Opinion
Algérie : le
traquenard malien
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 1er octobre
2012
L’OTAN
c’est les Etats-Unis plus quelques
armées parmi les plus puissantes du
monde. L'OTAN c'est, aussi et surtout,
un gigantesque background industriel et
technologique militaire de pointe. En
Afghanistan, l'OTAN se casse les dents,
depuis plus de 10 ans, à pourchasser les
talibans qui, loin d'être affaiblis,
rendent coup pour coup et gagnent en
force et en initiative. En comparaison,
l'Algérie est un pays qui peine à sortir
du sous-développement, qui n'a pas
encore résolu son équation économique,
qui importe ses fusils et leurs balles,
ses blindés, ses avions et leurs pièces
détachées. Malgré cela, l'Algérie est
poussée à aller fourvoyer son armée au
Mali. Pressions diplomatiques,
actionnement de relais médiatiques
(émissions, articles «analytiques» sur
le non algérien…), toute la panoplie
d'une propagande qui stigmatise le refus
d'ingérence dans les affaires d'un autre
pays. Une seule question n'est pas posée
: «Pourquoi l'armée algérienne
devrait-elle pouvoir faire ce qui
pourrait sans grand doute embourber les
forces de l'OTAN ?». Question qui en
entraîne une autre : «Et si le Mali
n'était qu'un pion sacrifié de
l'échiquier pour piéger l'Algérie ?».
Aminata Traoré avait déclaré : «Les
Maliens et les Maliennes ainsi que
l'opinion publique internationale
doivent savoir que si la France et les
Etats-Unis n'avaient pas transformé la
résolution 1973 du Conseil de sécurité
de ‘’No Fly Zone’’ en mandat de
renverser le régime de Mouammar Kadhafi,
les rebelles et les islamistes, qui
occupent le Nord-Mali n'auraient pas pu
disposer de l'arsenal qui fait leur
force sur le terrain», résumant les
origines de la problématique d'ensemble
de la crise, aggravée par le blocage des
armes achetées par le Mali. Sans pousser
cette conclusion dans ses limites qui la
laissent raisonnablement faire douter
qu'il y ait eu «négligence» de ce fait
dans le plan atlantiste. Ainsi, l'ANP
ferait une promenade de santé dans le
désert malien et s'en retournerait
ceinte des lauriers de la «communauté
internationale», alors que, en dehors
des groupes islamistes armés, les
Maliens manifestent à Bamako contre
toute atteinte à leur souveraineté
nationale. Leurs cibles sont clairement
désignées. Ce sont les pouvoirs
supplétifs de la néo-colonisation en
cours : «A bas la Cédéao, à bas Blaise
Compaoré (Burkina Faso), à bas Yayi Boni
(président du Bénin), à bas Alassane
Ouattara (Côte d'Ivoire), président de
la Cédéao)». Les souverainistes sont
organisés, principalement, dans la
Coalition des patriotes maliens (Copam),
née d'un accord entre 22 regroupements
de partis, syndicats et associations,
qui privilégie «le droit absolu du
peuple malien à décider de son propre
sort et ceci à Bamako». Le dernier appel
de la Copam : «La lutte des démocrates
et patriotes maliens et maliennes
triomphera inéluctablement de toutes les
manœuvres et agressions contre la
concertation nationale souveraine et
notre droit à libérer notre patrie par
nos propres forces et l'aide des
véritables amis du Mali». Le scénario
occidental étant de faire en sorte que
la Cédéao empêche «…la libération du
Nord-Mali» par les forces maliennes et
garantisse «la partition du Nord sous
couvert de fédéralisme, plan soutenu par
les puissances de l'OTAN». Une
concertation nationale (associant,
peut-être, y compris les rebelles du
nord) est en train de se mettre en
place, impulsée par la menace d'une
intervention extérieure. Vraiment, l'ANP
a autre chose à faire.
Article publié sur
Les Débats
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