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« Je vais le niquer » : les
révélations truculentes
de Robert Bourgi,
le «tueur» de Fillon
RT
©
Christian Hartmann Source: Reuters
Mardi 30 janvier 2018
Source :
RT
L'homme qui a
offert des costumes à François Fillon,
Robert Bourgi, s'est vanté chez
Jean-Jacques Bourdin, avec une faconde
que n’auraient pas reniée «Les Tontons
flingueurs», d'avoir «ourdi un complot»
contre le candidat pour peser dans sa
chute.
Invité chez
Jean-Jacques Bourdin sur RMC ce 29
janvier, Robert Bourgi, proche de
Nicolas Sarkozy et des cercles du
pouvoir, a fait de nouvelles révélations
sardoniques sur son ancien «ami»
François Fillon. L’homme de loi a
reconnu avoir monté un complot contre
l’ancien Premier ministre de Nicolas
Sarkozy, avec l’intention de «le niquer»
pendant la campagne présidentielle. Sa
ruse : lui offrir des costumes hors de
prix.
Le jour de la
diffusion du documentaire
«Qui a tué François Fillon ?» sur
BFM TV, Robert Bourgi est venu
livrer les dessous de son «complot». Il
donne le ton en jetant d'emblée à
Jean-Jacques Bourdin : «Votre service de
sécurité m'a enlevé ma boîte à outils.
J'avais la sulfateuse, le marteau et les
clous pour le cercueil pour Monsieur
Fillon mais pour vous, j'ai quelque
chose.» Et l’homme de dégainer un mètre
de couturière, pour prendre les mesures
de l’animateur. «Ce sera pas Arny's, ce
sera Petit Bateau», rit-il, très content
de sa blague.
Lire aussi
:
Robert Bourgi affirme avoir subi des
pressions du camp Fillon pendant
l'affaire des costumes
Il déroule alors
l’historique qui le fait apparaître
comme un intriguant, avide de relations
de pouvoir, éclairant d’un jour nouveau
les réseaux d’influence et alliances
impitoyables autour des têtes de l’UMP,
devenue les Républicains en 2015.
L’avocat d'origine
libano-sénégalaise Robert Bourgi, figure
de la Françafrique, a toujours courtisé
les puissants : Jacques Chirac, Omar
Bongo, Laurent Gbagbo et surtout son
«ami» Nicolas Sarkozy. Il explique avoir
fréquenté régulièrement François Fillon
pendant son mandat de Premier ministre.
L'homme de loi révèle que le Sarthois
souhaitait savoir ce que Nicolas Sarkozy
pensait de lui.
Mais Robert Bourgi
s'est retourné contre l'ancien Premier
ministre lorsque deux journalistes lui
ont livré un scoop signé François
Hollande durant la campagne de la
primaire. Le duo confie à l’avocat
: «Ton ami Fillon a demandé la peau de
ton ami Sarko.» L’ancien chef du
gouvernement avait demandé que la
justice accélère concernant les affaires
dans lesquelles était impliqué l’ancien
chef d’Etat.
Une haine
nourrie envers François Fillon pour
défendre Nicolas Sarkozy
Dès lors, Robert
Bourgi se métamorphose en nettoyeur des
couloirs feutrés des cabinets
ministériels.
Lire aussi : François Fillon
règle ses comptes avec Les Républicains
avant de se lancer dans le privé
«François Fillon,
j’ai décidé de le tuer pour diverses
raisons. D’abord parce qu’il a violé
toutes les règles de l’amitié avec moi.
J’ai toujours été correct avec lui,
[...] j’ai toujours défendu la position
de Fillon auprès de Nicolas dans le but
de les réunir un jour ou l’autre. [...]
Il passait son temps à démolir Nicolas
Sarkozy», explique-t-il. Et Robert Bourgi ne plaisante pas avec le sujet.
«Il l’a toujours détesté, il a toujours
eu les mots les plus inélégants à son
égard. A chaque fois je lui disais :
"François, tu n’as pas le droit de
parler de Nicolas comme ça" […] François
Fillon m’avait promis d’être un peu plus
loyal à l’endroit de Nicolas Sarkozy, il
n’a jamais tenu parole», déplore
l’avocat.
« J’avais déjà conçu
le projet que j’ai réalisé de niquer
François Fillon »
Il décide alors de
fomenter un complot, selon ses propres
termes, contre le Sarthois en exploitant
ses faiblesses. «J’avais déjà conçu le
projet que j’ai réalisé de niquer
François Fillon, c’est mieux que tuer»,
explique-t-il en toute décontraction.
«Je savais que l’homme avait des
relations étranges avec l’argent parce
que nous avions beaucoup parlé, François
Fillon et moi», avoue-t-il.
u cours d’un petit
déjeuner au Ritz, Robert Bourgi piège
François Fillon. «Je lui dis : "Comme je
te sens amoureux de belles choses je
vais t’offrir
trois costumes pour ta campagne"»,
raconte-t-il. Le candidat LR accepte sur
le champ, mais Robert Bourgi ne règle
pas les complets, laissant passer quatre
mois jusqu’en février 2017. Pendant ce
temps, il dit avoir envoyé de nombreux
textos à l’élu de la Sarthe, qui n’a
jamais répondu.
Les petites
manœuvres de Robert Bourgi pour placer
d'anciens proches de Sarkozy
Robert Bourgi ne
souhaitait pas parler chiffon mais
tentait d’influencer François Fillon sur
le choix de ses lieutenants. Il
souhaitait le voir s’entourer «de
compagnons de Nicolas Sarkozy» qui
voulaient le «servir», en lui
conseillant de les inclure dans son
«comité politique». Aucun retour. Et
c’est en homme vexé de ne pas arriver à
faire aboutir ses petites manœuvres
qu'il se plaint : «Il m’a humilié.»
« J’avais ourdi le
complot »
Alors que
François Fillon est en lice pour le
second tour de la primaire de la
droite, Nicolas Sarkozy confie à
l’avocat lors d’un rendez-vous : «Tu as
suivi les sondages, ils sont favorables
à Fillon. Tu sais, il va droit à
l'Elysée.» «Je lui ai dit : "Nicolas, il
n’ira jamais à l’Elysée" […] parce que
je vais le niquer, j’avais ourdi le
complot […] à cause du comportement de
Fillon à mon endroit qui n’était pas
correct. Je savais exactement que
j’allais payer ces costumes par chèque
et que j’allais appeler mon ami
Valdiguié [rédacteur en chef] au JDD,
lui montrer le chèque. Quand on a fait
campagne sur les vertus morales, la
difficulté des Français à joindre les
deux bouts, je me suis dit : "C’est
quelque chose qui va le tuer"», justifie
l'avocat.
« Ne t'inquiète pas
ma fille, je me vengerai »
Puis l’affaire
s’emballe, en écho avec les soupçons
d'emplois fictifs visant sa femme
Pénélope Fillon. Sur le plateau du même
Jean-Jacques Bourdin, François Fillon
qualifie l’avocat d’«homme âgé qui n'a
plus aucune espèce de responsabilité».
La fille de Robert Bourgi l’appelle en
larmes pour l’en informer. L’avocat
piqué au vif, toujours aussi à l’aise
avec son rôle de porte-flingue, conclut
son entreprise de démolition : «Je lui
ai dit : "Ne t'inquiète pas ma fille, je
me vengerai"». Mission accomplie.
Lire aussi : François Fillon
s'est rendu chez les juges pour
l'affaire des soupçons d'emplois fictifs
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