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Bachar El-Assad : «Vous ne pouvez pas
bombarder pendant une heure, puis dire
que c'était une erreur»
RT
© SANA
Source: Reuters
Jeudi 22 septembre 2016
Interviewé par l'agence Associated Press
le 21 septembre, le chef de l'Etat
syrien a accusé les Etats-Unis d'être
responsables de l'échec de la trêve
qu'ils avaient proposée avec la Russie
pour la Syrie.
Interrogé sur la possibilité d'un
rétablissement du cessez-le-feu en
Syrie, Bachar el-Assad a déclaré : «Nous
avons annoncé que nous étions prêts à
respecter tout arrêt des opérations, ou
"cessez-le-feu" si vous préférez
l'appeler ainsi, mais [la fin de la
trêve] n'incombe pas à la Syrie ni à la
Russie. Elle incombe aux groupes
terroristes qui ont été affiliés à
l'Etat islamique (EI), au Front Al-Nosra
et à al-Qaïda, mais aussi aux
Etats-Unis, à la Turquie et à l'Arabie
saoudite. [Ces groupes terroristes] ont
annoncé publiquement qu'ils n'étaient
pas prêts à s'engager» à respecter une
trêve.
Lire aussi:
Concernant l'éventualité d'un
partenariat militaire
américano-russe contre les groups
terroristes, soulevée par Associated
Press, le président syrien a déclaré que
les Etats-Unis ne souhaitaient pas
travailler main dans la main avec la
Syrie contre le Front Al-Nosra ou même
contre l'EI, «parce qu'ils pensent que
cela peut être une carte à jouer pour
leur propre agenda».
Cette attaque était-elle un accident
?
La semaine dernière, a rappelé
l'agence de presse, les Etats-Unis
avaient déclaré que l'attaque meurtrière
de la coalition internationale menée par
Washington du 17 septembre contre des
troupes syriennes était un accident. Une
version qu'a contestée Bachar el-Assad.
«Ce n'était pas un accident, tout
d'abord parce qu'il n'y a pas eu qu'un
seul avion impliqué dans l'attaque», a
expliqué le président syrien, avant de
poursuivre : «Il s'agissait de quatre
avions, qui ont attaqué sans relâche les
positions des troupes syriennes, durant
un heure environ. Vous ne commettez pas
une erreur pendant plus d'une heure.»
Le chef de l'Etat syrien a également
fait valoir que l'attaque n'avait pas
ciblé un bâtiment quelconque dans une
ville, mais qu'elle avait eu lieu dans
un espace dégagé, composé de collines,
où aucun combattant terroriste ne
pouvait être observé à proximité des
positions de l'armée syrienne.
En outre, le chef de l'Etat syrien a
souligné que les combattants de l'EI
avaient mené une attaque dans la même
zone, juste après les frappes
américaines, profitant des dégâts causés
par celles-ci dans les rangs de l'armée
syrienne. «Comment pouvaient-ils savoir
que les Américains allaient attaquer
cette position ?», s'est-il interrogé.
Convoi humanitaire détruit : «Les
Etats-Unis devraient accuser en premier
lieu les rebelles»
Autre sujet sensible évoqué dans
l'interview : l'attaque d'un convoi
humanitaire de l'ONU à proximité de la
ville d'Alep, le 19 septembre, qui a
causé la mort de 20 civils et d'un
travailleur humanitaire, selon le
Croissant Rouge syrien. La Maison
Blanche a accusé l'armée russe d'être
responsable de ce drame, ce qu'a
contredit catégoriquement Bachar el-Assad,
à l'instar de Moscou.
«De manière générale, tous les propos
que tiennent les responsables américains
au sujet du conflit en Syrie n'ont
aucune crédibilité», a fait
remarquer président syrien, avant
d'expliquer : «Les convois humanitaires
se trouvaient dans une zone contrôlée
par les rebelles [...]. Ce sont eux que
les Etats-Unis devraient accuser en
premier.»
Lire aussi :
Bachar el-Assad réclame des enquêtes
indépendantes de l'ONU sur l'utilisation
d'armes chimiques
Le président syrien a également
assuré qu'à chaque incident impliquant
des armes chimiques en Syrie, son
gouvernement appelait les Nations unies
à dépêcher une délégation sur place,
afin de réaliser des recherches à ce
sujet. Or, a assuré Bachar el-Assad, les
Etats-Unis s'opposent à ce que ce type
d'enquête indépendante soit menée. «Si
nous utilisions vraiment [des armes
chimiques], nous demanderions pas
d'enquête», a encore souligné le
dirigeant syrien.
Lire aussi:
Aux accusations plus larges de
violations des droits de l'Homme, comme
l'usage de bombes barils (des barils
remplis d’explosifs, de gaz, de
combustible et de ferraille),
évoquées par l'agence de presse, Bachar
el-Assad a répondu : «Ecoutez, [...],
chaque pays, chaque gouvernement, chaque
personne commet des erreurs. Lorsque
vous êtes en guerre, vous commettez des
erreurs, c'est naturel. Mais les
accusations visant la Syrie sont sans
fondement.»
Protéger les civils est le rôle
naturel de n'importe quelle armée
dans le monde
Le président de la République arabe
syrienne a par ailleurs fait valoir que
son armée utilisait le matériel dont
elle disposait pour défendre les civils,
et qu'il était nécessaire de tuer les
terroristes pour assurer leur sécurité .
«C'est le rôle naturel de n'importe
quelle armée dans le monde», a-t-il
ajouté.
Pour autant, le dirigeant syrien a
rejeté l'idée selon laquelle «la fin
justifierait toujours les moyens», qui
est selon lui l'apanage «des criminels
[et] des voleurs»... Mais aussi «le
fondement de la politique occidentale
dans le monde ces temps-ci» ne manquet-t-il
pas de préciser.
«Les Syriens ne fuient pas le
gouvernement, mais la guerre elle-même»
Aux journalistes d'Associated Press,
le chef d'Etat syrien a assuré que son
gouvernement continuait à jouir d'un
fort soutien de la part de la population
: «Vous ne pouvez pas résister pendant
plus de cinq ans à l'Occident, aux Etats
du Golfe, aux pétrodollars et à toute
cette propagande hostile produite par
les plus grands groupes de médias du
monde, si vous ne disposez pas du
soutien de votre propre peuple.»
Les journalistes d'Associated Press
lui ont alors rétorqué que de nombreux
exilés syriens avaient affirmé avoir fui
par peur des forces loyalistes. Une
lecture de la situation dans le pays que
Bachar el-Assad a jugé fallacieuse :
«Vous devez vous pencher sur la réalité
syrienne : à chaque fois que nous
libérons une ville des terroristes, les
civils y reviennent ; et si cette ville
vient à être attaquée par les
terroristes, ils fuient à nouveau. Ils
fuient donc, avant tout, la guerre
elle-même. Ils fuient également le
contrôle qu'exercent les terroristes sur
certaines zones, et ils fuient la
situation difficile que cause l'embargo
occidental contre la Syrie.»
Malgré le soutien de la population
syrienne qu'il revendique, le président
Assad ne croit guère en la possibilité
d'une résolution rapide du conflit,
déclarant que celui-ci allait
«s'éterniser», aussi longtemps qu'il
fera partie d'une guerre régionale plus
vaste entretenue par d'autres nations.
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