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Liban


Course contre la montre
Hicham Mourad

Liban. Pour la troisième fois, les députés ont reporté l’élection du président. Ils se sont donné une ultime chance à trois jours de l’expiration du mandat présidentiel.


Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir

Mercredi 21 novembre 2007

Majorité et opposition sont cette fois-ci condamnées à réussir. Elles n’ont plus droit à l’erreur, au risque de plonger le pays du Cèdre dans une crise politique profonde aux conséquences imprévisibles.

Faisant le constat de leur persistant désaccord, les députés ont pour la troisième fois reporté l’élection du président de la République, désormais fixée au 21 novembre, trois jours avant la fin du mandat présidentiel, pour donner plus de chances à un compromis entre opposition et majorité et éviter un vide politique. Les divergences restent profondes entre la majorité parlementaire antisyrienne, dirigée par Saad Hariri et soutenue par l’Occident, et l’opposition menée par le Hezbollah chiite, qui n’arrivent pas, malgré la médiation internationale, à se mettre d’accord sur un successeur au prosyrien Emile Lahoud.

Le secrétariat général du Parlement libanais, qui a annoncé le report de l’élection, a cependant indiqué que le président du Parlement, Nabih Berri, un ténor de l’opposition soutenue par Damas, et Saad Hariri ont, dans une ultime tentative de médiation, demandé au patriarche maronite Nasrallah Sfeir de « rassembler les principaux leaders maronites en vue de parvenir à établir une liste de candidats consensuels à la présidence ». « Nous appuyons avec force cette initiative afin que nous puissions tous choisir un président consensuel parmi cette liste », ont-ils affirmé. Le président doit être issu de la communauté maronite, la plus puissante communauté chrétienne au Liban.

Le blocage entre majorité et opposition est tel que les responsables libanais s’attendaient au report de la séance parlementaire, qui devait avoir lieu lundi dernier, après l’ajournement des deux précédentes sessions, les 25 septembre et 23 octobre. Selon Antoine Nasrallah, porte-parole du Courant Patriotique Libre (CPL) de Michel Aoun, chef de l’opposition chrétienne et candidat à la présidence, « le report est intervenu après un accord entre Berri et Hariri. C’est normal, car jusqu’à présent nous n’avons pas de consensus. Nous espérons qu’il y en aura un d’ici le 21 novembre ». Pour le député Boutros Harb, l’un des candidats de la majorité à la présidence, « il s’agit d’un sursis, d’une prolongation des efforts qui doivent mener à une entente ». « Si ça n’avait pas été fait, cela aurait déclenché l’affrontement. Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour (...) trouver une formule de compromis », a-t-il affirmé. Pour sa part, le député du Hezbollah Mohammad Haidar avait affirmé dans la matinée que « ces deux derniers jours, le sentiment d’optimisme (s’était) renforcé, par opposition au climat qui régnait la semaine dernière ». « Et ce qui nous rend optimistes, ce sont les efforts déployés par des parties régionales et internationales pour éviter que le pays ne plonge dans l’inconnu », avait-il ajouté.

Le Liban est secoué par une grave crise politique depuis la démission de six ministres du gouvernement de Fouad Siniora le 11 novembre 2006. Depuis, le gouvernement est totalement paralysé, l’opposition menée par le Hezbollah chiite réclamant une part plus importante du pouvoir.

La majorité insiste pour que le président soit issu de son camp ou du moins qu’il ne soit pas inféodé à la Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban. Elle affirme qu’en l’absence d’accord, ses députés pourront élire un président à la majorité simple entre le 14 et le 24 novembre, période durant laquelle ils pourront se réunir sans avoir été convoqués par M. Berri. L’opposition met en garde contre l’élection d’un candidat qui ne serait pas « consensuel », brandissant la menace de créer un gouvernement rival. Elle juge nécessaire de réunir un quorum de deux tiers des députés et soutient que tout président élu sans ce quorum sera « illégitime ». C’est ainsi que le chef du Hezbollah chiite, Hassan Nasrallah, a affirmé dimanche que tout président libanais élu sans consensus entre la majorité antisyrienne et l’opposition, dont il est le chef de file, serait un « usurpateur ». « Tout président élu à la majorité simple (...) ne sera pas reconnu par l’opposition, qui le considérera comme un usurpateur et un imposteur », a déclaré Hassan Nasrallah. « L’élection d’un président à la majorité simple et le maintien d’un gouvernement illégitime seront pires que le vide politique », a assuré Nasrallah.

L’opposition et le président actuel considèrent comme « illégitime » le gouvernement de Fouad Siniora depuis la démission il y a un an de six ministres, dont cinq chiites. Le secrétaire général du Hezbollah a lancé un appel à Emile Lahoud pour qu’il prenne « une mesure de salut national en vue d’empêcher le pays de sombrer dans le vide », sans préciser la teneur de cette initiative. Emile Lahoud avait annoncé, fin août, qu’il envisageait de nommer le chef de l’armée à la tête d’un gouvernement provisoire si la majorité et l’opposition ne parvenaient pas à un compromis. Depuis, l’opposition brandit la menace d’un gouvernement rival, un scénario identique à celui qu’a connu le Liban aux dernières années de la guerre civile (1975-1990).

En l’absence d’un consensus entre majorité et opposition, beaucoup au Liban et à l’étranger redoutent un nouvel assassinat politique pour empêcher l’élection, comme ceux dont ont été victimes depuis 2005 des personnalités antisyriennes, dans lesquels Damas est soupçonné d’être impliqué. Dans le dernier attentat en date, le 19 septembre, le député antisyrien Antoine Ghanem a été tué aux côtés de cinq autres personnes. C’est pour cette raison que les pressions internationales se focalisent sur la Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, pour qu’elle facilite la tenue de l’élection. Jeudi dernier, les Etats-Unis ont fait savoir, à l’adresse de Damas, qu’ils « recourront à tous les moyens pour soutenir ceux qui veulent avoir une élection décente, juste et transparente ». Le 4 novembre à Damas, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, émissaire du président français Nicolas Sarkozy, avait transmis au président syrien Bachar Al-Assad un message de fermeté : le Liban doit élire un président par ses propres moyens, sans intervention étrangère. Lors d’une réunion à Istanbul la semaine dernière, Washington et Paris, mais aussi l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie et la Ligue arabe ont mis la pression sur Damas, affirmant que « l’ingérence et l’intimidation dans le processus électoral (libanais) n’étaient pas acceptables ».

Les pressions internationales s’exercent aussi sur les protagonistes libanais. Lundi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est rendu à Beyrouth pour une ultime médiation entre les parties concernées. Il sera suivi par son homologue italien, Massimo D’Alema, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.

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Publié le 21 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo



Source : Al-Ahram hebdo
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