Opinion
L'Algérie a fait
«exception»
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 12 janvier
2013
L’Algérie
est en bonne voie et c'est plus que ne
pouvait espérer une «communauté
internationale» dépitée, voire
déboussolée, par ce peuple qui n'a pas
fait ce qu'il était tenu de faire, comme
il était prévu par les «experts» et
«spécialistes» des Arabes et assimilés,
comme le croyaient et le voulaient les
nuées de journalistes envoyés sur place,
saisir de visu le «printemps»
inéluctable, imminent. L'Algérie est en
train de répondre, au-delà de toute
exigence, aux attentes des prédateurs du
marché mondial. Sans les bombes de
l'OTAN, sans milices du Qatar, sans
«révolution», sans déstabilisation, sans
même le «changement», le pays se met à
l'heure de l'ultralibéralisme. Par la
bande pour commencer. On n'en est pas
encore à renvoyer le peuple à lui-même,
à lui dire qu'il doit se transformer en
une faune d'homoeconimicus égoïstes,
bref à se débrouiller pour s'instruire,
se soigner, se loger… se nourrir, mais
on y vient doucement. Ce faisant,
l'Algérie constitue bel et bien une
«exception» dans le genre. Les
affairistes se frottent les mains, tout
est bien qui finit bien dans le meilleur
des mondes. Renault a obtenu le monopole
de l'investissement automobile, pour
trois longues années, pour rien. Le
monarque du Qatar peut être satisfait de
sa récolte à peu de frais, au détriment
du développement local et les pétroliers
sont déjà sur la ligne de départ pour
faire haro sur le Sahara. Les députés
algériens viennent de leur ouvrir des
perspectives faramineuses, en autorisant
l'exploitation du gaz de schiste.
Laurent Fabius, le ministre français des
Affaires étrangères, n'avait pas attendu
l'adoption des amendements de la loi sur
les hydrocarbures. Il avait annoncé, en
décembre dernier, qu'un accord algéro-français
allait être signé sur le sujet, alors
que chez lui, la chose avait été
interdite par la présidence française,
étant donné les graves conséquences
qu'elle a sur l'environnement. Chez,
nous, qui vivons une pénurie d'eau, les
effets sont démultipliés. Eh bien, qu'à
cela ne tienne, nous allons assurer la
sécurité énergétique de la France et des
autres, en les aidant dans le même temps
à préserver leurs espaces naturels, bien
plus précieux et bien plus protégés
socialement que ceux des indigènes.
Quelqu'un avait prédit que les
«Algériens n'allaient pas râler». Notre
auguste Assemblée nationale lui a donné
raison, en n'écoutant pas les voix qui
se sont élevées contre un tel crime
écologique. Elle a par contre cru les
experts, militants de la cause des
compagnies pétrolières, qui ont
«expliqué», à sa commission économique,
qu'il n'y a avait pas de grands risques.
Il y a eu des «gardes-fous»
réglementaires, dit-on, qui ont été mis.
Pour se donner bonne conscience. Et puis
il y a eu aussi ces assurances de Youcef
Yousfi, ministre de l'Energie et des
Mines, que des précautions entoureraient
l'exploitation des hydrocarbures des gaz
de schiste. Le Premier ministre avait
pourtant dit que cela ne se ferait pas
avant 40 ans, mais le voilà qui est
pressé de disposer d'une loi tout de
suite. Là-bas, sur ce point, on est plus
conforme avec la réalité des faits et on
dit que dans 10 ans l'Algérie sera un
grand pays producteur de gaz de schiste.
En passant, elle aura servi de
laboratoire à la «fracturation
hydraulique».
Article publié sur
Les Débats
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