Opinion
Le containment et
l'imbroglio syrien
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 23 août
2012
Durant la
dernière décennie, l'impérialisme
étatsunien a subi de dures défaites.
Dans sa chasse gardée, l'Amérique du
sud, il ne contrôle presque plus les
montées populaires ou les nationalismes
souverainistes, qui ont irrésistiblement
remplacé ces dictatures bénies des
multinationales. Autant de
rétrécissement de son espace vital.
Autour, de sérieux prétendants
s'invitent, qui lui disputent le monde
qu'il a cru avoir "libéré" après la
"chute du mur de Berlin" et
l'effondrement des bureaucraties du bloc
de Varsovie, au profit de la prise de
pouvoir par des affairistes et des
partisans de la "libre-entreprise".
Cette situation, qui précarise les
conditions nécessaires à la nature
expansionniste du marché, est aggravée
par une crise systémique profonde, qui
affecte les Etats-Unis et l'Europe, leur
périphérie immédiate. Une peur panique a
donc gagné la Maison-Blanche et les
états-majors de l'OTAN. Une peur
exacerbée par la chute de deux alliés en
Afrique du nord, en Tunisie et en
Egypte, sous le coup de révolte des
populations contre les politiques
économiques libérales, génératrices de
chômage, d'exclusion et de paupérisation
de larges couches de la société. Des
craquements qui rappellent
douloureusement le syndrome
sud-américain, par la menace qu'ils
représentent sur l'édifice de la
mondialisation capitaliste. Ainsi trois
fronts ont été ouverts. Le premier est
celui de la lutte contre les
"débordements" potentiels des
révolutions vers des remises en causes
radicales du libéralisme. Le deuxième
est d'éviter que les "surprises"
tunisienne et égyptienne se
reproduisent, en activant, s'il le faut
une contre-révolution, grâce à des
relais locaux, prêts à l'emploi et
destinés à servir de leurres, surtout en
focalisant la colère populaire sur les
concepts de "liberté", de "démocratie"
et de "droits de l'homme". Le troisième
front est ouvert contre les Russes, les
Chinois et tous les concurrents
potentiels, afin de réaliser leur "containment",
selon la doctrine mise en œuvre durant
la guerre froide, pour le Moyen-Orient.
Le principe de la doctrine du "containment",
remise au goût du jour, est
l'endiguement de l'adversaire "par tous
les moyens". C'est ce qui est à l'œuvre
en Syrie, un théâtre qui intègre, au
départ, une dynamique sociale interne,
hostile aux mesures néolibérales, qui
ont produit un lumpenprolétariat massif,
une influence de la Russie et de la
Chine, alliées au pouvoir en place et,
enfin, ce que certains analystes
appellent "les Fantassins de l'empire
anglo-saxon", favorablement désignés par
les médias dominants, dans la confusion
de la guerre en cours, comme
"combattants de la liberté". Sauf que
l'imbroglio est total dans les rangs de
"l'opposition" armée, ce qui rend
extrêmement difficile de la contrôler et
provoque beaucoup d'hésitation quant au
ciblage de ceux qu'il faut soutenir
financièrement et militairement. Le
précédent afghan pèse encore de tout son
poids dans les décisions des Etats-Unis,
obligé qu'ils sont d'affronter une
résistance qu'ils avaient contribué à
faire émerger. Un problème auquel il
faut adjoindre le jeu "propre compte"
des pétromonarchies, plutôt préoccupées,
elles, de juguler aussi la "démocratie",
même sous sa forme tronquée et formatée.
Ce qui explique la possibilité d'un
échec cuisant dans la région, qui
aggravera le recul de l'influence
occidentale et favorisera un
rééquilibrage des forces à l'échelle
mondiale.
Article publié sur
Les Débats
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