Opinion
Algérie : la
catharsis de l'histoire
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 24 janvier
2012
Le racisme,
l'idéologie impériale, toutes les
philosophies qui justifient la
domination de l'Homme par l'Homme, ont
ceci de particulier : produit de
l'intérêt économique d'une classe, d'une
catégorie sociale ou d'un système
inégalitaire, elles se rallient
toujours, à un moment ou à un autre,
avec ce qui a été inventé de pire comme
mode de gouvernement, avec le fascisme.
A ce propos, il va s'en révéler des
vertes et des pas mûres en cette année
du cinquantième anniversaire de
l'Indépendance algérienne. Ce n'est pas
qu'elles n'étaient pas dites, mais elles
étaient réservées aux cercles d'initiés
et n'intéressaient pas les grandes
masses. Cette fois-ci, l'événement va
soulever les passions, aiguiser la
curiosité, focaliser l'attention,
attiser l'intérêt et faire fleurir les
questions brûlantes. Grâce à cela,
parallèlement à l'hideux portrait du
colonialisme, on peut découvrir les
multiples travers de sa nature. Il sera
certainement fait cas de l'attitude de
la grande colonisation vis-à-vis de la
défaite de la République française,
devant la déferlante nazie, et de
l'accueil qu'elle a fait à l'investiture
du régime collaborationniste du maréchal
Philippe Pétain, faisant de l'Algérie
«entre 1940 et 1942 – date du
débarquement allié en Afrique du Nord –
un exemple de la présence du
gouvernement vichyste dans les colonies
françaises» (L'Algérie sous le régime de
Vichy de Jacques Cantier). Cette
attitude devra être significativement
rapportée à celle du MTLD/PPA et du
mouvement national algérien, en général.
Et pour cause : sollicités par les
puissances de l'axe fasciste, Messali et
les nationalistes ont refusé une offre,
qui leur faisait miroiter la libération
de leur pays, malgré le sort qui était
infligé à leur peuple. Bien plus, selon
Hubert Hannoun, ancien professeur
d'école normale à Constantine,
Professeur des Universités
d'Aix-Marseille 1 (France) : «On note,
au plan politique, que, entre 1939 et
1942, sous le régime de Vichy, alors que
les Arabo-Berbères auraient pu, dans une
relative impunité, faire subir aux Juifs
redevenus indigènes algériens, donc
privés des apports du droit français,
toutes sortes de malversations et de
sévices, rien de tel ne se produit. La
coexistence entre les deux groupes se
poursuit avec une sérénité persistante…»
Deux leçons implacables de l'Histoire,
qui ont mis à nu l'ignominie du bourreau
et l'Humanité de la victime. Les nantis
des colonies se sont immédiatement
fondus dans la «Révolution nationale»
pétainiste, aux ordres de l'hitlérisme.
Les militants d'une cause libératrice
ont résisté aux sirènes de la
collaboration, fusse contre leurs
propres oppresseurs. Le peuple réduit à
l'indigénat n'a pas pensé à sa revanche
contre les indigènes juifs, dépouillés
des privilèges du décret scélérat
d'Adolphe Crémieux. Plus tard, lorsqu'il
a fallu reconnaître l'Algérie
algérienne, ce fut au tour des autres
naturalisés Français de faillir ne pas
être reconnus comme tels, puisqu'ils
devaient être «rapatriés» dans un pays
qui n'a jamais été le leur, dont ils ont
gagné la citoyenneté grâce au fait
colonial. Ce ne seront que des faits
d'une mémoire têtue, que d'aucuns
veulent «modérer».
Article publié sur
Les Débats
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