Opinion
«La garde
pétrolière» ne s'occupe pas de Benghazi
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 30 janvier
2013
Ce sont les
services du Royaume-Uni qui ont flairé
un danger pour les ressortissants
occidentaux à Benghazi, en Libye. «Nous
sommes maintenant au courant d'une
menace spécifique et imminente contre
les Occidentaux à Benghazi et demandons
aux Britanniques qui sont là-bas en
dépit de nos conseils de partir
immédiatement», stipule un communiqué du
ministère britannique des Affaires
étrangères. Il le fallait bien, ils ont
été les premiers sur le terrain, bien
avant que la «révolution» commence et,
aussi, lors de la «victoire» finale à
Tripoli. Appel de même était fait, par
leurs autorités respectives, aux
Allemands, aux Néerlandais, aux
Australiens et aux Français de quitter
la région à risque avéré. Devant ce
fait, on ne peut pas ne pas se rappeler
que dans cette ville, des prières
publiques s'accomplissaient sous les
drapeaux des pays de l'OTAN, flottants
ostensiblement au-dessus de têtes
musulmanes à souhait. C'était du temps
de l' «unité d'action» entre les «thouar»,
les bombardiers de Anders Fogh Rasmussen
et ses forces spéciales. C'était du
temps de la «libération» et de la
«démocratisation» de la Libye.
Visiblement, on en est plus là.
L'assassinat de Mouammar Kadhafi et
l'installation du CNT au pouvoir n'ont
pas arrangé les choses, du moins dans le
sens où on les présentait. Peut-être
dans le sens que l'on voulait, en
sécurisant juste ce qu'il faut du
territoire, dont le reste est livré aux
hordes armées. A ce propos, un colonel
de ce qui fait office d'armée libyenne
nous informe sur le sujet : «Les
compagnies, libyennes ou étrangères,
n'ont pas reçu une seule menace. Les
conditions de sécurité de toutes les
sociétés travaillant sur les gisements
pétroliers sont très bonnes.» Il y a de
quoi. Pour ce résultat, il y a ce qu'on
appelle «la Garde pétrolière», forte de
15.000 hommes, qui s'occupe de
l'essentiel, ce pour quoi le «peuple
libyen» a eu les plus puissants «amis»
du monde. Elle vient d'être renforcée
par des bandes de Zentane. Ainsi, les
Occidentaux sont tenus de plier bagages
des endroits inutiles. Ce qui ne plaît
pas aux nouvelles autorités qui voient
là une sorte d'insulte à leur image.
Toutefois, elles montrent leur
mécontentement sans trop risquer
d'écorcher les parrains de leur
«révolution». Ledit vice-ministre libyen
de l'Intérieur, Abdallah Massoud,
reconnaît qu'«il y a des problèmes de
sécurité à Benghazi et ceci depuis
plusieurs mois» et, comble du culot,
veut faire croire que son gouvernement
est «en train d'asseoir (son) autorité
dans l'Est et dans toute la Libye». Ce
disant, il se permet juste de regretter
la fermeté des Britanniques. Sauf qu'il
montre qu'il n'a pas compris que ces
derniers en savent infiniment plus que
lui sur son pays, qui n'ont même pas eu
la politesse de l'informer de la
décision de faire évacuer leurs
ressortissants. Devant ce déni de
considération, un autre vice-ministre de
l'Intérieur, Omar Al-Khadraoui, a cru
pouvoir demander des explications à
l'ambassade de Grande-Bretagne, mal lui
en pris, personne ne lui a répondu. La
chose a certainement été jugée inutile,
prouvant le peu de crédit qui est
accordé au semblant de pouvoir qui trône
à Tripoli.
Article
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Les Débats
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