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Un site dont Total est actionnaire
servirait de prison
et de lieu de
torture au Yémen
Sputnik
© Sputnik.
Stringer
Jeudi 7 novembre 2019
Source :
Sputnik Frappés, battus à
coups de poing et de bâton, tirés par la
barbe… Un récent rapport d’ONG
internationales révèle que le site
gazier de Balhaf au Yémen, dont la
société française Total est le principal
actionnaire, a été converti en caserne
émiratie, voire en un lieu de tortures.
Le gouvernement français serait au
courant.
Le site gazier de
Balhaf au Yémen, géré par le consortium
Yemen LNG (YLNG) dont
Total détient près de 40% du
capital, renferme une prison secrète et
sert de lieu de torture, selon le
rapport des associations l’Observatoire
des armements et SumOfUs, en
collaboration avec les Amis de la Terre,
relayé par Mediapart. Les documents
se basent sur des témoignages qui font
part du mauvais traitement des
prisonniers dont certains subissent la
torture.
Prisonniers
battus, malades sans soins
«On m’a enfermé
dans une cellule, puis on m’a roué de
coups de poing et de coups de bâton. On
m’a tiré par la barbe, frappé au visage,
on m’a fait croire que mes compagnons de
cellule m’avaient dénoncé. On m’a accusé
de faire partie de Daech*, d’Al-Qaïda*
[AQPA] ou des Frères musulmans*»,
témoigne un certain Mohammad, Yéménite,
dont le prénom a été modifié pour le
protéger.
Ces traitements
«inhumains et dégradants»
remonteraient à 2017 et 2018, soit
pendant la guerre civile yéménite qui
opposait les rebelles houthis et le
gouvernement, guerre qui a d’ailleurs
toujours lieu.
«Les détenus
s’entassent de cinq à parfois plus d’une
dizaine dans des petites cellules de 5 à
8 mètres. Ils dorment à même le sol,
n’ont pas accès à l’eau courante. Le
lieu de détention est peu aéré, la
chaleur est étouffante. Des cas de
torture et de mauvais traitements sont
évoqués: les prisonniers sont battus,
les malades laissés sans soins»,
détaille le rapport.
Militarisation
du site
Le rapport se
penche également sur la militarisation
du site qui est aujourd’hui «une base
militaire pour les Émiratis, avec des
armes et des moyens logistiques»,
selon une source au sein du gouvernement
yéménite.
Ventes d’armes françaises au Yémen: un
lanceur d’alerte convoqué à la DGSI
Cette
militarisation a été mise en place grâce
à une participation française. Les
auteurs du document évoquent ainsi la
mobilisation de l’armée française sur
place, dont l’envoi de «quelques
commandos navals» en 2009, information
révélée par WikiLeaks.
«Cette
militarisation massive d’un site lié à
la politique énergétique de la France
pose vraiment question», estime Tony
Fortin, chargé de mission de
l’Observatoire des armements.
Cependant, ceci
permet à l’usine de rester «en mode
de préservation» et de ne pas
arrêter de tourner, malgré la
guerre en cours depuis 2014. Vitale
pour l’énergie yéménite, l’usine est le
plus important investissement jamais
réalisé dans ce pays. Ses exportations
pourraient atteindre «près d’un milliard
de dollars par an», avance à Mediapart
Aws Al-Aoud, ministre du Pétrole
yéménite.
La France,
est-elle au courant ?
Selon de nombreux
éléments de l’enquête menée par
Mediapart, le gouvernement français est
loin d’ignorer la situation, une
information confirmée auprès du média
par un membre du gouvernement yéménite,
sous couvert d'anonymat, d’après qui
«Total [en, ndlr] est parfaitement au
courant».
Tony Fortin de
l’Observatoire des armements le confirme
lui aussi l’information, évoquant la
collaboration franco-émiratie, notamment
dans les domaines de l’énergie et de la
sécurité régionale, dont la lutte
antiterroriste:
«La France est une
alliée historique des Émirats arabes
unis».
Réaction du
Premier ministre et de la Défense
Sollicité par
Mediapart, le cabinet d’Édouard Philippe
n’a pas souhaité faire de commentaire et
a renvoyé le média «vers l’entreprise»,
puisque «les éléments très graves dont
vous faites état demandent à être
précisément vérifiés». Par ailleurs, ni
Total ni YLNG n’ont souhaité répondre
aux sollicitations du média, tout comme
le ministère des Armées joint à
plusieurs reprises.
*Organisation
terroriste interdite en Russie
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Publié le 8 novembre 2019
Le dossier
Yémen
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