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Carnets du diplo

Iran : négocier ou faire la guerre ? (suite)
Alain Gresh

Le gouvernement irakien a décidé d’inviter à Bagdad le 10 mars des représentants des pays voisins, dont l’Iran et la Syrie (et aussi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité), pour discuter de l’avenir de l’Irak. Cette première réunion serait suivie d’une autre, en avril, au niveau des ministres des affaires étrangères. La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a salué cette initiative et affirmé que son pays y participerait. Le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow a déclaré le 28 février qu’il n’y avait pas de changement de la position américaine : « Les Etats-Unis ont déjà participé à de nombreux forums ces dernières années où étaient présent l’Iran et la Syrie », notamment sur l’Afghanistan. « Ce n’est donc pas une brèche dans le mur (a crack in the wall), mais c’est un exemple que les Etats-Unis travaillent sur le plan diplomatique. »

Est-ce un tournant de la politique américaine ? « Les virages à 180 degrés sont rares sous la présidence de George W. Bush, et il vaut mieux y regarder à deux fois, répond le correspondant du Figaro à Washington, Philippe Gélié. En décidant de s’asseoir à la même table que des représentants de l’Iran, la diplomatie américaine prend manifestement un tournant après des semaines d’escalade verbale et militaire. Mais l’accent mis par Washington sur cette « nouvelle offensive diplomatique » s’inscrit autant dans une stratégie globale plus qu’il ne la contredit. »

Dans cet article du 1er mars, intitulé « Washington amorce un dialogue avec l’Iran », le correspondant poursuit :

« ll y a pourtant une différence entre la participation à une conférence et le dialogue sans condition recommandé par Baker (il évoque le rapport Baker-Hamilton). Condoleezza Rice a promis de longue date aux dirigeants iraniens l’ouverture de négociations, s’ils renoncent à enrichir de l’uranium, conformément aux résolutions de l’ONU. "Ces conditions demeurent", a prévenu Sean McCormack. Washington a entamé lundi des discussions avec ses partenaires en vue de durcir les sanctions. "Il n’y a pas de changement dans notre politique", insiste le porte-parole du département d’État. "Loin de se limiter à une campagne militaire, nos efforts en Irak avancent sur tous les fronts à la fois, explique Mme Rice : sécuritaire, politique, économique et diplomatique." »

« Ce qui a surtout changé, du point de vue des dirigeants américains, c’est le contexte. En isolant l’Iran à l’ONU, en promettant de "détruire ses réseaux" subversifs en Irak, en déployant deux groupes navals de combat, en multipliant les raids de surveillance sur la frontière Iran-Irak, en augmentant la pression sur le système bancaire iranien et les capacités d’investissement du secteur pétrolier, Washington pense avoir suffisamment affaibli le président Ahmadinejad pour parler en position de force. "Nous étions convaincus que les Iraniens ne nous prenaient pas au sérieux, a expliqué Philip Zelikow, ancien conseiller diplomatique de Rice. Alors nous avons fait en sorte que cela change, et maintenant on peut essayer la diplomatie." »

Alors que, toujours selon Le Figaro du 1er mars, « La France hésite à se joindre à la conférence ministérielle », notamment du fait de la participation syrienne, les tentatives d’explication de la décision américaine se multiplient. Rares sont ceux qui pensent qu’il s’agirait d’un véritable tournant.

Plusieurs quotidiens de la presse arabe de jeudi 1er mars expriment cependant un certain espoir. Dans la quotidien pro-gouvernemental libanais An-Nahar du 1er mars, Sahar Baasirié écrit : « La décision américaine est, quels que soient les critères choisis, un changement majeur par rapport au discours d’escalade dominant, même si le résultat n’est pas garanti. Elle peut servir à désamorcer, au moins temporairement, les dangers croissants d’une possible confrontation militaire. Nous disons temporairement car il est encore trop tôt pour savoir si nous avons affaire à un changement stratégique ou simplement une manoeuvre tactique de l’administration qui tente de contenir la colère du Congrès et le malaise de l’armée sur la possibilité d’une guerre avec l’Iran. »

Comme le dit l’éditorialiste, une explication possible réside dans la volonté américaine d’obtenir des crédits militaires supplémentaires pour leur intervention en Irak, et amadouer une majorité démocrate. Or, comme le souligne Le Monde du 1er mars,« Les démocrates se divisent sur la façon de s’opposer à George W. Bush en Irak ». Ce geste d’ouverture contribuera donc à la division des démocrates.

D’autres commentateurs américains mettent en avant d’autres causes : la volonté de l’administration américaine de montrer qu’elle a exploré toutes les voies avant de s’engager dans la guerre ; les pressions de l’Union européenne ; la conviction de l’administration que les sanctions économiques adoptées contre l’Iran commencent à porter leurs fruits et qu’il est donc temps de récolter les résultats ; etc.

On trouvera une analyse très détaillée de la position américaine et de ses implications sur le blog de Juan Cole du 1er mars, écrite par Gerald B. Helman, qui fut un ambassadeur américain et intitulée « Regional conference on Iran ».

Plus généralement, on note une activité diplomatique intense, avec la visite du président Ahmadinejad en Arabie saoudite le 3 mars et la préparation du sommet arabe à Riyad le 22 mars. Mais, en conclusion, la question posée est toujours la même, « négocier ou faire la guerre ? » et la réponse toujours aussi incertaine.

 


Source : Carnets du diplo
http://blog.mondediplo.net/...


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