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Coronavirus: Macron et le gouvernement
sont en train de «sacrifier le peuple
français», selon Philippe Pascot
Fabien Buzzanca
© AFP 2020
LUDOVIC MARIN
Mercredi 25 mars 2020
Source :
Sputnik Emmanuel Macron
fait face à la plus grave crise de son
quinquennat. Avec un bilan dépassant les
1.000 morts, la France souffre fortement
de l’épidémie de coronavirus. Le
confinement devrait être prolongé sous
peu, aggravant davantage les
conséquences économiques et sociales. Le
Président est-il à la hauteur? Pas pour
l’écrivain Philippe Pascot.
«Nous sommes en
guerre.»
C’est la mine
sévère et le ton grave qu’Emmanuel
Macron s’était présenté à la Nation le
16 mars dernier afin d’annoncer le
confinement du pays. Répétant à
plusieurs reprises que la France était
«en guerre»
contre l’épidémie de coronavirus, le
locataire de l’Élysée s’est placé dans
les chaussures du général de Gaulle.
Avec quel succès? Si l’on en croit le
dernier baromètre mensuel Le
Point-Ipsos, le chef de l’État a séduit:
+14 points en un mois pour une cote de
confiance qui s’établit à 44% d’opinions
favorables, presque son plus haut niveau
atteint en juin 2017, juste après son
élection (45%).
Mais Emmanuel
Macron est également sous le feu des
critiques d’une partie de l’opinion, à
l’instar d’Édouard Philippe, son Premier
ministre, et d’autres membres du
gouvernement. Leur sont notamment
reprochés leur manque d’anticipation
face à
une crise sanitaire responsable
désormais de plus de 1.000 morts dans
l’Hexagone.
«Non seulement
Macron n’est pas à la hauteur, mais il
est au troisième sous-sol. Aujourd’hui,
les autorités improvisent au jour le
jour, car ils ne savent pas quoi faire.
Ils déclarent une chose un jour et une
autre le lendemain. Ils sont en train de
sacrifier le peuple français», lance
l’écrivain et soutien des Gilets jaunes
Philippe Pascot. Il se dit «très en
colère», car des gens «meurent» autour
de lui.
D’après le dernier
bilan rendu public le 24 mars par le
ministère de la Santé, la France compte
22.302 cas de contamination au Covid-19
et 1.100 personnes sont décédées de la
maladie, un chiffre qui ne comprend que
les morts à l’hôpital. Martin Hirsh,
directeur général de l’Assistance
publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a
tiré le 25 mars la sonnette d’alarme sur
France info:
«Hier en
Ile-de-France, nous avons passé le cap
des 1.000 patients graves pris en charge
dans les réanimations des hôpitaux»,
a-t-il déclaré, avant d’ajouter: «Dans
mes interventions précédentes, je savais
devant moi que j’avais une visibilité
d’une semaine sur la capacité d’en
prendre davantage. Là, j’ai une
visibilité de trois jours.»
«On a besoin de
toutes les équipes, de tous les
personnels, qu’ils soient volontaires ou
qu’on fasse appel à la réquisition», a
lancé Martin Hirsh, qui dit désormais
craindre un risque d’«épuisement» et
demande des «milliers de personnes
supplémentaires».
«La France, au
contraire d’autres pays, ne met pas en
place de dépistage à grande échelle. De
plus, les autorités savent pertinemment
que les hôpitaux ne sont pas prêts à
faire face à une épidémie de masse et
qu’il n’y a pas assez de masques. En
politique, gouverner c’est prévoir.
Apparemment, ceux qui nous dirigent ne
sont pas au courant», peste Philippe
Pascot.
Pour le moment, se
faire dépister relève du chemin de
croix. Afin de ne pas surcharger les
services de santé, les tests concernant
le covid-19 sont réalisés en priorité
sur les patients à risque. «Ce n’est pas
du tout systématique»,
expliquait récemment à nos confrères
de Capital l’infectiologue
François Bricaire, ancien chef du
service des maladies infectieuses et
tropicales à l’Hôpital de la
Pitié-Salpêtrière de Paris.
Bientôt des
dépistages à grande échelle?
«Pour être clair,
ce n’est uniquement en cas de suspicion
de forme sévère du virus, ou bien pour
préciser un diagnostic qui émet des
doutes au médecin que la personne sera
passera le test», ajoutait le médecin.
Le 24 mars, le
conseil scientifique sur le Covid-19 a
rendu un avis consultatif.
Le confinement pourrait être
prolongé jusqu’à la fin avril. «Le
confinement est actuellement la seule
stratégie réellement opérationnelle,
l’alternative d’une politique de
dépistage à grande échelle et
d’isolement des personnes détectées
n’étant pas pour l’instant réalisable à
l’échelle nationale», ont expliqué les
experts. Le dépistage massif de la
population reste cependant un scénario
envisagé.
«Je rappelle que
les membres du gouvernement se font
dépister alors que c’est un luxe
pour la population. Qui sont ces gens
qui se servent avant le peuple?»,
s’interroge Philippe Pascot.
Du côté de
l’économie, qui souffre dans des
proportions catastrophiques de cette
crise, l’exécutif a fait plusieurs
annonces. C’est ce 25 mars qu’entrent en
fonction les prêts à taux préférentiels
garantis à hauteur de 300 milliards par
l’État et BPI France.
Destinés aux
entreprises, ils ont pour but de
soutenir les trésoreries en cette
période difficile. Toujours ce 25 mars,
le Premier ministre Édouard Philippe a
annoncé l’adoption de 25 ordonnances, un
record sous la Ve République, dans le
cadre de l’état d’urgence sanitaire.
«C’est l’urgence sanitaire qui anime
tous les esprits aujourd’hui, mais c’est
aussi, et ce sera de plus en plus, un
choc économique, un choc social: nous ne
sommes qu’au début de la crise», a lancé
le locataire de Matignon.
Parmi les
mesures-chocs: un aménagement temporaire
du droit du travail afin de «permettre
l’organisation d’une véritable économie
de guerre dans les secteurs vitaux et
sous conditions», d’après Édouard
Philippe. En d’autres termes: «les
entreprises pourront déroger
temporairement et avec des compensations
ultérieures aux durées maximales du
travail et aux règles de repos
hebdomadaire et dominicale», a précisé
le Premier ministre.
Concernant les
petites entreprises, en première ligne
face à la crise, le gouvernement a
annoncé «la création du fonds de
solidarité doté d’un milliard d’euros»,
notamment à destination des «très
petites entreprises, microentreprises et
indépendants». «Cela ne suffira pas. Et
l’on met 300 milliards pour les
entreprises, mais que donne-t-on au
peuple? à quoi sert-il d’aider les
entreprises si les citoyens ne peuvent
plus consommer? Aujourd’hui, tout est
bloqué. C’est avec ce plan que le
gouvernement pense sauver l’économie?»,
s’exaspère Philippe Pascot, pas
convaincu par l’arsenal dégainé par le
gouvernement.
«Une fois que les
entreprises vont être à genoux, qui va
venir les racheter dans le cadre d’un
libéralisme effréné? Une fois la crise
terminée, des pays dominants comme les
États-Unis vont venir racheter des
entreprises françaises en difficulté,
comme nous l’avons vu avec Alstom. Ce
sera le résultat de la politique mise en
place par monsieur Macron», prévoit-il.
Le 25 mars,
Emmanuel Macron était en visite à
Mulhouse, dans le Haut-Rhin. La ville se
situe dans une région particulièrement
touchée par l’épidémie de coronavirus et
accueille un hôpital militaire de
campagne, érigé à proximité de l’hôpital
de Mulhouse, totalement saturé par un
grand nombre de malades.
Pour Philippe
Pascot, le Président devrait avoir
d’autres priorités: «Il est urgent de
fournir des masques et de mettre en
place un système de dépistage à grande
échelle. Je connais personnellement des
gens atteints du coronavirus que l’on
n’a pas gardés à l’hôpital et que l’on a
renvoyés chez eux, peste-t-il avant de
poursuivre:
Mais qu’est-ce que
c’est que ces consignes? Vous avez des
personnels soignants sans masques, tout
comme des policiers qui pourtant
effectuent des contrôles. Mais quelle
est cette politique?»
Quant à savoir si
cette crise est de nature à infléchir la
politique du gouvernement, l’écrivain,
soutien des Gilets jaunes, n’y croit pas
une seconde:
«Il ne fera aucun
virage. Il est bien trop imbu de sa
personne. D’après les informations que
m’ont fournies quelques amis, il est
surnommé “Napoléon” dans les couloirs du
pouvoir. L’empereur ne se remettait pas
en cause. Il est incapable d’écouter un
avis divergeant.»
En attendant, la
crainte monte en flèche chez les
Français.
D’après un sondage Elabe diffusé le
25 mars, 73% des Français estiment que
le pays n’est pas prêt face au
coronavirus. Pour près de 9 Français sur
10, la propagation du virus est un motif
d’inquiétude. C’est six points de plus
en une semaine.
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Publié le 26 mars 2020
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