Libye
La CPI et ses
ex-protégés
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 24 juin 2012
Un épisode
insolite, un de plus, anime la scène
politique internationale. La Cour pour
indigènes, la CPI, qui a été au front
pour «démocratiser» la Libye, trouve
maille à partir avec la Libye
«démocratisée». Des membres de sa
délégation sont retenus prisonniers par
l'«autorité de Zenten», l'une des hordes
armées qui dirigent le pays. L'ironie de
l'histoire se trouve dans le fait que
Catherine Ashton, la chef des affaires
étrangères de l'Union européenne, soit
obligée d'insister «sur le fait que la
Libye a l'obligation légale, en vertu de
la résolution 1970 (2011) du Conseil de
sécurité de l'ONU… de reconnaître les
privilèges et immunités du personnel de
la CPI». Et pour cause ! Cette
résolution comporte la décision du
secrétaire général de l'ONU de saisir le
procureur de la CPI sur la «situation
qui règne en Jamahiriya arabe libyenne»
(février 2011) et que «les autorités
libyennes doivent coopérer pleinement
avec la Cour et le procureur et leur
apporter toute l'assistance voulue…» En
son temps, on s'adressait à Mouammar
Kadhafi, pour permettre à la CPI de
«protéger» les ravisseurs d'aujourd'hui.
Mais Mme Ashton fait mine d'ignorer, en
s'adressant à la «Libye», comprendre le
CNT, que cet aréopage inénarrable ne
dirige rien au-delà du seuil de son
siège, malgré sa scandaleuse
«élection-légitimation» par la
«communauté internationale», cette
expression éhontée de la prédation
internationale. On dit, bien à propos,
que la bande de Zenten est sous coupe
française, que celle de Misrata est
pro-USA, que celle de Benghazi est
pro-anglaise et que le «Conseil
militaire de Tripoli» relève du Qatar.
Au-dessus de toutes ces considérations,
la CPI et autres commanditaires de la
«révolution» devraient rendre des
comptes sur ce que subissent les Libyens
noirs et les migrants africains noirs
qui souffrent le martyre. Car, ce n'est
plus un secret qu'ils sont soumis aux
pires traitements et même à l'esclavage.
Une récente mission de la Fédération
internationale des ligues des droits de
l'homme (FIDH) qui, à sa décharge, s'est
penchée sur la question (du 4 au 15
juin), a rendu public les exactions et
les crimes des «ex-civils protégés par
l'OTAN». On apprend qu'au-delà des
victimes coincées dans le pays, d'autres
sont «acheminées par des chauffeurs de
bus ou de taxis», pour le compte des
bandes armées, qui «leur extorquent
leurs biens et finissent par les envoyer
dans les camps au motif qu'ils n'ont pas
de visa de travail». Des camps de
concentration alimentés en détenus et
gérés par «d'anciens rebelles, sans
aucune autorisation ni contrôle de la
part des autorités libyennes». La
mission a pu visiter cinq de ces camps
de migrants à Tripoli, Benghazi et
Gharyan (dans les monts de Nefoussa au
nord-ouest du pays). Pour beaucoup moins
que cela, la résolution 1970 a été
suivie de la 1973 qui s'inquiétait «pour
la sécurité des étrangers en Jamahiriya
arabe libyenne et pour leurs droits»,
qui a fait des dizaines de milliers de
morts et dont les effets continuent
d'alimenter la nécrologie du peuple
libyen et de semer la terreur.
Article publié sur
Les Débats
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