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Le président al-Assad:
Nous ne possédons pas d’armes chimiques
et nous avons renoncé à tout notre
arsenal
SANA
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SANA
Vendredi 14 avril 2017 Damas / Le
président Bachar al-Assad a affirmé que
la Syrie ne possède pas d’armes
chimiques et qu’elle a renoncé à tout
son arsenal.
Dans une interview qu’il a accordée
à l’AFP, le président al-Assad a fait
savoir que l’OIAC a déclaré que la Syrie
est vide de toute matière chimique.
Le président al-Assad a considéré que
les allégations sur une attaque chimique
menée par l’armée arabe syrienne contre
Khan Cheikhoun sont fabriquées, assurant
que cette zone n’est pas stratégique du
point de vue militaire et que l’armée
n’avait visé aucun objectif dans cette
zone.
Et voici le texte intégral de
l’interview:
AFP (1): Monsieur le président, je
voudrais d’abord vous remercier de nous
avoir reçus pour nous accorder cette
interview. Monsieur le président,
avez-vous donné l’ordre d’attaquer Khan
Cheikhoun aux armes chimiques?
Le président Al-Assad:
En fait, personne jusqu’à maintenant
n’a enquêté sur ce qui s’était passé ce
jour-là à Khan Cheikhoun. Comme vous le
savez, Khan Cheikhoun est sous le
contrôle du «Front al Nosra» qui est une
branche d’Al-Qaïda. Les seules
informations dont dispose le monde
jusqu’à présent sont donc celles
publiées par la branche d’Al-Qaïda.
Personne n’a d’autres informations. Nous
ne savons pas si toutes les photos ou
les images vidéos que nous avons vues
sont vraies ou truquées. C’est la raison
pour laquelle nous avons demandé qu’une
enquête soit menée à Khan Cheikhoun.
Ensuite, selon les sources
d’Al-Qaïda, l’attaque a eu lieu entre
6h. et 6h.30, alors que l’attaque
syrienne a été déclenchée sur la même
région entre 11h.30 et midi. Ils parlent
donc de deux événements différents.
Aucun ordre n’a été donné de déclencher
une attaque; et d’ailleurs nous ne
possédons pas d’armes chimiques, car
nous avons renoncé à notre arsenal
depuis plusieurs années. Et même si nous
possédions de telles armes , nous ne les
aurions jamais utilisées. Tout au long
de notre histoire, nous n’avons jamais
utilisé notre arsenal chimique.
AFP (2): Alors, qu’est- ce qui s’est
passé ce jour-là?
Le président Al-Assad:
Comme je viens de le dire,
l’unique source de ces informations
c’est Al-Qaïda, chose que nous ne
pouvons pas prendre au sérieux. Notre
impression est, cependant, que
l’Occident, notamment les Etats-Unis
sont les complices des terroristes, et
qu’ils ont monté toute cette histoire
pour s’en servir de prétexte à
l’attaque. L’attaque n’a pas eu lieu à
cause de ce qui s’est passé à Khan
Cheikhoun. Nous sommes devant un seul et
même événement: la première étape en
était le spectacle auquel nous avons
assisté sur les réseaux sociaux et les
chaînes de télévision, et la campagne
médiatique déclenchée. La seconde étape
était l’agression militaire. C’est bien
ce qui s’est produit à notre sens. Car,
quelques jours seulement, voire 48
heures ont séparé la campagne médiatique
de l’attaque américaine, sans la moindre
enquête, sans les moindres preuves
tangibles de quoi que ce soit. Rien que
des allégations et des campagnes
médiatiques. Puis l’attaque a eu lieu.
AFP (3): Donc, d’après vous, qui
serait responsable de cette attaque
chimique présumée?
Le président Al-Assad:
Les allégations en soient viennent
d’Al-Qaïda. Nous n’avons donc pas besoin
de mener une enquête pour en savoir
l’origine. Ils l’ont eux-mêmes déclaré:
la région est sous leur contrôle, et il
n’y a personne d’autre. Quant à
l’attaque, je viens de le dire, il n’est
pas encore clair si elle a eu lieu ou
non. Car, comment peut-on vérifier une
vidéo? Il y a tellement de vidéos
truquées en ce moment, et il y a des
preuves qu’elles étaient fausses, comme
celles des casques blancs par exemple.
Ce sont des membres d’Al-Qaïda, des
membres du «Front Al-Nosra». Ils ont
rasé leurs barbes, porté des casques
blancs, et sont apparus comme des héros
de l’humanité. Ce qui n’est pas vrai,
car ces mêmes personnes tuaient les
soldats syriens. Les preuves se trouvent
d’ailleurs sur Internet. La même chose
s’applique à cette attaque chimique:
Nous ne savons pas si ces enfants
étaient tués à Khan Cheikhoun. Nous ne
savons même pas d’ailleurs s’ils étaient
vraiment morts. Et s’il y a eu une
attaque, qui l’a lancée? Et avec quels
matériels? Aucune information, rien du
tout, et personne n’a enquêté.
AFP (4): Vous pensez donc
que c’est une fabrication?
Le président Al-Assad:
Bien sûr, il s’agit pour nous une
fabrication à cent pour cent. Nous ne
possédons pas un arsenal chimique. Et
même si nous l’avons, nous ne
l’utiliserons jamais. Il existe
plusieurs indices, même avec l’absence
de preuve, car personne ne possède
d’informations certaines ni de preuves
tangibles. Par exemple, deux semaines ou
environ dix jours avant l’attaque, les
terroristes avançaient sur plusieurs
fronts, y compris dans la banlieue de
Damas, et dans la campagne de Hama
non loin de Khan Cheikhoun. Supposons
que nous disposons d’un tel arsenal,
supposons que nous nous voulons
l’utiliser, pourquoi n’y avons-nous pas
eu recours au moment où nos troupes
reculaient et les terroristes gagnaient
du terrain? En fait, cette prétendue
attaque coïncide avec la période durant
laquelle l’armée syrienne progressait
rapidement, et où on assistait à la
débâcle des terroristes qui
s’effondraient. Pourquoi donc utiliser
de telles armes, si d’ailleurs on les
possède vraiment, et on a la volonté de
les utiliser? Logiquement parlant,
pourquoi les utiliser en ce moment
précis et non au moment où on traverse
une situation difficile?
Par ailleurs, et supposer encore une
fois que vous possédez de telles armes,
et que vous voulez les utiliser,
pourquoi les utiliser contre les civils
et non contre les terroristes que vous
combattez?
Troisièmement, l’armée syrienne n’est
pas présente dans cette zone. Nous n’y
menons pas de batailles, et nous ne
visons aucun objectif à Khan Cheikhoun
qui n’est pas une zone stratégique. Je
parle d’un point de vue militaire:
pourquoi l’attaquer?! Pour quelle
raison? Evidemment, il s’agit
essentiellement pour nous d’une question
d’éthique, c’est-à-dire que nous
n’aurions pas utilisé l’arme chimique
même si nous la possédions. Nous n’avons
aucune volonté de l’utiliser, car ce
serait intolérable et immoral, et on
perdrait le cas échéant notre soutien
populaire. Tous les indices vont donc à
l’encontre de toute cette histoire. Vous
pouvez donc dire que c’est une pièce
qu’ils ont montée. L’histoire n’est
nullement convaincante.
AFP (5): Avec la frappe aérienne
américaine, Trump semble avoir changé
dramatiquement de position à votre égard
et à l’égard de la Syrie. Avez-vous le
sentiment d’avoir perdu celui que vous
avez auparavant qualifié d’éventuel ami?
Le président Al-Assad:
J’avais bien si, je parlais donc au
conditionnel: s’ils sont sérieux à
combattre les terroristes, nous
deviendront des partenaires. J’ai dit
aussi que cela ne concernait pas
seulement les Etats-Unis, car nous
sommes les partenaires de tous ceux qui
veulent combattre les terroristes. C’est
là pour nous un principe fondamental.
Mais il s’est avéré dernièrement, comme
je l’ai dit tout à l’heure, qu’ils sont
les complices de ces terroristes, je
veux dire les Etats-Unis et l’Occident.
Ils ne sont pas sérieux à combattre les
terroristes. Hier encore certains de
leurs responsables défendaient «Daech»…
en disant que «Daech» ne possédait pas
d’armes chimiques. C’est bien défendre
«Daech» contre le gouvernement syrien et
contre l’armée syrienne. En fait, vous
ne pouvez pas parler de partenariat
entre nous deux, nous qui luttons contre
le terrorisme et combattons les
terroristes, et ceux qui les soutiennent
ouvertement.
AFP (6): Pouvez-vous donc dire que la
frappe américaine vous a fait changer
d’avis au sujet de Trump?
Le président Al-Assad:
De toute manière, J’étais très
prudent à exprimer toute opinion à son
sujet, avant ou après qu’il ne devienne
président. Je disais toujours:
“Attendons voir ce qu’il va faire. Nous
ne commenterons pas les déclarations”.
En effet, cette attaque est la première
preuve qu’il ne s’agit pas du président
des Etats-Unis, mais du système, du fond
même du régime aux Etats-Unis. Il est le
même. Il ne change pas. Le président y
est l’un des acteurs sur la scène
américaine. S’il veut être un leader, et
c’est vrai pour tout président là-bas
qui veut être un leader, il ne le pourra
pas. Certains disent que Trump a voulu
être un leader. Tout président là-bas
qui veut devenir un vrai leader doit
ultérieurement avaler ses mots, passer
outre son orgueil, au cas où il en a, et
doit tourner 180 degré, sinon il le
payera en politique.
AFP (7): Mais pensez-vous qu’il y
aura une deuxième attaque?
Le président Al-Assad:
Tant que les Etats-Unis resteront
gouvernés par ce rassemblement de
complexe d’industrie militaire,
d’entreprises financières et bancaires,
ce qu’on peut appeler le régime profond
qui œuvre dans l’intérêt de ces groupes,
bien sûre que cela peut se reproduire
n’importe quand et n’importe où, et pas
seulement en Syrie.
AFP (8): Et votre armée et les Russes
réagiront-ils en représailles si cela se
reproduit?
Le président Al-Assad:
Si vous voulez parler de
représailles, nous parlons de missiles
qui parcourent des centaines de
kilomètres, chose que nous ne pouvons
pas atteindre. Mais la vraie guerre en
Syrie ne dépend pas de ces missiles,
mais du soutien apporté aux terroristes.
C’est la partie la plus dangereuse dans
cette guerre. Notre riposte sera la même
qu’au premier jour: écraser les
terroristes partout en Syrie. Lorsque
nous nous en débarrasserons, rien ne
nous inquiètera plus jamais. Telle est
donc notre riposte, et ce n’est pas une
réaction à un événement précis.
AFP (9): Vous dites donc que la
riposte par l’armée syrienne ou par les
Russes sera très difficiles car les
navires sont très éloignés.
Le président Al-Assad:
C’est tout à fait vrai pour nous qui
sommes un petit pays, tout le monde le
sait d’ailleurs. Nous ne pouvons pas
atteindre ces navires. C’est-à-dire
qu’ils peuvent lancer des missiles à
partir d’un autre continent, tout
le monde le sait. C’est une grande
puissance, nous ne le sommes pas. Quant
aux Russes, c’est une autre affaire.
AFP (10): Allez-vous accepter les
résultats d’une enquête menée par
l’OPCW?
Le président Al-Assad:
Dès 2013, lorsque les terroristes ont
lancé leurs premières attaques
contre l’armée syrienne en utilisant des
missiles chimiques, nous avons réclamé
une enquête. C’était nous qui avons
demandé que des enquêtes soient menées.
Cette fois-ci nous avons discuté hier
avec les Russes, et durant les quelques
derniers jours qui suivirent l’attaque,
que nous allons œuvrer ensemble en vue
d’une enquête internationale. Mais cette
enquête doit être impartiale. Nous
pouvons permettre toute enquête si et
seulement si elle est impartiale, et en
s’assurant que des pays impartiaux y
prendront part, pour être sûre qu’elle
ne sera pas utilisée à des fins
politiques.
AFP (11): Et s’ils accusent le
gouvernement, renoncerez-vous au
pouvoir?
Le président Al-Assad:
S’ils accusent ou s’ils le prouvent?
Il y a une grande différence.
Car déjà ils accusent le
gouvernement. Et si vous voulez dire
“ils” l’Occident, non, car l’Occident ne
nous intéresse pas. Si vous parlez de
l’OIAC, s’ils arrivent à prouver
qu’une attaque a eu lieu, il faudra
enquêter pour savoir qui a donné l’ordre
de lancer une telle attaque. Mais pour
ce qui est de l’armée syrienne, une
chose est à cent pour cent certaine:
nous ne possédons pas de telles armes,
et nous ne pouvons pas, même si on le
voulait, nous ne pouvons pas et nous
n’avons pas les moyens nécessaires de
lancer une telle attaque, ni la volonté
de le faire.
AFP (12): Vous voulez dire que vous
ne possédez pas d’armes chimiques?
Le président Al-Assad:
Non, absolument pas. Il y a plusieurs
années, en 2013, nous avons renoncé à
tout notre arsenal. l’OIAC a déclaré que
la Syrie est vide de toute matière
chimique.
AFP (13): Je pose la question parce
que les Américains ont dit qu’il y avait
des armes chimiques dans la base
aérienne, le niez-vous?
Le président Al-Assad:
Ils ont attaqué la base et détruit
les dépôts qui contiennent de différents
matériels, mais il n’y avait pas du gaz
sarin. Comment donc? S’ils disent que
nous avons lancé notre attaque au sarin
à partir de cette même base aérienne?
Qu’est-il arrivé au sarin quand ils ont
attaqué les dépôts? A-t-on entendu
parler du sarin? Notre chef d’Etat-major
est arrivé dans la base quelques heures
seulement après l’attaque. Comment il a
pu y aller s’il y avait du sarin?
Comment le nombre de martyres était six,
sur des centaines de soldats et
d’officiers présents sur les lieux. S’il
y avait du sarin dans la base, comment
se fait-il que les autres n’en sont-ils
pas mort. Sur les mêmes images vidéos
truquées sur Khan Cheikhoun, lorsque les
secouristes essayaient de venir en aide
aux victimes ou aux personnes supposées
affectées, ils ne portaient ni masques
ni gants de protection. Comment donc? Où
est donc le sarin? Ils auraient dû en
être directement affectés. Tout cela
n’est donc qu’allégations. Je veux dire
que cette attaque américaine et ces
allégations constituent une preuve
supplémentaire sur la fabrication et le
fait qu’il n’y avait pas de sarin nulle
part.
AFP (14): Si vous dites ne pas avoir
donné l’ordre, est-il possible que des
éléments dévoyés aient lancé cette
attaque chimique?
Le président Al-Assad:
Même s’il y a un élément incontrôlé,
l’armée ne possède pas de matières
chimiques. Ensuite, un élément dévoyé ne
peut pas envoyer un avion de son propre
chef, même s’il le veut. C’est un avion
et non pas un petit véhicule ni une
mitrailleuse. Ce serait possible
si on parlait d’un pistolet que
quelqu’un manipule à sa guise et utilise
pour violer la loi, chose qui peut
arriver partout dans le monde, mais
c’est impossible lorsqu’il s’agit d’un
avion. Et troisièmement, l’armée
syrienne est une armée régulière et non
pas de milices. Elle est structurée et
hiérarchisée, avec des mécanismes très
clairs pour donner des ordres. Il n’est
donc jamais arrivé durant les six
dernières années de guerre en Syrie
qu’un élément rebelle ait tenté d’agir
contre la volonté de ses supérieurs.
AFP (15): Les Russes vous ont-ils mis
en garde avant la frappe américaine?
Etaient-ils présents à la base aérienne?
Le président Al-Assad:
Non, ils ne nous ont avertis parce
qu’ils n’en ont pas eu le temps. Les
américains les avaient avertis quelques
minutes seulement avant l’attaque, ou
comme certains le disent “après
l’attaque”. Les missiles prennent
quelque temps pour arriver jusqu’à la
base. Mais en fait nous disposions de
quelques indices, et nous avons pris
certaines mesures.
AFP (16): Est-ce que vous confirmez
que 20% de votre force aérienne a été
détruite dans cette attaque, comme le
disent les Américains?
Le président Al-Assad:
Je ne connais pas le cadre
référentiel de ces 20%. C’est quoi les
100% pour eux? Est-ce que ça correspond
au nombre des appareils? Ou à la
qualité? Ce taux renvoie-t-il aux
appareils opérationnels ou
stockés? Je ne sais pas ce qu’ils
veulent dire par là. Non, en fait, comme
les Russes l’ont déclaré, quelques vieux
appareils ont été détruits, dont
certains n’étaient pas opérationnels de
toute manière. C’est la vérité, la
preuve est que depuis cette attaque ,
nous n’avons pas arrêté d’attaquer les
terroristes partout en Syrie. Nous
n’avons pas eu l’impression d’avoir été
réellement affectés par cette frappe.
AFP (17): Votre gouvernement a
déclaré au début que vous aviez frappé
un dépôt d’armes chimiques. Est-ce vrai?
Le président Al-Assad:
C’est un possibilité parmi d’autres,
car lorsque vous attaquez une cible des
terroristes, vous ignorez ce qu’il y en
a. vous savez que c’est une cible, ça
peut être un dépôt, ou un camp, ou un
siège, vous n’en savez rien. Mais vous
savez que les terroristes l’utilise,
alors vous l’attaquez, comme toute autre
cible. C’est ce que nous faisons
quotidiennement, et parfois au fil des
heures, depuis le début de la guerre.
Mais vous ne pouvez pas savoir ce qu’il
y a dedans. Que les frappes
aériennes aient visé un dépôt d’armes
chimiques était donc une possibilité
parmi d’autres. Mais encore une fois,
cela ne correspond pas au timing de
l’annonce, non seulement parce que les
terroristes seuls l’ont annoncé le
matin, mais aussi parce que leurs
organes d’informations, et leurs pages
sur Twitter et sur Internet ont annoncé
l’attaque quelques heures avant
l’attaque présumée, c’est-à-dire à 4h.
du matin. A 4h. du matin ils ont annoncé
qu’il y aurait une attaque chimique, et
qu’il fallait s’y préparer. Comment
l’ont-ils su?
AFP (18): Ne pensez-vous pas que Khan
Cheikhoun représente un revers pour
vous? Pour la première fois depuis six
ans, les Etats-Unis attaquent votre
armée. Hier, après une courte lune de
miel, Tillerson a dit que le règne de la
famille Al-Assad va bientôt prendre fin.
Ne pensez-vous pas que Khan Cheikhoun
constitue pour vous un grand revers?
Le président Al-Assad:
Il n’y en a aucun cas en Syrie d’un
règne pour la famille Al-Assad. Il rêve.
Ou disons qu’il divague. Nous ne perdons
pas notre temps sur sa déclaration. En
fait, les Etats-Unis étaient
durant les six dernières années
profondément impliqués dans le soutien
des terroristes partout en Syrie, y
compris «Daech» et «Al-Nosra», ainsi que
de toutes les factions qui partagent la
même mentalité en Syrie. C’est une chose
claire et prouvée. Mais si vous voulez
parler des attaques directes, il y a
quelques mois une attaque plus grave que
cette dernière avait eu lieu, et ce tout
avant qu’Obama aurait quitté ses
fonctions. Je pense que cela a eu lieu à
Deir Ezzor à l’Est de la Syrie,
lorsqu’ils ont attaqué une montagne qui
revêt une grande importance stratégique.
Ils ont attaqué une base de l’armée
syrienne régulière. Si l’armée syrienne
n’était pas alors assez forte pour
repousser l’attaque de «Daech», la ville
de Deir Ezzor serait tombée, et Deir
Ezzor serait alors liées avec Mossoul en
Irak. Cela aurait constitué une victoire
très stratégique pour «Daech». Le
gouvernement américain y était donc
directement impliqué. Mais pourquoi
ont-ils eu recours cette fois-ci à
l’attaque directe? Parce que, comme je
viens de le dire, les terroristes dans
cette région étaient en pleine débâcle.
Les Etats-Unis n’avaient donc aucun
autre choix sauf celui de soutenir leurs
agents, à savoir les terroristes, et ce
en attaquant directement l’armée
syrienne. Ils leur avaient fourni toutes
sortes d’armes, mais ça n’avait pas
réussi.
AFP (19): Vous ne pensez donc pas que
ce soit un revers pour vous?
Le président Al-Assad:
Non. Cela fait partie du même
contexte qui dure depuis six ans, et qui
a pris de multiples formes, alors que la
politique américaine et occidentale
vis-à-vis de la Syrie n’a nullement
changé au fond. Laissons de côté les
déclarations, certaines le font avec un
ton élevé, d’autres sont moins fortes,
mais la politique reste la même.
AFP (20): Vous avez envoyé la plupart
des rebelles à Idleb. Entendez-vous les
attaquer la prochaine fois?
Le président Al-Assad:
Nous attaquerons les groupes armés
n’importe où en Syrie, à Idleb, ou
partout ailleurs. Quant à l’heure et à
la priorité, c’est une question
militaire qui se discute au niveau
militaire.
AFP (21): Vous avez dit auparavant
que Raqqa était pour votre gouvernement
une priorité. Cependant, les forces qui
avancent vers la ville se constituent
dans leur majorité de Kurdes appuyés par
les Etats-Unis. Ne craignez-vous pas
qu’on vous écarte de la libération de
Raqqa.
Le président Al-Assad:
Non, car nous soutenons quiconque
veut libérer n’importe quelle ville des
terroristes. Cela ne veut pas dire
cependant la libérer des terroristes
pour qu’elle soit occupée par les forces
américaines, par exemple, ou par un
autre agent, ou un autre terroriste. Il
n’est donc pas clair qui va libérer
Raqqa: des forces syriennes qui la
remettront ensuite à l’armée syrienne?
Est-ce que ce sera en collaboration avec
l’armée syrienne? Ce n’est pas encore
clair. C’est ce que nous entendons
depuis un an environ, ou un peu moins,
mais rien ne s’est produit sur le
terrain. Tout reste donc virtuel, car
rien n’est tangible sur le terrain.
AFP (22): Les Etats-Unis et la Russie
sont les parrains du processus de
Genève. Etant donné la tension existant
entre les deux pays, pensez-vous que ce
processus se poursuivra?
Le président Al-Assad:
Il y a une grande différence entre le
fait que le processus soit actif, ce qui
pourrait se produire à tout moment, et
le fait qu’il soit efficace. Jusqu’à
présent le processus n’est pas efficace.
La raison en est que les Etats-Unis ne
sont pas sérieux pour parvenir à une
solution politique quelconque. Ils
veulent utiliser le processus politique
comme un parapluie pour les terroristes,
ou ils cherchent à obtenir à travers
cette tribune ce qu’ils n’ont pas pu
réaliser dans le champ de bataille.
Raison pour laquelle le processus
n’était pas du tout efficace. Nous nous
retrouvons maintenant dans la même
situation, et nous n’estimons pas que
cette administration est sérieuse sur ce
plan, car ils soutiennent les mêmes
terroristes. Nous pouvons donc dire:
oui, nous pouvons réactiver le
processus, mais nous ne pouvons pas dire
que nous nous attendons à ce qu’il soit
efficace ou fructueux.
AFP (23): Après six ans , Monsieur le
président, n’êtes-vous pas fatigués?
Le président Al-Assad:
A vrai dire, la seule chose qui peut
faire pression sur vous ce n’est ni la
conjoncture politique, ni la posture
militaire, mais c’est la situation
humanitaire en Syrie, l’effusion
quotidienne du sang, l’endurance, les
souffrances ressenties dans chaque foyer
en Syrie. C’est la seule chose pénible
et fatigante, si on peut parler de
“fatigue”. Mais si vous vouliez parler
de la guerre, de la politique, des
rapports avec l’occident, non, je ne
suis pas du tout fatigué, car nous
défendons notre pays, et on ne se
lassera jamais de le défendre.
AFP (24): Qu’est-ce qui vous empêche
de dormir?
Le président Al-Assad:
Encore une fois la souffrance du
peuple syrien que je constate au contact
humain que j’entreprends avec chaque
famille syrienne, directement ou
indirectement. C’est la seule chose qui
peut m’empêcher de dormir de temps en
temps. Mais ni les déclarations ni les
menaces occidentales de soutenir les
terroristes.
AFP (25): Aujourd’hui, il y a des
gens de Foua et de Kafraya qui seront
déplacés vers Damas et Alep. Ne
craignez-vous pas que cela puisse
représenter un déplacement de la
population, et que la Syrie
d’après la guerre ne sera plus comme
celle qui existait avant la guerre?
Le président Al-Assad:
Le déplacement qui se fait dans ce
contexte est obligatoire. Nous ne
l’avons pas choisi, et nous souhaitons
que toute personne puisse rester dans
son village et sa ville. Mais ces
gens-là, comme beaucoup d’autres civils
dans les diverses régions étaient
entourés et assiégés par les
terroristes. Ils ont été quotidiennement
tués. Ils devaient donc quitter. Ils
rentreront bien sûre chez eux après la
libération. C’est ce qui s’est produit
dans plusieurs autres régions où les
gens sont rentrés chez eux. C’est une
situation provisoire. Parler de
changements démographiques n’est
certainement pas dans l’intérêt de la
société syrienne si c’est permanent,
mais puisque c’est temporaire ça ne nous
inquiète pas.
AFP : Monsieur le président, merci
infiniment de nous avoir accordé
cette interview.
Le président Al-Assad:
Merci à vous
Le
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