Opinion
OMC : devons-nous
y aller à tout prix ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 8 janvier
2013
Sur un site
spécialisé dans le management, un
observateur de génie, sûrement un
«expert» parmi tous, qui nous rebattent
les oreilles sur les bienfaits du
libéralisme, nous fait savoir que
l'adhésion de l'Algérie au temple OMC,
l'Organisation mondiale du commerce,
passe par Washington. Nous devrions lui
en savoir gré de nous apprendre que les
Etats-Unis sont les maîtres de l'OMC,
mais il aurait fallu que cet état de
fait ne soit pas un secret de
polichinelle. Ainsi, naturellement, le
ministre algérien du Commerce, Mustapha Benbada, annonce qu'il ira expliquer aux
Etatsuniens que l'Algérie a fait des
efforts «pour accélérer le processus
d'insertion de l'économie algérienne
dans l'économie mondiale». De quoi
tomber des nues, si nous considérons
l'état des lieux depuis les premières
«restructurations» destructrices du
tissu industriel du pays, jusqu'au
démantèlement du monopole protecteur de
l'Etat sur le commerce extérieur. Car,
il est légitime de s'interroger sur ce
qu'il reste à faire de plus en matière
«d'insertion dans l'économie mondiale»,
quand à force d'attendre que le
libéralisme daigne bien prendre place
par des investissements, l'Etat a fini
par céder à la pression sociale qui,
elle, ne comprend pas, avec raison, les
arcanes des chantres du marché et leurs
théories fumeuses. Cela dit, M. Benbada
ira aussi «écouter le partenaire
américain, comprendre mieux ses
doléances et ses préoccupations».
Certainement une façon gênée de ne pas
parler de directives et même si cela
n'était pas, ne serait-il pas plutôt des
«doléances et des préoccupations» des
Algériens qu'il faudrait se soucier
avant tout. Surtout que le partenaire
étatsunien s'inquiète de mesurettes
conservatoires et prudentielles prises
par les autorités algériennes. C'est lu
en filigrane dans les déclarations de
notre ministre, qui dit qu'il va
«expliquer les motivations de certaines
interdictions décrétées par les
autorités algériennes». Nous n'en
saurons pas plus, pendant que le
président du groupe de travail de
l'accession de l'Algérie à l'OMC,
Alberto d'Allotto, nous apprend que «les
membres du groupe (les négociateurs de
l'OMC) se sont félicités de cet exercice
de transparence». Est-ce à dire que ce
qui se dit dans les réunions ne doit pas
intéresser l'opinion algérienne ? En
tout cas, c'est ce que nous pouvons
conclure, si nous nous référons aux
règles prônées par l'OMC, qui ne
laissent aucune place à l'intervention
publique, en dehors des tâches
d'administration pure. Toutes les autres
activités doivent devenir susceptibles
d'être vendues. L'enseignement, la
santé, les raccordements aux réseaux…,
pour ne citer que les services de base,
doivent être entièrement soumis à la loi
de l'offre et de la demande, payants et
libres de tout soutien du Trésor public.
Nous pouvons imaginer ce que risque de
connaître comme bouleversements la vie
de millions d'Algériens, si le pays se
met à l'heure du libre-marché et les
jettent en pâture aux vendeurs, sans
préjudice des conséquences sur la
sécurité économique et sur la
souveraineté nationale, déjà fortement
exposée. Si nous considérons le
sous-développement dans lequel nous nous
débattons et notre dépendance multiforme
de l'étranger. Reste à se demander
pourquoi la classe politique visible ne
se sent pas interpellée par une telle
hypothèse et semble même, pour partie, y
pousser.
Article publié sur
Les Débats
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