Opinion
Irak, Libye, Syrie
des « preuves » et des agressions
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 29 août 2013
L’impérialisme a-t-il jamais eu besoin
de preuves pour agresser un peuple, un
pays ? Et s’il en a invoquées
étaient-elles réellement crédibles et
justifiaient-elles son ingérence dans
les affaires intérieures des Etats
concernés ? La seule histoire récente,
des interventions militaires des
Etats-Unis, est implacable plutôt de
preuves sur l’arrogance et le cynisme de
la Maison-Blanche et de sa suite de
vassaux. A chaque crime correspond une
montagne de mensonges qui sont
immédiatement « oubliés » pour en
resservir d’autres, à l’occasion
d’autres entreprises de prédation. Les
« preuves » ont toujours trait aux
atteintes aux « droits de l’homme », à
la « démocratie », à la « sécurité des
Etats-Unis ou à leur way of life
(sic !) ». En face et autour le monde
assiste impuissant et passif à sa mise
en coupe réglée. Une « communauté
internationale » bienveillante sert de
caution « morale » au jeu de massacre.
Elle est chargée d’applaudir au discours
dominant à la demande. Les Nations
unies, quand elles ne sont pas
« paralysées » par un veto, peuvent ne
plus servir à assurer la légalité
internationale comme en Yougoslavie et
en Irak. La Syrie pourrait-être ainsi la
prochaine victime d’une ignominieuse
attaque, à laquelle se prépare
l’alliance atlantiste forte du silence
sidéral de l’écrasante majorité des
gouvernements du monde. Le scénario est
en place, le « régime de Damas » a
utilisé des gaz mortels contre la
population de son pays, les principaux
membres de l’OTAN l’ont affirmé et n’ont
pas eu besoin d’attendre le résultat des
expertises. Pourquoi faire ?
Pourrions-nous nous demander. Ce type de
décret a déjà servi et a pu autoriser
que deux peuples soient précipités dans
un cauchemar sans fin, les Irakiens et
les Libyens qui ne sont pas appelés à la
barre pour témoigner sur le résultat de
leur « libération de la tyrannie » et
sur la « démocratie » que les
bombardiers atlantistes leur ont
larguée. Pourtant il serait bien de les
interroger, chose qui ne semble pas être
à l’ordre du jour des médias de la bête.
Et pour cause, aujourd’hui, ils sont
trop occupés à resservir la soupe sur la
Syrie. Cette soupe qui justifiera, le
cas échéant, des « frappes
chirurgicales » contre Bachar Al Assad
ou plus s’il en faut, jusqu’à la
« victoire » des « révolutionnaires » de
la CNS/ALS. Le gouvernement syrien
lui-même se situe dans la rhétorique en
vigueur. Son représentant à l’ONU
endosse la robe du défenseur :
« beaucoup de données tendent à prouver
l'innocence du gouvernement syrien qui
fait l'objet d'une accusation
fallacieuse ». Il feint de croire au
bon sens et à l’utilité de cette
organisation, au moment même où se
confirme le peu de cas fait des données,
puisque Washington a demandé à l'ONU de
mettre fin à la mission de ses
inspecteurs sur les sites où les
attaques chimiques se seraient
produites. A la suite de quoi les
inspecteurs ont cessé leurs activités
pour « raison de sécurité ». Un seul
doute persiste, si les Etats-Unis
envoient leurs avions, sur la nature des
assurances qu’ils auraient eu auprès des
Russes et des Chinois et en échange de
quelle contrepartie. Si, toutefois,
Moscou ou Pékin ou les deux réunies ne
réagissent pas à la hauteur de
l’outrecuidance étatsunienne.
Article publié sur
Les Débats
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