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Macron au Congrès de Versailles :
l’ère du vide En Marche
Lydia Guirous
Le
président Emmanuel Macron devant les
parlementaires réunis en Congrès, le 9
juillet à Versailles
© Charles
Platiau
Source: Reuters
Mercredi 11 juillet 2018
Source :
RT Au lendemain du
Congrès de Versailles, la porte-parole
des Républicains, Lydia Guirous, accuse
le président Emmanuel Macron
d'instrumentaliser le vocabulaire de la
droite pour mieux servir aux
Français les «vieilles lunes» de la
gauche.
Il est comme ça le
président Macron, il a l’art de
présenter avec grandiloquence et fausse
bienveillance des réformes qui sont de
vraies régressions : pensions de
réversion pour les futurs retraités,
politique du logement, sécurité... En
parallèle, il fait preuve d’un aplomb et
d’une arrogance extraordinaire pour
défendre ses échecs en matière de
politique migratoire, de lutte contre
l’islamisme mortifère, le
communautarisme et le recul de la voix
de la France à l’international. Ce
cynisme et cette volonté ultra-libérale
de vendre le système social de la France
à la découpe est sans doute un héritage
de ses années comme banquier d’affaires
chez Rothschild. On aurait préféré qu’il
retienne de ses mentors, la culture de
l’efficacité et de la clarté…
Mais Emmanuel
Macron a choisi une autre voie, celle du
double discours. Pour mieux endormir le
bon peuple, pour que celui-ci se perde
et ne parvienne plus à le suivre, il
faut l’assommer de mots. Des mots
parfois empruntés aux champs sémantique
de la droite : «autorité», «droits et
devoirs», «mérite», «ordre», «sécurité
pilier de l’ordre républicain»… On
pourrait être a priori séduit. Mais là
est le piège, le machiavélisme
macroniste : les mots de droite sont
instrumentalisés pour servir une soupe
indigeste d’actions reprenant de
vieilles lunes de gauche.
Lire aussi
:
Congrès
de Versailles : Wauquiez indigné par les
propos de Macron sur la «déportation»
des migrants
Des mots forts pour
masquer des actes faibles et lâches
Nantes brûle,
Marseille voit se multiplier les
règlements de compte à coups de
kalachnikov, Notre-Dame-des-Landes est
un échec où ceux qui ne respectent pas
la loi ont gagné et le communautarisme
s’affiche toujours plus triomphant...
Face à cela, Emmanuel Macron détourne
les mots de droite pour servir des
solutions inefficaces de gauche. Il
pense le tour de passe-passe suffisant
pour berner les Français. Ainsi, il nous
sert
la «police de sécurité du quotidien»
pour endiguer l’explosion de la violence
dans les quartiers cédés par la
République aux caïds et aux intégristes.
Des mots forts pour masquer des actes
faibles et lâches. Voilà comment
pourrait se résumer la présidence
Macron.
Derrière cette
ambivalence et cette intention constante
de brouiller les pistes, c’est la
volonté de flouer nos concitoyens qui
domine chez Emmanuel Macron. Au fond, il
peine à cacher son profond mépris pour
les Français et leur intelligence. Il
devrait se méfier car les Français ne
s’y trompent pas. Les derniers sondages
le démontrent. Il y atteint des niveaux
de rejet et de défiance terriblement bas
pour un président qui a, contrairement à
ses prédécesseurs, bénéficié d’une
certaine bienveillance de la part des
médias. Le réveil pour Emmanuel Macron
sera difficile,
«ceux qui ne sont rien», «les
alcooliques» «les analphabètes»
sauront lui rappeler qu’ils méritent le
respect et la considération.
L’ambiguïté, dont
il a fait sa ligne de conduite, mène
toujours à l’échec. A plusieurs reprises
le président a attaqué les rumeurs, les
fausses polémiques, notamment au sujet
des pensions de réversions : «Faire
croire que nous voudrions supprimer les
pensions de réversion est une rumeur
malsaine, visant à faire peur. Je le dis
clairement : rien ne changera pour les
retraités d'aujourd’hui.» Voilà en une
phrase tout l’art macroniste de
l’enfumage. Le diable se cache dans les
détails… On pourrait s’arrêter à «rien
ne changera pour les retraités» et être
satisfait. Mais il précise rapidement
qu’il s’agit «des
retraités d’aujourd’hui». Autrement dit,
une personne de 55 ans qui sera
retraitée dans cinq ou 10 ans, a un
risque de ne pas pouvoir bénéficier de
la pension de réversion de son époux ou
épouse en cas de veuvage. La remise en
cause des pensions est une véritable
régression et une casse sociale d’une
brutalité inédite qui frappera les
femmes en premier lieu.
De la même manière,
Emmanuel Macron nous a tenu des propos
généraux sur la laïcité. Quand c’est
flou, c’est qu’il y a un loup… Et c’est
sans aucun doute un président qui ne
comprend pas l’identité politique et
culturelle de la France qui s’est
exprimée hier. D’ailleurs, il y un an,
alors qu’il était encore en campagne,
c’est le même Emmanuel Macron qui avait
déclaré qu’il «n’y avait pas de culture
française !» Hier, il a tenté de parler
de culture française mais ce ne fut pas
convaincant... la sincérité ne se feint
pas, elle. Le président semblait
désincarné et lointain lorsqu’il a
évoqué ces sujets. Les mots, les
formules, étaient, certes, parfois bien
choisis, mais ceux-ci ont, comme
toujours, débouché sur des propositions
faibles et lâches.
Le macronisme est
un vide de la pensée,
une soumission à
l’ère du temps et à la culture de
l’instantané
Lire aussi :
Emmanuel
Macron à Versailles : un Congrès aux
airs... de meeting LREM ?
Face à l’entrisme
islamiste à l’école publique, Emmanuel
Macron propose des formations pour les
professeurs… Une faiblesse des actes,
fruit de la déconnexion du président
avec un pays qu’il ne connaît qu’à
travers des notes et dont le modèle est
profondément communautariste et
anglo-saxon. Une faiblesse, qui face à
l’islamisme politique devient coupable.
Monsieur le président, pour défendre la
laïcité, nul besoin d’adjectifs, de
mots, il faut des actes concrets :
interdire le prosélytisme et combattre
le communautarisme islamique qui
s’exprime par exemple à travers la
présence du voile chez certaines mères
accompagnatrices lors des sorties
scolaires.
Le plus terrible
dans
le discours du Congrès de Versailles
est finalement que le président ait si
peu parlé des Français et de leur
quotidien et tellement de lui et de son
nouveau monde fictif qui ne séduit plus.
Le macronisme est un vide de la pensée,
une soumission à l’ère du temps et à la
culture de l’instantané. Le macronisme
ne se définit pas nous dit le président…
Il serait au-dessus «des clivages»,
au-dessus «des partis», au dessus «des
références du vieux monde». Une
expression supplémentaire de la
prétention et du mépris propre aux
adeptes de ce mouvement hors-sol. Je
crois surtout que le macronisme ne se
définit pas car il est l’aboutissement
de cette ère du vide dans laquelle
l’hyper-individualisme, l’instantané et
le consumérisme sans limite nous ont
conduits.
Lydia Guirous est
porte-parole des Républicains et
essayiste. Son dernier ouvrage est «Ça
n'a rien à voir avec l'islam ?», aux
éditions Plon.
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