Opinion
L'esprit de
novembre et les calculs de Bouguerra
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 28 novembre
2011
Un petit
survol de l'actualité algérienne nous
fait découvrir une agitation
inhabituelle et inédite du leader de
Hamas, monsieur Bouguerra Soltani.
Inhabituelle, car le discours a changé
et l'homme se met à afficher des
ambitions qu'il n'avait pas. Il fait
dans l'opposition et se donne, de plus
en plus, un air de «printanier» en
campagne. Il donne des ultimatums et
menace «l'Alliance présidentielle». Il
se sent des ailes et n'a plus la décence
diplomatique qui a permis à son
mouvement de se placer dans les sphères
du pouvoir. Il croit que s'est
constituée, pour lui, une «profondeur
stratégique» qui n'attend qu'à englober
l'Algérie, grâce au triomphe
«inéluctable» du MSP. Frères musulmans
pressentis en Egypte, la Charia en
Libye, l'Islam «modérée» en Tunisie, il
plastronne par procuration et prévient,
qui veut l'entendre, que son tour et
celui de son parti est arrivé, pour
présider aux destinées du pays. Rien que
ça ! Pour la simple raison qu'en
Tunisie, Ennahda s'est classée première
aux élections sur la constituante et
qu'en Libye ce sont aussi les tendances
islamistes qui sont au pouvoir,
aujourd'hui. Mon jour est arrivé ! Il
sait même qu'il a 400.000 voix stables.
Sans devoir s'inquiéter de cette
stabilité, si elle est avérée. Parce
qu'elle sera bien insuffisante pour
briguer la magistrature suprême. Pour
invoquer le contexte national car cela
se doit bien, il fait référence à la
proclamation du FLN du 1er novembre 1954
où son exégèse personnelle trouve
l'esprit qu'il défend. Les rédacteurs
auraient été des islamistes comme lui,
c'est ce qu'il laisse suggérer, qui
voulaient instaurer son programme. Dans
la foulée et emporté par l'élan, il
convoque le «message des martyrs» et
«l'esprit de la lutte de libération
nationale». Faisant feu de tout bois, il
s'emmêle les mots dans une euphorie que
seule l'autosuggestion peut procurer.
«L'esprit de la lutte de libération»
dit-il, sans réfléchir à ce qu'il
profère. Un «esprit» qui aurait bien du
mal à assimiler le soutien que Soltani a
apporté à l'agression coloniale contre
la Libye. Un »esprit» qui n'a pas
accepté en son temps cette «paix des
braves» qui aurait porté à la tête du
pays un personnel choisi par la
puissance occupante. Soltani n'en a
cure. L'OTAN a installé les islamistes à
la place de Mouammar Kadhafi, c'est la
seule chose qui importe pour lui, même
si à chaque fois qu'il se félicite, de
la «victoire» libyenne, il omet de la
citer, grâce à cet art de l'esquive qui
caractérise les spécialistes de la
duplicité. Mais, au-delà du délire
ambitieux, il doit avoir de piètres
mentors qui l'ont poussé à avoir cette
drôle de position devant la très large
indignation manifestée par les jeunes
algériens, devant le massacre des
Libyens par l'aviation et les forces
spéciales occidentales, et la profonde
impopularité du nouveau pouvoir libyen,
due à la servilité de ses membres
vis-à-vis de leurs parrains. Osons
parier que l'instabilité a dû fortement
gagner les 400.000 voix qu'il espère
avoir dans son compte électoral.
Article publié sur
Les Débats
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