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Soupçon de favoritisme : les villas
corses du témoin
de mariage de Macron épargnées par la
justice
RT

© Pascal
Pochard-Casabianca Source: AFP
Lundi 31 juillet 2017
Les associations sont vent debout contre
Pierre Ferracci qui a construit deux
villas sur le littoral corse, dans une
zone inconstructible classée comme
«remarquable», la justice n'ayant pas
ordonné leur destruction.
Le 5 juillet dernier, la cour d’appel de
Bastia a confirmé le jugement rendu en
février par le tribunal correctionnel
d'Ajaccio : la société civile
immobilière (SCI) de Pierre Ferracci,
témoin de mariage d'Emmanuel Macron, a
été condamnée à une amende d'un million
d'euros pour travaux non-autorisés et
infractions au code de l'urbanisme...
mais les villas érigées par l'homme
d'affaires ne seront pas détruites.
Depuis, les associations de défense du
littoral ne décolèrent pas et dénoncent
un cas de favoritisme, comme le rapporte
Marianne. Tout commence
en 1996. L'ancien membre de la
commission Attali, où il a fait la
connaissance du futur président de la
République, PDG du groupe de conseil
Alpha et président du club de football
Paris FC, avait alors acquis un terrain
de 20 hectares dans la baie de Rondinaro,
un site d'exception sur la pointe
méridionale de l'île de beauté. Son
projet initial : faire édifier cinq
villas sur 898 mètres carré. La
mairie lui ayant refusé le permis de
construire nécessaire aux travaux,
l'homme d'affaires avait alors engagé un
bras-de-fer administratif avec la
municipalité, dont il était sorti
victorieux en 2006. En effet, la cour
administrative d’appel de Marseille
avait estimé que la mairie de Bonifacio
lui avait répondu hors-délai. Il
bénéficiait donc d'un permis de
construire tacite.
Mais Pierre Ferracci a entre temps
changé de projets. Il a décidé de ne
faire construire que deux villas, mais
sur un site situé 150 mètres plus loin,
dans des espaces naturels identifiés
comme remarquables par la loi. Le préfet
demande alors au procureur de la
République, comme le révèle
Mediapart, de «condamner rapidement
et avec mesure la restitution» des
lieux, autrement dit de faire détruire
les constructions illégales. Un avis que
le tribunal n'a donc pas suivi, se
contentant d'une amende.
Déjà plus de 35 000
signatures demandant la démolition des
villas
Les associations de défense du
littoral et de l'environnement se sont
réunies les 30 juillet à Bonifacio pour
dénoncer un jugement qu'ils jugent
empreint de favoritisme. U Levante,
ABCDE, Le Garde ou encore U Polpu
avaient déjà initié la procédure
judiciaire à l'encontre de Pierre
Ferracci. Elles entendent désormais se
pourvoir en cassation. Elles ont
également mis en ligne
une pétition afin d'exiger que
justice soit faite. Selon elles, le
favoritisme dont a fait preuve le
tribunal démontre qu'«un espace
remarquable inconstructible peut être
défiguré par une construction sans
permis, illégale donc, sans que sa
démolition ne soit systématiquement
ordonnée».
De son côté, Pierre Ferracci
dénonce «l'acharnement» des
associations. «Il y a certains endroits
où vous n’avez ni action en justice, ni
demande de démolition, ni amende»,
s'étonne celui qui est le témoin de
mariage du président de la République.
Interrogé par
France 3, il pointe du doigt
un «ciblage» qui, selon lui, «dépasse le
problème de l’urbanisme, le problème de
l’environnement». Il bénéficie par
ailleurs du vif soutien du maire de
Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, qui
défend des «constructions mieux
intégrées au paysage naturel». Ce
dernier s'avère par ailleurs être un
macroniste convaincu, ayant rejoint le
mouvement présidentiel dès l'hiver
dernier.
Lire aussi : «Les gens
qui réussissent et ceux qui ne sont
rien» : la phrase de Macron qui suscite
l'indignation
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