Opinion
Syrie : un
massacre, un auteur, un veto
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 8
février
2012
Peut-être
faut-il pour une unique fois chercher
les vrais auteurs de la tuerie de Homs.
Un observateur tunisien en Syrie, Ahmed Manai, déclarait : «Je suis dans la
mission des observateurs arabes en Syrie
et je témoigne que le massacre exécuté
ce matin à Homs est le fait des groupes
armés, dans le but manifeste de faire
pression sur le vote du Conseil de
sécurité». Ce témoignage est passé à la
trappe. C'est que le rapport aux médias
devient de plus en plus compliqué.
Surtout que, désormais, ils sont devenus
de pures armes de propagande. A ce
titre, nous ne pouvons pas oublier la
couverture faite de l'agression contre
la Libye. Rappelons-nous qu'après la
«victoire» de l'OTAN, les langues se
sont déliées. Tout était parti de
mensonges éhontés, sans que l'arsenal
médiatique, qui a matraqué l'opinion sur
les prétendus massacres, n'ait eu la
décence d'un mea-culpa. Soliman
Bouchuiguir, de la Ligue libyenne des
Droits de l'Homme, installé
confortablement en Suisse, membre du CNT
de son état, a reconnu qu'«il n'y a pas
de preuves, il n'y a pas de documents».
Alors que c'est sur la base des
informations données par ce monsieur que
le 21 février 2011 la Ligue
internationale des droits de l'homme a
fait signer par plus de 70
«organisations humanitaires» une lettre
dénonçant les massacres de civils par le
régime libyen à Benghazi. Une lettre
transmise à Barak Obama, Catherine
Ashton de l'Union Européenne, Ban Ki-moon,
secrétaire général des Nations unies. La
lettre réclamait «une intervention
internationale rapide» contre la Libye.
C'est pour cela que la nouvelle du
massacre de Homs oblige à se poser des
questions. Reprenons celles d'un lecteur
assidu de la presse. Il s'appelle Hafid.
Voici ce qu'il dit : «Peut-on donc
comprendre que le massacre de Homs était
destiné à influencer la Russie et la
Chine ??? Ou que le massacre de Homs
aurait dû servir à influencer la Russie
et la Chine ???» Le sens de la nuance
est destiné à ce type de titre : «Malgré
le massacre de Homs, la Russie et la
Chine opposent leur véto...» Questions
qui devraient se poser d'elles-mêmes
devant une telle «arrogance» du
gouvernement syrien. Le voilà qui se met
à défier le Conseil de sécurité, au
moment même où celui-ci se réunit pour
lui faire un sort. Le voilà qui met dans
la gêne la Chine et la Russie, en
fournissant à ses ennemis l'argument de
sa mise à mort. Etonnant, non ? Quand on
sait, à ce jour, que seul Israël a carte
blanche pour tuer, à sa guise, par
centaines les Palestiniens et les
Libanais. Eh bien, presque aucun article
ne s'est interrogé sur ce comportement
suicidaire, étant entendu que le
massacre est massivement attribué à
l'armée syrienne. Pour le sens de
l'à-propos, les autorités syriennes
auraient gagné les palmes du cynisme et
de l'inconscience. Venons-en,
maintenant, à une autre affaire, la
mission des observateurs de la Ligue
arabe. Pour contrer ses conclusions,
Basma Kodmani, une porte-parole du
Conseil national syrien (CNS), une copie
du CNT libyen, favorable à une
intervention de l'OTAN, a dit à France
Inter que «40 000 prisonniers avaient
été sortis des prisons dans lesquelles
ils étaient enfermés, transférés dans
des baraquements militaires à 5 km de là
et remplacés par de faux prisonniers qui
ont donné aux observateurs de fausses
informations sur les événements». Ici,
on est dans le délire et on ne sera pas
choqué d'apprendre que tous les
opposants ont été confinés chez eux et
que les centaines de milliers de Syriens
hostiles à la guerre (qu'on ne voit
jamais) ont été triés sur le volet. Dans
ce cas, pourquoi ne pas appeler à des
élections générales sous stricte
organisation des instances
internationales. Encore une question
qu'aucun média ne pose.
Article publié sur
Les Débats
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