de résistance et de frais.
- Que
tous leurs mensonges et diversions
avaient pour but de pousser à une
intervention occidentale (surtout
israélienne) qui reste hypothétique
au vu des conditions de tous les
groupes armés et l’emprise des
forces syriennes sur le théâtre des
combats d’une part, mais également
au regard du climat politique qui se
dirige, inexorablement, vers un
règlement du conflit selon les
modalités du camp victorieux qui
semble, en plus, disposer de
redoutables armes de riposte d’autre
part.
- Que toute
intervention d’« Israël » ne pourra
que mettre dans une drôle de
confusion aussi bien les pays
gouvernés par islamistes et
l’opposition syrienne de la
‘coalition’ que leurs soutiens
occidentaux. En effet, s’ils
acclament une offensive Israélienne,
ils commettront une grave faute
devant l’opinion arabe; s’ils
observent le silence, ils seront
frappés de suspicion ; s’ils
condamnent, ils renieraient leur
position, mainte fois rabâchée,
contre le « régime » syrien. Un
dilemme infernal que les EU, bons
tacticiens et calculateurs,
n’oserons pas introduire au risque
d’embraser la région, voire au-delà
et d’anéantir toute marge de
manœuvre ou espoir de solution. La
Russie, par la force de la Syrie,
son obstination et sa résistance, a
réussi à faire changer les règles du
jeu de l’adversaire tout en
maintenant les siennes intactes.
- Que la révolte qui se déroule
actuellement en Turquie n’est que
l’expression d’un peuple qui refuse
le suivisme et l’alignement de son
pays à la politique
américano-sioniste à l’endroit d’un
peuple voisin auquel il est lié par
l’histoire et l’économie. Il aurait
été difficile aux Occidentaux de
faire ce qu’ils font à la Syrie si Erdogan ne s’était pas lié à leurs
projets de domination.
- Que le projet hégémonique sur les
pays entourant la méditerranée, que
pilotait la France de Sarkozy dans
le cadre de l’UMP avec l’appui des
EU, que refusait alors l’Allemagne,
est en passe de se transformer –
grâce à la résistance farouche de la
Syrie à l’agression et l’entrée en
lice de la Russie et de l’axe
antagoniste à l’occident – en projet
d’équilibre stratégique.
- Que le
« pragmatisme »,
cette
philosophique américaine, qui
n’admet de « vrai » que ce qui
fonctionne réellement en s’adaptant
à la réalité et en préférant la
pratique apparait justement par la
réalité et la pratique de son
initiateur - dans ses relations, ses
attitudes et ses objectifs avec le
reste du monde - une doctrine
insensée quand elle est expurgée de
morale et de principes.
- Que le Capitalisme tel que conçu
par l’impérialisme occidental, que
dirige la grande industrie de
concert avec les cartels financiers,
mène droit aux crises économiques
mondiales et aux guerres comme issue
et corollaire.
À cette étape du conflit, la
Syrie se trouve dans une position
militaire et politique qui lui est
favorable où toute recrudescence des
menaces ne lui sera que bénéfique
d’autant que le Hezbollah déclare
solennellement que toute agression
extérieure de la Syrie sera
considérée aussi agression du Liban.
L’Iran voit que son implication
deviendra nécessaire pour des
raisons de sécurité nationale. La
Russie considère que la
déstabilisation de cette partie
importante du monde nuirait à ses
intérêts suprêmes, mais aussi aux
grands équilibres du monde !
Les conséquences
prévisibles dans le cas d’un conflit
généralisé, à partir de cette
région, seraient donc inimaginables
si le discernement ne tient pas lieu
et place de la cupidité.
Djerrad Amar
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