Opinion
Syrie : l'OTAN
suppléée ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 9 mai
2013
Tout le
monde finira bien par admettre que
l'entité sioniste n'a pas d'armée, mais
des Forces de défense (FDI),
affectueusement appelées Tsahal pour «Tsva
Hagana LeIsrael» en hébreu. Comprendre
que si les FDI s'attaquent aux enfants
palestiniens, font un carnage à Ghaza ou
au Sud-Liban ou bombardent la Syrie,
comme ces derniers jours, ce ne sont pas
des agresseurs. Il s'agit, seulement, de
se défendre contre des «menaces
émergentes». D'où l'explication que les
Etats-Unis ont toujours mis un veto,
lorsque par extraordinaire, il y a une
résolution onusienne qui risque de
«dénoncer» les sionistes et ont toujours
insisté sur «le droit d'Israël à se
défendre». Par exemple, les derniers
deux raids aériens, qui ont fait des
dizaines de morts au sein de la Garde
républicaine syrienne, relèvent de ce
principe. Ne nous étonnons pas donc que
l'ONU ne s'est pas cru obligée de réagir
sur ce qui serait communément appelé une
agression contre un pays tiers, au moins
une ingérence dans ses affaires
intérieures. Dans le même temps, c'est
tout bénéfice pour les
«révolutionnaires», qui se frottent les
mains devant l'aubaine, même s'ils
n'osent pas afficher toute leur
satisfaction. Car les raids, tout en
visant une «menace» contre les
sionistes, ont comme par hasard affecté
les lignes de défenses de la capitale
Damas. Un résultat collatéral d'une
«attaque contre un convoi d'armes
destiné au Hezbollah», pourrait-on
conclure. Il faut s'en tenir au fait que
le Hezbollah fait partie des «menaces
émergentes» permanentes, celle qui va
certainement justifier d'autres
bombardements aériens et d'autres
bénéfices collatéraux au profit de la
«révolution». Tant pis si certains vont
y voir une similitude avec l'action de
l'Alliance atlantique en Libye. Parce
qu'il est tout de même évident que
l'armée sioniste a débuté le travail que
l'Otan a été empêchée de faire par la
Russie et la Chine. Avec l'inestimable
avantage de l'immunité-impunité qui lui
est conféré depuis 65 ans. L'OTAN sera,
ainsi, avantageusement suppléée, sans
les risques de confrontation planétaire
que son intervention aurait posés. Un
analyste israélien est par contre
inquiet. Selon lui : «Si certains dans
la région, en particulier en Syrie ou au
Liban, voyaient dans ces attaques une
intervention directe dans la guerre
civile, ce serait un vrai problème pour
Israël.» On ne voit pas pourquoi il y
aurait un problème, quand le sionisme
n'a jamais cessé de se situer en dehors
de la «légalité internationale», par
dérogation des puissances occidentales.
A moins qu'il ne s'agisse de la
probabilité que la chose renforce encore
plus la détermination des populations
syriennes qui refusent la destruction de
leur pays. «Il ne faut jamais
sous-estimer le nombre de Syriens qui
s'accrochent au tyrannique Bachar El-Assad»,
nous dit Thomas Loren Friedman du New
York Times. Là serait l'objet de la
crainte. C'est-à-dire le caractère
contre-productif des frappes aériennes
par l'impact fortement négatif qui
aggraverait l'isolement des
«révolutionnaires», qui n'ont pas eu le
luxe, soulignons-le, de voir une armada
occidentale leur offrir la «victoire»
sur un plateau.
Article publié sur
Les Débats
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